Aucun mot ne pourrait exprimer des sentiments comme la gratitude
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Aucun mot ne pourrait exprimer des sentiments comme la gratitude
Aucun mot ne pourrait exprimer des sentiments comme la gratitude, l’amour, le respect ou la reconnaissance. Je dédie cette thèse à … A mes très chers parents Nul mot ne saurait exprimer à sa juste valeur le dévouement et le profond respect que je porte envers vous. Rien au monde ne pourrait compenser tout ce que vous avez fait pour moi. Que ce travail soit le témoignage de ma gratitude et de mon grand amour. Que DIEU vous accorde, santé, bonheur et prospérité. A mon très cher mari IDRISSI si Mohammed Ta bonté et ta sincérité font de toi un homme aimé de tous et adoré par moi. Ton aide m’a été précieuse dans l’élaboration de ce travail. C’est à tes cotés que le mot « dévouement » a pris sa véritable connotation. Je te remercie de m’aimer et souhaite ne jamais te décevoir. A mon précieux trésor Mohammed Amine Aucun mot ne peut exprimer ma joie de t’avoir dans ma vie. Je remercie le bon DIEU qui a illuminé ma vie par ta présence. Que DIEU te préserve. A mes frères Mohammed et Talal Chaqu’un de vous était un vrai parrain pour moi Aucun mot ne pourrait exprimer ma reconnaissance et ma gratitude. Merci pour l’aide et le soutien que vous m’avez accordé. Vos remarquables qualités humaines ont toujours suscité ma profonde admiration. Je vous prie de trouver dans ce travail l’expression de mon estime et mon profond respect. A mes frères Samir, Abdelatif, Abderrahim et Amine Je vous dédie mon travail en témoignage de mon sincère attachement. Je prie DIEU pour vous donner santé, bonheur et prospérité A mes belles sœurs Fati et Lidwine Vos encouragements et votre soutien m’ont toujours réconfortés. Que ce modeste travail soit le gage de mon estime profonde et de ma vive reconnaissance. A ma nièce Salma et mes neveux Walid et Soufiane Les petits anges de la famille, qui égaient notre vie. Que DIEU vous préserve. A ma très chère amie et véritable sœur Ikram BENTAMA, son mari Hakim et leur petit ange Mohammed Au nom de cette amitié rare et précieuse, je vous dédie cet ouvrage avec tous mes souhaits de bonheur et de réussite. Je te remercie pour ton aide indéfectible. Je n’oublierai jamais les bons moments qu’on a passé ensembles et qu’on passera inchaeallah. Que DIEU vous réserve une vie heureuse. A mes très chères amies Ikram BELHOUCIN, Hanane et Ikram ELZAARAOUI En souvenir de ces moments agréables passé ensembles, je vous prie de trouver dans ce travail l’expression de mon estime et mon profond respect. A ce grand monsieur BENTAMA Mustafa et ma chère tante Nadia Vous étiez toujours de vrais parents pour moi. Vos encouragements et votre soutien m’ont toujours aidé à aller vers l’avant. Je vous prie de trouver dans ce travail le témoignage de mon affection. A mes beaux parents Hassan IDRISSI et Saadia ELHIRECH Au-delà de tous les mots de remerciements que je vous adresse, je veux louer en vous votre courtoisie et votre générosité. Je vous prie de trouver dans ce travail l’expression de mon estime et ma reconnaissance. A monsieur Miloud ELOUARDI, sa femme Latifa et leur enfants J’ai eu de la chance d’être à coté de vous et de profiter de l’étendue de votre savoir. Votre dévouement au travail , votre modestie et votre gentillesse impose le respect et représentent le modèle que nous serons toujours de suivre. Merci Dr Latifa pour vos conseils et vos encouragements Je vous prie de trouver dans ce travail le témoignage de ma reconnaissance et l’assurance de mes sentiments respectueux. A toute ma famille et ma belle famille Je vous dédie ce travail avec toute mon affection et ma plus grande estime. A tous mes amis que j’ai involontairement oublié de citer et qui n’en demeurent pas moins cher A Notre Maître et président de thèse Le Professeur HIDA Mustafa Nous sommes très reconnaissant du grand honneur que vous nous faites en acceptant la présidence de cette thèse. Nous tenons à vous déclarer nos remerciements les plus sincères pour avoir accepté de diriger ce travail et avoir veillé à son élaboration avec patience et disponibilité. Nous vous sommes très reconnaissant pour la qualité de l’enseignement théorique et pour l’atmosphère de travail agréable au service. Soyez assuré de notre vive reconnaissance éternelle et notre profonde gratitude. A Notre Maître et juge de thèse Monsieur le Professeur BOUHARROU Abdelhak Nous avons l’honneur de compter parmi vos disciples et nous avons pu apprécier avec admiration vos grandes qualités humaines et professionnelles qui sont devenus un exemple pour nous. Nous tenons à vous exprimer notre gratitude pour votre gentillesse et votre patience inépuisables. Veuillez trouver ici le témoignage de notre reconnaissance, de notre affection et notre profond respect. A Notre Maître et juge de thèse Monsieur Le Professeur BONO Ouafae Nous avons été très sensibles à l’amabilité de votre accueil et l’intérêt que vous avez voulu accorder à ce travail en acceptant de le juger. Veuillez trouver ici le témoignage de notre profonde reconnaissance et de notre respect. A Notre Maître et juge de thèse Monsieur le professeur ATMANI Samir L’honneur que vous nous faites en acceptant de juger de notre thèse est pour nous l’occasion de vous témoigner notre profond respect. Je vous prie de trouver ici l’expression de notre grande estime. Remerciements à tous ceux qui ont aidé à l’élaboration de cette thèse : ÄDr IDRISSI MOHAMMED ÄDR AICHA ZEROUAL ÄMR NABIL ÄMME LATIFA SOMMAIRE INTRODUCTION ………………………………..…………………… 1 ETUDE THEORIQUE ………………………………………………… 4 I. HISTORIQUE DU DEFICIT EN G6PD ………………..……………… 5 II. GENERALITES SUR LE DEFICIT EN G6PD…………………………… 6 1. Caractéristiques de la G6PD ………………………………………… 6 1.1. Structure de la G6PD …………………………………………… 6 1.2. Fonction de la G6PD …………………………………………. 2. Physiopathologie et mécanisme du déficit en G6PD 3. Génétique du déficit en G6PD 10 ………………… 12 ……………………………………… 14 3.1. Le gène de la G6PD ………………………………………….… 14 3.2. Aspects génétiques…………………………………………… 16 3.3. Mécanismes de transmission …………………………………. 17 3.4. Notion de variantes et mutations identifiées au niveau G6PD de la ………………………………………………………… 23 4. L’incidence dans le monde et la répartition géographique du déficit en G6PD…………………………………………………………….. 27 4.1. Incidence……………………………………………………… 28 4.2. Prévalence…………………………………………………….. 29 4.3. Répartition géographique……………………………………… 29 NOTRE ETUDE ………………..………………..…………………… 40 I. MATERIEL ET METHODES………………………………………….. 41 La population étudiée……………………………………………… 41 1. LES CRITERES D’INCLUSION ………………………………………. 41 2. Les paramètres étudiés…………………………………………... 41 4. FICHE D’EXPLOITATION…………………………………….……… 42 5. ETUDE STATISTIQUE ……………………………………………… 43 II. EXPOSITION DES DONNEES………………………………………… 45 III. RESULTATS………………………………………………………… 49 1. Etude épidémiologique…………………………………….……… 49 2. Etude clinique…………………………………………….………. 55 3. Etude biologique………………………………………….…….… 59 4. Traitement et évolution…………………………………….……… 62 IV. DISCUSSION…………………………………………………….…. 64 1. Discussion sur le plan épidémiologique…………………………… 64 1.1. Fréquence de survenue ………………………………………. 64 1.2. Age de survenue 64 ……………………………………………. 1.3. Atteinte selon le sexe ………………………………………… 65 1.4. Saison de survenue…………………………………………… 65 1.5. Facteurs déclenchants………………………………………… 66 2. Discussion sur le plan clinique …………………………………….. 78 2.1. Antécédents …………………………………………………. 2.2. Manifestations cliniques du déficit en G6PD 2.2.1. Anémie hémolytique aigue 2.2.1.1. Le favisme …………………… 79 ……………………………… 79 ………………………………………… a. La forme ictéro-hémoglobinurique b. La forme hémolytique suraiguë c. Les formes mineures 78 ………………….. 80 80 ……………………… 81 ………………………………… 81 2.2.1.2. Hémolyses d’origine médicamenteuse ……………… 81 2.2.1.3. Hémolyses d’origine infectieuse ………………….… 2.2.1.4. Hémolyses par acidocétose diabétique …………..… 2.2.2. Hémolyse chronique ou anémie hémolytique non sphérocytaire ………………….… 2.3. Diagnostic différentiel clinique d’une anémie hémolytique 2.4. Formes associées 82 congénitale …………………………………….. 2.2.3. Ictère néonatal par déficit en G6PD 81 82 83 ….… 85 ………………………………………….… 88 2.4.1. Association drépanocytose- déficit en G6PD 2.4.2. Association thalassémie- déficit en G6PD ………….… 88 …………….… 90 2.4.3. Association Xeroderma- pigmentosum- déficit en G6PD 3. Discussion sur le plan biologique … 90 ………………………………..… 91 3.1. Diagnostic positif du déficit en G6PD ………………………..… 91 3.1.1. Les examens d’orientation……………………………… 91 3.1.1.1. L’hémogramme …………………………………… 91 3.1.1.2. Dosage de bilirubine …………………………..…… 92 3.1.1.3. Recherche des corps de Heinz 93 3.1.2. Les examens de certitude ……………………… ……………………………… 3.1.2.1 Tests de réduction de la méthémoglobine 3.1.2.2. Tests de réduction des colorants 94 ……..…… 94 …………………… 94 3.1.2.3. Tests de stabilité du glutathion réduit ou test de Beutler 94 3.1.2.4. Le fluorescent spot test ou spot test de Beutler ……… 94 3.1.2.5. Dosage enzymatique de la G6PD…………..………… 95 3.1.3. L’électrophorèse de l’hémoglobine ……………………… 98 3.1.4. Test de biologie moléculaire par l’étude de l’ADN …...….... 99 …………...………… 99 ……………………………… 99 3.2. Diagnostic différentiel du déficit en G6PD 3.2.1. Les autres enzymopathies 3.2.1.1. La voie de la glycolyse érythrocytaire ……….………… 101 3.2.1.2. Déficits enzymatiques intéressant le système d’oxydoréduction du glutathion 4. Traitement et pronostic 4.1. Traitement curatif ……………………………... 102 …………………………………………… 104 ………………………………….………… 104 4.2. Traitement préventif ………………………………….……… 4.3. Difficultés de prise en charge dans notre contexte 4.4. Pronostic et complications 105 …………..… 106 ……………………………….…… 107 5. Surveillance des sujets déficitaires ………………………………… 109 5.1. Diététique et suppléments de vitamines dans les cas d'hémolyses chroniques ……………………………………………..…… 5.2. Surveillance clinique et biologique 109 …………………………… 110 V. PREVENTION ET RECOMMANDATION ……………………..…… 111 1. Recommandations ………………………………………..……… 111 2. Conseil génétique ………………………………………..……… 114 CONCLUSION ……………………………………………………… 116 RESUME ……………………………………………...……………… 119 ABREVIATIONS ………………………………….………………… 124 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ……………………………… 125 INTRODUCTION 1 Les anémies hémolytiques sont dues à une augmentation importante de la destruction des hématies .Cette hémolyse exagérée peut être due à une anomalie des hématies ,on parle alors d’ anémie hémolytique corpusculaire. Cette anomalie peut porter sur : - L’hémoglobine ; - La membrane érythrocytaire ou - L’équipement enzymatique. Toutes ces anémies sont héréditaires, en général, seules les formes homozygotes sont graves. L’anémie hémolytique par déficit en glucose-6-phosphte déshydrogénase (G6PD) compte parmi les anomalies constitutionnelles du métabolisme les plus communes, affectant plus de 400 millions de personnes dans le monde. La G6PD est une enzyme intervenant dans la glycolyse. Elle catalyse la transformation du glucose-6-phosphate en 6-phosphogluconate.Parallèlement, cette réaction réduit l enicotinamide adénine dinucléotide phosphate (NADP) en NADPH, agent antioxydant qui permet à l’érythrocyte de faire face aux agressions oxydatives (toxiques, infectieuses…). Le gène codant pour la G6PD est situé sur le chromosome X. Le déficit s’exprime complètement chez les garçons hémizygotes et les filles homozygotes. Chez les filles hétérozygotes, la réduction de l’activité enzymatique dépend du degré de mosaïcisme. Un déficit en G6PD est suspecté devant un ictère néonatal survenant chez un enfant, en particulier un garçon, originaire d’Afrique, du Sud-est asiatique ou du bassin méditerranéen. L’apparition est assez tardive entre le 3ème et le 5ème jour, mais l’intensité peut être élevée. L’importance de l’ictère n’est pas corrélée à l’hémolyse, c’est le résultat du déficit enzymatique hépatique. Une anémie régénérative d’intensité variable peut cependant accompagner cet ictère. Des 2 facteurs environnementaux favorisent l’hémolyse, tels qu’une infection néonatale ou une hypoglycémie et une acidose. Occasionnellement, l’anémie et l’ictère sont précoces si la mère a pris des produits oxydants en fin de grossesse. Enfin, le dosage enzymatique révèle une activité réduite en G6PD. Un résultat normal en période de régénération, lorsque le taux des réticulocytes est élevé, ne permet pas d’éliminer le diagnostic de déficit en G6PD, car l’activité enzymatique est plus élevée dans les cellules immatures. Le diagnostic précoce de déficit en G6PD permet de réduire l’incidence des crises hémolytiques ultérieures en déconseillant les médicaments ou aliments susceptibles de déclencher une crise hémolytique. Au Maroc, les anémies hémolytiques par déficit en G6PD sont assez fréquentes. La plupart des patients sont vus dans un état d’hémolyse aigue qui nécessite une transfusion sanguine d’urgence, ce qui retarde le diagnostique de certitude, prive d’une part les patients d’un traitement préventif et d’autre part les exposent aux hémolyses aigues et aux transfusions répétées. Dans ce travail, nous proposons de faire une étude prospective portant sur les anémies hémolytiques par déficit en G6PD chez l’enfant au sein du service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès pendant 3 ans s’étalant du 1er mars 2005 au 30 mai 2007. Le but de notre travail est : • Etudier les paramètres épidémiologiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutifs ; • Evaluer l’intérêt de dosage enzymatique, au cours et après la période d’hémolyse ; • Identifier les difficultés de prise en charge dans notre contexte. 3 ETUDE THEORIQUE 4 I. HISTORIQUE DU DEFICIT EN G6PD La survenue d’accidents hémolytiques suivant la prise de certains aliments ou médicaments était connue depuis longtemps dans certaines populations. On peut certes s’interroger sur les recommandations, dans la Grèce antique, de Pythagore à l’égard des fèves : s’agissait-il d’interdits religieux ou de précautions sanitaires ? Hippocrate qui connaissait ces textes n’en a fait aucun état dans ses prescriptions diététiques [2]. En réalité, ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que paraît dans une revue de médecine portugaise la première observation clinique d’un malade faisant des poussées ictériques chaque fois qu’il mangeait des fèves [3]. Puis, à partir du début du XXème siècle, des cas de plus en plus fréquents sont rapportés dans la littérature [2]. Ils étaient surtout observés dans le sud de l’Italie, en Sardaigne et en Sicile et le terme de favisme est alors créé pour décrire cette curieuse susceptibilité qui ne concernait que des sujets méditerranéens et jamais des sujets originaires de l’Europe du Nord. La primaquine, donnée à titre préventif contre le paludisme depuis la Seconde Guerre mondiale, conduisait chez ces mêmes sujets à des accidents hémolytiques similaires. La liaison entre ces accidents et un déficit en glucose-6phosphate déshydrogénase (G6PD) a été montrée en 1956 par Carson et al. [4] C’est en 1950 qu’a été découvert des effets hémolysants d'un antipaludéen (Primaquine) chez des noirs américains lors de la guerre du Vietnam : • Carson (1956) : Imputabilité du phénomène de sensibilité à la Primaquine au déficit en G6PD.1er modèle d'enzymopathie érythrocytaire responsable d'une anémie hémolytique • • Harks (1959) : Individualisation de 2 formes cliniques : o Forme moins sévère chez les noirs américains o Forme plus sévère dans le Bassin méditerranéen 1967 : WHO Standardisation des méthodes d'étude de la G6PD pour la classification des nombreux variants décrits 5 • 1980 : Plus de 400 variants décrits • 1986 : Clonage du cDNA • 1996 : Ernest Beutler a estimé à 420millions d’individus porteurs de cette anomalie génétique dans le monde. Puis « Au » et ses collaborateurs, en 2000, ont cristallisé un mutant de la G6PD humaine, la G6PD canton ; et ont établissé sa structure tridimensionnelle ouvrant ainsi la voie à la compréhension des relations entre la structure et la fonction de cette molécule [5] II. GENERALITES SUR LE DEFICIT EN G6PD 1. Caractéristiques de la G6PD 1.1. Structure de la G6PD [6] Chez l'homme, la G6PD est codée par un gène situé sur le locus q28 du chromosome X. Ce gène a été cloné et séquencé par Chen et al. en 1991. [7] Il s'étend sur une région d'environ 20 Kb, comporte 13 exons et code une protéine longue de 515 résidus d'acides aminés. La G6PD est retrouvée dans la plupart des espèces, des micro-organismes à l'homme ; les quelques exceptions concernent des micro-organismes vivant dans des milieux pauvres en oxygène ou chez des parasites pouvant profiter de l'activité enzymatique de l'hôte. Les banques de données fournissent plus d'une cinquantaine de séquences, toutes très proches de celle de l'enzyme humaine. Ainsi, l'homologie de séquence est de 94 % entre mammifères et s'élève encore à 20 % lorsque l'on compare mammifères et micro-organismes [8]. La G6PD d'une bactérie, Leuconostoc mesenteroides a été la première à être cristallisée et étudiée par diffraction de rayons X: sa forme active est un homodimère [9]. Les données de cette étude ont conduit à une première tentative d'explication 6 des mutants de la G6PD humaine en termes de relation structure/fonction [10]. La G6PD humaine sauvage ne permet pas d'obtenir des cristaux autorisant une telle analyse. Les données sur l'enzyme humaine ont cependant été obtenues quelques années plus tard grâce à une variante, la G6PD Canton, où l'arginine en position 459 est remplacée par une leucine [11] et plus récemment sur une G6PD recombinante tronquée des 25 résidus N-terminaux [12]. La forme active de l'enzyme humaine est également un homodimère qui, dans les conditions physiologiques de pH et de force ionique, s'associe en tétramères avec toutefois un équilibre en faveur de la forme dimérique (Figure 1). Fig. 1 : La forme active de la G6PD humaine est un homodimère qui, en fonction du pH et de la force ionique, s’associe en tétramère. Chaque sous unité comporte une molécule de NADPH+ faisant partie de sa structure et distincte de celle qui est impliquée dans le site catalytique. Dans l'enzyme humaine, en première approximation, on reconnaît deux régions : la partie N-terminale, qui comprend les résidus 27 à 200, où se trouve le site catalytique, et une partie C-terminale plus large formée par un repliement antiparallèle de 9 feuillets plissés. Un examen plus détaillé permet de reconnaître 7 une douzaine de domaines distincts jouant un rôle dans la structure ou la fonction [11]. Chaque molécule de G6PD présente un site, proche de l'interface du dimère, où se fixe une molécule de NADP+. Il ne s'agit pas de la coenzyme de la réaction mais d'un élément de structure stabilisant la géométrie de la molécule. À distance de ce site, près de la région où se fixe le glucose-6-phosphate on observe une seconde molécule de NADP+, dite catalytique, qui est, elle, réduite en NADPH lors de la réaction enzymatique (Fig.2). Fig. 2 : Plusieurs domaines importants dans la structure et la fonction de l’enzyme sont représentés dans cet homodimère fonctionnel. En comparant les séquences d'une cinquantaine d'espèces, Notaro, Afolayan et Luzzatto ont identifié 12 régions conservées dans la molécule de G6PD qui ont sans doute un rôle dans la fonction et la structure de la molécule. Les localisations de ces régions et leur fonction probable sont indiquées dans le tableau ci-dessous : Tableau A [13-14]. 