Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte

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Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte
Introduction
Sylvie Mathilde Jordan est née à Vienne (Isère)
le 25 juin 1835, de Camille II Jordan et de
Natalie Brenier de Montmorand. Elle épouse à
Lyon, le 3 décembre 1855, Paul-Antoine
Gabriel Giraud ; de ce mariage naît à Lyon, le
24 août 1866 un fils, Gérard Émile Antoine
Giraud-Jordan. Mathilde décède le 30 août
1915 au domaine des Clermonts à BeaumontMonteux (Drôme).
En 1855 elle avait sollicité la direction
spirituelle du père Eymard.
Cette lettre, la dernière écrite à Mathilde
Giraud-Jordan, peut être considérée comme un
testament. Le père Eymard évoque la fondation
de la Société du Saint-Sacrement à Paris en
1856 (le jour de l’Ascension, le 1er mai, il était
arrivé à Paris pour un dernier discernement) :
elle est l’œuvre du Seigneur, et de lui seul. Il
invite sa dirigée à prier pour elle et « pour son
pauvre Supérieur ».
Sans doute les saints sont-ils un reflet de la
bonté du Seigneur tels les rayons du soleil, mais
ils passent. « Le soleil demeure, et ce soleil
vous le recevez tous les jours » : qu’il soit sa
richesse et sa force.
La lettre du père Eymard
Saint-Maurice, 19 mai 1868
Chère fille en Notre Seigneur,
Je n’ai pu vous écrire pour l’époque que
vous m’aviez désignée, et alors je le fais
d’ici, de notre noviciat où je suis venu passer
deux jours pour me préparer à la fête de
l’Ascension [21 mai] ! Belle fête pour moi
que la fête de l’Ascension ! C’est le jour où je
me suis mis en retraite à Paris pour
examiner aux pieds de Notre Seigneur s’il
me voulait pour travailler à l’œuvre du Très
Saint-Sacrement. C’était en 1856, le 1er mai.
C’était bien l’Ascension pour moi ! Car je ne
méritais pas que Notre Seigneur me regardât
et me choisît pour une œuvre si belle, si
grande, et qui voulait un saint, un savant et
un prince au service d’un si grand Maître.
Voilà onze ans de cette date. Que de grâces
reçues, et que de déficit en moi ! Ah ! Notre
Seigneur a voulu prouver une fois de plus
que c’est lui qui est tout, qu’il fait tout, et
que le plus misérable et le plus vil
instrument entre ses mains est ce qu’il
préfère. Ainsi, chère fille, le saint jour de
l’Ascension vous prierez bien pour la Société
du Très Saint-Sacrement et pour son pauvre
Supérieur.
J’en viens à vous.
J’ai été bien affligé d’apprendre la triste mort
de votre parent Mr [Émile] Giraud, substitut
à Lille. Mais, quoique mort sur le coup de sa
chute, il faut espérer en son salut ; il a eu le
temps de se recommander à Dieu, puisqu’il
a vu le danger pendant huit kilomètres, et
un acte de contrition est vite fait, et dans ce
moment-là il est bien fait. Puis, c’est le mois
de Marie, que sa pieuse mère a tant priée !
Il faut bien prier pour lui ; je le fais puisqu’il
est votre parent et que je l’ai connu.
Vous avez donc vu Mgr Mermillod ! C’est une
bonne grâce, et en avoir profité c’est encore
mieux. Ainsi remerciez-en Dieu. Les saints
qui réfléchissent quelque chose de la
douceur et de la bonté de Notre Seigneur
sont comme une preuve de l’excellence du
soleil dont ils sont quelques rayons ; mais les
rayons passent, le soleil demeure, et ce
soleil vous le recevez tous les jours. Vous
êtes bien riche et bien forte ; mais il faut
remonter sans cesse l’horloge de la vertu et
même de la grâce. Nous usons tout.
