Moment de grâce pour François et Bartholomeos au Saint

Moment de grâce pour François
et Bartholomeos au Saint-Sépulcre
d Par une prière commune
d’une heure dans
le Saint-Sépulcre, hier
soir, l’évêque de Rome
et le patriarche
œcuménique
de Constantinople
ont appelé les chrétiens
à reprendre
le chemin de l’unité.
ABIR SULTAN/EPA
Le pape François a réitéré
« le vœu déjà exprimé par (ses)
prédécesseurs de maintenir un
dialogue (…) pour trouver une
forme d’exercice du ministère
propre de l’évêque de Rome ».
Joignant le geste à la parole,
il a saisi la main du patriarche
pour l’embrasser, dans une
attitude d’humilité, avant de
réciter avec lui, côte à côte
face au tombeau, le Notre Père
en italien devant l’assemblée
JÉRUSALEM
De notre envoyé spécial
silencieuse. Allumant en« Une grâce extraordisemble des cierges, les deux
naire », « une grâce spéciale » :
hommes ont multiplié les
le pape François a accueilli
signes de fraternelle entente.
avec une émotion manifeste
Ils s’étaient rencontrés,
le moment d’unité chrétienne
auparavant, en privé, pour
exprimé lors d’une rencontre
signer une déclaration comexceptionnelle, hier soir, à
mune en dix points : « Nous
Jérusalem. L’évêque de Rome
sommes conscients, écriventet le patriarche de Constanils, que nous n’avons pas attinople ont échangé une « acteint l’objectif de la pleine
colade de paix », là où cincommunion. Aujourd’hui,
quante ans auparavant leurs
nous confirmons notre engaprédécesseurs, Paul VI et
gement à poursuivre notre
Athénagoras, avaient eu des
marche ensemble vers l’unité
retrouvailles historiques.
L’évêque de Rome et le patriarche de Constantinople, hier soir, à Jérusalem.
(…). Le dialogue théologique
Voulue à l’origine par
ne doit pas chercher le plus
Bartholomeos, cette commémoration s’est tenue laisser mourir entre nous certaines choses », com- petit dénominateur commun sur lequel trouver un
cette fois à l’intérieur du Saint-Sépulcre pour mente un dominicain travaillant à la Curie ro- compromis, mais plutôt approfondir la recherche
une prière commune, en présence des repré- maine.
de chacun de toute la vérité. » Cette quête de pleine
sentants des 13 Églises chrétiennes de Jérusalem.
communion n’empêche pas « la rencontre fraterLes amis juif et musulman, compatriotes du «Aujourd’hui, nous confirmons
nelle », « le dialogue théologique » et « le témoignage
pape, qui l’accompagnent durant ce voyage,
commun », qui porte en particulier sur la protection
notre engagement
étaient également présents.
de l’environnement, de la vie de ses débuts à sa
Suivie par une assistance serrée contre les à poursuivre notre marche
fin, de la famille fondée sur le mariage, et du droit
murs épais de ce que les orthodoxes appellent ensemble vers l’unité. »
des chrétiens à vivre en paix au Moyen-Orient.
la basilique de la Résurrection, cette prière œcuDans ce document, catholiques et orthodoxes
ménique s’est déroulée avec un souci visible de
Le patriarche de Constantinople a d’ailleurs se disent « persuadés que ce ne sont pas les armes,
simplicité et d’équilibre : dans les chants enton- axé sa méditation sur le tombeau vide du Christ mais le dialogue, le pardon et la réconciliation qui
nés, orthodoxes et catholiques, dans les langues qui « nous invite à dissiper la peur (…) d’adhérer sont les seuls moyens possibles pour obtenir la paix ».
employées pour les lectures, en grec et en latin. à une autre foi, une autre religion ». « Certes, a Bartholomeos et François, qui dînaient ensemble
Un exemple soigné de « l’échange de dons » par reconnu de son côté le pape, nous ne pouvons avec leurs délégations hier soir, devaient se retroulequel aujourd’hui pourrait se forger l’unité des nier les divisions qui existent encore entre nous ver une nouvelle fois en privé cet après-midi.
SÉBASTIEN MAILLARD
chrétiens. « Il est important de se retrouver au (…). Mais les divergences ne doivent pas nous
Saint-Sépulcre, car l’œcuménisme suppose de effrayer et paralyser notre chemin. »