8 résidus 34- Exons 2 et 53 3 Région II 137-148 Exon 5 Région III 166-180 Exon 6 Région IV 193-218 Exon 6 Région I site de liaison du coenzyme core hydrophobe de la protéine zone conservée faisant face au centre actif site catalytique zone conservée faisant face au centre Région V 240-274 Exon 7-8 Région VI 284-292 Exon 9 hélices alpha amphipatiques Région VII 333-339 Exon 9 core hydrophobe de la protéine 347-362 Exon 9-10 core hydrophobe de la protéine Région IX 365-376 Exon 10 core hydrophobe de la protéine Région X 388-404 Exon10 contact entre sous-unités Région XI 433-443 Exon 11 core hydrophobe de la protéine Région XII 451-464 Exon 12 hélices alpha amphipatiques Région VIII actif Tableau A: localisation et fonction des 12 régions conservées dans la molécule de G6PD. 9 1.2. Fonction de la G6PD [6] La G6PD (EC 1.1.1.49) catalyse la première étape de la voie des pentoses : elle transforme le glucose-6-phosphate en 6-phosphogluconolactone qui s’hydrolyse en 6-phosphogluconate. Lors de cette réaction, une molécule de NADP+ est réduite, transformée en NADPH (Fig. 3). Fig. 3 : Position de la G6PD à l’entrée de la voie des pentoses. Fig. 4 : Métabolisme schématique du globule rouge [15] 10 La seconde réaction de cette voie (fig 4), qui consiste à transformer la 6phosphogluconolactone en ribulose-6-phosphate, produit également du NADPH, mais chez les sujets déficitaires en G6PD, elle est totalement perturbée par le ralentissement de la première étape. Le NADPH joue un rôle essentiel dans la réduction des agents oxydants, en permettant en particulier, dans le globule rouge, de maintenir à un niveau élevé le pool de glutathion réduit, environ 500 fois en excès par rapport au glutathion oxydé. [16] Le glutathion réduit joue un rôle essentiel dans la détoxication des radicaux oxygénés (peroxydes) et dans le maintien sous forme réduite des résidus de cystéine des protéines érythrocytaires. Les rares cas de déficit de synthèse en glutathion réduit peuvent donc se présenter comme un déficit en G6PD. Il en est de même du stress oxydant permanent provoqué par certaines hémoglobines instables. Ce sont là deux cas de diagnostic différentiel à connaître. Toute cellule nucléée est capable en permanence de synthétiser la G6PD pour se défendre contre un stress oxydant. Parmi les quelques enzymes produisant du NADPH, la G6PD est la seule dont la synthèse soit stimulée par un stress oxydant. Ceci implique que dans une cellule nucléée, une augmentation de synthèse permettra généralement de lever l’handicap d’une enzyme mutée à activité ou à stabilité diminuée. Dans l’érythrocyte normal, un stress oxydant ne peut agir sur la synthèse même de l’enzyme, en revanche il stimule l’activité de la voie des pentoses phosphates mais cette dernière fonctionne déjà pratiquement à son maximum chez un porteur d’un déficit en G6PD. Par ailleurs, il a été démontré chez la souris et dans les cultures de cellules souches embryonnaires qu’une absence totale d’enzyme (ou de son activité) est un facteur létal. Effectivement, parmi les déficits en G6PD décrits chez les hémizygotes, aucun n’aboutit à une absence totale de synthèse de l’enzyme, ou à une enzyme dont l’activité serait totalement abolie. 11 La situation est donc particulière dans la lignée érythrocytaire, où la synthèse protéique cesse rapidement après énucléation. Dans un globule rouge, seule persiste l’enzyme qui a été synthétisée dans les précurseurs érythroïdes. Dans le sang périphérique, l’activité enzymatique est à son maximum dans le réticulocyte et le globule rouge jeune. Chez un sujet normal, cette activité initiale est 50 fois supérieure à celle qui est suffisante à la vie de l’hématie en l’absence d’un stress oxydant, ce qui explique la bonne tolérance d’un déficit modéré. Avec une demi-vie de 62 jours, le stock d’enzyme disponible diminue régulièrement avec l’âge de la cellule et, chez le sujet normal, à la fin des 120 jours de vie de l’hématie, cette activité reste encore largement supérieure aux besoins [17, 18]. 2. Physiopathologie et mécanisme du déficit en G6PD [19-20-21] C'est une deuxième voie de dégradation du sucre (glycolyse) qui nous intéresse, la voie des pentoses, car la G6PD intervient d'emblée. Cette voie est dite accessoire car elle permet la fabrication d'une substance, le glutathion réduit (GSH) qui est le protecteur des cellules contre les agressions oxydatives, externes, toxiques. Pour ce faire le produit naturel, le glutathion oxydé (GSSG), doit gagner un électron par une procédure de réduction pour devenir un glutathion réduit (GSH). Le glutathion va chercher son électron dans une autre molécule, le NADPH (nicotinamide adénine dinucléotide phosphate réduit) qui redevient du NADP (nicotinamide adénine dinucléotide phosphate). Les molécules NADPH sont donc des molécules "transporteurs" importants d'électrons (et pratiquement les seules); ceux-ci leur seront pris par le glutathion, en permanence, pour fabriquer du glutathion réduit (ayant gagné un électron), indispensable à la protection des cellules contre les agressions oxydatives . Cette voie des pentoses est l'unique source de NADPH des globules rouges (alors que dans toutes les autres cellules de l'organisme, existe d'autres sources de NADPH) et 12 l'enzyme G6PD est la clef qui ouvre cette voie. Le glutathion réduit (GSH) redevient glutathion oxydé (CSSG) lors de son action contre l'agression oxydative que subit la cellule. Il doit donc être régénéré grâce au NADPH, lequel dépend de la présence de la G6PD. Chez le sujet normal, les deux hydrogènes H libérés sur le premier carbone du glucose 6 phosphate sous l'effet de la G6PD s'unissent préférentiellement au NADP pour donner une molécule de NADPH, laquelle cède à son tour de manière préférentielle ses deux hydrogènes au glutathion oxydé qui devient alors du glutathion réduit. Cette chaîne de réaction (fig 5) a un caractère répétitif: en présence d'une quantité suffisante de G6PD, elle se poursuit toujours, même si le milieu subit un apport accidentel de substances à haut pouvoir oxydant. Chez le sujet déficitaire en G6PD, l'apport de substances à haut pouvoir oxydant dévie la plus grande partie des hydrogènes et, en l'absence de NADPH, le cycle du glutathion se trouve bloqué de façon totale car le globule rouge, qui n'a pas de noyau, ne dispose plus des informations et de l'équipement nécessaire à la synthèse de nouvelles molécules de G6PD. Il n'est donc plus capable de fabriquer du NADPH ce qui entraîne sa mort prématurée. En résumé, s'il n'y a pas d'enzyme G6PD dans le globule rouge, il n'y a pas de NADPH, pas de glutathion réduit, donc pas de protection contre l'oxydation. Le globule rouge est à la merci des agresseurs et meurt. 13 Fig. 5: Réduction des peroxydes par le système glutathion- voie des pentoses phosphates. 3. Génétique du déficit en G6PD [22-23-24-25] 3.1. Le gène de la G6PD On a maintenant "cloné" le gène de la G6PD et "séquencé" son ADN, permettant de comprendre toutes les variantes existantes du déficit grâce au diagnostic fait par la biologie moléculaire. La localisation exacte du gène de la G6PD sur le chromosome X a été mise en évidence en 1980 par Pai et ses collaborateurs, sur la partie basse dite q du chromosome X en position 28 (fig 6-7). On parle de la position Xq28 du gène de la G6PD sur le chromosome X. Le schéma (fig. 8) de cette partie inférieure du chromosome X montre la position 28 occupée par le gène de la G6PD, très près de la position X27, 3 [syndrome de l'X fragile ou de l'hémophilie A (facteur VIII)]. Le gène de la G6PD s'étend sur plus de 20 kilobases. Il comporte 13 exons, dont le premier n'est pas traduit. Entre les 2ème et 3ème exons se situe un très long intron de 9857 paires de bases. La région du gène qui code pour la G6PD comporte donc 12 exons et 11 introns. La longueur du transcrit qui code pour 515 résidus est de 2157 paires de bases. 14 Fig. 6: Bras court du chromosome X. [24] Fig. 7 : Représentation du chromosome X et position du gène de la G6PD au locus xq28 ( d’après Paie et coll. 1980). Fig. 8: Partie inférieure du chromosome X [24] 15 3.2. Aspects génétiques: [26] Le déficit en l'enzyme de la G6PD est l'anomalie génétique la plus répandue dans le monde mais inégalement selon les régions. C'est une affection héréditaire liée au sexe car elle provient d'un gène anormal d'un chromosome sexuel X. C'est une anomalie génétique essentiellement transmise par les mères et atteignant leurs enfants de sexe masculin. La notion d'hérédité est vieille comme le monde; on sait depuis toujours que les enfants ressemblent à leurs parents ou bien à un aïeul, et que, dans certaines familles, des traits caractéristiques se transmettent de génération en génération; les maladies peuvent donc se transmettre par l'hérédité. Depuis les années 60, nous savons que les chromosomes sont principalement formés par de l'ADN, molécule dans laquelle est stockée l'information génétique décidant des caractères héréditaires de l'individu. Les chromosomes sont des petits filaments torsadés contenus dans le noyau des cellules de l'organisme. Les caractéristiques personnelles de chaque individu sont commandées par des facteurs distincts alignés bout à bout dans chaque chromosome. Ces facteurs furent baptisés "gène". Un chromosome peut être conçu comme une sorte d'alignement de gènes comme les perles enfilées d'un collier, chaque perle (chaque gène) correspondant à une information importante de la personnalité génétique de chaque individu. C'est en 1956 que fut démontrée l'existence de 46 chromosomes dans les cellules humaines, formant ce que l'on appelle le caryotype de l'espèce humaine. Chaque cellule de chaque être humain contient ainsi 46 chromosomes qui sont en fait 23 paires différentes de chromosomes. Chaque paire est présente en deux exemplaires dans les cellules, et on dit que le caryotype humain est formé de 23 paires de chromosomes homologues. Si on compare le caryotype de l'homme à celui de la femme, on constate que parmi les 23 paires de chromosomes homologues, seules 22 paires sont identiques 16 dans les deux sexes. La 23ème paire est formée chez la femme par 2 chromosomes semblables, on les appelle XX, alors que chez l'homme, la 2 ème paire est formée d'un chromosome semblable à ceux de la 23eme paire de la femme (chromosome X) et d'un second chromosome différent (chromosome Y). Ces chromosomes portent les caractéristiques du sexe de l'individu: ce sont les chromosomes sexuels (XX chez la femme et XY chez l'homme). 3.3. Mécanismes de transmission [27-28] Dans le déficit en G6PD: • Un garçon déficitaire en G6PD a un gène anormal sur le chromosome X venu de sa mère transmettrice et un chromosome Y de son père. • Une fille, en revanche, possède toujours deux exemplaires des gènes portés par les deux chromosomes X. Elle peut être hétérozygote, c'est-à-dire porter sur l'un de ses deux chromosomes X cette anomalie génétique, tout en étant parfaitement normale, puisqu'elle possède ce même gène, normal, sur le deuxième chromosome X dont elle dispose. C'est le cas le plus fréquent: cette fille est dite "transmettrice" de l'anomalie génétique par son chromosome sexuel X défectueux. Elle va donc transmettre à son enfant mâle l'un ou l'autre de ses chromosomes X et donc transmettre ou non à son fils cette anomalie. Si elle transmet le chromosome X défectueux, comme le chromosome Y qui vient du père ne comporte pas ce gène, ce garçon XY sera atteint du déficit et donc prédisposé à tomber malade dans certaines circonstances déjà décrites. Dans ces cas les plus fréquents, on dit que le garçon atteint est hémizygote pour le déficit car son chromosome X transmis par sa mère comporte un gène déficient et le chromosome Y donné par son père ne comporte pas l'anomalie. Dans la plupart des cas de déficit en G6PD, la mère est hétérozygote, elle est transmettrice du déficit (sans être atteinte elle-même) et le père normal; il y aura 17 alors 50 p. 100 de chance pour que chacune de leurs filles soit porteuse de l'anomalie génétique, 50 p. 100 de chances pour que chacun de leurs fils soit atteint du déficit. (fig. 10). Si le père est déficient en G6PD et la mère normale, tous les enfants mâles seront normaux et toutes les filles seront porteuses du déficit, ce qui veut dire que ces filles pourront transmettre le déficit à leurs fils. (Fig. 11). Enfin il est des cas très rares où les filles peuvent, à la fois, transmettre le déficit et en être atteintes elles-mêmes: c'est le cas des filles homozygotes chez lesquelles les deux chromosomes X vont porter le même gène anormal pour la G6PD car leur mère est transmettrice d'un chromosome X porteur du déficit en G6PD et leur père déficitaire peut aussi leur transmettre un chromosome X porteur du déficit en G6PD (figure12). Les figures 9 à 12 expliquent les mécanismes de transmission génétique. 18 Fig. 9: La transmission du déficit est héréditaire et familiale. Le déficit est lié à une anomalie du gène de la G6PD situé sur le chromosome X. La transmission se fait selon les lois de la génétique. La mère (XX) transmet I X à chaque enfant et le père (XY) transmet soit un X, soit un Y à chaque enfant. Lorsque les 2 parents sont normaux (car tous les X sont normaux, c'est-à-dire non porteurs du déficit en G6PD): ils ne peuvent transmettre un déficit qu'ils n'ont pas à leurs enfants. 19 Fig. 10: La mère est "transmettrice" du déficit en G6PD (un X est anormal, I'autre X normal) et le père normal (son seul X est normal): il y a une chance sur deux (50 p. 100) que chacune de leur fille soit également transmettrice, et une chance sur deux (50 p. 100) que leurs garçons naissent avec ce déficit. 20 Fig.11: Si le père a un déficit en G6PD (son seul X est anormal) et que la mère est normale (ses 2 X sont normaux): tous leurs garçons seront normaux et toutes leurs filles seront transmettrices. Cela veut dire que les filles d'un mâle déficitaire pourront avoir des enfants déficitaires. 21 Fig. 12: Les femmes à la fois transmettrices et atteintes du déficit sont très rares, et sont le fait d'un couple ou le père est atteint et la mère transmettrice. Si elles épousent un homme normal tous leurs garçons auront le déficit et toutes leurs filles seront transmettrices 22 Dans le cas du déficit en G6PD, la transmission de l'anomalie génétique est toujours récessive chez la femme car, pour qu'une femme soit transmettrice et atteinte elle-même, il faut que ses deux chromosomes X soient déficitaires. Les femmes hétérozygotes pour le déficit en G6PD sont donc normalement transmettrices, mais sans risque de pathologie, ayant théoriquement 50 p. 100 de globules rouges déficitaires en G6PD en raison de la"lyonisation" (un processus d'inactivation d'un des deux chromosomes X dans les cellules de l'embryon féminin). Cependant cette répression étant aléatoire, certaines femmes hétérozygotes présenteront une majorité de globules rouges déficitaires en G6PD dans leur sang et par conséquent auront un risque hémolytique important, en étant transmettrices. Par contre, la transmission de l'anomalie génétique par un père atteint se fait de façon dominante puisque son seul chromosome X est atteint. 3.4. Notion de variantes et mutations identifiées au niveau de la G6PD [2429-30-31-32]. La compréhension du déficit se complique si l'on sait que, depuis les années 50 (où l'on a découvert l'existence de ce déficit, les pathologies qu'il peut entraîner et l'anomalie génétique d'origine), on a mis en évidence différents types de déficit en G6PD. L'enzyme normale est génétiquement polymorphe. On distingue : * Les formes A et B se distinguent par leur migration électrophorétique. La G6PD normale est de type B+. Un polymorphisme fréquent résulte d'un changement d'acide aminé en position 126 (asparagine ->acide aspartique) : il se limite à modifier les propriétés électrophorétique de l'enzyme et conduit à la forme A+. 23 * Les déficits modérés: o o La G6PD de type A moins (A-), surtout répandue en Afrique; La G6PD de type B moins (B-), surtout répandue autour du Bassin méditerranéen. * Les déficits pouvant entraîner une maladie chronique sévère. En se basant sur des propriétés biochimiques et des manifestations cliniques on a décrit, plus de 400 variantes que l'on pensait être différentes. Les études de biologie moléculaire caractérisant les mutations de façon précise au niveau du gène ont limité ce nombre à un peu plus de 120. On s'est efforcé de classer ces variantes en différentes catégories: Classification en types : o La G6PD de type A – (fig 13) : mutation du type A moins (A-), est la plus fréquente des variantes du déficit. Elle est due à deux anomalies: la première est responsable du phénotype A qui correspond à une différence de mobilité électrophorique résulte du remplacement de l'asparagine en position 126 par un acide aspartique. Cette modification de structure est pratiquement sans effet sur la fonction de l'enzyme. Le déficit de l'activité de l'enzyme provient d'une seconde mutation altérant une zone plus impliquée dans la fonction de l'enzyme. On connait ainsi trois types d'anomalies répondant au phénotype A-: § Asn 126 -> Asp associée à Val 68 ->Met § Asn 126 -> Asp associée à Arg 227 -> Leu § Asn 126 -> Asp associée à Leu 323 -> Pro 24 Elle est très fréquente chez les Noirs: 20p. 100 chez les Noirs mâles africains et11 p. 100 chez les Noirs mâles américains. On peut, dans les cas d'atteinte, ne retrouver chez les garçons que 5 à 15 p. 100 de l'activité enzymatique normale. Cliniquement, ces patients peuvent avoir des hémolyses chroniques ou plus rarement, une jaunisse à la naissance. Dans l'ensemble ces variantes sont considérées comme peu graves. Fig. 13 : Variantes de la G6PD La G6PD de type méditerranéen (fig. 14) Ser 188 ->Phe (ancien type B-). C'est la forme la plus souvent observée dans les populations du pourtour de la Méditerranée (Italie, Sicile, Sardaigne, Grèce, Moyen-Orient, Caucase). Cliniquement, on observe la fréquence de la jaunisse néonatale, la possibilité d'hémolyse chronique mais aussi la possibilité d'hémolyse aiguë en cas d’agression extérieures. 25 Fig. 14 : La représentation tridimensionnelle de la G6PD nous montre que l'anomalie de structure, à l'origine de la forme méditerranéenne, est située à distance du site catalytique. De nombreuses autres variantes ont été décrites par des chercheurs, au Japon, en Chine, etc., on les appelle en général du nom du lieu où on les a découvertes (Canton, Hong-Kong, Boston, Kartoum, Castilla, etc.). • Classification de l'OMS. Elle procède d'une autre démarche et se fonde sur le niveau de l'activité de l'enzyme de la G6PD dans les globules rouges et l'importance des manifestations cliniques possibles: o classe I : déficit sévère, associé à une anémie hémolytique de type non sphérocytaire, souvent chronique et parfois aiguë (l à 2 p. 100 d'activité enzymatique). Les anomalies de structure sont le plus souvent localisées à proximité du NADP constitutif et de l'interface entre les sous-unités du dimère. o classe II : déficit intermédiaire, correspondant plutôt au type B du pourtour de la Méditerranée, avec hémolyse aiguë possible, hémolyse 26 chronique et fréquence de la jaunisse néonatale (de 3 à 10 p. 100 d'activité enzymatique); o classe III : déficit modéré (entre 10 et 40 p. 100 d'activité enzymatique résiduelle); forme africaine A-, la plus répandue; hémolyse chronique et aiguë possible; jaunisse néonatale rare. o classe IV : Il n'y a pratiquement aucune anomalie de la fonction enzymatique. A ce groupe se rattache la variante A+. 4. L’incidence dans le monde et la répartition géographique du déficit en G6PD. [31-33-34-35] Fig. 15 : Répartition géographique du déficit en G6PD dans le monde [14] 27 Cette carte (fig. 15) de la distribution du déficit en G6PD dans les différentes populations est celle établie par les travaux de Livingstone et Luzzatto et correspond à celle diffusée par l'OMS. La fréquence exacte du déficit dans le Monde est cependant mal connue, et les chiffres retrouvés dans la bibliographie ne sont le plus souvent que des estimations. 