info document
Transcription
info document
La visite du Musée de l’éducation : Les enjeux de l’éducation en Serbie au cours du temps Le contexte historique en Serbie est particulier pour de nombreuses raisons et notamment en raison de la succession des divers systèmes politiques qui ont régi différentes régions du pays. Cela eut de nombreuses conséquences particulières sur tous les aspects de la société en laissant un mélange culturel influençant les générations futures. Dans le cadre de notre visite, nous nous sommes interrogés sur l’impact des divers courants européens, tel que l’Humanisme et les Lumières, sur le système éducatif serbe. Pour répondre à ce questionnement, nous aborderons cette dimension sous quatre angles : l’établissement de la langue serbe, le rôle du latin et de l’Humanisme, l’impact de Lumières et de l’empire des Habsbourg et, enfin, l’arrivée de la modernité au XIXème et XXème siècle. La première chose qu’il faut noter est le rôle de l’Eglise orthodoxe dans la fondation et la standardisation de la langue au XIIIème siècle. La langue nationale serbe fut établie au IXème siècle grâce à l’introduction, par les moines Cyrille et Méthode, de l’alphabet cyrillique remplaçant l’alphabet glagolitique. Cet alphabet slave, le plus ancien, fut utilisé, dans le royaume de Grande-Moravie, au IXe siècle, par Cyrille et Méthode, pour traduire la bible chrétienne en vieux slave afin de rendre accessibles les Saintes Ecritures aux Slaves, dans le cadre de l’évangélisation des populations de la Grande-Moravie. Il a été aussi utilisé pour l'évangélisation des Balkans. C’est la période de l’établissement du premier système éducatif serbe avec la création des premiers collèges catholiques en Vojvodine. L’Eglise orthodoxe joua alors un grand rôle car elle permit l’essor de l’éducation, grâce à la fondation de nombreux monastères orthodoxes, comme ceux de Pec, Sopocani et Studenica. D’autre part, sous l’impulsion du premier roi serbe, Stefan Nemanjić. 1er, le fondateur de l’Eglise orthodoxe serbe, son frère Rastko Nemanjić (Saint Sava) effectua la recherche nécessaire pour la création de la langue slavo-serbe et mit en place les fondations pour les changements futurs dans la langue, en l’éloignant du slavon, langue qui, plus tard, deviendra le bulgare et le macédonien. La variante ainsi créée est appelée langue slavo-serbe, notée en écriture nommée Raška. Du point de vue langagier, l’ouvrage le plus significatif de Saint Sava est le Karejski tipik (le Typikon de Karyès). Dušanov zakonik (le Code de Dušan), écrit dans les années 1349-1354, qui a utilisé la même langue. Une copie du code de Dušan est exposée au musée pédagogique que l’on a visité. L’influence donc de l’Eglise orthodoxe a été essentielle et fut le moteur-même de l’établissement de la langue nationale serbe. Ensuite, sous le règne de Stefan Lazarević, au XVème siècle, la deuxième réforme a eu lieu. Celle-ci rapprocha les standards linguistiques bulgares et serbes de l’époque, influencés par le grec. Le siècle suivant vit l’arrivée de la domination ottomane et un recul drastique de la littérature serbe. Les vestiges littéraires importants ne survécurent que grâce à l’effort des moines copistes du monastère de Beočin où ils se réfugiaient pour échapper aux occupants. L’Eglise eut un rôle de fondateur et de préservateur de la langue dans la période de transition entre un pays royal et un pays sous domination ottomane. Mais le Premier et le Deuxième soulèvement Serbe, puis l’installation des influences européennes avec le régime des Habsbourg en Croatie, des nouvelles idées s’installèrent sur le territoire. D’après Lazar Ćurčić, l’année 1726 a été essentielle dans l’alphabétisation de la Serbie. Cette année-là, un homme venu de Russie, appelé Maksim Suvorov, fonda la première école à Sremski Karlovci. En 1727, il en fondait une aussi à Belgrade. Les Lumières sont donc venues à Belgrade, à travers la Russie comme le montre la multitude de textes russes au musée. Ainsi, en Serbie, commence une sorte de siècle des Lumières et un Humanisme retardataires. Les grands écrivains serbes comme Pavle Julinac ou Dositej Obradovic commencèrent à étudier les écrivains anciens tels que Virgile, Platon mais aussi, plus récents comme Goethe et Schiller. Ils apprirent les langues étrangères : le latin, le grec ancien, le français, l’allemand et surtout le russe. Initialement la plus grande influence était russe, mais elle devint par la suite allemande. La distanciation rapide des éléments ottomans a fait place à une adoption accélérée des standards européens. L’arrivée de Dositej Obradović à Belgrade, en 1811, et sa nomination comme premier ministre de l’éducation en Serbie favorisa l’établissement de plusieurs objectifs : Mettre en place un système d’école où serait effectué l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul et du chant religieux. Etablir un système