Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte
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Introduction La lettre du père Eymard Pour approfondir le texte
Introduction Mme Lepage, née Delys, habite à Rennes. La première lettre que le père Eymard lui adresse est du 24 janvier 1864. À cette époque, elle est déjà veuve, sans enfant. Grâce à ses bons offices, le père Eymard est invité à prêcher à Rennes en 1864. La lettre, que nous présentons, fait allusion à la présence de Mlle Antonia Bost, qui avait choisi de rester célibataire, - « toutes deux » (deux fois) et à la fin « Antonia, la silencieuse » -, et qui vit avec elle, dirigée également du père Eymard. Elles ont formé, selon l’un des projets du père Eymard, comme un cénacle de vie eucharistique dans le monde. Le père Eymard encourage Mme Lepage à persévérer dans la foi, même si elle n’éprouve pas de consolations. Il lui demande surtout de rester fidèle à sa communion quotidienne. Cette lettre, la dernière qu’il lui adresse moins de trois mois avant sa mort, s’achève par cette vision de l’éternité : « Chantant toujours l’amour du temps et de l’éternelle Patrie ». La lettre du père Eymard Paris, 20 mai 1868 Madame bien chère en Notre Seigneur, Qu’il y a longtemps que je ne vous ai pas écrit! Il me semble qu’il y a encore plus longtemps que je n’ai reçu de vos nouvelles! Le temps m’en dure, dites-moi comment vous vous portez toutes deux. J’ai vu Mr Bost au cœur d’or, avec sa chère fille, couronnée d’un beau diplôme; ils vont vous voir et en sont heureux, et moi pour eux. Est-ce donc que vous n’avez point de projets de voyage pour Paris? Si Rennes n’était pas si loin, j’irais vous voir avec les fleurs du printemps et au beau mois de Marie. Je pense que votre santé à toutes deux est florissante aussi, sauf quelques petites épines, qui gardent les fleurs du Paradis. Vous me disiez dans votre dernière lettre que vous n’aviez plus de consolations sensibles dans la piété, et moi aussi. C’est le temps de servir Dieu pour Dieu, par fidélité et dévouement d’amour. Si vous n’avez pas, chère fille, des consolations, vous avez ce qui vaut mieux, la force et la paix de confiance en Dieu; gardez ces deux biens à tout prix, car ils sont au-dessus des vagues de la mer et des nuages de ce monde. Mais n’abandonnez jamais la sainte communion quotidienne, ce serait abandonner votre place de famille au festin des enfants de Dieu. En cela, il ne faut pas regarder son indignité, ni sa stérilité, mais bien sa faiblesse, l’invitation amoureuse du bon Maître et la compagnie de notre bonne Mère. Allez toujours, pourvu que vous puissiez vous traîner même en souffrant à la sainte Table, c’est preuve qu’on vous attend; vous en reviendrez comme le paralytique de Siloé. Toujours le cœur en haut et content, toujours l’esprit léger pour les peines mais chantant toujours l’amour du temps et de l’éternelle Patrie. Mille choses de Dieu et de famille à Mlle Antonia, la silencieuse. Je vous bénis en une. Tout à vous en Notre Seigneur Eymard, S. Pour approfondir le texte « Vous me disiez… que vous n’aviez plus de consolations sensibles dans la piété, et moi aussi ». Mme Lepage vit une épreuve spirituelle, qu’on appelle d’insensibilité ou de silence de la part de Dieu. Le père Eymard avoue qu’il est en train de passer par la même expérience. Il écrit dans ses notes : « Mon âme (…) souffre du silence de Notre Seigneur. Ce silence si prolongé la désole » (NR 45,14). Le Pape Benoît XVI, dans sa lettre « La Porte de la Foi », rappelle que cette expérience fait partie de la vie chrétienne : « Combien de saints ont vécu la solitude ! Combien de croyants, même de nos jours, sont éprouvés par le silence de Dieu alors qu’ils voudraient écouter sa voix consolante ! » (n. 15). C’est le moment de la fidélité et de l’amour ; de servir Dieu pour Dieu et non pas en fonction des consolations qu’il peut nous donner. « Vous avez ce qui vaut mieux, la force et la paix de confiance en Dieu ». L’auteur de la Lettre aux Hébreux écrit : « Ne perdez pas votre confiance ; grâce à elle vous serez largement récompensés. Car vous avez bien besoin d’endurance pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses » (He 10,35-36). « N’abandonnez jamais la sainte communion quotidienne ». Le thème de la communion fréquente et même quotidienne est un point fort dans le message du père Eymard. « L’Eucharistie a été établie en forme d’aliment. L’âme doit d’abord s’en nourrir » (PP 67,3). La communion est nécessaire pour grandir dans la foi, pour grandir dans le Christ. Sans l’Eucharistie, pas de chrétien fort et bien formé. L’Eucharistie est le pain pour les faibles et pour les forts, elle opère la résurrection de Jésus Christ dans ses membres infirmes et souffrants (le père Eymard dans la lettre cite le miracle de la guérison de l’aveugle de la piscine de Siloé, cf. Jn 9). L’Eucharistie est le festin de famille, où nous tous nous nous reconnaissons enfants de Dieu. « Toujours le cœur en haut et content ». Même dans un contexte de souffrance le père Eymard adresse à sa correspondante des paroles riches d’invitation à la joie. Lui-même, dans ses notes personnelles rend grâce à Dieu pour son amour et pour tous ses bienfaits : « Que de grâces Dieu m’a faites jusqu’à ce jour! Comme il m’a aimé! - A l’excès » (NR 45,2). C’est comme un chant de résurrection ! L’auteur de la Lettre aux Hébreux pour encourager les chrétiens en difficulté écrit : « Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère, et dans la certitude que donne la foi, (…) Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis » (He 10,22-23). Pour la prière Seigneur Dieu, parfois tes chemins nous font traverser une vallée obscure ; tes consolations se font rares et ta parole se fait silencieuse. Heureusement que tu nous as laissé ton Eucharistie, le pain pour la route, le pain des enfants, le pain de la fête. Aide-nous à avancer dans la confiance et dans la fidélité, en te rendant grâce pour ton amour toujours fidèle, plus fort que le mal et la mort. Amen. Une lettre pour nous tous Centre de spiritualité « Eymard » 67, rue du Breuil 38350 La Mure [email protected] Lettre à Mme Lepage 20 mai 1868 CO 2172 Sagesse de vie - 3 La sainte communion quotidienne, votre place de famille au festin des enfants de Dieu A l’écoute de St Pierre-Julien Eymard