4.1. Incidence : C’est le nombre de personnes déficitaires, à un moment donné, dans une population donnée. Pour l'OMS, 7.5% de la population mondiale aurait l'une des variantes du déficit en G6PD mais souvent sans manifestations cliniques, et environ 3.4 % de cette population aurait un risque de pathologie potentielle. La population du monde, en 1995, était ainsi répartie: • Afrique: 720 millions, soit 12,8 p. 100 de la population mondiale, • Amérique: 753 millions, soit 1 3,2 p. 1 00 de la population mondiale; • Asie: 3 451 millions, soit 60,5 p. 100 de la population mondiale; • Europe: 581 millions, soit 10,2 p. 100 de la population mondiale; • Océanie: 28 millions, soit 0,5 p. 100 de la population mondiale; soit en tout 5 milliards 702 millions d'individus. Si l'on prend le taux de 3,4 p. 100, on obtient un "stock" de 190 millions d'individus atteints de ce déficit. Si l'on prend le taux de 7,5 p. 100, on obtient un "stock" de 400 millions d'individus atteints de ce déficit. Le rapport de 1985 (actualisé en 1989) de l'OMS cite le chiffre de 150 millions de déficitaires dans le monde. Ernest Beutler en 1996 cite le chiffre de 420 millions d'individus déficitaires. 28 4.2. Prévalence : C'est le nombre des nouveau-nés déficitaires, à un moment donné, dans une population donnée. L'OMS estimait en 1989 à 130 millions les naissances, par an, dans le monde, et à 4,5 millions le nombre de bébés naissant chaque année, ayant un potentiel de déficit en G6PD. 4.3. Répartition géographique : Les chiffres donnés pour les pays qui auraient peu de déficitaires dans leur population, comme l'Europe, ne tiennent pas compte semble-t-il des migrations récentes et fréquentes de population des pays du Sud vers les pays du Nord. Les populations à risques sont connues par les rares études épidémiologiques ou les estimations du pourcentage d'hommes déficitaires dans une région ou un pays donné. Les régions les plus affectées par ce déficit sont: • L'Afrique subsaharienne; • Les pays européens du pourtour de la Méditerranée, le Maghreb, le Proche et le Moyen-Orient; • Le Sud-est asiatique, les Philippines, la Malaisie; • La Chine du Sud, I'Inde; • Les USA, les Antilles et l'Amérique Latine (par les migrations venues d'Afrique, du pourtour de la Méditerranée et d'Asie). La répartition s’établit ainsi : 29 4.3.1. Race caucasoïde 4.3.1.1. Europe septentrionale et occidentale Le déficit y est sporadique,peu de cas ont été décrit, par exemple en Irlande,la variante Gd carswell, ces variantes décrites en Europe septentrionale se manifestent généralement par des déficits sévères. 4.3.1.2. Europe méridionale [36] a. Italie La fréquence du déficit dans le nord du pays est très faible .Dans le sud, elle est de 1à7%. Par contre, en Sardaigne et en Sicile, le déficit peut atteindre 34% de la population, dans ces régions, le déficit se manifeste essentiellement par une hémolyse aigue, avec ictère néonatal sévère. b. Grèce La fréquence est de l’ordre de 1 à 3%, mais peut être plus élevée dans certaines îles. Les déficits constatés se traduisent surtout par une anémie hémolytique aigue, un favisme ou un ictère néonatal sévère. 4.3.1.3. Europe de l’Est De très rares cas ont été signalés en Pologne ou chez les sujets d’origine slave. 4.3.1.4. Moyen – Orient [34-37] Les populations essentiellement touchées sont d’origine juive, plus fréquemment chez les juifs Sépharades, avec une fréquence maximale chez les juifs Kurdes : 60 à 75% sont atteints. Des fréquences élevées ont été observées dans certains pays : - Iran : 7 à 12% - Irak : 9 à 15% 30 - Egypte : 3 à 26% - Turquie : 0,5 à 11,5% En Arabie Saoudite, le déficit est présent chez 13% des hommes avec des pointes chez des musulmans Chiites. Au Liban, la fréquence varie selon les groupes ethniques : chez les Druzes, elle est nulle alors qu’elle atteint plus de 6% chez les Sunnites. 4.3.1.5. Afrique du Nord- Maghreb Le déficit est assez important sur la rive sud de la méditerranée. En Algérie, sur une population estimée à 11.600.000, 2,78% sont atteints avec une très faible fréquence à Constantine mais plus élevée en Kabylie. 3.2. Race Mongoloïde [38-39-40] Il s’agit de formes graves dues à un déficit enzymatique profond. En Thaïlande, la variante Bangkok est la plus répandue, les taux varient entre 7 et 33%. En chine, par contre, les taux sont entre 2,5% et 16%. Dans le Taiwan, les variantes les plus communes sont : Gaoshou, mahidol, Canton, Kaiping, Taiwan-Hakka, les taux oscillent entre 1,77% et 5,47%. En Océanie, le déficit est présent chez les mélanésiens et peut atteindre jusqu’à 33% de la population dans certaines tribus de nouvelle Guinée. 4.3.3. Race négroïde [41-42-43-44] Le déficit y est très fréquent, 20 à 25% sont atteints en Afrique notamment en Afrique centrale et 24% dans la population américaine. Les taux sont plus élevés chez les noirs Africains que chez les noirs Américains : 31 ◊ Afrique : Angola 27% Nigeria 25% Ghana 24% Tanzania 28% Congo 23% Kenya 25% ◊ Amérique : USA 17% Brésil et Antilles 8% Venezuela 12% 32 Tableau B:Répartition du déficit en G6PD dans les divers pays d'Afrique Algérie 2 à 7% Maroc 0,6% Angola 17 à 27% Nigéria 10à 27% Botswana 3% Ouganda 15% Burundi 2 à 6% République 3 à 9% d'Afrique du Sud Cameroun 20% République Centre 4% Canaries 7 ,8% Rwanda 2 à 6% Égypte 3 à 8% Sénégal 5 à 12% Éthiopie 0% Seychelles 10,5% Gambie 12 à 24% Soudan 5 .8 Ghana 24% Swaziland 4% Kenya 2à 25% Tanzanie 2à 28% Libye 1 à 4% Tunisie 0,9 à 3% Madagascar 14% Zair 6 à 23% Zimbabwe 4à 20% 33 Africaine Tableau C: Répartition des déficit en G6PD sur le continent américain Amérique du Equateur 1,4 à 2,5% Nord Canada 0,3 à 1% Guadeloupe 12% USA 11%de la Nicaragua 0% Guyane Française 4à 14% Amérique population noire Centrale et du Sud Argentine 0,5% Martinique 12% Bolivie 0 ,5 à10% Pérou 0% Porto Rico 0à 4% O,3 à 13% Surinam 3à 13% 0,6 à 6% Trinidad et Tobago 13% Vénézuela 2 à 12% Brésil Colombie Costa Rica Curaçao 1à 10% 112,5% 34 Tableau D: Répartition du déficit en G6PD en Océa nie Australie 0.25 à 2% Nouvelle-Zélande 0.2 à 1% Tableau E: Répartition du déficit en G6PD dans les pays du Proche et du Moyen-Orient Arabie 4 à 10% Liban 1à 8% 10à 20% Palestine 3% Syrie 8% Saoudite Emirats Arabes Unis Iraq Jordanie Koweït 9à 15% 8à 9% Turquie 0,5 à 10% 14% Yémen 5% 35 Tableau F: Répartition des déficits en G6PD dans les pays et régions d'Asie Bangladech 3% Kurdistan Birmanie 9% Laos 16,5% Malaisie 2à 17% Cambodge 18% Caucase 4à 28% Chine du 0,1% Népal Pakistan nord Chine du 10à 58% 8% 2,5 à 6,5% 4,5% Philippines 3à 26% Corée 0,5% Singapour 3,1% Indes 0,6 à 13% Siri lanka 5,5% 2à 16% Tailande 7à 26% 0,3 à 1% Vietnam 1à 2% sud Indonésie Japon 36 Tableau G: Répartition du déficit en G6PD en Europe Albanie 3% Italie continentale 0.3 à 3% Allemagne 0.22% Luxembourg 0.28% Autriche 0.22% Malte 4.1 à 5.8% Belgique 0.18% Pays-Bas 0.3% Bulgarie 2.7% Portugal 1 à 2% Chypre 3.2 à 3.5% Rhodes 7 à 20% Crête 4.2% Roumanie 0.7% Danemark 0.13% Royaume-Uni 0.35% Espagne 0.5 à 0.8% Russie 4% France 0.39% Sardaigne 4 à 34% Grèce continentale 3 à 10% Suède 0.17% Hollande 0.31% Ex-URSS 1 à 5% Hongrie 1.4 a 2.7% Ex-Yougoslavie 1% 37 Tableau H: REPARTITION GEOGRAPHIQUE DU DEFICIT EN G6PD A TRAVERS LE MONDE PAYS FREQUENCE Zimbabwe AFRIQUE Swaziland Algérie 0 – 12% Angola 17 – 27% Botswana 3% AMERIQUE Cameroun 20% Brésil Congo Rare Egypte Burundi Etats- Unis Philippines 4% Blancs Très rare Thailande 15% Noirs 7 – 17% Turquie PAYS FREQUENCE Malte Esquimaux 0% Bolivie Très rare Canada Rare Afghanistan Très rare Chili Très rare Arabie 3- 26% Colombie 0 – 22,5% Ethiopie 0% Curaçao Gambie 12 – 22% Ghana 24% Kenya 2 – 25% R. centrafricaine 2 – 6% Ouganda 4 – 20% 4% 7 – 1 – 12.7% 33% 11% 4.1 – 5.8% rare 20 – 50% France Rare Bomeo 6 – 30% Grèce 1 12,5% Brunei 6.3% Hongrie R. Très rare Chine 2.5 – 5% Italie Guyane 0% Chypre 0 – 10,6% Norvège Mexique Rare Hong Kong 3.7 – 5,5% Pays – bas Française 38 ASIE – Allemagne Dominicaine 7% EUROPE 5 Saoudite Espagne rare 32% – 1.4 – 2.7% 0 35% Rare Rare – Lybie 1% Costa Rica 0,6 – 6% Indes 0.6 – 13% Pologne Nigéria 10 - 27% Pérou 0% Iran 7 – 12% Royaume – rare Yorubas 22% Porto Rico 0 – 4% Irak Sénégal 5 – 12% Trinité 13% Madagascar Rwanda 14 – 16% 2-6% Nicaragua Surinam R. Afrique du 3 – 9% Vénézuela Sud- Etats- Unis sud africain Ouest 3,5% Tanzanie Zaïre 2 – 28% 6 – 23% Blancs Noirs PAYS 0% 7 – 20% 2 – 12% Très rare 7 – 17% Indonésie 1.1% Uni rare Aschkenazis rare Séphardins 58% Sardaigne 22% Japon Très rare OCEANIE Koweit 21% Australie Liban FREQUENCE Pakistan 3.6 – 8% rare Yougoslavie Rare Micronésie Nouvelle Zélande Nouvelle Guinée 39 1% Suisse Israël 9 – 15% Portugal Rare rare 0 9% – Rare 0 33% – NOTRE ETUDE 40 I. MATERIEL ET METHODES 1. La population étudiée : Notre étude porte sur le déficit en G6PD chez l’enfant au sein du service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès. C’est une étude prospective portant sur 30 cas pendant une période de trois ans, s’étalant du 1er Mars 2005 au 30 Mai 2007. 2. Les critères d’inclusion : Notre étude s’est intéressée à tous les enfants qui ont présenté un tableau clinique d’anémie hémolytique aigue, survenant dans le décours de l’ingestion de substances oxydantes, dont les fèves ou à la suite d’une infection, et ayant un taux de G6PD diminué. 3. Les paramètres étudiés : Pour chaque patient ont été pris en considération : 2.1. La date de recrutement 2.2. Les données épidémiologiques : 2.2.1. Age 2.2.2. Sexe 2.2.3. Origine 2.2.4. Répartition sur les mois 2.2.5. Facteurs déclenchants la crise d'hémolyse 2.3. Les données anamnestiques et cliniques : 2.3.1. Motif d'hospitalisation 2.3.2. Délai d’apparition de la symptomatologie 2.3.3. Antécédents personnels 41 2.3.4. Antécédents familiaux y compris la consanguinité et les cas similaires 2.3.5. Signes cliniques en faveur d'une anémie hémolytique: pâleur, ictère. 2.4. Les données biologiques Le diagnostic du déficit en G6PD a été étayé sur les éléments suivants: 2.4.1. Eléments d'orientation 2.4.1.1. L'hémogramme précisant: - Le taux d'hémoglobine (Hb) - La valeur de l'hématocrite (Hte) - Le volume globulaire moyen (VGM) - La concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine (CCMH) - Le taux de réticulocytes L’hémogramme était traité en globalité afin d’éliminer d’autres étiologies. 2.4.1.2. Taux de bilirubine Totale Directe Indirecte 2.4.1.3. Electrophorèse de l'hémoglobine 2.4.1.4. Test de coombs direct 2.4.2. Elément de certitude: Dosage enzymatique de la G6PD Seule la découverte d’un déficit franc lors de la mesure de l’activité G6PD érythrocytaire constitue une preuve formelle. 4. Fiche d’exploitation :( voir fiche d’exploitation) 42 5. Etude statistique : Les analyses statistiques ont été obtenues à l’aide de logiciel informatique (Excel). Les statistiques descriptives utilisées sont la moyenne, et le pourcentage. FICHE D’EXPLOITATION : I- IDENTITE : Nom- prénom Age Sexe Numéro d’entrée Origine II- MOTIF D’HOSPITALISATION : Pâleur cutanéo-muqueuse Ictère Syndrome hémorragique III- ANTECEDENTS 1-Personnels : Anémie néonatale Ictère Pâleur Hémolyse Syndrome hémorragique Ingestion de fèves 2- Familiaux : Consanguinité Prise médicamenteuse Ictère Cas similaire IV- FACTEURS DECLENCHANTS : Ingestion de fèves : Cuites Crues Prise médicamenteuse Infection Végétaux Décompensation acédosétosique Teinture de henné V- DELAI D’APPARITION DE SYMPTOMES : • <24h 1 à 2j • 3 à 4j >5j VI- SIGNES FONCTIONNELS ASSOCIES : Céphalées Douleur osseuse Urines foncées Douleur abdominale, Vomissement Asthénie, anorexie Signes cutanés 43 Autres VII- SIGNES PHYSIQUE : Etat hémodynamique Signes infectieux Examen abdominal Signes cutanés Syndrome tu moral VIII- EXAMENS COMPLEMENTAIRES : A- BIOLOGIE 1- NFS : Hb Het Réticulocytes VGM GB CCMH TCMH PLQ 2- Test de Coombs direct 3- Bilirubine : Total Direct Indirect 4- Electrophorèse de l’Hb 5- Dosage de G6PD : - pendant la crise - 2mois après la crise 6- Autres B- RADIOLOGIE 1- Radiographie pulmonaire C- Echographie abdominale IX- DIAGNOSTIC Anémie hémolytique par déficit en G6PD X- TRAITEMENT 1- Transfusion 2- Listes de produits interdits 3-Autres XI- EVOLUTION 1- Bonne 2- Récidive : Délai Raison 3- Complications : Insuffisance rénal Collapsus Complication post transfusionnelle 44 Antécédents No N. E Age (ans) sexe origine Personnels Motif d’hospitalisation Anémie néonatale Ictère Familiaux Hémolyse Ingestion de fèves Syndrome hémorragique Prise médicamenteuse Consanguinité ictère Cas similaire 1 3026/05 3 M Taounate Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à 2ans - + - - + 1er degré - - 2 516/05 4 et 6 mois M Fès Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à 1an 1/2 + un épisode + épistaxis purpura) - + 1er degré - - 3 264/05 3 et 6 mois M Karyat ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - - - + - - - - + chez le frère (décédé) 4 3279/05 1 et 6 mois M Karyat ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à J7 de vie à 6mois - - - - - - - 5 3382/05 2et 9 mois M Fès Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à J3 de vie - - - - + 1 degré + chez le père - 6 3444/05 4 M Karyt ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - - - - - - + 3éme degré - - 7 3429/05 10 mois M Fès Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - - - - - - + 1er degré - + chez la grandmère paternelle (hémolyse) 8 3538/05 7 M Aïn Aïcha Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère + Asthénie - - - - - - - - - 9 3608/05 2 M Karyat Ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse - + à 1an + un épisode - - - + 1er degré - - 10 3645/05 3 M Taounate Pâleur cutanéomuqueuse+vomissements - - - - - - - - - 45 er Signes cliniques associés Délai avant l'hospitalisation (jours) Facteurs déclenchants 2 Ingestion de fèves crues - 3 Ingestion de fèves cuits 2 Céphalée Douleur abdominale s +vomissement Douleur thoracique Douleur osseuse Asthénie +anorexie Troubles de la conscience Urines foncées Températur TA mm FC b/mn FR c/mn HPSMG e (°c) Hg Syndrome tumoral Autres signes - - - - - + 37 120 25 8/4 - - Souffle systolique au foyer mitral - + - - - - + 37 120 20 09/05 - - - Ingestion de fèves crues - - - - - - + 37 100 20 10/6 - - Souffle systolique au foyer mitral 2 Ingestion de fèves crues - - - - - - + 37,6 80 20 8/5 - - - 3 Ingestion de fèves crues - + - - - - + 37 120 18 11/7 - - - 4 Rhinopharyn-gite - + - - - - + 38,5 100 23 10/5 - - Impétigo labial 7 purée de fèves - + - - - - + 37,5 120 36 10/5 - - Nourrisson exsangue 4 Ingestion de fèves cuits + + - - + - + 37 120 36 11/6 - - Arthralgies de la hanche droite 2 Ingestion de fèves crues - - - - - - + 38 160 40 10/6 - - - 2 Angines - + - - - - + 39 165 40 10/6 - - - 46 NFS Hb (g/dl) VGM (u3) CCMH (%) TCMH (Pg) Bilirubine GB /mm3 PLT /mm3 Réticulocytes /mm3 Test de coombs direct Totale (mg/l) Directe (mg/l) Traitement Indirecte (mg/l) Dosage de Eléctrophorèse G6PD de l'hémoglobine UI/gHb Profil éléctrophoréti -que normal Autres examens 76 22 22 52.103 220.103 280.103 - 90 NR NR 1,42 4,5 106,9 29,3 31,3 10.500 350.103 250.103 - NR NR NR 1,5 7,3 100,8 30,7 30,9 8600 292.103 306.800 - NR NR NR 1,13 3,2 86 30 32 9500 NR NR - 37 7 30 2,2 4,7 92,7 30,7 28,5 9000 283.103 95.500 - 8,32 2,86 5,46 1,5 Profil éléctrophoréti -que normal 6,2 95 32,3 30,7 20700 285.103 105000 - NR NR NR 1,2 NR - 3,6 86,5 26,9 32,2 10400 253.103 95500 - NR NR NR 1,7 NR 6,4 102,6 32 32,8 17200 318.103 263250 - NR NR NR 1,3 2,9 123 28 35 50000 590000 246000 - NR NR NR 4 109,3 28,4 31 20500 456000 276060 - NR NR NR 47 Autres Oxygènothé Urée: 0,45g/l -rapie Créatinémie : 9mg / l 500 cc de CG en Haemacel: 300cc Glycémie : 1,34g/l 3 heures en 20 sérum Protidémie : 70 g/l glucosé 110cc en flash Créatinémie: 5,4 mg/l Glycémie: 0,83 g/l 460 cc de CG en 4 heures CRP 6 mg/l 2,9 Profil éléctrophoréti -que normal Profil éléctrophoréti -que normal Profil éléctrophoréti -que normal transfusion Liste de produits interdits + + Protidémie: 64 g/l 350 cc de CG en 3 heures - + - 300 cc de CG en 3 heures Oxygènothé -rapie + - + 450 cc de CG en 3 heures Paracétamol Bactox250 1cm/8heures + - 200 cc de CG en 3 heures Oxygènothé -rapie + NR CRP : 6 mg / l 450 cc de CG en 3 heures - + 1,9 Profil normal 2,14 Profil normal Urée : 0,27 g/l CRP 40mg/l Créatinémie 5mg/l Glycémie 1,05 g/l - Urée : 0,28 g/l Créatinémie : 5 mg/l 220 cc de CG en Glycémie: 0,92 g/l 3 heures Protidémie; 79 g/l 250 cc de CG en Oxygéno-thérapie 3 heures Doliprane 150mg 1 suppo / 6h + 300 cc de CG en Amoxicilline 250 3 heures mg 1cmx2/j + Antécédents No N. E Age (ans) sexe origine Motif d’hospitalisation Anémie néonatale Ictère Hémolyse Personnels Ingestion de fèves Syndrome hémorragique Familiaux Prise médicamenteuse Consanguinité ictère Cas similaire 11 3676/05 1et 6 mois M Karyat Ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - - - - - - + 1er degré - - 12 3720/05 2et 5 mois M Karyat Ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à 1an - + - - - - - 13 3720/05 11 M Fès Pâleur cutanéo-muqueuse - - - + - - + 3éme degré - - 14 3668/05 5et 6 mois M Karyat Ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse - - - + - - - - - 15 4014/05 2 M Karyat Ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse - + à 1an + 2 épisodes + - - + 2éme degré - - 16 4096/05 3 M Taounate Pâleur cutanéo-muqueuse - + à 2ans + un épisode + - - - - - 17 4134/05 3et 6 mois M Karyat ba mohammed Pâleur cutanéo-muqueuse+Ictère - + à 1an + un épisode + - - - - - 18 4189/05 3 M Karyat ba mohammed Ictère - + à 2ans - - - - - - - 19 4233/05 6 M Karyat ba mohammed Ictère - + 2 épisodes + - - + 3éme degré - - 20 4381/05 1 et 6 mois M Guercif Pâleur cutanéo-muqueuse+ troubles de la conscience - + à 4ans à 5ans - - - - - - - - 46 48 Délai avant l'hospitalisation (jours) Signes cliniques associés Facteurs déclenchants Céphalée Douleur abdominale s +vomissement Douleur thoracique Douleur osseuse Asthénie +anorexie Troubles de la conscience Urines foncées Températur TA mm FC b/mn FR c/mn HPSMG e (°c) Hg Syndrome tumoral Autres signes 2 Ingestion de fèves cuits (purée) - - - - - - + 37 120 25 10/5 - - - 3 Ingestion de fèves cuits (purée) - + - - + - + 37 180 35 9,2/5 - - - 2 Ingestion de fèves crues+ Infection pulmonaire Ingestion de fèves crues + + - - + - + 38 100 25 12/6 - - Vertige douleur cervicale - + - - - - + 37 120 32 11/6 - - - Ingestion de fèves crues+ Infection pulmonaire Ingestion de fèves crues - - - - - - + 38 90 36 9/6 - - Toux - - - - - - + 37 120 28 9/5 - - - 1 1 8 2 Ingestion de fèves cuits + rhinopharyngite - - - - + - + 38,5 160 40 12/5 - - - 3 Ingestion de fèves cuits + rhinopharyngite - - - - + - + 37 100 15 9/4 - - - 4 Ingestion de fèves crues +Otite - + - - + - + 38 120 20 10/7,4 - - - 2 Ingestion de petits pois + Infection pulmonaire - - - - - + + 39,5 120 40 10/6 - - Crises convulsive généralisée 49 NFS Bilirubine Traitement Réticulocytes /mm3 Test de coombs direct Totale (mg/l) Directe (mg/l) Indirecte (mg/l) Dosage de Eléctrophorèse G6PD de l'hémoglobine UI/gHb Autres examens Hb (g/dl) VGM (u3) CCMH (%) TCMH (Pg) 3,4 98,3 28,6 28,1 17400 476000 102850 - 47 31,7 15,8 0,4 NR - 2,9 90 26,9 24,2 27000 678000 168000 - NR NR NR 2,9 Profil normal Urée 0,4 g/l Créatinémie 4 mg/l 6,8 99 36 36 14600 332000 95500 - NR NR NR 2,9 Profil normal - 4,2 95 35 34 15600 376000 120000 - 8 2 6 2,3 Profil normal 4,3 96 33 32 26400 599000 116000 - NR NR NR 0,28 NR 5,5 104,3 28,2 29,4 14000 NR NR - NR NR NR 3,3 9,4 94 33,8 31,7 17700 200000 320000 - 28,1 7,1 21 0,9 5,2 114,8 35,1 30 18200 377000 76000 - 84 16 68 1,2 Profil éléctropho – rétique normal - 5,1 89,2 29,3 26,2 25000 190000 100040 - NR NR NR 1,23 NR Urée 0,43 g/l Créatinémie 5mg/l 4,1 92 32 31 GB /mm3 PLT /mm3 14000 NR NR - 31,4 15,5 50 15,9 2,7 transfusion Autres 200 cc de CG en 3 heures Oxygéno -thérapie + Oxygéno 220 cc de CG en 3 -thérapie heures 600 cc de CG en