Faites-le bien, chère fille, et prenez pour
vertu royale la fidélité inviolable au service
de Jésus. Servez-le par dévouement et non
par sentiment. Servez-le à vos dépens : alors
vous l’aimerez véritablement. Je vous bénis
comme il vous aime.
Tout à vous en Notre Seigneur
Eymard, S.
Pour approfondir le texte
« C’est le mois de Marie »
Le mois de mai est en relation avec la dévotion
à la Vierge Marie. On sent bien l’attachement
fort à Marie qui a guidé toute la vie du père
Eymard. Au décès de sa maman, il l’avait prise
comme sa mère. C’est à elle qu’il attribue sa
vocation comme fondateur.
A Marie nous pouvons confier la vie de toute
personne. En effet, dans le « Je vous salue
Marie », nous disons : « Priez pour nous…
maintenant et à l’heure de notre mort ».
« Les rayons passent, le soleil demeure, et
ce soleil vous le recevez tous les jours »
Les personnes que Dieu met sur notre chemin
pour nous guider sont une manifestation de Dieu
lui-même, de son amour, de sa providence ;
mais elles restent des instruments, des rayons
par rapport au soleil. Il faut se fixer sans cesse
sur ce soleil : le Christ. « C’est toi Seigneur ! je
n’ai pas de plus grand bonheur que toi » (Ps
16,2). Nous recevons tous les jours, dans
l’Eucharistie, ce soleil d’amour.
« Il faut remonter sans cesse l’horloge de la
vertu et même de la grâce. Nous usons
tout »
Pour faire marcher l’horloge il faut remonter
sans cesse les deux poids. Dans notre vie, nous
dit le père Eymard, il faut apprendre à
recommencer, à raviver et à mettre au point
notre vie spirituelle, pour ne pas risquer de
tomber dans l’usure du temps ou dans la
routine. La fidélité se nourrit de sentiments, qui
représentent un point de départ, mais elle a
besoin aussi d’une volonté toujours renouvelée.
rencontrons une bénédiction qui leur exprime
tout l’amour de Dieu.
Pour la prière
« Tu es, Seigneur, mon unique bien » (Ps 15,2).
Donne-moi de t’aimer d’un amour fort et fidèle
à l’image de ton amour. Chaque jour, Seigneur,
ton amour invente pour nous des merveilles.
Chaque jour renouvelle notre cœur pour qu’il
sache s’émerveiller de toi et qu’il bénisse sans
cesse ton Père, le Dieu d’amour, pour les
siècles des siècles !
« Prenez pour vertu royale la fidélité
inviolable au service de Jésus. Servez-le par
dévouement et non par sentiment… vous
l’aimerez véritablement »
La fidélité est la « vertu royale ».
Tout d’abord c’est Dieu qui est fidèle, il « garde
sa fidélité jusqu’à la millième génération » (Ex
34,7). Sa fidélité est tenace et inventive. Elle
arrive jusqu’à la croix de Jésus, jusqu’à
l’amour plus grand qui donne la vie pour ceux
qu’on aime (cf. Jn 15,13).
L’amour, à certains moments, est une question
de volonté. Il faut vouloir aimer. Il faut choisir
et décider d’aimer et y rester fidèle, même si
cela peut nous coûter.
« Servez-le à vos dépens », dit le père Eymard,
« servez-le par dévouement ». Il faut consacrer
du temps gratuitement, dans un amour sincère,
jusqu’au don de soi. L’amour devient alors
totalement gratuit, pur et vrai.
« Je vous bénis comme il vous aime »
Le père Eymard termine sa lettre avec une
bénédiction pleine de tendresse et d’affection. Il
veut donner à cette dame l’amour même de
Dieu. Puissions nous être pour ceux qui nous
Sagesse de vie - 4
A l’écoute
de St Pierre-Julien Eymard
Une lettre pour nous tous
Centre de spiritualité « Eymard »
67, rue du Breuil
38350 La Mure
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Lettre à Mathilde Giraud-Jordan
19 mai 1868 - CO 2170
Les rayons passent,
mais le soleil demeure,
et vous le recevez tous les jours