La place de la langue et de la culture françaises dans l`espace
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La place de la langue et de la culture françaises dans l`espace
La place de la langue et de la culture françaises dans l’espace serbophone Étant titulaire d’ un diplôme obtenu en Serbie il y a sept ans, j’ai décidé de poursuivre mes études en France, à l’Université Paul-Valery, Montpellier III, l’année universitaire 2012/2013, au sein du department des Sciences du langage, mention : analyse des discours médiatiques, sociolinguistique et didactique des langues et cultures. J’y ai réalisé mon travail de recherche « La place de la langue et de la culture françaises dans l’espace serbophone» qui m’a donné l’occasion d’explorer les traces françaises en Serbie, de montrer comment cette France, « l’amie de toujours » et « la seconde patrie de tout homme civilisé » est perçue en Serbie, en particulier, sa littérature, sa culture et sa langue. Dans ce travail tout mon amour pour la France et la langue française, mon expérience professionnelle (de l’enseignement du serbe comme langue étrangère aux Français) - y compris mes participations dans des conférences - ont trouvé là leur réalisation, dans un fort sentiment de satisfaction personnelle. C’était un réel plaisir de montrer le visage de la francophonie dans l’espace serbophone. Toute petite, mon attention a été attirée par la langue française. Je me souviens bien de mon premier contact avec un livre que mon père m’avait acheté « La grammaire de la langue française » dans lequel j’ai appris à lire toute seule la langue française, « à la serbe », c’est-à-dire à lire chaque lettre. Déjà, à l’école primaire en classe de Vème, à l’âge de 13 ans, j’étais sur la bonne voie dans mon apprentissage du français. C’est pendant cette période que j’ai commencé à apprendre des choses sur la culture française, les coutumes mais également la géographie de la France. Un devoir en classe de 8ème, où il a fallu inventer l’histoire d’un séjour en France, reste profondément gravé dans mon cœur. Je me voyais en Provence, avec un ami (qui portait le nom de Patrick - on avait déjà appris certains prénoms français) durant une balade dans les champs de lavande. Je n’imaginais pas alors qu’un jour ça pourrait être la réalité ! Par la suite, j’ai poursuivi mes études en Serbie où la langue française n’était présente que pendant les deux premières années d’étude. Cette langue a toujours tenu une place particulière dans mon cœur. Ayant eu mon diplôme, je suis devenue enseignante de serbe et j’ai commencé ma carrière professionnelle en Serbie, très jeune. Un jour, en voyant un concours pour le poste lecteur de langue serbe en France, tous mes souvenirs d’enfance sur l’image de la France me sont revenus en mémoire et j’ai vu, en ce concours, une excellente opportunité pour venir découvrir la France, les Français et aussi perfectionner ma langue française. Je pense aujourd’hui que ce poste m’était destiné, j’ai gagné le concours et je suis venue en France pour travailler comme lectrice de serbe à l’Université d’Aix-Marseille où je suis toujours. Une rencontre avec la France, avec les Français natifs (que nous n’avons pas l’occasion de rencontrer fréquemment en Serbie) et une vraie découverte de la France a commencé pour moi. Étant passionnée par la vie en France, j’ai décidé d’y poursuivre mes études. Comme mes études en Serbie comprenaient des examens de linguistique, j’ai choisi de facto la science du langage. En regardant le programme du master 2 (analyse des discours médiatiques, sociolinguistique, didactique des langues et cultures), j’ai vite compris que ce serait un domaine qui m’intéresserait beaucoup. Entre-temps, j’ai réalisé une recherche sur les mots d’origine française en serbe pour une conférence en Bulgarie où j’ai appris beaucoup de choses sur la présence passée de la France en Serbie (la Française Hélène d’Anjou qui, vers la fin du XIIIe siècle, a épousé le roi serbe Uroš, a beaucoup contribué à la pénétration de l’art occidental en Serbie ; puis durant la Première Guerre mondiale la France a envoyé une armée complète - l’armée française d’Orient - défendre la Serbie ce qui marquera l’apogée de l’amitié franco-serbe ; en 1930, un Monument de la reconnaissance à la France a été érigé à Belgrade ; ensuite le roi serbe Pierre I qui fut le porteur de l’amitié franco-serbe dans les Balkans ; les cas étaient nombreux). Tout cela m’a intriguée et m’a donné envie de continuer à creuser en ce sens. Je n’avais aucun doute quant au choix du sujet de ma recherche. J’ai donc décidé de travailler sur la place de la