Starmox 1g 1cpx 3 heures 2/j + - 500 cc de CG en 3heures - + - 254 cc de CG en 3 heures Amoxicilline 250 mg / 2j + Urée : 0,27 g/l Profil éléctropho – Créatinémie: 5,9 mg/l 300 cc de CG rétique normal Glycémie : 0,94 g/l Glycémie 0,85 g/l Paracétamo-l 300 Urée 0,72 g/l 350 cc de CG en mg/8h NR Créatinémie 6 mg/l 3h Biotic plus 250 mg Protidémie 60 mg/l 1cm/8h NR Liste de produits interdits 300 cc de CG en 3h - + + + + 550cc de CG en Amoxicilline 500 3h mg 1cm x3j + PL 2 éléments Oxygénothérapie blancs, glucorachie Aspiration normale, TDM: AVC 200 cc de CG en Remplissage 3h ischémique Antibiothérapie Urée 0,46 g/l Antipyrétique Créatinémie 3mg/l + Antécédents No N. E Age (ans) sexe origine Motif d’hospitalisation Anémie néonatale Ictère Hémolyse Personnels Ingestion de fèves Syndrome hémorragique Familiaux Prise médicamenteuse Consanguinité ictère Cas similaire 21 4640/05 9 M Fès Pâleur cutanéomuqueuse+Ictère - + à 8ans - - - - + 1er degré - - 22 474/06 3 M Fes Pâleur cutanéomuqueuse+Ictère - + à 2ans - - - - - - - 23 3065/06 4 et 6 mois M Fès Pâleur cutanéo-muqueuse - + à 1an - + - + - + - 24 4409/06 12 M Missour Pâleur cutanéomuqueuse+fièvre - + à10 ans - - - - - - - 25 12166/06 2 M Taounat Pâleur cutanéomuqueuse+Ictère - + à 1an - - - - - - - 26 16257/06 6 M Taounat Pâleur cutanéomuqueuse+Ictère - - - - - - - - - 27 19113/06 8 M Fes Ictère - + - - - - + - 28 3838/07 4 M Taounat Pâleur cutanéomuqueuse+Ictère - + à 3 ans - - - - - - - 29 5777/07 3 M Taounat Ictère - + à 1 an - - - - - + - 30 20031/07 9 M My Yaaqoub Ictère - +à5 ans + - - - 1er degrés - - 51 47 Signes cliniques associés Délai avant l'hospitalisation (jours) Facteurs déclenchants 1 Prise d'aspirine + Angines + 3-4 Ingestion de fèves cuites 1-2 Douleur thoracique Douleur osseuse Asthénie +anorexie Troubles de la conscience Urines foncées + - - + - + 38,5 132 28 8,5 - - - - - - + 37 110 28 Ingestion de fèves cuites + + - - + - + 37 120 1-2 Ingestion de petits pois + + - - - - + 38 3-4 Ingestion de fèves cuites + + - - - - + 1-6 Ingestion de fèves cuites - - - - + - - - - - - - - - - - + - + - - 1-2 1-2 1-2 1-2 Ingestion de fèves cuits Ingestion de fèves cuits+prise médicamenteuse Ingestion de fèves crues Ingestion de fèves cuites Céphalée Douleur abdominale s +vomissement Syndrome tumoral Autres signes - - - 10/5 - - - 36 11/05 - - - 100 22 12/7 - - 38 140 40 11/6 - - - + 38 136 22 10/6 - - - - + 37 80 24 - - - - - - + 37 90 22 10/5 - - - - - - + 38 160 30 10/6 - - - - - - + 37,5 90 20 10/5 - - Toux + otite 52 Températur TA mm FC b/mn FR c/mn HPSMG e (°c) Hg NFS Hb (g/dl) VGM (u3) CCMH (%) TCMH (Pg) Bilirubine GB /mm3 PLT /mm3 Réticulocytes /mm3 Test de coombs direct Totale (mg/l) Directe (mg/l) Traitement Indirecte (mg/l) Dosage de Eléctrophorèse G6PD de l'hémoglobine UI/gHb 3,7 111,9 30,3 33,9 17400 387000 128620 - NR NR NR 1,7 NR 4 ,8 100 31,4 31,4 18500 300.103 180.103 - 89 81 8 1,3 NR Autres examens transfusion Autres ECBU: Oxygénothérapie CRP : 21 mg/l 600 cc de CG Amoxicilline Urée 0,48 g/l en 3 h 1g x 2j Créatinémie 7mg/l Urée: 0,2g/l Créatinémie : 5mg / l 459 cc de CG Glycémie : 0 ,8g/l en 3 heures Liste de produits interdits + + Urée :0,35g/l 7 ,6 90 29,4 30 6700 180.103 NR - NR NR NR 1,2 NR 4,4 99,3 32,1 31,9 17400 318.103 NR - NR NR NR 1,31 NR 2,3 89 31,7 28,3 4500 508.103 NR - 58 33 NR 1 NR 3,7 90 33,3 30,1 13700 250.103 145. 103 - 42 NR NR 1,35 NR 6,2 72,9 30,7 22,4 21800 522.103 159800 - NR NR NR 1,13 Profil éléctrophoréti -que normal 4,5 92,4 30,6 28,5 7300 320.103 - - 46 31,8 14,7 1,5 NR 2,8 111 31,5 35 190000 489.103 184000 - NR NR NR 1,75 NR 5,9 87 32 31 12800 175.103 114600 - NR NR NR 1,2 NR 53 Créatinémie: 5mg/l 370 cc de CG en 4 heures Groupage :AB+ Urée :0,5g/l 680 cc de CG Créatinine :6 mg /l en 3 heures Glycemie :1 ,12 Urée :1,02g/l 420 cc de CG Créatinine : 3mg/l en 3 heures Glycémie :1,05g/l Urée : 0,45 g/l Créatinémie : 4,5 590 cc de CG mg/l en 3 heures Glycémie: 0,87 g/l Groupage :AB+ 300 cc de CG en 3 heures Urée :0,3g/l 630 cc de CG Créatinine :5,5mg/l en 3 heures Glycémie :o ,95g/l Urée :0,37g/l 520 cc de CG Créatinine :5,4mg/l en 3h Glycémie :0,91g/l Urée :0,63g/l Créatinine :7mg/l 300 CC de CG Glycémie :1,1g/l en 3h TP : 72% - + Paracétamol + ATB + Paracétamol + ATB + Paracétamol + ATB + - + - + - + ATB + Abréviations du tableau : N. O = Numéro d'ordre - : Absent N. E = Numéro d'entrée + : Présent M = masculin F. C = Fréquence cardiaque c/mn = Cycle / minute B/mn = Battement / minute TA = Tension artérielle FR = Fréquence respiratoire HPSMG = Hépato – splénomégalie PL : Ponction lombaire ECBU : examen cytobactériologique des urines Protéine – c réactive AVC : Accident vasculaire cérébral NFS = Numération formule sanguine G6PD: glucose 6 phosphate déshydrogénase Hb = Hémoglobine PLT : Plaquettes VGM = Volume globulaire moyen NR: Non réalisé CCMH = concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine CM : cuillère – mesure TCMH = Teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine UI : Unité internationale GB = Globules blancs CG : culots globulaires CP : comprimé Suppo: suppositoire 48 CRP: III. RESULTATS 1. Etude épidémiologique 1.1. L’incidence du déficit en G6PD depuis le 1 janvier 2005 au 30 Mai 2007 par rapport au nombre d’hospitalisation pour anémie hémolytique (NHAH ) : Tableau 1 NHAH Déficit en Drépanocytose Thalassémie G6PD Autres anémies hémolytiques non étiquetées 68 30 7 5 26 Tableau 1 : Nombre de cas hospitalisés pour chaque forme d’anémie hémolytique. Nous avons pu relever 68 anémies hémolytiques. Parmi celles-ci, 30 sont dues à un déficit en G6PD, soit 44,11% du total. Déficit en G6PD 38% 45% Drépanocytose Thalassémie 7% Autres anémies hémolytiques non étiquetées 10% GRAPHIQUE I : pourcentage des différentes formes d’anémie hospitalisées au service 49 1.2. L’incidence du déficit en G6PD par rapport au nombre total d’hospitalisation au service pendant la même période : Tableau 2 Nombre total Nombre de déficit en Pourcentage % d’hospitalisations G6PD 1172 30 2,6 Tableau 2 : Incidence du déficit en G6PD par rapport au nombre total d’hospitalisation. Le déficit en G6PD reste une cause assez fréquente d’hospitalisation générale en pédiatrie dans la région de Fès. 1.3. L'âge Dans notre série, les malades hospitalisés sont âgés de 8 mois à 12 ans avec une moyenne d'âge de 6 ,3 ans. A l’age de 8 mois on a noté un seul cas, à l’age de 10mois aussi un seul cas, sur les tranches d'âge de 1 à 2 ans, 6 enfants ont été hospitalisés, de 2 ans ½ à 5 ans, nous avons admis 14 malades et 8 cas ont été âgés de plus de 5 ans. (Tableau 3) Age Nombre de cas Pourcentages (%) Entre 8 et 10 mois 2cas 6,66 Entre 1 an et 2ans 6 cas 20 Entre 2ans ½ et 5 ans 14 cas 46,66 Plus de 5 ans 8 cas 26,6 Tableau 3: Répartition des cas en fonction de l'âge. Chez nos malades, le déficit en G6PD était plus fréquent chez le nourrisson et le petit enfant que chez le grand enfant. 50 16 14 14 12 10 8 8 Nombre de cas 6 6 4 2 2 0 8 - 10 mois 1 an - 2ans 2ans ½ - 5 ans Plus de 5 ans GRAPHIQUE II : REPARTITION DES CAS DU DEFICIT EN G6PD PAR TRANCHES D'AGE. 1.4. Le sexe Les enfants qui ont été hospitalisés au service pour anémie hémolytique par déficit en G6PD sont tous de sexe masculin. 1.5. L'origine Parmi nos malades, 8 seulement (26,66%) sont originaires ou habitent la ville de Fès. Les autres enfants proviennent des régions de Fès notamment: Karyat Ba Mohammed, Taounate, Guercif, Ain Aicha, Missour et My yaakoub (Voir tableau 4) Ville d’origine Nombre de cas Pourcentages (%) Fès 8 26,66 Karyat Ba Mohammed 11 36,66 Taounate 7 23,33 Guercif 1 3,33 Ain Aicha 1 3,33 Missour 1 3,33 My yaakoub 1 3,33 Tableau4 : Répartition des cas du déficit en G6PD selon l'origine. 51 Nombre de cas 12 10 8 6 4 2 0 Fès Karyat Ba Mohammed Taounate Guercif Ain Aicha Missour My yaakoub GRAPHIQUE III : Répartition des cas du déficit en G6PD selon l'origine. 1.6. Consanguinité La notion de consanguinité chez les parents a été retrouvée chez 12 cas soit 40% dont 8 cas (67%) sont consanguins du 1er degré, un cas du 2ème degré (8%) et 3 cas (25%) du 3ème degré. 3ème degré 25% 2ème degré 8% 1er degré 67% Consanguinité % 40 GRAPHIQUE IV: Pourcentage de consanguinité chez les parents répartie en trois degrés. 52 1.7. Répartition selon les mois C'est une étude prospective fixée sur 3ans : 2005, 2006 et 2007 Ainsi, on a noté : • 1cas pendant le mois de Janvier soit (3,33%) • 11 cas pendant le mois de Mars soit (36,66%) • 17 cas pendant le mois d’Avril soit (56,66%) • 1 cas pendant le mois de soit (3,33%) nombre de cas 18 16 14 12 10 17 8 6 11 4 2 1 0 Janvier 1 Mars Avril Mai GRAPHIQUE V : Répartition des cas du déficit en G6PD en fonction des mois 1.8. Facteurs déclenchants • Dans notre étude, nous avons constaté que le principal facteur déclenchant d'hémolyse et qui était retrouvé dans 16 cas était l'ingestion de quantités variables de fèves. Sept (23,33%) étaient dus à l'ingestion de fèves crues et 9 cas (30%) dus à des fèves cuites. 53 • d'infection, Chez 10 malades, l'ingestion de fèves survenait sur un tableau il s'agissait d’une pneumopathie dans 4 cas (13,33%), d'une rhinopharyngite dans 3 cas (10%), d'une otite dans 2 cas (6,66%) et d’angines dans un seul cas (3,33%). (Voir tableau (5). Numéro d'observation Type d'infection Cas n°13 pneumopathie Cas n°17 Rhinopharyngite Cas n°18 Rhinopharyngite Cas n 24 Rhinopharyngite Cas n 25 Pneumopathie Cas n 29 Pneumopathie Cas n 30 Otite Cas n°15 Pneumopathie Cas n°19 Otite Cas n 26 Angines Tableau 5: Répartition des cas du déficit en G6PD selon le type d'infection. • On a étiqueté 2 cas de déficit en G6PD sans ingestion de fèves ni d'autres produits connus déclenchants la crise hémolytique. Parmi ces deux enfants, un présentait une rhinopharyngite, et un des angines. • On a noté deux cas d'ingestion de petits pois et un cas de déficit par prise d'aspirine pour angines. 54 18 16 16 14 12 10 10 nombre de cas 8 6 4 2 2 infection infection + ingestion de petits pois 1 2 0 ingestion de fèves ingestion de fèves + infection infection + prise d'aspirine GRAPHIQUE VI: REPARTITION DES CAS DU DEFICIT EN G6PD EN FONCTION DES FACTEURS DECLENCHANTS. 2. Etude clinique 2.1. Motif d'hospitalisation Les signes d'appel les plus retrouvés sont la pâleur cutanéo-muqueuse constatée chez 25 malades (83,33%), l'ictère cutanéo-muqueux chez 21 enfants (70%), et les urines foncées observées chez tous les patients. Chez certains patients, l'hémolyse était apparue dans un contexte fébrile, le nombre d'enfants ayant une température supérieure ou égale à 38 °C était de 13 soit 43,33% avec une moyenne de 38,5°C. 55 35 30 30 25 25 21 20 nombre de cas 13 15 10 5 0 Urines foncés pâleur cutanéomuqueuse Ictère cutanéomuqueux fièvre GRAPHIQUE VII: Répartition des cas du déficit EN G6PD selon le motif d'Hospitalisation. 2.2. Délai d'apparition de la symptomatologie • 1 - 2 jours : 19 cas (63 ,33%) • 3 – 4 jours : 9 cas (30%) • Plus de 5 jours : 2 cas (6,66%) 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 19 1-2 jours 3-4 jours 9 plus de 5 jours 2 nombre de cas GRAPHIQUE VIII: Nombre des enfants en fonction du délai d’apparition des symptômes. 56 Plus de la moitié des patients ont consulté dans un délai ne dépassant pas 2 jours. Seulement 6,66% ont consulté au delà d’une semaine. 2.3. Antécédents personnels • Antécédents d'épisode d'hémolyse: 7 cas (23,33%) Un épisode: 5 cas (16,66%) (Cas n° 2, 9, 16,17, 30). Deux épisodes: 2 cas (6,66%) (Cas n° 15,19). • Antécédents d'ictère: 20 cas (66,66%) (Voir tableau6) Numéro d'observation Antécédent d'ictère Cas n°1 A 2 ans Cas n°2 A 1 an 1/2 Cas n°4 A J7 de vie puis à 6 mois Cas n°5 A J3 de vie Cas n°12 A 1 an Cas n°15 A 1 an Cas n°17 A 1 an Cas n°18 A 2 ans Cas n°9 A 1 an Cas n°16 A 2 an Cas n°19 A 4 ans puis à 5 ans Cas n°20 A 8 ans Cas n 22 A 2 ans Cas n 24 A 10 ans Cas n 25 A 1 an Cas n 28 A 3 ans Cas n 29 A 1 an Cas n 23 A 1 an Cas n 27 - Cas n 30 A 5 ans Tableau 6: Répartition des cas du déficit en G6PD selon les antécédents d'ictère. 2.4. Antécédents familiaux 57 • Hémolyse : 2 cas (6,66%) • Ictère: 4 cas (13,33%) • Parents consanguins: 12 cas (40%) Numéro d’observation Antécédent d’ictère Cas n 3 Cas n 5 Antécédent d’hémolyse Frère père Cas n 7 Grand-mère paternelle Cas n 23 grand-mère paternelle Cas n 27 tante maternelle Cas n 29 grand-mère paternelle Tableau7 : Répartition des cas du déficit en G6PD selon les antécédents familiaux 58 2.5. Signes cliniques Signes cliniques Nombre de cas Pourcentages (%) Urines foncées 30 cas 100 Pâleur cutanéo-muqueuse 25 cas 83,33 Ictère cutanéo-muqueux 21 cas 70 Douleur abdominale 15 cas 50 Vomissement 15 cas 50 Fièvre 13 cas 43,33 9 cas 30 7 cas 23,33 1 cas 3,33 4 cas 13,33 0 cas 0 Asthénie Anorexie Céphalées Lipothymie Troubles de la conscience Somnolence Toux Hépato-splénomégalie Tableau 8: Signes cliniques lors de l'admission Les signes de l’hémolyse aigue ont été fréquemment retrouvés. La symptomatologie digestive représentée par les douleurs abdominales et les vomissements n'était pas négligeable. 3. Etude biologique 3.1. Hémogramme La valeur de l'hémoglobine variait de 2, 3 à 9,4 g/dl avec une moyenne de 5,85g /dl. Le taux du volume globulaire moyen variait de 72 ,9 à 123µ3 avec une moyenne de 97,95 µ3. Le taux de la concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine oscillait de 22 à 36% avec une moyenne de 29 %. 59 Les paramètres Moyenne Min Max Hémoglobine g /dl 5,85 2,3 9,4 VGM µ3 97,95 72,9 123 CCMH% 29 22 36 Tableau 9 : Répartition des premiers paramètres de l’hémogramme Le taux de réticulocytes réalisé chez 23 patients variait entre 76000 à 320000/mm3 avec une moyenne de 198000. (Voir tableau 10) Taux de réticulocytes Nombre de cas Pourcentages (%) [76000-100040] 5 16,33 [130000-320000] 12 40 [102000-130000[ 6 20 Tableau 10: Nombre de cas du déficit en G6PD en fonction du taux de réticulocytes. Plus de la moitié des enfants ont présenté une anémie très régénérative. Les autres éléments de l'hémogramme sont répartis selon le tableau 11: Eléments de l'hémogramme Valeur TCMH (pg) [22-36 ] avec une moyenne de 29 Taux de GB/mm3 [4500-52000] avec une moyenne de 28250 Taux de plaquettes/mm3 [175000 – 678000] avec une moyenne de 426500 Tableau 11: Répartition des valeurs des autres éléments de l'hémogramme Sur 30 hémogrammes effectués, 22 (soit 73,33%) ont présenté une hyperleucocytose supérieure ou égale à 13000/mm3 dont prédominance de polynucléaires neutrophiles et 3 lymphocytaire. 60 19 étaient à Cette hyperleucocytose peut être expliquée par une régénération importante de la moelle, de même pour le taux de plaquettes dont la valeur moyenne était supérieure à 300000. 3.2. Taux de bilirubine Sur 12 enfants ayant bénéficié du dosage de la bilirubine, 8 avaient une hyperbilirubinémie soit 26,66%, les quatre autres (13,33%) avaient une valeur normale de la bilirubine. Le taux de bilirubine totale variait de 8 à 90 mg/l avec une moyenne de 49 mg/l et indirecte variant entre 5,46 et 68 mg/l avec une moyenne de 36,73. Numéro Bilirubine totale (mg/l) directe (mg/l) indirecte (mg/l) Cas n°1 90 - - Cas n° 4 37 7 30 Cas n°5 8,32 2,86 5,46 Cas n° 11 47 31,7 15,8 Cas n° 14 8 2 6 Cas n° 17 28,1 7,1 21 Cas n° 18 84 16 68 Cas n ° 20 31,4 15,5 15,9 Cas n 22 89 81 8 Cas n 25 58 33 - Cas n 26 42 - - Cas n 28 46 31,8 14,7 d'observation Bilirubine Bilirubine Tableau 12: Résultats du dosage de la bilirubine. 3.3. Electrophorèse de l'hémoglobine Les résultats de l'électrophorèse de l'hémoglobine effectuée chez 13 patients ont révélé un profil électrophorétique normal. Il s'agit de l'observation n° 1, 2, 3, 4, 5, 9, 10, 12, 13, 14, 16, 18, 27. 61 3.4. Test de coombs direct Ce test a été réalisé chez tous les malades admis, il était négatif pour tous les enfants. 3.5. Dosage de la G6PD Les résultats du dosage de l'activité enzymatique en G6PD ont révélé des valeurs diminuées. La valeur variait de 0,28 et 3,3 UI/g Hb avec une moyenne de 1,79 UI/g Hb. (voir tableau 13). Le dosage a été réalisé le jours même ou le lendemain de l’hospitalisation de tous nos malades Dosage de G6PD Nombre de cas < 1 UI / g Hb 3 ] 1 – 2 [ UI / g Hb 20 ] 2 – 3,3 ] UI / g Hb 7 Tableau 13 : Répartition des cas en fonction de la valeur de la G6PD. 4. Traitement et évolution 4.1. Le traitement curatif Tous les enfants inclus dans notre étude ont bénéficié d'une transfusion de culots globulaires suivant la formule suivante: (Hb désirée – Hb du malade) x 3 x poids La quantité administrée variait en fonction du poids de l'enfant et de la gravité de la crise d'hémolyse, elle était environ de 11823cc soit 30 pochettes de culot globulaire. Le rythme de transfusion variait de 2 à 4 heures avec une surveillance stricte essentiellement de l'état hémodynamique et de la fièvre, ces malades étaient mis après transfusion sous diurétiques à raison de 2mg/kg en prise unique, on n’a noté aucun cas d’accident ou de problème post transfusionnel. 62 Huit cas nécessitaient la mise sous oxygénothérapie entre 1 à 3 l/min. Une antibiothérapie à base d'une amoxiciline simple ou associée à l'acide clavulanique était nécessaire dans les 12 cas d'infection. 4.2. Le traitement préventif La prévention reste le meilleur traitement. Une liste des produits particulièrement dangereux est remise aux parents des enfants afin d’en éviter l’emploi.