. Bref historique de l`enseignement des sciences en France
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. Bref historique de l`enseignement des sciences en France
. Bref historique de l’enseignement des sciences en France 2.1. Du XVIème siècle au XIXème siècle Au XVIème siècle, les collèges sont tenus par des grandes congrégations enseignantes telle que la Compagnie de Jésus. Ils se donnent pour mission la formation professionnelle des clercs. Les sciences ne sont que secondaires dans le cursus scolaire. Lorsque l’Etat absolutiste eut besoin d’officiers, d’ingénieurs, de techniciens, afin d’élaborer et de maintenir des constructions militaires, des voies de communication, des bâtiments publics, des manufactures, ils se soucièrent d’une formation scientifique plus approfondie. Ainsi, des écoles ont été créées pour former aux mathématiques et aux sciences, de jeunes nobles ou des bourgeois récemment anoblis. On y apprend l’arithmétique, l’algèbre, la géométrie, la mécanique, l’architecture, les langues vivantes, l’histoire, la géographie et l’histoire naturelle. Au XVIIIème siècle, lire, écrire et compter sont les trois piliers de l’enseignement primaire. L’apprentissage de la lecture était mis au service de la lecture des textes religieux. Il faudra attendre la moitié du XIXème siècle pour que l’école primaire s’ouvre aux sciences. 2.2. Au XIXème siècle En 1833, Guizot, ministre de l’Instruction publique, créa une loi, faisant apparaître au niveau de l’école primaire supérieure, l’étude des notions des sciences physiques et de l’histoire naturelle, applicables aux usages de la vie, aux côtés de l’histoire, de la géographie et de la géométrie. En 1848, Hippolyte Carnot, le nouveau ministre, promulgue l’enseignement des notions élémentaires sur les phénomènes de la nature, sans distinction entre l’enseignement élémentaire et supérieur. En 1850, avec la loi Falloux, l’enseignement des sciences physiques et de l’histoire naturelle, deviennent matières facultatives. Cet aspect facultatif devenant inutile avec le ministre Fortoul : « Pas de sciences dans une école primaire circonscrite au lire, écrire, compter. »1 La première initiation aux sciences, en 1860, se fait par la création d’une bibliothèque dans chaque école primaire. Y sont présents essentiellement, des ouvrages didactiques qui vantent les mérites des sciences et des techniques en y faisant découvrir l’éclairage au gaz, le chaulage des champs,…D’autres ouvrages de vulgarisation scientifique, relatent l’histoire d’un ruisseau, d’une chandelle, du ciel,…Ainsi, le récit devient la première caractéristique de l’initiation aux connaissances scientifiques et techniques. Dorénavant, la géographie, l’histoire, les sciences, les techniques, l’hygiène et la morale sont des savoirs que l’école fait passer du livre aux jeunes esprits. En 1867, le ministre Victor Duruy renforce l’instruction scolaire au-delà de l’âge de 12 ans, les connaissances de base (orthographe, grammaire, arithmétique) sont renforcées et de 1 KAHN Pierre, De l’enseignement des sciences à l’école primaire, l’influence du positivisme, p.77. nouveaux savoirs sont enseignés, tel que la chimie, l’histoire naturelle et la physique. L’enseignement scientifique garde son caractère facultatif, néanmoins, « d’enseignement superflu, il passe au rang de bénéfice supplémentaire que l’Instruction publique offre aux enfants des classes laborieuses. »2 Dans la seconde moitié du XIXème siècle la leçon des choses est créée, elle consiste à apprendre aux élèves qu’ils peuvent se servir de leurs sens pour comprendre les objets du monde qui l’entourent. C’est ainsi que, la leçon des choses, devient à l’occasion « action sur les choses », c’est à dire expérimentation. Celle-ci ne sert pas à confirmer ou infirmer une hypothèse, mais seulement à permettre à l’enfant d’observer des phénomènes. En 1882, la loi Ferry rend l’enseignement scientifique obligatoire. Il s’agit de donner aux enfants de la République, « un viatique de connaissances positives utiles, immédiatement investissables dans leur vie quotidienne »3. 