Tanja Miscevic: Serbie : une nouvelle énergie, un

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Tanja Miscevic: Serbie : une nouvelle énergie, un
Tanja Miscevic: Serbie : une nouvelle énergie, un nouvel enthousiasme
Serbie : une nouvelle énergie, un nouvel enthousiasme
Interview avec le négociateur en chef pour la Serbie, Mme Tanja Miscevic.
Les négociations d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne ont démarré le 20 janvier.
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Tanja Miscevic: Serbie : une nouvelle énergie, un nouvel enthousiasme
Pourquoi la Serbie veut-elle devenir membre de l'Union européenne ? Qu'est-ce que la
population serbe attend de cette adhésion?
D'après la dernière enquête, la moitié de la population serbe soutient l'adhésion à l'Union
européenne. Mais il ne s'agit pas seulement d'appartenance, il s'agit aussi des valeurs, des
réformes et des normes européennes que nous voulons établir dans notre société. Notre
objectif principal, c'est que la Serbie devienne un pays développé, démocratique et stable. Le
soutien de la population est encore plus important à ce sujet. La même enquête montre que
68% des citoyens serbes soutiennent les réformes. Ce que l'on attend de l'adhésion à l'Union,
c'est de bénéficier des quatre libertés fondamentales de l'Union européenne : la liberté de
circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services.
Le soutien de la population serbe à l'adhésion à l'Union européenne a considérablement
baissé : 50% des citoyens y étaient favorables à l'automne 2013, alors que ce chiffre était
de 71% en 2009. Comment expliquez-vous cette évolution ?
Le soutien peut naturellement varier en fonction de la situation économique mais aussi du stade
du processus d'intégration. Grâce à l'expérience de presque tous les Etats membres de l'Union
européenne, nous savons qu'il y a un moment où le soutien à ce processus diminue. Quoi que
nous disent actuellement les chiffres, l'intégration européenne est le seul processus qui
bénéficie d'un aussi large soutien dans la société serbe. En définitive, ce sont les résultats du
référendum d'adhésion qui comptent. La décision de soutenir l'adhésion à l'Union devrait
toujours être fondée sur la raison et sur les intérêts. Ce que j'observe pour le moment, c'est une
nouvelle énergie, un nouvel enthousiasme et une attitude plus rationnelle et plus réaliste des
gens au sujet de l'Union européenne. En outre, le consensus politique au sein des partis
politiques à l'égard du chemin de la Serbie vers l’UE n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui.
La Commission européenne a insisté pour que la Serbie normalise ses liens avec le
Kosovo. Cette question sera traitée au Chapitre 35 des négociations. Pourriez-vous
expliquer comment vous voyez les négociations sur la conception de ce Chapitre délicat
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?
Le Chapitre 35 constitue une nouveauté pour la Serbie comme pour l'Union européenne. Si l'on
compare avec le cas d'autres pays qui ont débattu de ce que l'on appelle les "Points divers"
dans le cadre de ce Chapitre, les questions portant sur les relations entre la Serbie et le
Kosovo seront concentrées là. Nous avons convenu que le Chapitre 35 serait une plate-forme
d'échanges, où nous discuterions une fois encore de la mise en œuvre et des résultats des
accords auxquels nous sommes parvenus grâce au dialogue politique entre Belgrade et
Prishtina, mais qu'il serait aussi le lieu où la Serbie et l'Union européenne discuteraient des
questions d'intérêt commun pour les deux partenaires. Ce Chapitre est formaté pour renforcer
et soutenir deux processus : la normalisation d'une part et l'adhésion d'autre part.
Dans la crise économique actuelle, quelle est la situation de la population serbe ? La
Serbie peut-elle compter sur des fonds de solidarité de l'Union européenne pour faire
face à la crise sociale ?
La crise économique touche l'ensemble de la société et le taux de chômage est très élevé, en
particulier chez les jeunes. Pour le moment, la Serbie n'est pas habilitée à bénéficier d'un
quelconque fonds de solidarité mais elle a droit à l'Instrument d'aide de préadhésion ( IAP ),
dont nous pouvons tirer approximativement 200 millions d'euros par an. La capacité
d'absorption est estimée à 94%. Cet argent a été investi dans le développement de nombreux
secteurs : administration publique, société civile, médias, infrastructures, etc. Pendant la durée
des négociations d'adhésion, l'aide financière de l'Union européenne correspondra à nos
besoins au niveau du processus de réforme.
Quel rôle les Eglises et les organisations d'église jouent-elles en Serbie ? Attendez-vous
des acteurs ecclésiaux qu'ils jouent un rôle dans le processus de réconciliation dans la
région des Balkans ?
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Comme vous le savez sans doute, l'Eglise orthodoxe serbe est séparée de l'Etat conformément
à la législation. Mais elle a son rôle dans la société, ce qui fait qu'elle est invitée à participer au
processus d'intégration dans l'Union européenne en étant membre du Conseil gouvernemental
serbe pour l'intégration européenne. L'Eglise orthodoxe serbe est le gardien de nos valeurs
serbes, notamment la tolérance, la solidarité, l'humanité, la sécurité et le respect mutuel, qui
constituent aussi l'essentiel des valeurs européennes.
Un autre élément, c'est que l'expérience montre que lors du processus de négociation, la
société et le gouvernement de Serbie devront être au courant des possibilités d'aborder les
thématiques liées à l'Eglise, puisque celles-ci font partie du corpus des droits fondamentaux.
Une interview réalisée par Johanna Touzel
COMECE
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