( voir fiche annexe) 4.3. L'évolution L'anémie a été corrigée après les transfusions sanguines chez tous les malades, aucune complication post-transfusionnelle n'a été notée. Un seul enfant était admis dans un état d'hémolyse aigue compliquée par un collapsus avec un état de mal convulsif. Par ailleurs on n’a noté aucun cas de rechute, tous nos malades étaient de nouveaux cas. 63 IV. DISCUSSION 1. Discussion sur le plan épidémiologique 1.1. Fréquence de survenue Dans notre étude, l’incidence du déficit en G6PD comparée au nombre total d’hospitalisation pendant la période indiquée est de 2,6%, ce qui montre qu’elle est assez fréquente dans la région de Fès, à la différence de certaines villes du Maroc. Nous citons les résultats d’une même étude faite à Kenitra, le déficit en G6PD y reste une cause minime d’hospitalisation : Il représente 4,04% du total d’hospitalisation pour anémie hémolytique et seulement 0,6% du nombre total de tous les cas hospitalisés au service de pédiatrie de l’hôpital provincial de Kenitra. (101) 1.2. Age de survenue Dans notre série, l'âge de survenue de la crise d'hémolyse variait de 8 mois à 12 ans avec une atteinte plus fréquente avant 5 ans, environ 26,66% des patients sont des nourrissons âgés de moins de 2 ans, 46,66% des enfants de moins de 5 ans, et seulement 26,66% des patients sont âgés de plus de 5 ans. Ces résultats sont compatibles avec ceux décrits dans la littérature où on parle d'une fréquence d'atteinte plus élevée dans cette tranche d'âge. (102) - Par ailleurs, dans notre étude, nous n'avons étiqueté aucun cas de déficit en G6PD chez le nouveau- né alors que dans la littérature, les auteurs portent un intérêt particulier aux formes néonatales et insistent sur l'importance de dépister ce déficit dans le bilan des hyperbilirubinémies du nouveau-né. (100, 76, 103) - D'autre part, des cas de déficit en G6PD chez les prématurés ont été rapportés dans la littérature, ainsi à Jérusalem, le département de néonatologie a décrit le cas de deux prématurées qui ont présenté une anémie hémolytique sévère, 64 toutes les deux portaient une mutation de la G6PD de type méditerranéen et qui a été détectée par biologie moléculaire. (100) 1.3. Atteinte selon le sexe - L'anémie par déficit en G6PD, est une affection qui prédomine chez le sexe masculin. - Dans notre étude, tous les patients admis étaient des garçons. - Dans la littérature, quelques cas d'atteinte de sexe féminin ont été retrouvés (104); ainsi à Chicago, les auteurs décrivent le cas d'un ictère néo- natal chez une afro- américaine qui présente une association de maladie de Gilbert et de déficit en G6PD dans sa forme hétérozygote. (41) - Un autre cas a été décrit en Espagne chez une femme de 32 ans, qui a présenté une anémie hémolytique sévère pendant la grossesse et chez laquelle une association de déficit en G6PD et en Pyruvate Kinase a été détectée. (105) 1.4. Saison de survenue - Dans notre étude, la saison étudiée était le printemps où le déficit est plus fréquent avec 11 cas au mois de mars (36,66%) ,17 cas au mois d’avril (56, 66%).On a noté 1 cas au mois de janvier (3,33%) et 1 cas au mois de mai (3,33%). - Dans d'autres pays, l'incidence du déficit est également prédominante au printemps. (101) Pays Mois d'incidence Chypre Mars - Avril Iran Sardaigne Sicile Avril - Mai Grèce Tableau 14 : Incidence du déficit dans d’autres pays. 65 - Le caractère saisonnier concerne particulièrement le favisme étant donné la période durant laquelle les fèves se trouvent en grande quantité et donc la fréquence d'ingestion qui est augmentée au printemps et en hiver principalement au Maroc sous forme d'une purée chaude est relevée. (101) 1.5. Facteurs déclenchants Dans la littérature, plusieurs causes sont citées comme facteurs de déclenchement de la crise d’hémolyse chez les déficients en G6PD. 1.5.1. Le favisme [33-45-46-47] Les fèves (fig. 16) sous toutes leurs formes; on a longtemps décrit une anémie qui survenait chez des individus ayant mangé des fèves, d'où le nom de favisme. On sait maintenant que tous les patients atteints de favisme ont un déficit en G6PD mais tous les déficitaires ne sont pas sensibles aux fèves. Cependant, tous les sujets atteints du déficit doivent s'abstenir de toute ingestion de fèves. Les familles de ces déficients et les déficitaires eux-mêmes devront s'appliquer à reconnaître les fèves et à les différencier des autres sortes de haricots. C'est une légumineuse de la famille des papilionacées. Il existe deux variétés de fèves, les deux pouvant être responsables de favisme: - la vicia faba major ou fève des marais, qui pousse au bord de la Méditerranée, de la mer Caspienne, en Syrie en Europe méridionale, en Afrique du Nord, en Égypte, mais aussi en France dans le marais vendéen et dans le Médoc. La fève est volumineuse, aplatie, à ombilic allongé; elle est de couleur claire, verte; - la vicia faba minor ou fève des champs, encore appelée févette, cultivée principalement en France en Picardie, en Lorraine et en Bourgogne. Elle est plus petite que la précédente, marron clair, ou jaune brunâtre ou noirâtre. Ces deux variétés peuvent se consommer séchées ou bouillies ou sous forme de farine, ou bien crues. Les agents nocifs sont aussi présents dans les feuilles et dans le pollen des fleurs, et peuvent donc être dangereux par simple inhalation de pollen dans un champ de fèves. 66 La crise hémolytique est presque toujours déclenchée par l’absorption de fèves crues ou cuites, de farine de fèves ou par l’inhalation de pollen de fèves. Exceptionnellement, on peut décrire des crises apparaissant chez des nourrissons allaités au sein après absorption de fèves par la nourrice. Dans notre étude le favisme reste le principal facteur hémolysant, sur les 30 cas étudiés, 16 cas d’atteinte, soit (53,33 %) ont été observés. Le favisme est particulièrement retrouvé dans le déficit de type méditerranéen alors que les sujets présentant un déficit de type A- sont insensibles à l’action de fèves. . Fig. 16 : les fèves 1.5.2. Les médicaments [48-49] Un grand nombre de médicaments ainsi que certaines substances chimiques sont considérées comme pouvant déclencher une hémolyse chez les déficients en G6PD. Dans notre étude, on a identifié un seul cas (3,33%) de déclenchement de la crise d’hémolyse sous l’effet de l’aspirine. 67 NB : Le seul cas retrouvé relève de l’association d’une infection et de la prise de l’aspirine, de même, on ne peut faire la part des deux éléments. 1.5.2.1. Les antipaludéens [49-50] Il est approprié de débuter par cette classe de produits, puisque c’est à partir d’observations sur des soldats prenants de la primaquine qu’a été découvert le déficit en G6PD. En 1967, Brewer a entrepris une étude chez 24 sujets atteints de déficit en G6PD et 20 sujets sains, sur les manifestations hémolytiques consécutives à l’administration de primaquine (45 mg) associée à la chloroquine (300mg) selon trois schémas thérapeutiques différents : une dose hebdomadaire, une bihebdomadaire et une dose hebdomadaire pendant quatre semaines puis une bihebdomadaire. Chez les sujets sains, aucun signe d’hémolyse n’est apparu, alors que chez les carencés, un effet hémolytique modéré a été observé après administration hebdomadaire, plus sévère après administration bihebdomadaire et intermédiaire pour le troisième type d’administration. Par ailleurs, l’amodiaquine (flavoquine), la pyriméthamine (fansidar) et la quinine ont été testées dans cette étude sans que ne soit observée d’influence sur l’activité des enzymes érythrocytaires. De même, une dose unique de 15mg de primaquine associées à 150 mg de chloroquine n’a entraîné aucun problème hématologique chez 20 000 Guinéens. Le proguanil (paludrine) quant à lui, n’est pas un oxydants et peut être utilisé sans problème chez les sujets carencés. Pour la méfloquine (lariam) et l’halofantrine (halfan) des études cliniques sur des sujets déficitaires n’ont pas retrouvé de retentissement hématologique. Au total, parmi tous les antipaludéens, seule la primaquine doit être évitée chez les déficients en G6PD. 68 1.5.2.2. Les sulfamides a. Cotrimoxazole [51] Plusieurs publications ont établi le lien entre le cotrimoxazole (sulfaméthoxazole et triméthoprime) et la survenue d’une anémie hémolytique chez les déficitaires en G6PD , donc mieux vaut éviter la prescription de ce produit chez un déficient connu surtout à fortes doses b. Sulfasalazine (Salazopyrine) Ce produit doit être évité chez les déficients en G6PD 1.5.2.3. Autres anti- bactériens [52] a. Les quinolones Comme l’ indique le dictionnaire doivent être contre-indiquées en cas de déficit Vidal , toute les quinolones en G6PD .Des cas d’anémies hémolytiques après ingestion de l’ acide nalidixique (Negram) ont été décrits dans la littérature . b. Nitrofurantoine Les directives d’utilisation de la nitrofurantoine spécifient que les patients carencés sont susceptibles de développer une anémie hémolytique suite à l’usage de ce produit. Il est donc recommandé de l’éviter chez l’enzymopénique. c. chloramphénicol Il est présent dans plusieurs listes de produits à éviter chez les déficients en G6PD. 1.5.2.4. Analgésiques et antipyrétiques a. Acide acétylsalicylique [53] Du fait de son utilisation très répandue,de nombreux sujets atteints de déficit en G6PD ont un jour ou l’autre utilisé ce produit, pourtant, très peu de cas d’hémolyse ont été rapportés. Une étude menée chez 44 patients porteurs de déficit 69 en G6PD de type B-(méditerranéen) n’a retrouvé aucun cas d’hémolyse lors d’un suivi clinique de trois mois avec 250 mg d’aspirine par jour. Une autre étude portant sur 28 sujets déficients (noirs et caucasiens), traités par aspirine à raison de 50 mg /kg/j pour une durée de 4 jours n’a montré aucune hémolyse. On retiendra donc que l’acide acétylsalicylique peut être utilisé sans problème chez les déficients en G6PD à dose thérapeutique. b. Paracétamol [54] Quelques publications ont rapporté des cas d’hémolyse survenue après utilisation de paracétamol pour un problème infectieux. Selon les auteurs il serait plus logique de retenir l’infection comme facteur déclenchant. Le paracétamol peut donc être utilisé à dose thérapeutique chez les déficients en G6PD. c. Noramidopyrine Cet antalgique et antipyrétique a fait l’objet de plusieurs publications de cas d’anémie hémolytique dans le cadre de déficit en G6PD. Par conséquent, et comme le signale le dictionnaire Vidal, ce produit est contre-indiqué chez les carencés en G6PD. 1.5.2.5. Autres médicaments [52] a. L’acide ascorbique Dans la littérature , les publications concernant l’acide ascorbique sont limitées, cependant, elles permettent de conclure que ce médicament peut être prescrit sans crainte de voire survenir une hémolyse s’il est utilisé à dose thérapeutique même chez les déficients sévère. b. Doxorubicine (Adriblastine) 70 Dans les hématies carencées en G6PD, la doxorubicine, agent oxydant, entraîne la formation de peroxydes d’hydrogène et un épuisement du glutathion réduit. Ce produit est donc à éviter chez déficients en G6PD. c. Vitamine K hydrosoluble Les préparations hydrosolubles de vitamine K ont été incriminées dans les hémolyses chez les nouveaux-nés atteints de déficit en G6PD, mais tous les médecins ne sont pas du même avis .Donc, en raison de ces incertitudes, il semble préférable d’éviter, chez les déficients en G6PD, la forme hydrosoluble,et d’avoir plutôt recours à la forme liposoluble de vitamine K (phytoménadione) alternative plus sure et largement utilisée . D’autre produits ont été cités dans plusieurs listes se médicaments à proscrire chez les déficients en G6PD tels que : le naphtalène, le probénécide, le bleu de méthylène. 1.5.2.6. Liste des médicaments TOUJOURS dangereux en cas de déficit en G6PD [52] Les produits cités ci-dessous peuvent être dangereux sous toutes leurs formes: collyre, intraveineux, intramusculaire, par la bouche, en suppositoire quelle que soit la dose. Cette liste comporte certains médicaments qui ont été retirés de la vente, compte tenu de leurs effets indésirables sévères. Ils ont été conservés dans la liste des médicaments dangereux en cas de déficit en G6PD, car le déficitaire peut tomber malade à l'étranger, où ces substances peuvent être encore en vente et risqueraient de lui être prescrites. 71 Acétanilide Acide pipémidique (quinolone) Acide piromidique (quinolone) Acide nalidixique (quinolone) Acide oxolinique (quinolone) Glibornuride Gliclazide (sulfamide hypoglycémiant) Glipizide (sulfamide hypoglycémique) **** Phénazopyridine chlorhydrate Primaquine diphosphate Glycyclamide (sulfamide Rosoxacine (ou rosaxine ) hypoglycémiant) (quinolone ) Glybuzole (sulfamide hypoglycémiant) Sparfloxacine Glymidine sodique Anthracyclines Carbutamide Sulfacétamide sodique (sulfamides hypoglycémiants) Bleu de méthylène (ou méthylthionimium Glucosulfone (sulfamide chlorure) hypoglycémiant) Sulfadimidine Sulfadoxine Ciprofloxacine (quinolone) Loméfloxine (quinolone) Pyriméthamin Cotrimoxazole ou sulfaméthoxazole ou Monoxyde d'azote Sulfafurazole Dapsone (maloprim ) Niridazole Sulfaguanidine Les dérivés nitrés ex: trinitrotoluène Nitrofurantoine (ou Isosorbide nitrate Nitrofurazone ) Doxorubicine (anthracycline ) Nitroprussiate de Sodium trimethoprine Enoxacine (quinolone) Sulfaméthoxazole Sulfamétrole Sulfanilamide Fève de Saint Ignass Ofloxacine (quinolone) Sulfonamide Fluoroquinolones Péfloxacine (quinolone) Sulfasalazine Fluméquine Péfloxacine Mésilate (quinolone) Sulfapyridine Furazolidone (ou furoxone) Pamaquine Urate oxydase Glibenclamide ou Glibencyclamide ou Phénazone et phénazone Gliburide ou Maninil thymonucléate Chlorpropamide Tableau 15 : Médicaments dangereux en cas de déficit en G6PD. 72 Certains produits chimiques sont impérativement à éviter: Naphtalène (ou naphtaline) Thiazolesulfone Bleu de Toluidine Phénylhydrazine 1.5.2.7. Liste de médicaments qui en théorie ne seraient dangereux, en cas de déficit en G6PD, que lorsque l'on dépasse les doses thérapeutiques usuelles [52] NB : Les médicaments de cette liste sont classés selon leurs Dénominations Communes Internationales (DCI). Acétaminophène ( paracétamol ) Colchicine *** Quinine sulfate basique *** Quinine sulfate neutre Acide Acétylsalicylique ( Diacéfylline aspirine) diphénhydramine Acétaminosalol Diéthylamine salicylate Acétylsalicylate basique d'aluminium Acétylsalicylate carbonate de Na Acétylsalicylate de lysine Aloxiprine Acide ascorbique (vitamineC) Dihydroquinidine Phénylbutazone Phénulbutazone ester triméthylgallique Quinine résorcine bichlorhydrate Salicylamide Dimenhydrinate Phénylbutazone pipérazine Salazosulfapyridine Dimercaprol Phénylbutazone sodique Salicylate d’aluminium Phénytoine Salicylate de choline Phénytoine sodique Salicylate de gaiacol Diphénylhydramine chorhydrate Diphénylhydramine mesilate 73 Phytoménadione (Vitamine Aminophénazone Floctafénine K1) : vitamine K1 Roche, lofenelac Mead Johnson, Salicylate de manganèse vitalipide adulte et enfant Antazoline chlorhydate Antazoline mésilate Glafénine Hydroxychloroquine sulfate Probénecide Procainamide chlorhydrate Salicylate de méthoxyméthyle Salicylate de méthyle Salicylate de Antazoline phosphate Isoniazide Proguanil chlorhydr Ascorbate de calcium Lévodopa Propylène glycol salicylate Salicylate de picolamine Ascorbate de cystéine Lithium salicylate Propyphénazone Salicylate de sodium Ascorbate de lysine Mafénine chlorhydrate *** Ascorbate de Méfénidramium magnésium méthylsulfate phénylpropyle Streptomycine pantothénate Quinine Streptomycine sulfate Ménadione Quinidine Succinyl sulfathiazol Ascorbopyridoxine Ménadione bisulfite Quinidine arabogalactane Succinyl sulfathiazol complexe sodique (Vitamine K3) sulfate dibismuthique Menthyle salicylate Quinidine bisulfate Spiramycine B.A.L. (British Anti Mépacrine Quinidine Lewislte) dichlorhydrate Phénylethylbarbiburate Bénorilate Mestranol Benpropérine Méthahexamide Ascorbate de potassium Anesthésiques locaux: Prilocaine Ethidocaine Marcaine Bupivacaine Chloroprocaine Mépivacaine Propicaine Quinidine Polygalacturonate Quinidine Sulfate 74 Sulfadiazine Sulfadiazine argentique Sulfafurazol acétate Quinine sous toutes ses Benzamidosalicylate Méthamizole sodique ( ou de calcium formes Noramidopyrine) Quinine acetamidophenylarsinate Benzamidosalicylate Sulfalène Sulfaguanidine Morpholine salicylate Quinine ascorbate Sulfamérazine Bornyle salicylate Néoarsphénamine Quinine benzoate basique Sulfaméthizol Carbasalate calcique Nifurfoline Chloramphénicol Novobiocine calcique sodique Chloramphénicol hémisuccinate Novobiocine sodique Quinine bromhydrate basique Quinine camsilate neutre Quinine chlorhydrate basique sodique Chloramphénicol palmitate Chloramphénicol stéarate Chloroquine diphosphate Chloroquine gentisate Chloroquine salicylate Chloroquine sulfate P.A.S. alumino calcique Quinine chlorhydrate neutre Sulfaméthoxypyridazine Sulfoxone Thiamphénicol Thiamphénicol aminoacétate acétylcysteinate Quinine et urée Thiamphénicol chlorhydrate double aminoacétate chlorydrate Paracétamol Quinine éthylcarbonate Tolbutamide Pentaquine Quinine formiate basique Pasiniazide Quinine gluconate Trimethoprime Quinine Tripelennamine phénylethylbarbiturate chlorhydrate P.A.S. sodique Phénacétine Trihexyphenidyle chlorhydrate Tableau 16 : Médicaments dangereux en cas de déficit en G6PD, une fois la dose thérapeutique dépassée 75 1.5.3. Les végétaux [55] Autres produits seraient susceptibles de déclencher la crise d’hémolyse chez les déficients en G6PD, parmi lesquels on note : petits pois, asperge, haricot, fougères males, figue de barbarie. Dans notre étude, on a noté deux cas (soit 6,66%) de survenue d’une crise d’hémolyse déclenchée par la prise de petits pois 1.5.4. Les infections [56-57] Les mêmes études menées par « Beutler » et ses collaborateurs ont permis de confirmer que les infections peuvent déclencher des crises hémolytiques graves chez les déficients en G6PD. Les hépatites virales et la fièvre typhoïde constituent les principales infections entraînant une hémolyse sévère. Les infections respiratoires virales et les pneumonies bactériennes peuvent également induire une hémolyse modérée. Selon les auteurs, les sujets enzymopéniques ont une sensibilité particulière aux infections. Il a été rapporté dans la littérature des cas d’association : déficit en G6PD-fièvre typhoïde [66-67], et déficit en G6PD-hépatites infectieuses [64-65-99]. Dans notre étude, nous avons noté 10 cas (soit 33,33%) de survenue de crise d’hémolyse par ingestion de fève survenant sur un tableau d’infection, mais il nous est impossible de faire la part des deux éléments. Seulement deux cas (soit 6,66%) d’hémolyse est survenue à la suite d’une infection sans association avec un autre facteur. Il s’agissait surtout d’infections respiratoires et pulmonaires rejoignant ainsi ce qu’on a rapporté dans la littérature. 76 1.5.5. L’acido- cétose diabétique [58-59] Dans la littérature médicale, l’acidocétose diabétique a été considérée comme facteur capable de déclencher une crise d’hémolyse chez les déficients en G6PD. 1.5.6. L’hypoxie et le stress [21] Ce sont des facteurs susceptibles également de provoquer une hémolyse chez les carencés par un mécanisme oxydant entraînant la formation de peroxydes d’hydrogènes dans le globule rouge. 1.5.7. Autres facteurs • Les teintures thérapeutiques au henné utilisées traditionnelles sont en une cosmétiques cause non ou comme exceptionnelle d’accidents hémolytiques [60]. L’analyse chimique de ce produit a montré qu’il contient un ingrédient appelé « Lawsone » (2 hydroxy- 1,4 naphtoquinone) qui est un métabolite du naphtalène, agent oxydant déjà connu [28-61]. • Les boules de naphtalène imprégnant les vêtements. • Des colorants alimentaires artificiels, dérivés de l’aniline parfois utilisée dans certains pays sont aussi capables de provoquer des crises hémolytiques. • Plus rarement, il s’agit d’intoxications aigues : + Intoxications accidentelles par : ◊ Eau de Javel ◊ Sulfate de cuivre ◊ Chlorate de soude 77 + Ingestion ou exposition à des insecticides. +Ingestion ou exposition à des produits chimiques comme le Nitrobenzène utilisé lors de la fabrication des colorants à l’aniline, comme solvant dans la fabrication des esters ou acétates de cellulose, pour donner une odeur d’amande à des savons, ou encore dans l’industrie du caoutchouc. Un cas typique a été rapporté en Inde. Signalons des causes plus exceptionnelles comme : + La pose de prothèses cardiaques valvulaires en circulation extra- corporelle. + Certaines plantes médicinales comme « L’Acalypha Inica », ou « la coptis sinesis » + Les poppers à base de Nitrite d’amyle. 