Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte
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Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte
Introduction Mlle Stéphanie Gourd est la fille de Joséphine Gourd, née Morel. Elle habite avec ses parents à Les Thorins, Romanèche (Saône-et-Loire). Le père Eymard accompagne spirituellement fille et maman. Mme Gourd et Stéphanie sont privilégiées au plan de la correspondance, le père Eymard, de 1848 à 1868, adresse 79 lettres à la maman et 50 lettres à la fille. Dans la lettre que nous présentons il est question de conseils tout simples, très concrets, dictés par le bon sens. La vie spirituelle passe par le corps, par le « régime » à suivre, même par le « café », par le sommeil et finalement par une « retraite de renouvellement ». Suit un programme d’exercices spirituels qui rythment la vie quotidienne. La lettre du père Eymard 29 juin 1866 Je viens répondre à votre dernière lettre. Grâces en soient rendues à Dieu ! vous vous connaissez bien. Si vous pouviez vous débarrasser de toutes vos misères spirituelles, comme vous seriez heureuse ! Mais il faudra les porter et les traîner encore après vous, chère fille, car c’est votre bagage de voyage en ce monde ! Seulement, il faut en tirer profit. Je commence par dire : Gardez votre régime et prenez du café sans scrupule ; ne vous inquiétez nullement de cet embonpoint et ne faites rien ni plus ni moins que ce que vous faites. Ayez soin de dormir, car le défaut de sommeil vous énerve : c’est un besoin pour vous. Pour le spirituel, vous auriez bien besoin de faire une retraite de renouvellement ; il faudra la faire chez vous, quand vous en aurez la facilité, je vous en donnerai les sujets ; il me semble qu’elle vous secouerait un peu, car il y a si longtemps que vous êtes toujours à la vie ordinaire ! Faites toujours bien l’essentiel : assistez à la sainte messe ; faites la communion quotidienne ; votre adoration d’une heure ; récitez votre chapelet ; faites l’examen de conscience, le soir, de trois minutes ; une petite lecture d’une demi-heure, au moins d’un quart d’heure, excepté les jours où vous aurez une instruction ; voilà pour la piété. – Pour la vie intérieure, marchez avec Dieu, travaillez avec lui et pour sa gloire. Faites souvent des aspirations à Dieu, surtout à l’heure sonnante. – Envers vous-même, pauvre malade et infirme, soyez patiente ; allez toujours, contente ou non, au devoir. Il me semble que votre âme est dans la disette, que vous vous occupez trop peu devant Dieu dans l’oraison. Allez à l’oraison avec une pensée fixe comme matière première, puis Notre Seigneur vous aidera à la développer ou il vous en donnera une meilleure, parce que vous l’aurez préparée. Souvenez-vous que la charité filiale doit être votre grande vertu de famille. Quant à vos nerfs, aux petites émotions, vivacités, tout cela n’est rien ; reprenez un calmant devant Dieu et recommencez à marcher comme avant. Je vous bénis bien religieusement devant Dieu et au saint autel. Soyez toute à Notre Seigneur, mais par le cœur et l’intention. […] Eymard Pour approfondir le texte « Si vous pouviez vous débarrasser de toutes vos misères spirituelles, comme vous seriez heureuse ! » Nous faisons souvent le constat que notre vie est pleine de misères spirituelles : impatience, intolérance, colère, critique, paresse, tristesse, etc. Ce serait bien de pouvoir s’en débarrasser, mais elles font partie de nous-mêmes, le père Eymard nous dit qu’« il faut en tirer profit ». Mais comment ? Elles nous font prendre conscience de notre faiblesse humaine, elles nous aident à mettre notre confiance en Dieu et en son amour, et non pas uniquement sur nos capacités ; elles nous font expérimenter nos limites et nous apprennent à exercer la miséricorde envers les autres et nous-mêmes. « Gardez votre régime et prenez du café sans scrupule… Ayez soin de dormir… » Notre vie spirituelle est aidée par une vie bien ordonnée, simple, où le sommeil trouve sa juste place. Nous pouvons aussi apporter attention à notre corps, s’accorder des petits plaisirs quotidiens, comme le café. Etre bien avec soi-même, dans son corps, concourt à une vie spirituelle épanouie. « Pour le spirituel, vous auriez bien besoin de faire une retraite de renouvellement » Le père Eymard invite sa correspondante à faire une retraite de renouvellement, à la maison, quand elle en aura le temps, afin de secouer l’ordinaire, la monotonie. C’est bien, en effet, de prendre un temps pour soi, pour faire le point, sans quitter le monde et les devoirs de la vie, pour trouver un nouvel élan. « Allez à l’oraison avec une pensée fixe comme matière première, puis Notre Seigneur vous aidera à la développer ou il vous en donnera une meilleure, parce que vous l’aurez préparée » Le père Eymard est convaincu qu’il faut préparer la prière. C’est comme labourer la terre afin qu’elle accueille la semence. La préparation crée les dispositions qui permettront à Dieu de faire le reste, d’agir en nous, d’apporter même une richesse nouvelle. Tu me demandes beaucoup d’humilité, de miséricorde. La force de ton amour et de ta résurrection s’expriment en moi, quand je décide, avec l’aide de ton Esprit Saint, de reprendre mon chemin, de recommencer chaque jour, en mettant plus de confiance en toi qu’en moi. Je te demande le secours de ta Sainte Mère, la Vierge Marie, qu’elle me donne sa grâce et son humilité pour avancer dans la paix. Amen. Sagesse de vie - 8 A l’écoute de St Pierre-Julien Eymard « Souvenez-vous que la charité filiale doit être votre grande vertu de famille » Exercer la charité filiale. Peut-être pas toujours facile, le caractère y joue beaucoup, les contrariétés et l’impatience aussi. Un conseil : « reprenez un calmant devant Dieu… recommencez… ». Il faut confier tout à Dieu, croire qu’il nous aime malgré tout, demander sa lumière, son aide… et après on recommence, on reprend la route, on se met à nouveau à aimer. Une lettre pour nous tous Pour la prière Seigneur, tu sais que je voudrais être tout à toi, cœur, âme, esprit, corps. Mais mon caractère parfois m’empêche d’être dans la paix, mes défauts barrent mon chemin. Centre de spiritualité « Eymard » 67, rue du Breuil 38350 La Mure [email protected] À Mlle Stéphanie Gourd 29 juin 1866 - CO 1812 Soyez toute à Notre Seigneur