Le Web de l`Humanité: Biocarburants surencensés

Le Web de l’Humanité: Biocarburants surencensés
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Journal l'Humanité
RUBRIQUE POLITIQUE
Article paru dans l'édition du 10 octobre 2006 .
SOCIAL - ÉCONOMIE
Biocarburants surencensés
Automobile . Des voix s’élèvent pour atténuer l’enthousiasme débordant du gouvernement
pour les carburants verts.
Dans les allées du Mondial de l’automobile, ce sont des stars devant qui on
déroule tous les tapis rouges. Entre présentation des nouvelles « voitures
propres » de constructeurs et discours sur l’environnement, les biocarburants
sont présentés comme la solution miracle tant attendue qui réconcilie économie
et écologie. En fin de semaine dernière, c’est un Jacques Chirac emballé qui a
décidé du « lancement immédiat de deux projets pilotes pour tirer parti de la
totalité des plantes » afin de parvenir à l’incorporation de 10 % de carburants
végétaux à la pompe d’ici 2015. Cette annonce volontariste survient quelques
jours après l’agrément donné par Dominique de Villepin pour construire cinq
nouvelles usines de biocarburants et donc produire 1,1 million de tonnes
supplémentaires du fameux élixir automobile. Quant à la distribution, le
ministre de l’Économie- confirme « le lancement de pompes vertes, à
bioéthanol, partout sur le territoire », et une réduction de taxes qui permettrait
de distribuer le carburant vert à 80 centimes le litre... À croire qu’il y a le feu
au pot d’échappement.
Pourtant, les biocarburants sont loin de faire l’unanimité. Au sein même de
l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, on prévient que la
France ne dispose pas en soi de la surface cultivable - nécessaire pour
alimenter les 36 millions de voitures, jachères comprises. Selon Jean-Marc
Jancovici, ingénieur spécialiste des émissions des gaz à effet de serre, il
faudrait par exemple cultiver 118 % de la surface totale de la France en
tournesol pour remplacer l’intégralité du pétrole consommé chaque année par
les Français dans les transports... Ou 104 % avec le colza, 120 % avec la
betterave et 2 700 % avec le blé. Ce qui fait dire à l’expert que les
biocarburants relèvent plus d’un problème de politique agricole que des enjeux
énergétiques. Forte de ces constats, la CFDTmétallurgie s’immisce dans le
débat en alertant sur « les effets écologiques négatifs qu’entraînerait une
utilisation plus intensive des sols » et qui pourraient « fortement
contrebalancer le bilan écologique » des biocarburants. Une crainte corroborée
par les réactions d’agriculteurs. « Le plan du gouvernement va surtout profiter
à une poignée de grands producteurs, au détriment des autres, et à des lobbies
agricoles et pétroliers sans considération pour le développement de l’économie
locale », explique-t-on ainsi du côté de la Confédération paysanne. Un comble
pour un plan gouvernemental dont un des buts principaux consistait en la
création d’un nouveau marché pour ses agriculteurs.
Christelle Chabaud
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11/10/2006 20:43
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