2. Discussion sur le plan clinique 2.1. Antécédents - Dans les dossiers étudiés, 7 cas (23,33%) présentaient des antécédents personnels d'hémolyse aigue, et 20 cas (66,66%) qui ont déjà développé un ictère cutanéo- muqueux. - Pour les antécédents familiaux, 2 cas (6,66%) d'atteinte familiale ont été retrouvés sous forme d'hémolyse et 4 cas (13,33%) sous forme d'ictère cutanéomuqueux. - Nous avons noté aussi 12 cas (40%) de consanguinité chez les parents, chez 26,66% elle est du 1er degré, 10% du 3ème degré et 3,33% du 2ème degré. - Dans la littérature, il a été rapporté le cas de deux jumeaux asymptomatiques pour le déficit en G6PD et qui ont présenté une crise d'hémolyse 78 aigue à la suite d'une acido- cétose diabétique inaugurale. Après avoir éliminé d'autres causes telles l'infection et la prise de médicaments, la correction de l'hyperglycémie a été retenue comme facteur de déclenchement de la crise. (58) - Nous citons également le cas d'atteinte familiale chez une famille italienne. Il s'agit d'un enfant de 5 ans qui a présenté une anémie hémolytique après ingestion de fèves. La recherche du déficit dans la famille a retrouvé une atteinte chez son frère. (71) L'étude cinétique de l'enzyme chez la mère montre la présence de deux variantes enzymatiques ainsi qu'un trait drépanocytaire à l'électrophorèse de l'hémoglobine 2.2. Manifestations cliniques du déficit en G6PD Dans la littérature, les manifestations cliniques du déficit en G6PD diffèrent selon les variantes enzymatiques, ainsi l’anémie peut être épisodique secondaire à un facteur déclenchant ou chronique tout au long de la vie. 2.2.1. Anémie hémolytique aigue La plupart des variantes de la G6PD ne s’accompagnent d’une hyperhémolyse qu’en cas d’exposition à certains agents toxiques ; en dehors de ces épisodes, on ne note ni anémie, ni modification morphologique érythrocytaire. Les crises d’hémolyse aigue de type B- (ou déficit de type blanc ou méditerranéen) [27] C’est la manifestation de loin la plus fréquente dans le bassin méditerranéen. Elle est caractérisée par sa sévérité plus grande que lors des crises A- ; le déficit B- est toujours plus accentué (activité enzymatique <à 5% le plus souvent)que le déficit de type noir (activité enzymatique entre 5 et 15 %. Les crises sont presque toujours déclenchées par l’absorption de fève, par des infections microbiennes ou des médicaments. Elles apparaissent et évoluent 79 de façon stéréotypée : il s’agit le plus souvent d’ un garçon qui, 24 à 72 heures après absorption de la substance déclenchante, présente sévère : fièvre, céphalées, douleurs abdominales apparaît une pâleur, troubles parfois et lombaires,en même temps un ictère plus ou moins intense des et une hémoglobinurie, élément caractéristique qui permet d’affirmer la crise d’hémolyse intra vasculaire, elle apparaît de façon constante quand l’hémolyse est importante, elle est toujours brève et n’est parfois retrouvée qu’à l’interrogatoire. Quand elle est constatée par le médecin, l’hémoglobinurie constitue un élément sémiologique essentiel ; son identification coloration est facile par le simple examen des urines qui présentent une porto ou rouge cerise avec une translucidité caractéristique, bien différente de l’aspect opaque des urines hématurique. La crise d’hémolyse est toujours de durée très brève, la guérison se fait très rapidement en trois à six jours, l’ictère disparaît et les urines reprennent leur coloration normale .Malgré la sévérité des symptômes, l’évolution vers la mort est rarissime du moins quand le patient peut recevoir dans les délais requis les soins nécessaires. Les crises d’hémolyse de type A- (type noir) C’est le type d’hémolyse observé chez les noirs, recevant certains antipaludéens de synthèse, la crise hémolytique se type A- ressemble par ses signes à la crise de type B-, mais sur un mode généralement moins sévère ; les sujets de type A- sont généralement insensibles à l’action de fèves ; l’évolution est identique à celle de type B-. Les anémies hémolytiques aigues peuvent être séparées en plusieurs catégories selon les facteurs déclenchants : 2.2.1.1. Le favisme : [47-62] Il réalise trois tableaux cliniques de gravité variable : a. La forme ictéro-hémoglobinurique 80 Accident aigu de déclenchement précoce, se produisant dans les 24 à 48 heures après ingestion de fève, le tableau clinique associe des douleurs abdominales, une pâleur et un ictère cutanéo-muqueux, suivi d’urines foncées, une fièvre modérée est fréquente de même que la présence de céphalées. L’examen clinique peut retrouver une splénomégalie au 2°ou 3° jour. Concernant l’évolution, dans la littérature, la résolution de la symptomatologie est spontanée et se fait au bout d’une semaine. b. La forme hémolytique suraiguë Le tableau s’installe de quelques minutes à quelques heures après l’ingestion de fève. Les troubles digestifs sont plus sévères, et aux douleurs abdominales s’associent des vomissements intenses et une diarrhée. En outre, il peut exister des signes généraux alarmants : hyperthermie à 39°- 40°C, tachycardie, polypnée superficielle. L’atteinte rénale est fréquente dans cette forme, se traduisant par une oligurie, voire une anurie ; le décès peut survenir en quelques jours si l’anémie n’est pas corrigée. c. Les formes mineures Ce sont les plus fréquentes, elles passent souvent inaperçues, se traduisant par des états migraineux sans hémoglobinurie ; la biologie révèle une anémie discrète avec réticulocytose modérée, une hyper bilirubinémie indirecte, mais pas de présence de corps de Heinz. 2.2.1.2. Hémolyses d’origine médicamenteuse Un certain nombre de médicaments est susceptible de déclencher des crises d’hémolyse chez les déficients en G6PD. (Voir : facteurs déclenchants dans le chapitre de diagnostic clinique du déficit) 2.2.1.3. Hémolyses d’origine infectieuse De nombreuses publications relatent des cas de déclenchement des crises d’hémolyse aigue au cours d’infections diverses chez les déficients en G6PD. 81 Plusieurs agents infectieux ont été impliqués tels que : Escherichia coli, streptocoque B hémolytique, klebsiella-pneumoniae, virus de la grippe A [52-63]. L’hémolyse est particulièrement importante en cas d’hépatites virales A et E [64-65] .L’hyper destruction érythrocytaire impose une surcharge en bilirubine à un foie déjà lésé,entraînant une augmentation exagérée de la bilirubinémie ; par ailleurs, les salmonellas typhi sont des agents susceptibles de déclencher une crise d’hémolyse [66-67] : une étude portant sur 79 enfants atteints de fièvre typhoïde dont 45 garçons et 34 filles : 9 des 45 garçons (soit 20% ) ont un déficit en G6PD, dont 3 ont présenté une crise hémolytique intra vasculaire et qui ont un déficit permanent,par contre, les 6 autres ont présenté une baisse de l’activité en G6PD de quelques semaines avec une réticulopénie (action centrale du salmonella typhi sur l’érythropoïèse ) et qui ont normalisé par le suite leur taux de G6PD et leur taux de réticulocytes. Au total, la fièvre typhoïde peut entraîner une crise d’hémolyse aussi bien chez l’enzymopénique que chez le sujet normal, toutefois, chez ce dernier la baisse est transitoire comme le démontre la normalisation ultérieure de la G6PD. Les hémolyses d’origine infectieuses sont en général minimes, cependant des épisodes d’insuffisance rénale aigue, secondaires à une hémolyse intra vasculaire massive ont été rapportés chez certains déficients en G6PD [65]. 2.2.1.4. Hémolyses par acidocétose diabétique Elle pourrait être provoquée par des modifications du PH sanguin, de la glycémie et du taux d’acide pyruvique [68]. 2.2.2. Hémolyse chronique ou anémie hémolytique congénitale non sphérocytaire [69-70] Des variantes de la G6PD responsables d’hyper hémolyse chronique ont été identifiées chez les Noirs Américains et chez des Caucasiens. Quoiqu’entrainant habituellement une hémolyse intermittente, la G6PD méditerranéenne puisse parfois 82 s’accompagner d’une anémie hémolytique chronique. Classiquement, l’hémolyse apparaît en l’absence de facteur déclenchant connu, bien que l’exposition à certains médicaments ayant un potentiel oxydant puisse majorer une hémolyse préexistante. L’anémie et l’hyperbilirubinémie l’ictère sont souvent reconnus peut parfois nécessiter chez le nourrisson, une exsanguino-transfusion. La prédominance de l’ictère les premiers jours de la vie peut s’expliquer en partie par la capacité limitée du foie du nouveau-né à détoxifier les substances oxydantes. Après la première enfance, les symptômes de l’hémolyse sont minimes et inconstants, la pâleur est rare, l’ictère conjonctival n’est noté que de façon intermittente, et la rate est rarement augmentée de volume. L’évolution peut être compliquée de crises érythroblastopéniques. L’arrêt temporaire de l’érythropoïèse, habituellement associée à une maladie fébrile, s’accompagne d’une chute brutale de la concentration en hémoglobine ; c’est souvent à l’occasion de l’une de ces crises que sera effectué le premier examen hématologique ; une accentuation de l’anémie s’observe également lors de l’exposition à des médicaments et aux fèves. L’anémie hémolytique chronique non sphérocytaire n’a été retrouvée chez aucun de nos malades. 2.2.3. Ictère néonatal par déficit en G6PD [68-71] Selon les auteurs, l’association déficit en G6PD-ictère néo-natal est fréquente cependant, dans notre étude cette association n’a été retrouvée chez aucun cas. Certaines variantes de la G6PD responsables d’une anémie hémolytique aigue acquise chez l’enfants et l’adulte sont fréquemment associées à une hyper bilirubinémie néo-natale, l’augmentation de la fréquence de cette dernière chez les nouveaux-nés atteints de déficit en G6PD a été rapportée dans 83 plusieurs pays comme : la Grèce, l’Italie, la Thaïlande, la chine… [44-72-73] ; dans ces régions, la G6PD méditerranéenne est la variante prédominante. De même, le risque d’hyper bilirubinémie est moins élevé chez les nouveaux-nés Noires Américains porteurs de la variante A- que chez les noirs africains porteurs de la même variante. L’ictère néo-natal chez les déficients en G6PD apparaît le 2° ou le 3° jour de vie, un peu plus tard que l’ictère par incompatibilité des groupes sanguins, mais à la même date que l’ictère par immaturité hépatique ;il faut souligner que l’hépatosplénomégalie y est inhabituelle. L’évolution spontanée se fait vers la régression en quelques jours, les signes persistent rarement après la deuxième semaine. Exceptionnellement, cet ictère peut être la première manifestation d’une anémie hémolytique chronique, dans ce cas, les signes d’anémie hémolytique persistent après l’épisode initial [52]. Dans notre étude, les manifestations cliniques présentées par nos patients rejoignent ce qui est décrit dans la forme ictéro-hémoglobinurique du favisme : • La pâleur cutanéo-muqueuse a été retrouvée chez 25 cas soit 83,33% du total, cette symptomatologie constitue le principal motif de consultation chez nos patients particulièrement à la suite de l'absorption des fèves. • L’ictère cutanéo-muqueux a été présent chez 21cas de nos malades soit 70%, %, c'est un symptôme qui existait également dans l'atteinte familiale. • La pâleur et l'ictère sont souvent suivis de l'apparition des urines foncées, tous les enfants ont présenté cette symptomatologie • Il faut noter que les troubles digestifs sont décrits dans la forme ictéro- hémoglobinurique, ce qui est compatible avec nos 84 résultats, 15 garçons ont présenté une symptomatologie digestive, environ 50% du total. La fièvre est également fréquente dans cette forme, elle a été • retrouvée chez 13cas (43,33%). D'autres signes tels les céphalées, décrits aussi dans cette forme • ont été retrouvés chez 7 cas (23,33%) parmi nos malades. • Neufs cas (30%) ont présenté une asthénie avec anorexie. • Un seul cas (3,33%) a présenté des troubles de la conscience (le taux d'Hb était à 4,1 g/dl). • Quatre enfants ont présenté une toux (13, 33%). • La splénomégalie n'a été retrouvée chez aucun cas. Concernant le délai d'apparition de la symptomatologie, 28 cas ont présenté la crise hémolytique aigue après 1 à 4 jours, ce qui rejoint ce qui est décrit dans la littérature (28, 29). Seulement 2 cas l'ont présenté plus tard. Et concernant l’évolution, dans la littérature, le rétablissement est fréquemment spontané, en rapport essentiellement avec les types du déficit qui sont variés d’un pays à l’autre (31). Dans notre étude, la résolution de la symptomatologie n’a été faite qu’après des transfusions sanguines. 2.3. Diagnostic différentiel clinique d’une anémie hémolytique [78-79]. 2.3.1. Anamnèse : c’est une étape essentielle du diagnostic. & Antécédents familiaux : d’anémie, d’ictère et notamment d’ictère néo-natal. & Histoire de la maladie 2.3.2. Examen clinique : - la pâleur cutanéo-muqueuse - l’ictère conjonctival et cutané 85 -la polypnée, la tachycardie et le souffle cardiaque sont en faveur d’une anémie profonde récente. - l’hémoglobinurie - l’hépatosplénomégalie : la splénomégalie est modérément dure. 2.3.3. Orientation diagnostique : 2.3.3.1. Diagnostic différentiel d’une anémie hémolytique aigue & Origine infectieuse : contexte clinique, hémoculture, goutte épaisse. & Anémie hémolytique auto- immune : Négativité du test de coombs direct. & Hémolyse médicamenteuse immunoallergique suspectée sur la prise de médicaments suspects : β –Lactamines, Anticonvulsivants (Hydantoine chlorpromazine), § Anti-inflammatoires et antalgiques ; → Mécanisme de type haptène / cellule. Mécanisme de type complexe immun. § & une microangiopathie thrombotique : Négativité à la recherche des schizocytes. & une hémoglobinopathie à hémoglobine instable. 2.3.3.2. Diagnostic différentiel d’une anémie hémolytique chronique & Anémie hémolytique auto- immune chronique : Négativité du test de coombs direct. & Hémoglobinopathie : Antécédents personnels ou familiaux de poussées d’ictère ou de splénomégalie ou de splénectomie : • Drépanocytose - sujet noir ou métis. 86 - premiers signes entre 6 mois et 18 mois. - Anémie chronique régénérative. - Crises douloureuses, articulaires ou abdominales déclenchées par l’effort, la déshydratation, l’hypoxie et l’infection. - Infections sévères : Pneumonie, Ostéite, sépticémie… - Séquestration splénique : douleurs abdominales avec augmentation brutale du volume de la rate et état de choc. • Thalassémie - Contexte familial : notion de mort dans l’enfance ou l’adolescence. - Ictère récidivant léger à modéré. - Retard de croissance, anomalies squelettiques, déformations du crâne. & microangiopathie thrombotique. & Sphérocytose héréditaire 2.3.3.3. Diagnostic différentiel d’un ictère néonatal [79-80] L’ictère néonatal répond à de multiples étiologies, sa fréquence est élevée surtout chez le prématuré. Sa reconnaissance, son évaluation et sa prise en charge thérapeutique sont nécessaires pour éviter les conséquences de l’encéphalopathie bilirubinémique. § Infection materno- foetale : contexte infectieux. § Ictère à bilirubine libre : Ø Incompatibilités fœto- maternelles : dans le système ABO, Rhésus et sous groupes. Ø Hypothyroïdie. Ø Maladie de crigler – Najjar. 87 § Ictère à bilirubine mixte ou conjuguée ou ictères cholestatiques : Ø Atrésie des voies biliaires extra- hépatiques : décoloration complète des selles avec hépatomégalie importante et ferme. Elle nécessite une porto- entérostomie appelée intervention de « Kasai » dans les 45 premiers jours de vie. Ø Paucité des voies biliaires intra- hépatiques : il existe une forme non syndromique et une forme syndromique ou syndrome d’Alagille. Ø Hépatites néonatales Dans notre étude, nous n’avons pas trouvé de problèmes de diagnostic différentiel vu le contexte très évocateur : triade classique d’anémie hémolytique apparaissant 24 à 48 heures après l’ingestion de fèves. 2.4. Formes associées Quelques cas de déficit en G6PD associés à d’autres pathologies ont été décrits dans la littérature : 2.4.1. Association drépanocytose- déficit en G6PD [85] Ce sont deux anomalies génétiques du globule rouge, responsables d’anémie hémolytique. Leur association chez le même patient mérite d’être reconnue afin de mieux adapter la prise en charge. En 2000, une étude a été effectuée au Sénégal sur ces deux pathologies, son objectif était de déterminer la prévalence du déficit en G6PD et de rechercher une influence éventuelle sur le profil évolutif de la drépanocytose. C’est une étude prospective menée sur 319 patients porteurs de HbS et 318 sujets normaux appariés selon l’âge et le sexe. Elle a ensuite comparé le profil évolutif chez les drépanocytaires SS déficients en G6PD et non déficients. (86) 88 Les résultats ont trouvé que le déficit est significativement plus élevé chez les drépanocytaires avec un pourcentage de 21,6% que chez les témoins (12,3%) mais aucune différence statistiquement significative n’a été retrouvée entre les deux groupes concernant le nombre de crises vaso- occlusives, le nombre de transfusions, le nombre d’épisodes infectieux, de complications chroniques, le retentissement sur l’activité du patient et enfin l’index de sévérité globale. (86) Des résultats similaires ont été également retrouvés au Ghana, au Kenya, en Arabie Saoudite et en Turquie. (87, 88, 89) « Piomelli » a retrouvé dans sa série que la prévalence du déficit en G6PD était identique chez les drépanocytaires SS et les sujets normaux à la naissance, et que la plus grande fréquence des déficients se retrouvait surtout après la naissance due probablement aux interactions survenant sous l’influence de facteurs environnementaux. (61) La prévalence du déficit en fonction du phénotype a retrouvé une plus grande fréquence respectivement chez les sujets SS, AS et enfin SC. [86] La comparaison du profil évolutif des drépanocytaires SS déficients ou non a permis de retrouver une absence d’influence de l’enzymopathie sur la sévérité de la maladie chez les patients testés. Beaucoup d’auteurs se sont intéressés à cet aspect du problème, « Znaidi » a rapporté un cas d’hémolyse survenant chez un enfant tunisien de 7 ans, un drépanocytaire hétérozygote AS chez qui on a découvert un déficit en G6PD associé. [90] « Piomelli » avance que ces deux anomalies semblent s’atténuer mutuellement : la drépanocytose rendant le déficit enzymatique moins apparent à tel point que le génotype déficient semble être masqué. [61] 89 L’association drépanocytose- déficit en G6PD comporte des risques potentiels évidents. En effet, la plupart des médicaments utilisés par les sujets drépanocytaires sont oxydants et donc susceptibles d’entraîner une hémolyse chez les déficients. Il s’avère donc utile de dépister le déficit en G6PD chez les drépanocytaires afin d’en déduire des mesures préventives et thérapeutiques. Dans notre étude, nous ne notons aucun cas d’association de déficit en G6PD et de drépanocytose vu que l’électrophorèse de l’hémoglobine est revenu normal pour certains cas et n’a pas été réalisé pour d’autres. 2.4.2. Association thalassémie- déficit en G6PD [91] Une étude préliminaire portant sur ces deux anomalies a été effectuée chez la population du sud- est asiatique. De 1977 à 1994, 11.940 patients ont été examinés, 87% d’entre eux étaient des chinois et 12% d’autres asiatiques du sud-est, la fréquence de l’α - thalassémie était de 6,9%, la β thalassémie 4,4%. 242 hommes et 256 femmes ont été examinés par le dosage enzymatique de la G6PD, les résultats ont montré la présence du déficit chez 20 hommes (soit 8%) et 23 femmes (soit 9%) de 25 familles. Le déficit en G6PD a coexisté avec la thalassémie chez 8 familles. De même, on n’a noté aucun cas d’association de déficit en G6PD et de thalassémie. 2.4.3. Association Xeroderma- pigmentosum- déficit en G6PD [92] Cette association a été décrite chez un enfant de 2 ans né en Arabie Saoudite, de parents consanguins et ayant dans ses antécédents familiaux un cousin décédé à l’âge de 18 ans d’un carcinome de la langue. 90 L’enfant présentait des éphélides (tâches de rousseur) au niveau du visage ainsi qu’une xérose cutanée, manifestations précoces d’un Xeroderma pigmentosum. Les études génétiques ont montré que ses fibroblastes ont une capacité de réparation d’ADN de 14% seulement après exposition aux irradiations U.V. Ø Le dosage enzymatique de la G6PD a montré une activité très basse par rapport à la normale ; selon les auteurs, cette association serait susceptible de majorer la sensibilité cellulaire aux irradiations X. 3. Discussion sur le plan biologique 3.1. Diagnostic positif du déficit en G6PD Le diagnostic de déficit en G6PD peut se poser en diverses circonstances, selon qu’il s’agit d’une forme à manifestations aigues épisodiques ou au contraire, d’une affection chronique ; l’origine ethnique du patient, le plus souvent de sexe masculin, sera un élément d’orientation important, une origine méditerranéenne,africaine ou asiatique orientera vers ce type de déficit, mais il faut néanmoins garder à l’esprit que des déficits ont été décrits dans pratiquement toutes les populations du monde. Le diagnostic du déficit en G6PD se base sur des éléments d’orientation et des éléments de certitude. 3.1.1. Les examens d’orientation 3.1.1.1. L’hémogramme - Dans notre étude, les valeurs de l'hémoglobine variaient entre 2,3 et 9,4 g/dl avec une moyenne de 5,85 g/dl témoignant d'une anémie aigue. 