Business développement : Un métier stratégique
Transcription
Business développement : Un métier stratégique
Spécial Métiers Business développement Un métier stratégique Dans un contexte économique et financier qui fragilise les biotech, celles-ci ne devront leur salut qu’à la qualité des accords qu’elles auront conclus avec d’autres partenaires du secteur. Les business développeurs sont chargés de cette fonction hautement stratégique. L e b u s i n e s s d é ve l o p p e m e n t consiste, pour deux entreprises aux objectifs complémentaires, à bâtir des accords très en amont des phases de développement d’un produit, selon différentes formules qui vont de l’accord de licence au codéveloppement en passant par la prise de participation. Un modèle du genre est la collaboration entre le Suisse Roche et le Californien Genentech, qui a abouti au rachat chaotique du second par le premier en mars dernier après 19 ans de concubinage réussi. Autant d’années au cours desquelles Roche a commercialisé des molécules issues de la recherche en biotechnologies de 14 PHARMACEUTIQUES - SEPTEMBRE 2009 la deuxième entreprise du secteur derrière Amgen. Au premier trimestre 2008, avant l’annonce par Roche de sa volonté d’acquérir les 44 % du capital de Genentech qu’il ne possédait pas encore, le chiffre d’affaires des produits venant de Genentech représentait 40 % des ventes totales du groupe suisse. Aujourd’hui, ce modèle est difficilement reproductible car Genentech faisait partie, avec d’autres poids lourds du secteur, des biotech intégrées, c’està-dire capable d’assurer le développement clinique de leurs molécules. Pour les sociétés de biotechnologie, la tendance est plutôt de privilégier la recherche de nouvelles molécules actives et de les développer jusqu’à « la preuve de concept » chez l’homme. Cash pour les investisseurs C’est à ce stade que le produit va pouvoir intéresser un laboratoire pharmaceutique et qu’interviennent les business développeurs. Le métier s’est largement professionnalisé ces dernières années et demande une bonne connaissance du marché et des attentes des interlocuteurs, mais aussi un savoir-faire spécifique pour présenter une offre davantage en termes de potentiel commercial qu’en termes scientifiques. Point d’entrée obligé dans les entreprises de biotechnologie, le business développeur s’est ainsi substitué au chercheur lui-même dans les discussions en vue d’un partenariat. Plusieurs salons professionnels sont dédiés à ce type de rencontres. Les accords sont également nombreux entre les sociétés de biotech elles-mêmes, dont certaines sont spécialisées dans les cibles thérapeutiques ou les platesformes de services. L’accord avec une big pharma est tout de même recherché dans le but de générer du cash pour les premiers investisseurs d’une biotech. Différents modes de collaboration incluent des rétributions d’étapes, au cours desquelles l’entreprise pharmaceutique rémunère son partenaire à l’occasion d’une phase II validée, une phase III ou une AMM. L’accord peut également prévoir des options pour des licences exclusives qui peuvent s’exercer à différents stades du développement. Autant de moyens pour la société de biotechnologie d’assurer sa croissance. Dans ce secteur, le business développement a évolué ces dernières années vers des formules de partenariat, où les risques autant que les revenus sont partagés. Du géant Amgen – dont 50 % des produits commercialisés proviennent de sources externes – à la start-up toulousaine Avogadro, qui vient d’ouvrir un bureau de business développement à Boston, cette activité est promise à un avenir florissant, dans un contexte où les big pharma se désengagent de la découverte de substances actives. n Jocelin Morisson