Le grand Schisme d`Orient (1054)

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Le grand Schisme d`Orient (1054)
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LE GRAND SCHISME D'ORIENT
1054
L’histoire de l’Eglise connut deux événements majeurs : le grand schisme d’Orient qui
marqua la rupture entre l’Eglise catholique de Rome et l’église orthodoxe de
Constantinople et le schisme d’Occident, de 1378 à 1417, période pendant laquelle deux,
puis trois papes se disputèrent le gouvernement de l’Eglise.
Le grand schisme d'Orient est daté de 1054, mais de nombreuses crises l’ont précédé,
provoquées tant pour des motifs religieux : différences liturgiques et doctrinales que
politiques.
L’orthodoxie représente l’évolution de l’Eglise dans la partie orientale de la Méditerranée; ses
rapports avec l’Eglise catholique ont été féconds aussi longtemps qu’elle bénéficiait d’une
certaine autonomie.
Les Églises orthodoxes sont autonomes, ne dépendent d’aucune hiérarchie, contrairement à
l'Église catholique placée sous l’autorité du Pape.
Rappelons que, au concile œcuménique de 381 il avait été décidé que l’évêque de
Constantinople bénéficiait d’une primauté d’honneur après celui de Rome, prééminence jugée
due à son ancienneté, mais en 867 le Pape Nicolas l’interprète dans le sens d’un pouvoir et
décide d’intervenir dans une affaire interne de l’Eglise de Constantinople, créant un conflit
avec le patriarche.
Ce différend cachait en fait une opposition doctrinale plus profonde : le problème du
« filioque ». Le concile de 381 disait que l’Esprit procède du Père, mais à partir du 7ème siècle
la liturgie occidentale y ajoute le Fils, « Père, Fils et Saint Esprit » sans accord des autres
Eglises qui le considérèrent comme une volonté de rupture.
Les orthodoxes s’en sont tenus à la formulation originale, la querelle révèle donc deux
conceptions différentes du dogme de la Trinité.
Au début du 11ème siècle le pouvoir temporel du Pape domine celui des rois et des
empereurs ; le Patriarche de Constantinople se refuse à tout pouvoir politique, sollicitant de
celui-ci seulement sa protection.
Tandis que la puissance de l’Empire byzantin est en déclin, les états occidentaux commencent
à s’affirmer.
En 1054, le Pape voulait uniformiser les rites selon la liturgie occidentale dans le sud de
l’Italie récemment conquis sur les Byzantins et se heurte à l’opposition du Patriarche de
Constantinople, Michel Cérulaire désireux d’uniformisation selon la liturgie grecque.
Après un échange de lettres maladroites, le Pape envoie à Constantinople deux légats chargés
de négocier mais la rencontre tourne à l’affrontement : le Patriarche émet des doutes sur la
validité de leur mandat et les légats déposent à Sainte Sophie la bulle papale excommuniant
Michel Cérulaire ; le 24 Juillet le Synode byzantin réplique en anathémisant les légats mais
sans mettre le pape en cause.
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Les choses en restent là mais elles vont s’envenimer lors de la 4ème croisade. La convoitise
des empereurs latins se développe et Byzance est en difficulté après la victoire des
Seldjoukides en 1071.
La quatrième croisade fut détournée de son objet initial : la libération de la Terre Sainte. Les
Croisés envahissent Constantinople en 1204. La ville est mise à sac et des massacres
s’ensuivent.
Cette date tragique consacre la véritable séparation entre catholicisme et orthodoxie.
Diverses tentatives furent entreprises sans succès pour réconcilier les Eglises. Le 29 Mai 1453
Constantinople tombe aux mains de l’armée de Méhmet II, l’orthodoxie bénéficiera d’une
certaine tolérance et surtout en raison de leur ténacité les Eglises maintiendront la foi.
Durant 911 ans chacune s’affirme comme la seule continuatrice de l’église des origines, les
relations se détendent au 20° siècle, les anathèmes réciproques seront levés en 1965 par le
pape Paul VI et le patriarche Athénagoras 1ier.
Un dialogue assez fructueux se poursuit aujourd’hui.
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