91 - Le caractère normocytaire de l'anémie par déficit en G6PD a été retrouvé chez 22 cas avec une moyenne de 91,45 une macrocytose (100 ; 111 ; μ3 ; 111,9 ; six seulement ont présenté 114,8 ; 109,3 et 123 μ 3 ) probablement due à une fausse macrocytose vu le caractère régénératif associé (taux de réticulocytes: 180.103, 184.103, 128,62.103 , 76.103 , 276,06.103 ,246.103 /mm3) - Le caractère normochrome a été noté chez 20 cas avec une moyenne de 30,45%. Chez 5 cas seulement, l'anémie est hypochrome avec une moyenne de 27,6%; cette hypochromie serait en rapport avec une carence martiale associée au déficit en G6PD. - Le taux de réticulocytes a été déterminé chez 23 cas et témoignait d'une anémie régénérative. Ces résultats sont compatibles avec ceux décrits dans la littérature, on parle de déglobulisation sévère avec un chiffre de GR qui peut s’abaisser au dessous de 1000 000/mm3. Il s’agit évidemment d'une anémie sévère normochrome normocytaire avec une forte réticulocytose pouvant dépasser 40% des hématies circulantes. (74 ; 102) 3.1.1.2. Dosage de bilirubine Dans notre étude, 12 cas seulement ont bénéficié du dosage de la bilirubinémie, 8 d'entre eux ont présenté une hyper bilirubinémie témoignant du caractère hémolytique biologique de l'anémie, ce qui est semblable à la littérature; les taux variaient entre 8 – 90 mg/l de bilirubine totale, 2 – 81 mg/l de bilirubine directe et 5,46 – 68 mg/l de bilirubine indirecte, les autres cas avaient une valeur normale de la bilirubine. 92 Dans la littérature, l’anémie hémolytique par déficit en G6PD s’accompagne d’une augmentation de la bilirubinémie pouvant atteindre dans certains cas 700umol /l [60]. 3.1.1.3. Recherche des corps de Heinz [52] La mise en évidence de corps de Heinz (fig. 17) dans les GR peut être utile ; mais n’est pas spécifique puisqu’elle révèle aussi bien d’autres anomalies enzymatiques ou encore la présence d’une hémoglobine instable, les corps de Heinz sont visibles rapidement après l’administration des agents inducteurs, ils précèdent l’hémolyse ou n’existent qu’à son début, parfois une sphérocytose et des fragmentations cellulaires peuvent être observées si l’hémolyse est sévère. Avec la coloration de nouveau Bleu de Méthylène, le corps de Heinz devient foncé et se distingue facilement. Fig. 17 : Les corps de Heinz 93 3.1.2. Les examens de certitude Plusieurs méthodes utilisées pour affirmer le diagnostic du déficit en G6PD sont décrites dans la littérature [52.74.75] 3.1.2.1 Tests de réduction de la méthémoglobine [76] Ils s’appuient sur la propriété du NADPH de réduire la méthémoglobine, les GR enzymopéniques ne possèdent pas cette propriété ; ces tests comportent deux épreuves : test de Brewer-test de Sansone. 3.1.2.2. Tests de réduction des colorants Ils reposent sur la propriété que possède le NADPH de réduire un certain nombre de colorants ; le principe commun de ces méthodes est de faire incuber l’hémolysat à étudier avec du glucose 6 phosphate et un colorant dont la réduction se manifeste par une décoloration ou un changement de coloration, leur réalisation étant aisée, ils permettent de mener des études à grand échelle. Parmi ces tests nous citons : • Méthode de Motulsky : utilise comme colorant le bleu crésyl brillant ; la présence d’un déficit entraîne un retard à la décoloration. • Méthode de Fairbanks-Beutler : utilise un sel de tétrazolium dont la réduction s’accompagne d’un virage au bleu. 3.1.2.3. Tests de stabilité du glutathion réduit ou test de Beutler Se base sur la disparition du glutathion réduit au cours de l’incubation des érythrocytes pendant 4 heures à 37°C en présence d’oxygène, de glucose et d’acétyl phényl hydrazine. 3.1.2.4. Le fluorescent spot test ou spot test de Beutler Méthode fiable et spécifique pour les campagnes de dépistage, cette technique repose sur le fait que le NADPH est fluorescent à la lumière UV alors que le NADP ne l’est pas ; l’échantillon de sang est additionné d’un mélange de saponine (pour lyser les GR), de G6P, de 94 NADP et de tampon ; après 5 à 10 minutes, ce mélange est déposé en spots sur un papier filtre, puis mis à sécher et enfin, examiné à la lumière UV. 3.1.2.5. Dosage enzymatique de la G6PD : Reste cependant la meilleure méthode pour affirmer le diagnostic. a. Prélèvement, son transport, sa conservation : Bien que cela soit élémentaire, il faut toujours se rappeler que si le malade a été transfusé en abondance dans un passé proche, c’est toujours l’activité enzymatique des hématies des donneurs que l’on évaluera. Dans de nombreux cas , et ceci est un handicap important, le diagnostic ne pourra de ce fait, être établi qu’à distance d’une crise hémolytique et en principe seulement deux mois au minimum après la dernière transfusion à moins que le clinicien ait pensé à faire un prélèvement avant de transfuser. Le prélèvement est recueilli dans un tube contenant un anticoagulant, il est alors immédiatement placé au froid (par exemple à l’aide d’un bécher contenant de la glace) et transporté au laboratoire dans les meilleurs délais. Ces deux précautions, froid et rapidité de transport, étant destinées respectivement à freiner la glycolyse érythrocytaire et à lutter contre l’instabilité relative de l’enzyme. En raison de cette fragilité de l’enzyme, l’activité doit être mesurée dans les meilleurs délais et normalement dans les heures qui suivent le prélèvement. Si cette façon de faire toujours décrite dans la littérature, doit constituer l’attitude normale du biologiste, l’expérience montre qu’il est encore possible de déterminer une activité G6PD à la recherche d’un déficit sur un prélèvement vieux de 24 ou même 36 heures à condition de conserver le prélèvement sous forme de sang total recueilli sur héparine à + 4°C, la perte d’activité G6PD est négligeable pendant 24 heures. Cette possibilité, parfois intéressante (week-end, transport long) n’est pas transposable à la conservation d’un hémolysat. 95 b. Technique de dosage de la G6PD : • Principe : [77] Sous l’action du glucose -6- phosphate déshydrogénase, le glucose 6 phosphate est oxydé en phosphogluconate en présence de NADP+ (nicotinamide adénine- dinucléotide phosphate), celui-ci est réduit en NADPH, H+. La production du NADPH, H+ est proportionnelle à l’activité de l’enzyme. On réalise une mesure cinétique à 340 nm pendant 3 minutes. L’activité enzymatique est ensuite exprimée en mU/10( 9) GR. Pour la détermination de l’activité de la G6PD, il est nécessaire de suivre les démarches suivantes : 1ère étape : Lavage des globules rouges (GR) - Laver à trois reprises 0,2 ml de sang avec 2 ml de solution physiologique. 2ème étape : Lyse des GR Remettre le culot globulaire en suspension dans 0,5 ml de solution digitonique, centrifuger pour récupérer le surnageant. 3ème étape : dosage Le surnageant d’hémolysat est incubé en présence du NADP+ pendant 5 mn au bain – marie à 25°C, puis le G6P est ajouté. - On procède par la suite à la lecture de la densité optique à exactement T0 mn, T1 mn T2 mn et T3 mn. (DO0, DO1, DO2, DO3). - on calcule la moyenne ( m ) des élévations de la densité optique par minute : 96 DO3 - DO2 DO2 - DO1 m ∆ DO DO1 - DO0 Cette valeur est utilisée pour le calcul de l’activité enzymatique. 4ème étape : Calcul de l’activité enzymatique • 1ère méthode Activité enzymatique : m∆D0x30476 x109 GR ml (30476 : Coefficient utilisé pour une longueur d’onde de 340 nm). La valeur normale : 131 ± 13 mU/109 GR • 2ème méthode Activité en UI/g Hb : ΔD0x30476 Hb(eng/l) La valeur normale : 3,5 à 5,5 U/g Hb Dans notre étude, la confirmation du déficit a été basée sur le dosage de l’activité enzymatique de la G6PD et qui a révélé une activité faible chez tous les cas étudiés variant entre 0,28 et 3,3 UI/g Hb. Cependant on n’a pas pu évaluer les résultats du dosage de la G6PD après la période d’hémolyse, vu qu’on n’a disposé d’aucun suivi de nos malades. Ce dosage est devenu obligatoire dans certains pays telle la France permettant un dépistage néonatal du déficit en G6PD. 97 A Paris, au centre hospitalier Delafontaine, le dépistage se fait sur sang de cordon. Les résultats ont montré que la fréquence génique du déficit est de 6% chez les nouveaux- nés de sexe masculin et de 1% chez ceux de sexe féminin. (106) Dans la ville de Marseille, et depuis 1986, le même dépistage est organisé dans les maternités publiques. Son objectif est de déterminer la prévalence du déficit en G6PD et calculer le risque relatif de survenue d'un ictère néonatal en cas de déficit. Un échantillon de 7779 nouveaux- nés ayant bénéficié du dépistage a été étudié rétrospectivement. La survenue d'un ictère néonatal a été étudiée sur un groupe de 85 enfants déficitaires apparié à un groupe de 85 enfants non déficitaires.(93) La fréquence du déficit en G6PD était de 2,1% et le risque relatif de survenue d'un ictère pathologique était de 2,6% dans la population déficitaire. (93) Au Cambodge, une même étude a été faite sur 151 enfants dont 82 garçons et 69 filles, âgés de 8 à 69 mois. Le dosage de la G6PD a révélé un déficit en cette enzyme chez 14 cas (13,4 garçons et 4,3 filles) soit 9,27% du total (8,87% des garçons et 2,84% des filles). Le déficit était complet pour 7,3 des enfants et partiel dans 2 des cas. [107] 3.1.3. L’électrophorèse de l’hémoglobine Elle ne constitue pas un élément de diagnostic du déficit en G6PD , mais elle nous permet d’éliminer une hémoglobinopathie qui représente une autre cause d’hémolyse. Dans la littérature, des cas d’association de déficit en G6PD et d’hémoglobinopathies notamment de drépanocytose sont décrits. (Voir : formes associées). Dans notre étude, l’électrophorèse de l’hémoglobine réalisée chez 13 malades est revenue normale. 98 3.1.4. Test de biologie moléculaire par l’étude de l’ADN Il décèle la ou les mutations génétiques sur l’ADN, montre le génotype de l’individu et permet la connaissance de la variante en cause. Il a un intérêt diagnostique pour les variants de la classe IV du déficit, c’est un examen permettant le dépistage néonatal du déficit. Ce test est très coûteux, rarement pratiqué, réservé seulement à des laboratoires spécialisés, et ne peut être automatisé pour le moment. 3.2. Diagnostic différentiel du déficit en G6PD 3.2.1. Les autres enzymopathies : Les enzymopathies considérées comme responsables d’anémies hémolytiques sont nombreuses. La plupart des enzymes touchés font partie de la voie de la glycolyse, mais d’autres voies métaboliques, lorsqu’elles sont atteintes par un déficit, peuvent également être à l’origine d’anémies hémolytiques. 99 Déficit enzymatique Transmission Anomalies Autres anomalies hématologiques associés - - Glutathion Autosomique Anémie hémolytique synthétase récessive modérée - Glutathion Autosomique Anémie hémolytique réductase dominante modérée - Glutathion - Anémie hémolytique peroxydase - Hexokinase - - modérée Autosomique Anémie hémolytique - récessive modérée - Glucose Autosomique Anémie hémolytique phosphate récessive modérée - Phosphofructo- Autosomique Anémie hémolytique kinase complexe polyglobulie -Fructose Autosomique Anémie hémolytique Retard mental diphosphate récessive - isomérase Myopathie aldolase -Triose phosphate Autosomique Anémie hémolytique Anomalies neuro- isomérase récessive modérée à sévère musculaires -Phosphoglycérate Transmission liée Anémie hémolytique Troubles Kinase à L’x neurologiques et retard mental -Diphospho Autosomique glycérate mutase et récessive Polyglobulie - phosphatase - Enolase - Non décrite - - Pyruvate Kinase Autosomique Anémie hémolytique - récessive Tableau 17 : Autres enzymopathies érythrocytaires [78-79] 100 Dans ce chapitre nous abordons le déficit de certaines enzymes les plus fréquentes. 3.2.1.1. La voie de la glycolyse érythrocytaire Dans cette voie, le déficit enzymatique le plus fréquent est le déficit en Pyruvate Kinase. Les autres déficits sont beaucoup plus rares. Ø Le déficit en Pyruvate Kinase [59-82-83] C’est la 2ème enzymopathie en terme de fréquence après le déficit en G6PD, plus de 300 cas sont décrits, avec une répartition très ubiquitaire, ce déficit existe principalement dans le bassin méditerranéen et l’Europe du nord. La Pyruvate Kinase est un tétramère composé de 4 sous- unités de 50 à 60 kb, avec 4 isoenzymes : la forme L hépatique, la forme M1 musculaire, la forme M2 plaquettaire et leucocytaire, la forme R érythrocytaire avec deux bandes R1 et R2 en électrophorèse séparative. Elle intervient dans la seconde étape de production de l’ATP au sein de la voie glycolytique en transformant le phosphoénol pyruvate en pyruvate, son déficit induit une diminution de l’ATP intra érythrocytaire avec accumulation du Glucose 2-3 diphosphate provoquant une baisse d’affinité pour l’hémoglobine. Le déficit en Pyruvate Kinase est de transmission autosomique récessive, de nombreux variants sont décrits en se basant sur certains critères : Réduction de l’activité, diminution d’affinité pour le phosphoénol positif repose sur la mise en évidence d’une anémie hémolytique chronique de degré variable, remontant à la très petite enfance avec la notion d’ictère néo- natal sans incompatibilité fœtomaternelle. Ces hémolyses chroniques sont entrecoupées de poussées d’hémolyse au décours d’épisodes infectieux. 101 Les examens biologiques révèlent une anémie normochrome normocytaire régénérative, aspect parfois crénelé des hématies avec absence de microsphérocytes, et absence des corps de Heinz qui constitue un élément d’orientation. Le signe confirmant ce déficit est l’activité très abaissée du pyruvate kinase érythrocytaire qu’il faut savoir détecter en présence d’une forte réticulocytose. Certains cas sont dus à une anomalie fonctionnelle de l’enzyme. L’activité du Pyruvate Kinase (PK) mesurée in vitro peut être normale alors qu’elle fonctionne mal dans la cellule. Dans ce cas, une étude fonctionnelle de l’enzyme permet de déceler cette anomalie. En raison de l’hémolyse, des transfusions sont souvent nécessaires. Cependant, dans quelques cas, la splénectomie peut être efficace lorsqu’il existe une splénomégalie avec hypersplénisme. 3.2.1.2. Déficits enzymatiques intéressant le système d’oxydoréduction du glutathion [84] Ø Déficit en glutathion synthétase Ce déficit est responsable de l’anémie hémolytique congénitale non sphérocytaire avec absence isolée de glutathion réduit. Le chiffre des GR est habituellement entre 3 et 4 millions. Il n’ y a pas de déformations globulaires. La résistance osmotique est normale. L’incubation des hématies avec l’acétyl phénylhydrazine fait apparaître de nombreux corps de Heinz. L’hémoglobine est qualitativement normale. Il n’ y a pas de méthémoglobine. L’élément biochimique essentiel est l’absence totale ou la diminution considérable du taux du glutathion réduit (GSH) érythrocytaire. Ø Déficit en glutathion réductase 102 Un tel déficit a été décrit dans diverses circonstances : Au cours d’anémies hémolytiques congénitales non sphérocytaires, d’hémolyses aigues médicamenteuses ou d’états héréditaires associant des troubles neurologiques à des manifestations hématologiques isolées. Le déficit est d’intensité variable, souvent de l’ordre de 50% du taux normal. Certains cas de ce déficit ne sont pas de véritables enzymopénies congénitales : la glutathion réductase a pour coenzyme le flavine – adénine – dinucléotide ; toute carence en riboflavine entraîne une diminution apparente de l’activité enzymatique réversible par le traitement à la riboflavine. Le taux de la glutathion réductase est donc influencé par l’état nutritionnel du sujet et par d’éventuels troubles du métabolisme des flavines – nucléotides. Ø Déficit en glutathion peroxydase La glutathion peroxydase est l’enzyme qui physiologiquement sert à la détoxication des peroxydes. Son déficit a été décrit dans plusieurs circonstances : • Chez le nouveau- né où il est responsable d’une anémie hémolytique néonatale avec sensibilité médicamenteuse, présence de corps de Heinz, méthémoglobinémie, taux normal et stable du glutathion réduit. L’hémolyse s’arrête spontanément au bout de quelques semaines et l’état hématologique redevient normal vers le 3ème mois. Le taux de la glutathion peroxydase est d’environ 50% de la normale lors de l’épisode hémolytique ; il reste diminué mais moins sévèrement par la suite. • Au cours sphérocytaires d’anémies hémolytiques d’importance modérée, congénitales ainsi d’hémolyses aigues médicamenteuses chez l’adulte. 103 qu’au non cours • Au cours des cirrhoses du foie où le déficit est certainement acquis, mais de mécanisme inconnu. 4. Traitement et pronostic Dans la plupart des cas, le déficit en G6PD ne pose pas de problème pour un individu, à moins qu'il soit exposé aux agents oxydants qui peuvent endommager ses globules rouges. Les sujets avec ce déficit peuvent tolérer un peu de ces expositions, selon le défaut spécifique dans le gène. La plupart des personnes atteintes n'ont pas besoin de traitement régulier, l'anomalie génétique ne peut pas être traitée. Si une crise hémolytique se produit, une personne a besoin habituellement de traitement à court terme, cependant, la prise en charge des sujets enzymopéniques est essentiellement prophylactique. 4.1. Traitement curatif Le traitement consiste d'abord à l'identification puis l'arrêt des facteurs potentiellement hémolysants, une antibiothérapie est nécessaire s'il s'agit d'une infection. Lors de déglobulisation sévère, les transfusions sanguines sont toujours nécessaires. Rarement, la gravité de l'hémolyse peut induire un état de choc avec insuffisance rénale nécessitant une prise en charge dans un secteur de réanimation [21]. Chez les nouveaux-nés déficients présentant un ictère néo-natal, la photothérapie par lumière artificielle reste le meilleur traitement. En cas d'ictère hémolytique sévère, on a recourt à l'éxanguino-transfusion mais cette procédure est très rare actuellement. [93,94] L'administration de l'acide folique à une dose de 5 mg/j est réservée aux formes chroniques et durant la période post-hémolytique pendant deux à trois semaines. 104 Le traitement alternatif avec la vitamine E peut être utile pour diminuer l'hémolyse [95]. Dans les pays où le paludisme est endémique, les patients présentant un déficit en G6PD peuvent être traités par la primaquine à une dose de 0,6 mg/kg une fois par semaine pendant huit semaines, il est préférable d'éviter l'association de ce médicament avec un autre produit antipaludéen [96-97] Dans notre étude, tous les enfants on bénéficié d’une transfusion de culots globulaires. Huit cas nécessitaient la mise sous oxygénothérapie entre 1 à 3 l/min. Une antibiothérapie à base d'une amoxiciline simple ou associée à l'acide clavulinique était nécessaire dans les 12 cas d'infection ce qui rejoint la littérature. 4.2. Traitement préventif Dans le cas particulier du déficit en G6PD, en dehors des formes d'anémies hémolytiques chroniques relativement rares, le patient déficitaire n'est pas malade. Il le deviendra en mangeant des fèves ou étant soigné par des médicaments, ou encore en étant exposé à certains produits chimiques qui vont entraîner chez lui une hémolyse aigue. Contrairement aux modes de prévention difficiles à faire suivre dans certains domaines de santé publique, la prévention du risque de maladie est facile à observer pour les déficitaires en G6PD, à la différence des autres maladies génétiques comme la myopathie et la phénylcétonurie. La prévention passe obligatoirement par le dépistage de l'anomalie génétique. Ce test devrait être pratiqué chez tous les nouveaux-nés, dans les populations à risque, c'est un test spécifique, fiable et peu coûteux, et lorsque le déficit est dépisté, la prévention des accidents est facile. 