d’éducation supérieure pour former les leaders de la nation. Etablir un système d’éducation pour les prêtres. Etablir une imprimerie. Nous pouvons observer les premiers signes de l’arrivée de l’humanisme sur le territoire des Balkans. Nous constatons un retard important d’environ 200 à 250 ans par rapport à l’Europe occidentale. Ensuite, très rapidement, la question de l’éducation des filles est soulevée et la question des écoles destinées aux filles est ouverte. Rappelons que cette problématique fut notamment rendu sensible par avec Fénelon et son Traité de l'éducation des filles en 1678. Mais revenons un peu en arrière pour explorer l’impact des Habsbourg sur les Serbes. Apres les deux guerres austro-turques, les Serbes se sont réfugiés dans la Vojvodine d’aujourd’hui et notamment à Sremski Karlovci, territoire sous l’influence du roi Léopold II. L'empire des Habsbourg crée les premières écoles en Voïvodine. L'Empire insiste sur le latin et surtout sur les pratiques scientifiques auparavant inexistantes, en raison de l’influence de l'Eglise orthodoxe, mais encore du retard de l'Humanisme en Serbie. Il leur accorde une autonomie culturelle et religieuse sur ce territoire. Avec ces privilèges, Sremski Karlovci devient le centre de la culture serbe. Nous pouvons aussi remarquer la présence d’écoles russes et latines, probablement en raison des idées humanistes qui régnaient dans l’empire austro-hongrois. Sans la protection du roi, la survie de la culture et de la langue serbes aurait été improbable et les soulèvements de 1804 et 1815 n’auraient probablement jamais vu le jour. Apres l’insurrection serbe menée par Karadjordje et la mise en place d’un nouvel Etat serbe, le gouvernement dut faire face aux défis de la modernité du XIXème siècle. Durant cette période, les objectifs mis en place par Dositej Obradović ont été réalisés. Un système d’école pour filles et garçons fut établi dans la quasi-totalité des villes, même si des progrès restaient à faire quant à l’égalité des sexes. D’autre part, l’apparition d’écoles spécialisées eut lieu. Les premières sont celles de théologie, de l’armée, de la médecine, du droit civique et des beaux d’arts. La première institution d’études supérieure fut établie à Kragujevac, en 1838, puis déplacée à Belgrade trois ans plus tard. Les besoins d’une éducation supérieure étaient grands et nous voyons l’apparition de trois Lycées spécialisés : Philosophie, Droits et Technologie. Il y a aussi une augmentation constante des matières enseignées et la mise en place de cabinets spécialisés et de laboratoires. D’ailleurs, de nombreuses lois sont adoptées pour assurer le passage des Lycées à l’Université. Au début du XXème siècle, la loi des Universités est établie. Elle promet la liberté complète des Universités et des professeurs ainsi que de leur enseignement. L’influence des Lumières avait finalement atteint les Balkans, avec quelque 150 ans en retard. L’établissement des universités a été l’étape la plus importante dans la création d’un système éducatif moderne. Dans la Yougoslavie communiste d’après la Seconde Guerre mondiale, l’un des principaux objectifs a été de rendre le système pédagogique plus démocratique et plus accessible à tous. L’éducation est ainsi devenue obligatoire et gratuite. Les communistes décidèrent aussi de fermer toute institution jugée "bourgeoise", comme le musée pédagogique. La promotion de la langue serbo-croate et les tentatives d’estomper les différences entre le serbe et le croate devinrent les composantes d’une politique linguistique officielle, ce qui ressortait de l’« Accord de Novi Sad » de 1954, signé par vingt-cinq linguistes et écrivains, dix-huit serbes et sept croates. On y stipule que la langue commune des Serbes, des Croates, des Monténégrins et des Bosniaques est le serbo-croate, que l’on peut aussi appeler croato-serbe, avec deux variantes littéraires, le serbe et le croate. Par le même accord, on décida de publier un dictionnaire commun. Nous pouvons ainsi conclure que le système éducatif serbe tire ses origines du XIIIème siècle et qu’il est indissociable de l’établissement de la langue serbe. D’autre part, sans une intervention autrichienne, la sauvegarde et le développement de la culture serbe aurait été très difficile après de nombreux siècles de domination ottomane. Le décalage historique engendré par cette occupation a laissé le pays, après le soulèvement, nettement en retard par rapport aux idées européennes. Un mélange d’influences relevant de l’Humanisme et des Lumières gagna les mentalités des dirigeants. Le secteur de l’éducation subit un changement drastique avec l’arrivée de Dositej Obradović qui fixa les objectifs pour le futur du pays : la création d’un système d’éducation supérieure stable, compétitif et libre, préparant la Serbie pour la modernité. Ceperkovic Vladislav, Gojak Dino, Kovacic Andrej Élèves de Ières ES et S