culture et de la langue françaises en Serbie, leurs influences, le traitement de la langue. J’ai traité non seulement le passé mais aussi des traces françaises sur le territoire de la Serbie actuelle comme le nom donné à certaines rues en hommage à des personnalités françaises (écrivains, amiraux, mathématiciens, géographes) ; on y trouve de plus en plus de Français, expatriés, vivant en Serbie ainsi que des restaurants et des cafés français, etc. Mon mémoire est donc le résultat de mes « aspirations » vers la France, depuis mon enfance, de ma fascination actuelle pour ce pays. J’ai eu l’occasion d’explorer les traces françaises dans mon pays natal. Étant donné que la Serbie et la France cultivent une véritable amitié depuis la Première Guerre mondiale, les recherches qui ont été faites jusqu’à maintenant regardent en général les relations diplomatiques et économiques passées. Ce n’est que depuis ces dernières années (avec la fondation de classes bilingues françaises dans quelques établissements scolaires serbes) que les jeunes chercheurs commencent à s’intéresser à l’apprentissage précoce du français. Je voulais réunir en un même lieu les deux dimensions : étudier la place de la culture et de la langue françaises de nos jours, son évolution tout en me référant aux relations historiques privilégiées, qu’ont entretenus nos deux pays. Bien sûr, j’avais et j’ai toujours une représentation et avis sur la France, mais ce qui m’intéressait était de découvrir l’image que les Serbes ont de la France : quelles en sont leurs représentations, de découvrir la place de la culture française et de la langue françaises, de leur influence dans cette région des Balkans. Étudier donc le rôle du facteur français dans l’espace serbophone ainsi que l’attachement des Serbes à l’espace culturel français. Les thèmes culturels français y ont trouvé une signification profonde. Ils ont occupé une place importante dans la construction du modèle politique et culturel du pays mais ils représentent une bien vaste question insuffisamment étudiée. J’ai également analysé les résultats d’une enquête que j’ai réalisée à Niš, à l’Université de philosophie - où la Chaire pour la langue et la littérature française a été créée en 2012 - et aussi parmi les habitants de cette même ville. A travers cette enquête j’ai essayé de mieux appréhender les représentations des Serbes sur la France et sur la langue française. L’objectif était donc de savoir jusqu’à quel point les étudiants de français de l’Université de Niš ont, ou ont pu, avoir des contacts avec la France et les Français d’une part et avec la langue française d’autre part. La deuxième partie de l’enquête concernait les mots spontanément évoqués pour caractériser les Français et les Serbes et les associations d’idées concernant la France et la langue française saisies à travers des mots clés. Quant aux citoyens de Nis, ils ont été soumis presque à la même problématique. Malheureusement, le résultat a montré que le français et la France sont effectivement peu présents dans leur vie quotidienne et leur accessibilité est limitée à quelques films ou un lien familial. Je pense utile de donner les conclusions générales sur cette enquête en annexe. En soutenant le mémoire en juin 2013 avec une note bien élevée, je crois d’avoir bien montré aux Français la place que leur langue et leur culture tiennent en Serbie, la façon dont elles sont traitées. C’est pour cela que je pense que mon mémoire peut être utile à ceux qui s’intéressent à l’étude des liens sociolinguistiques et historiques entre nos deux pays. Nous avons vu que si la relation historique entre la Serbie et la France est riche et profonde elle s’inscrit également dans le présent et dans l’avenir. Par ailleurs, toutes mes recherches, mon expérience professionnelle et ma passion pour le français m’ont poussée à écrire un manuel de grammaire en comparant les deux langues, le serbe et le français. Peut-être est-ce là les prémices d’une thèse future ! Ayant un intérêt particulier pour la francophonie et une sensibilité à la langue française, je continue à apprendre et à renforcer ma pratique professionnelle et développer la relation internationale entre nos deux pays (étant appliquée dans un projet qui a pour but de faire une coopération de l’Université de philosophie de Niš et l’Université d’Aix-Marseille l’échange des étudiants entre nos deux pays). Très attachée à l’espace culturel français, je ne voudrais pas perdre cette connexion un jour, c’est pourquoi je voudrais vivement retourner en Serbie et contribuer au développement de la francophonie dans mon pays. Tanja Milosavljevic