SPÉCIAL IMMOBILIER MARSEILLE
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SPÉCIAL IMMOBILIER MARSEILLE THIERRY MOALLIC quartier. Après la crise, 2010 avait sonné la reprise du marché de l’ancien, avec un volume des reventes en nette croissance et une hausse moyenne des prix de 7,2% selon la Fnaim, qui s’était accélérée au cours du second semestre. « Depuis le début de 2011, à l’exception de certains biens haut de gamme et des quartiers résidentiels, les prix se sont stabilisés. Le volume des ventes est toutefois un peu moins élevé qu’en 2010, année de rattrapage, et a renoué avec son niveau de 2008, avant la crise », précise JeanLuc Lieutaud, président de l’Observatoire immobilier de Provence (OIP). A Marseille, où le prix moyen de l’ancien s’élève à 3 029 euros/m2, selon la Fnaim, les secundo-accédants confir- Directeur de l’Adil 13 Le Nouvel Observateur Quel est l’effet du PTZ+ ? Thierry Moallic Alors que le PTZ+ a été créé pour faciliter la primoaccession dans le neuf, on observe qu’à Marseille il favorise majoritairement les achats dans l’ancien. Ceci ne signifie pas que le PTZ+ ne fonctionne pas dans le neuf, mais que nous sommes probablement dans un marché en mutation, encore porté par le Scellier et des investisseurs aux capacités financières plus importantes que les primo-accédants. Que compte faire la Ville pour les logements dégradés ? La politique de l’habitat ne doit pas se limiter au seul soutien à la production de logements neufs. Surtout à Marseille, où 80% du parc a été construit avant 1975, date des premières normes d’isolation, contre 60% au plan national. Qui plus est, le nombre de logements indignes y avoisine les 20% du total des résidences principales, avec une forte concentration dans les 1er, 2e, 3e, 14e et 15e arrondissements. S’il est incontestable que les élus sont convaincus de l’enjeu de la réhabilitation, le chantier est vaste et nécessite une bonne coordination entre les collectivités publiques. Les logements Scellier, aux loyers plafonnés, sont-ils une solution pour les mal-logés ? Les loyers Scellier n’ont pas vocation à s’adresser aux plus modestes, qui ont de plus en plus de mal à se loger. Plus de 30 000 demandes de logements sociaux sont recensées à Marseille. A 12 euros/m2 en moyenne, les loyers du parc privé ont été multipliés par deux en dix ans, alors que les ressources des Marseillais n’ont sur la même période progressé que de 10% et que 1 habitant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté. . Plus que jamais, la question se pose de produire du logement adapté aux plus modestes, dans le parc social comme dans le parc privé. PROPOS RECUEILLIS PAR S. B. Le Nouvel Observateur Place du Caire. Le prix moyen de l’ancien s’établit aux alentours de 3 000 euros Les mises en vente dans le neuf ont chuté de 45% au premier trimestre. ment leur retour dans des budgets de 300 000 à 600 000 euros, du grand appartement à la villa, alors que les primo-accédants semblent, depuis le deuxième trimestre, avoir plus de mal à concrétiser leur projet immobilier. Un signe qui ne trompe pas : dans les 14e, 15e et 16e arrondissements – en dehors de l’Estaque, où le prix moyen du mètre carré ne dépasse pas les 1 900 euros et où le bien le plus convoité est la petite maison dans les 200 000 euros –, la hausse des prix s’est contenue à 4% entre les étés 2010 et 2011, selon la Fnaim. Soit la moins importante enregistrée en ville. Ce qui laisse à penser que les prix dans ces secteurs devraient d’ici peu baisser. « La hausse des taux d’intérêt met en difficulté les primo-accédants disposant d’un petit budget. Heureusement, le PTZ+ est venu compenser cette perte de pouvoir d’achat », explique JeanPierre Rouas, président de la Fnaim des Bouches-du-Rhône. Il pénalise en revanche – mais il a été conçu pour ça – les copropriétés semi-récentes mal isolées, qui, avec un diagnostic de per- formance énergétique égal ou inférieur à E, ne permettent pas à l’acquéreur de bénéficier d’un montant de prêt maximum. Alors certains ont trouvé la parade. Comme dans le cas de ce 3-pièces énergivore à 130 000 euros situé à l’est de la ville, et pour lequel l’acheteur ne parvenait pas à boucler son plan de financement à 15 000 euros près. Le vendeur a alors accepté d’investir 4 000 euros dans le changement des fenêtres contre l’augmentation de son prix de vente, le classement énergétique par le DPE est remonté à D, l’acheteur a pu doubler son PTZ+ et boucler son financement. Dans l’immobilier neuf, en revanche, on regrette la disparition du Pass-Foncier, qui n’a pas été compensée par la mise en place du PTZ+. « En supprimant les conditions de ressources, le PTZ+ n’est pas assez modulé. Il ne favorise pas assez les primo-accédants, qui en auraient le plus besoin, alors que les autres pourraient se contenter d’un prêt libre en allongeant simplement sa durée », regrette Patrick Alary, président de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Provence. A 4 076 euros/m2 hors parking, le prix moyen du neuf a augmenté de près de 13% un an. Une hausse à relativiser, en considérant la diversité de l’offre marseillaise. Les prix démarrent à moins de 2 500 euros/m2 dans les zones Anru, qui couvrent 50% du territoire de la ville et où, sous condition de ressources, les acquéreurs bénéficient d’une TVA à 5,5%, et dépassent les 6 500 euros/m2 dans les secteurs en bord de mer. Au cours du premier trimestre, la chute de 45% des mises en vente de logements neufs à Marseille a eu une répercussion directe sur les réservations, qui ont fléchi de 21%. En cause : la pénurie de foncier aménagé – les ZAC Régny, Capelette ou SainteMarthe, par exemple, ont pris du retard –, l’allongement des délais d’instruction des permis de construire, et surtout l’inflation des recours abusifs, qui retardent sine die les mises en chantier. « 3 000 logements sont actuellement bloqués par ces recours », insiste Patrick Alary. Ces retards pénaliseront vraisemblablement le marché du neuf à Marseille, déjà touché par le rabotage de l’avantage fiscal Scellier, dont l’amortissement tombera sans doute à 15% en 2012. SOPHIE BONIS DR II