2.3. Au XXème siècle En 1930, l’expérimentation tient peu de place dans la leçon des choses. Le maître ayant appris quelques manipulations à l’école primaire supérieure ou à l’école normale, les remet en œuvre devant ses élèves lors de leçons exceptionnelles. De plus, ni les effectifs ni le matériel ne permettent de faire mieux qu’une démonstration générale devant les élèves. Le maître trace un dessin au tableau qui vient dire ce qu’il faut avoir vu et ce qu’il faut retenir de l’expérience. Lors de leçon plus ordinaire, chacun se contente de lire le texte d’une expérience dans un manuel scolaire et d’observer les différentes étapes sur les illustrations. D’après les moyens et les objectifs de l’école primaire, c’est l’étude du vivant qui est principalement enseignée dans la leçon des choses. Les végétaux et les animaux étant plus faciles à mettre dans les mains des élèves. De ce fait, en 1945, les instructions officielles déclarèrent que la physique et la chimie en tant que sciences liées, cohérentes, ne sont pas du domaine de l’école primaire. A la fin des années 1960, l’Institut pédagogique national se proposa de donner aux élèves de l’école primaire les moyens de développer une « attitude scientifique » devant chacun des problèmes qu’ils pouvaient être amenés à se poser. C’est ainsi qu’en 1969 se créa le tierstemps pédagogique, qui rassembla sous le nom de discipline d’éveil, les enseignements de l’histoire, de la géographie, des sciences, des travaux manuels et disciplines artistiques. De plus, avec les travaux d’Henri Wallon, de Jean Piaget et d’Ovide Decroly, faire agir l’enfant est devenu le maître mot de l’innovation didactique. On souhaite développer chez l’enfant une attitude scientifique, c’est-à-dire, des capacités intellectuelles, ainsi que lui donner les moyens de se doter de méthodes de travail susceptibles d’être appliquées à toutes expériences et à tous les problèmes qu’il rencontrera. La leçon des choses voulait faire de l’élève, un bon observateur. Les disciplines d’éveil souhaitent lui donner en plus, l’inventivité et la rigueur de l’attitude expérimentale. L’attitude expérimentale, implique la « curiosité et la créativité, mais aussi, l’esprit critique et souci de l’objectivité et de la rigueur »4. De plus, une place importante est donnée, lors de chacune des 2 KAHN Pierre, op. cit., p.79. ibid., p.97. 4 CHARPAK Georges, La main à la pâte, Les sciences à l’école primaire, p.135. 3 phases du processus : aux activités de dessin, de schématisation et de prise d’informations. Les domaines de la physique, de la technologie et de la biologie sont regroupés sous la dénomination de sciences expérimentales. Mais la réaction est fortement négative face à la publication de ces programmes, c’est la démarche même qui est visée. Il est souhaité que l’école se régénère en retrouvant ses missions les plus fondamentales, lire, écrire, compter. Ainsi des pans entiers du programme sont abandonnés. Les sciences, l’histoire, la géographie, les activités artistiques sont condamnées à servir de délassement en fin d’après-midi. En 1985, les programmes voulus par Jean-Pierre Chevènement entérinent l’échec du tierstemps pédagogique et des disciplines d’éveil, il propose que l’école revienne à un enseignement rigoureux des connaissances, en particulier scientifiques et techniques. La démarche expérimentale est ramenée à une position moins centrale. En 1996, l’opération « la main à la pâte » est initiée sous le parrainage de Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992, et de l’Académie des sciences. Le but de la main à la pâte étant de « relancer un enseignement scientifique souvent bien délaissé dans les classes primaires, et rarement pratiqué sous forme d'expérimentations scientifiques. Permettre à tous les enfants d’acquérir une culture scientifique élémentaire, selon une démarche expérimentale qui respecte la nature propre de ces sciences, c'est donner à tous les enfants quelques clés pour comprendre et maîtriser le monde moderne. C'est refonder l’école de la démocratie dans un grand projet universaliste. »5 5 ERNST Sophie, INRP.