105 Pour les mères transmettrices, elles sauront qu'elles ne peuvent avoir ellesmêmes d'incident, mais qu'elles doivent faire doser à la naissance l'activité enzymatique de tous leurs enfants en particulier les garçons, afin de rechercher un déficit. La prévention adéquate de cette anomalie génétique est surtout éviter de prescrire des médicaments susceptibles de déclencher des crises hémolytiques, la consommation de fèves sous toutes ses formes est également interdite. Au total, en pratique médicale, il faut: • Rechercher un déficit en G6PD devant toute anémie hémolytique aigue. • Hospitaliser toute suspicion de crise hémolytique aigue, vu le risque de choc et la fréquence de l'insuffisance rénale aigue. • Remettre une liste de produits hémolysants confirmés ou suspects, et rappeler que l'association de produits non hémolysants à doses thérapeutiques peut provoquer une hémolyse. • Etudier le pouvoir hémolysant éventuel de tout nouveau médicament, avant d'affirmer qu'il peut être prescrit en toute sécurité à un déficient en G6PD. Dans notre étude, une liste de produits particulièrement dangereux pour les déficients a été remise à leurs parents, afin d’éviter toute récidive. 4.3. Difficultés de prise en charge dans notre contexte La plupart des patients sont vus dans un état d’hémolyse aigue qui nécessite une transfusion sanguine d’urgence, ce qui retarde le diagnostic de certitude, prive d’une part les patients d’un traitement préventif et d’autre part les exposent aux hémolyses aigues et aux transfusions répétées. On note aussi l’absence de notion du dépistage. 106 4.4. Pronostic et complications [98] Le rétablissement spontané des crises hémolytiques est le résultat normal dans la plupart des cas de déficit en G6PD. Rarement, des complications ou parfois le décès peuvent se produire à la suite d'un événement hémolytique grave. Les enfants présentant une forme sévère du déficit peuvent avoir des problèmes de croissance et auront besoin alors d'une surveillance à long terme. Dans la forme méditerranéenne principalement, l'hémolyse ne cède pas même après l'arrêt complet de l'agresseur en cause, les transfusions sanguines sont toujours nécessaires mais peuvent être à l'origine de réactions allergiques, leur répétition expose les patients à des infections et peuvent également entraîner une hémochromatose. Les principales complications du déficit en G6PD et des crises hémolytiques qui surviennent sont le choc septique et l'insuffisance rénale aigue (IRA). Celle-ci est due à une tubulo-néphrite aigue, sa fréquence est élevée, de l'ordre de 50% en Asie et 35% en Afrique. Elle nécessite l'épuration extra rénale ou, à défaut, une diurèse forcée au Furosémide. Un travail a été fourni au Centre Hospitalier Universitaire de Lomé en France dont le but était d'étudier les facteurs précipitants de l'hémolyse aigue et de l'insuffisance rénale anurique post- hémolytique chez l'enfant déficient en G6PD. Tous les enfants ayant eu une hémoglobinurie durant la période d'étude ont été évalués de façon prospective [98]. Des 230 enfants admis, 32,1% ont eu une hémoglobinurie et un déficit confirmé de l'activité de la G6PD. Chez 35,1% de ces derniers (21 garçons et 5 filles âgés de 30 mois à 13 ans), est survenue une insuffisance rénale anurique. L'hémolyse aigue est apparue au cours de l'infection non traitée chez 53,8%, du 107 traitement hospitalier chez 46,1% et en cas d'association de médicaments réputés non hémolysants entre eux ou à d'autres chez 84,6% [98]. L'insuffisance rénale est survenue dans tous les cas sous traitement, a été sévère en cas d'infections à germes multiples (30,7%) ou d'associations médicamenteuses (84,6%), réversible chez 80,7% des enfants et fatale chez 19,2% [98]. L'infection à germes multiples et les associations médicamenteuses sont apparues comme les facteurs majeurs précipitant cette insuffisance rénale posthémolytique chez le déficient en G6PD dont la fréquence très élevée en milieu tropical fait suspecter une participation des infections endémiques locales. Dans notre étude, l’évolution des malades a été bonne après transfusion en dehors d un seul cas : Il s'agit de l'enfant Siffeddine A (observation n° 20), âgé de 15 mois, unique de sa famille, sans antécédents personnels ni familiaux particuliers, hospitalisé au service pour pâleur cutanéo-muqueuse et troubles de la conscience. Il a présenté 48 heures après ingestion de petits pois une crise d'hémolyse aigue avec pâleur sévère, urines foncées et fièvre à 39,5°C, accompagnée d'un état d'obnubilation et compliquée quelques heures plus tard d'un état de mal convulsif auquel l'enfant a gardé un déficit hémi-corporel gauche. Il n'avait pas d'hépatosplénomégalie. Son bilan a montré une Hb à 4,1 g/100ml, un VGM à 92 µ 3, une CCMH à 32% et un taux de GB à 14000/mm3, son ionogramme sanguin n'a objectivé aucune anomalie, on avait effectué une ponction lombaire dont le résultat était normal. Le dosage de la G6PD a montré une valeur diminuée : 2,7 UI/gHb. La radiographie thoracique avait révélé une pneumopathie gauche. 108 Une TDM cérébrale était réalisée montrant des images hypodenses faisant évoquer des accidents vasculaires cérébraux d'allure ischémique du territoire jonctionnel postérieur. L'association du déficit en G6PD à une drépanocytose était discutée vu la notion d'hémolyse et d'AVC ischémique. Une électrophorèse de l'hémoglobine est en cours. L'enfant était mis sous oxygénothérapie, antibiothérapie avec antipyrétiques, il a bénéficié également d'une aspiration avec remplissage et d'une transfusion de 200cc de culots globulaires en 3heures. Son évolution était très lente, l'examen du malade à sa sortie avait trouvé un syndrome cérébelleux associé à un syndrome pyramidal. 5. Surveillance des sujets déficitaires 5.1. Diététique et suppléments de vitamines dans les cas d'hémolyses chroniques • L'alimentation doit être équilibrée, particulièrement en ce qui concerne l'apport protéique. Cette considération vaut surtout pour les formes hémolytiques au cours des grossesses, en l'absence de besoin transfusionnel. • Le supplément en acide folique (vitamine B9) ne doit pas être systématique. Le risque de carence est cependant plus important chez les déficitaires que dans la population générale, et un apport de 5 à 10 mg/j est recommandé de façon systématique à chaque fois que l'hémolyse chronique est notable. • Le supplément en tocophérol (vit E) est d'une utilité encore mal connue; mais se justifie quand l'hémolyse oxydative est évidente. • Le supplément en fer (par médicament) est à éviter systématiquement tant que la carence n'en a pas été démontrée car il peut avoir un pouvoir oxydant. 109 5.2. Surveillance clinique et biologique Après le diagnostic et l'évaluation clinique de la sévérité de l'hémolyse, il n'y a plus de raisons d'effectuer des contrôles biologiques réguliers. C'est la situation clinique qui doit guider la décision d'investigation. v Les parents du patient ou lui-même, doivent savoir reconnaître les principaux symptômes amenant à consulter: - Pâleur, fièvre, ictère, un trouble de transit. - Fatigue ou anorexie inexpliquées, émission d'urines foncées, malaise après la prise d'un médicament. v La recherche par échographie de calculs de la vésicule et des voies biliaires sera faite en cas de crise de coliques hépatiques ou de réapparition d'un ictère. v Transfusion: le don du sang de la part d'un sujet déficitaire est interdit, et l'autotransfusion est déconseillée. v Anesthésie locale ou générale: très peu de produits utilisés à cette fin posent un problème. v Dans les pathologies susceptibles de donner lieu à des accidents hémolytiques et ictériques à la naissance, il faut avertir l'obstétricien et le pédiatre. 110 V. PREVENTION ET RECOMMANDATION 1. Recommandations Les sujets atteints du déficit enzymatique en G6PD doivent éviter les substances pouvant induire des accidents hémolytiques. Toute prescription de ces produits est également à éviter formellement chez les déficitaires même s'il existe des variations importantes individuelles. Ces produits peuvent être dangereux sous toutes les formes: Collyre, souscutanée, intramusculaire, intraveineuse, pommade, etc.… Les produits qui ne sont théoriquement dangereux que lorsque l'on dépasse les doses thérapeutiques habituelles sont également à utiliser avec précaution. Cependant, le sujet déficient, avant d'en prendre un, devrait discuter avec son médecin afin de s'assurer qu'il n'existe pas d'autre traitement aussi efficace et qui ne serait aucunement dangereux. Les tableaux 18 et 20 donnent une liste des principaux produits nocifs chez les sujets enzymopéniques. La liste des médicaments ne peut être exhaustive. Elle a été établie en avril 2004 à partir des listes de médicaments dangereux (liste Biam 2004; site Rialto, USA, 99) et les listes éditées et publiées par: • L'OMS en 1989 • Le professeur Beutler en 1991, 1994. • Le professeur Dreyfus en 1992. • Le professeur Luzatto en 1998. • Le Docteur Vulliamy en 2000. • Le centre régional de Pharmacovigilance et de renseignements sur les médicaments de Haute Normandie. 111 Cette liste devrait être complétée chaque année, par l'intermédiaire des médecins traitants, qui se renseigneront auprès des spécialistes hospitaliers, pour savoir si des produits nouveaux ou anciens doivent être ajoutés parce qu'ils ont entraîné une hémolyse chez un déficitaire en G6PD. Très hémolytiques: Primaquine Antipaludéens Faiblement hémolytique: Plasmoquine, Chloroquine, Quinine, Pentaquine Pamaquine, Mépacrine Cotrimoxazol (Sulfaméthoxazole et trimethoprime). Sulfamides Sulfasalazine (Salazopyrine) Sulfapyridine, Sulfacétamide Sulfanilamide, Thiazolsulfone, sulfoxone Quinolones Autres anti- bactériens Chloramphénicol, Nitrofurantoine Furazolidone , Nitrofurazone Acide para-aminosalicylique Très hémolytiques: Phénacétine, Acétanilide Faiblement hémolytique Analgésiques Acide Acétylsalicylique Noramidopyrine, Antipyrine Pyramidon, Glaphénine Acide ascorbique Médicaments divers Probénicide Vitamine K hydrosoluble Naphtalène Bleu de méthylène Bleu de Toluidine Bisulfate de ménadione sodique néosolvarsan, Isoniazide Streptomycine, Gliclazide Glipizide, Glibenclamide Tableau 18: Médicaments susceptibles d'occasionner des accidents hémolytiques chez les déficients en G6PD. 112 Arabic Fool Berbère( rifi, amazigh) Ibawen Catalan Fava Chinese Tzan-doo Dutch Tuinboon English Fava or Broad Bean Farsi (persian) Ba-ghe-leh French Fève German Favabohnen Greek koukia Italian Fava (pl fave) Kurdish Paqla Malay Kacang Kuda Spanish Haba Turkish Bakla Urdo (pakistan and India) Loubhiya, Rajma, Jheam Tableau 19 : La dénomination des fèves dans différentes langues 113 Dénomination en français Dénomination en arabe اﻟﻔﻮل اﻟﺠﻠﺒﺎﻧﺔ اﻟﮭﻨﺪﯾﺔ اﻟﻠﻮﺑﯿﺎ اﻟﺨﻀﺮاء اﻟﻘﻮق اﻟﻜﺮﻣﻮس اﻟﺸﺮﯾﺤﺔ اﻟﺒﻮﺑﺎل Les fèves Les petits pois Les figues de barbarie Les haricots Les artichaux Les figues Les figues sèches Les asperges ( اﻟﺰرﻧﯿﺞ،اﻟﺴﺒﺎﻧﺦ اﻟﺒﻘﻮﻟﯿﺎت )اﻟﺮﺟﻠﺔ Les épinards Tableau20: Aliments à éviter en cas de déficit en G6PD • Avant d'autoriser l'allaitement maternel, il faut s'assurer que la mère n'a reçu aucun produit potentiellement hémolysant. • La supplémentation du nouveau-né en vitamine K hydrosoluble est à éviter, il est plus approprié de la remplacer par la forme liposoluble de vitamine K (Vitamine K1 ou phytoménadione). 2. Conseil génétique Lorsque le déficit en G6PD est découvert puis confirmé chez un sujet, il est préférable de faire le dosage de l'activité enzymatique en G6PD chez tous les garçons de la famille, il serait aussi souhaitable d'étendre l'étude aux sœurs et aux cousines susceptibles d'être transmettrices, voire déficitaires. L'intérêt de ce dépistage est la mise en évidence des sujets enzymopéniques n'ayant jamais eu de crises hémolytiques ou ayant présenté des symptômes discrets passés inaperçus. Le tableau 21 donne des médicaments qui peuvent être prescrits sans aucun danger chez les personnes enzymopéniques. 114 Anti- coagulants Vitamine K® liposoluble Pénicillines Colimycine®, Néomycine® Sintrom®, Calciparine Macrolides Oracilline®, Clamoxyl®, Augmentin® Sérum physiologique Tétracyclines Rovamycine®, Erythrocine® Amoxicillines Tergynan®, Mycolog® Lidocaïne® Anesthésiques locaux Famille des esters- procaïne, Xilocaïne®, Xilocard®, Otoralgyl® Articaïne® dentaire Anesthésiques généraux Analgésiques Curarisants Sulfenta®, Fentanyl® Narcotiques Flaxedil®, Mercuron® - Au réveil on peut neutraliser si besoin Diprivan® les curares par atropine et prostigmine®, et les analgésiques par du Narcan® - Equivalent plasmique utilisable: elocs ou autre amidon - Prémédication: Atarax® Divers Imodium®, Ercéfuril® Antidiarrhéiques Surgam®, Voltarène®, Profénid® Anti- inflammatoires non Brufen®, Kétoprofène® stéroïdiens non salicylés Collyres ophtalmiques Bacicoline® à la bacitracine Anti- acides Phosphalugel®, Magnésie® bismurée Psychotropes Valium®, Témesta® Antispasmodiques Atropine®, Buscopan® Sclérosants de varices Lauromacrojol 400® Somnifères Immovane®, Stilnox® Hypolipémiant Lipanthyl® Anti- inflammatoires Cortancyl® Tableau 21 : Proposition de médicaments qui ne semblent pas dangereux et qui pourraient être prescrits dans toutes les variantes 115 CONCLUSION 116 Le groupe des anémies hémolytiques par déficit enzymatique est dominé par le déficit en G6PD. Ces anémies sont dues à un trouble intrinsèque de l’hématie mais ne sont le plus souvent révélées que par l’intervention d’un facteur exogène : fève, médicaments, infections, autres Plusieurs listes d’agents pharmacologiques susceptibles de déclencher une crise d’hémolyse chez les déficients en G6PD ont été publiées. Ces substances ne sont pas nécessairement dangereuses pour tous les déficients en raison du polymorphisme que revêt cette affection, mais elles sont cependant à éviter, la tolérance de ces sujets étant imprévisibles à l’avance. L’intensité de la crise dépend du produit incriminé, du type génétique du déficit et d’autres facteurs individuels mal définis. Dans la forme observée chez les Noirs, le déficit est surtout important dans les GR les plus âgés ; le processus hémolytique est autolimité : le taux d’hémoglobine se stabilise même si la substance en cause est toujours administrée ; à l’inverse, chez les méditerranéen, le déficit touche l’ensemble de la population érythrocytaire ; l’hémolyse est plus sévère et ne cesse qu’après arrêt du produit incriminé. Au cours de notre étude prospective effectuée au service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès, sur une période portant sur 3 ans, nous avons pu relever 30 cas de déficit en G6PD, tous de sexe masculin. L’incidence de cette anémie d’origine enzymopénique comparée aux autres anémies hémolytiques (68 cas pendant la même période) est de 44,11%. Le diagnostic de ce déficit était fortement suspecté devant le déclenchement d’une crise d’hémolyse aigue dans les 24 à 48 h après ingestion de fèves, et confirmé biologiquement par le dosage de l’activité enzymatique de la G6PD. 117 Au terme de ce travail, nous insistons sur l’intérêt de la prévention qui reste le meilleur traitement et qui consiste à écarter tous les produits dangereux dont la liste est remise aux parents de l’enfant à sa sortie de l’hôpital. 118 RESUME 119 Le déficit en G6PD est l’enzymopathie érythrocytaire la plus répandue dans le monde. C’est une maladie héréditaire liée au sexe, portée par le chromosome X. Cette enzymopathie est polymorphe, revêtant des aspects cliniques très variés : formes latentes, anémies hémolytiques aigues acquise, anémie hémolytique congénitales non sphérocytaires et favisme. L’objectif de ce travail est d’étudier les paramètres : épidémiologiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutifs, d’évaluer l’intérêt de dosage enzymatique, au cours et après la période d’hémolyse et d’identifier les difficultés de prise en charge dans notre contexte. Au cours de notre étude prospective effectuée au service de pédiatrie du CHU Hassan II sur une période du 1er mars 2005 au 30 mai 2007, nous avons analysé les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, biologiques, thérapeutiques, préventifs et évolutifs du déficit en G6PD, et nous nous sommes intéressés à tous les enfants hospitalisés pour anémie hémolytique avec notion de prise d’un agent oxydant d’hémoglobine dans les quelques jours précédant la crise d’hémolyse. Pendant cette période nous avons relevé 68 cas hospitalisé pour anémie hémolytique dont 30 cas de déficit en G6PD soit une incidence hospitalière de 2,6%. On a noté une prédominance du sexe masculin à 100%’l’age de survenue variait entre 8 mois et 12 ans, la saison de notre étude était le printemps avec11 cas au mois de mars et 17 cas au mois d’avril. Le favisme était le principal facteur déclenchant (53,33%), l’infection a été notée dans 33,33% L’anémie était sévère normochrome normocytaire avec une forte réticulocytose (le taux d’Hb variait entre 2,3 et 9,4 g/dl). Le dosage enzymatique de la G6PD était bas chez tous les malades. La transfusion a été réalisée chez tous les enfants et l’antibiothérapie à base d’amoxiciline a été administrée chez 12 malades qui avaient une infection. 120 L’évolution était favorable chez tous les malades. Au terme de ce travail, nous insistons sur le traitement préventif qui reste un volet thérapeutique important et consiste à proscrire tous les produits dangereux figurant sur une liste remise aux parents des enfants à leur sortie de l’hôpital. 121 ABSTRACT The glucose-6-phosphate dehydrogenase (G6PD) deficit is the most widespread erythrocytic enzymopathy all over the world. It is an inherited disease related to sex, and it is borne by the X chromosome. This enzymopathy is polymorphous, covering a variety of clinical aspects: latent forms, a cute Abrami’s disease, non spherocytic hereditary hemolytic anemia, and fabism. The goal behind this work is: to study epidemiological, clinical, paraclinical, therapy and evolutive parameters, to evaluate the enzyme assay and its interest during and after the hemolysis stage, and to identify the difficulties of care in our context. During our prospective study done in the pediatric service of CHU Hassan II along a period going from March 1st, 2005 to May 30th, 2007, we analyzed the epidemiological, clinical, biological, therapeutic, preventive and evolutive features concerning G6PD deficit, and we had been interested in all hospitalized children admitted for hemolytic anemia and who had taken a hemoglobin oxidizer days before the hemolysis seizure. During this period, we raised 68 cases hospitalized for hemolytic anemia, among which 30 cases suffered from G6PD deficit, thus representing an impact of 2,6%. We noted a 100% male predominance. The age of onset varied between eight months and twelve years. Spring was the season in which our study was carried, treating 11 cases in March and 17 cases in April. The fabism was the principal triggering factor (53,33%), and infection was noted in 33,33% of the cases. Anemia was a rash normocytic with a high rate of reticulocytosis (hemoglobin rate varied between 2,3 and 9,4 g/dl). However, G6PD enzyme assay was low within all the patients. 122 The transfusion was achieved for all the children and twelve patients, who suffered from an infection, were administered an antibiotic therapy based on amoxicillin. All the patients showed a positive evolution. At the end of the work, we insist on the preventive treatment which is an important component of the therapy and which consists on outlawing all the dangerous products. These latter are gathered in a list and given to the infants’ parents as they leave the hospital. 123 ﻣﻠﺨﺺ إن اﻟﻨﻘﺺ ﻓﻲ اﻷﻧﺰﯾﻢ G6PD داﺧﻞ اﻟﻜﺮﯾﺎت اﻟﺤﻤﺮاء ﯾﻌﺪ ﻣﻦ اﻷﻣﺮاض اﻟﻮراﺛﯿﺔ اﻟﺘﻲ ﺗﻨﺘﻘﻞ ﺑﻮاﺳﻄﺔ اﻟﺠﺴﯿﻢ أﻟﺼﺒﻐﻲ اﻟﻤﺆﻧﺚ ) اﻟﻜﺮوﻣﻮزوم X (. ھﻨﺎك ﻋﺪة ﻋﺎھﺎت ﻣﺘﻌﻠﻘﺔ ﺑﻨﻘﺼﺎن أﻧﺰﯾﻤﺎت اﻟﻜﺮﯾﺎت اﻟﺤﻤﺮاء ،ﻟﻜﻦ اﻟﻨﻘﺺ ﻓﻲ G6PD ﯾﺒﻘﻰ ھﻮ اﻷﻛﺜﺮ اﻧﺘﺸﺎرا ﻋﺒﺮ اﻟﻌﺎﻟﻢ. اﻟﺤﺎﻻت اﻟﺴﺮﯾﺮﯾﺔ اﻟﺘﻲ ﯾﻤﻜﻦ أن ﯾﻜﺘﺴﯿﮭﺎ ھﺬا اﻟﻨﻘﺺ ﻣﺘﻌﺪدة و ﻣﺘﻨﻮﻋﺔ :ﺣﺎﻻت ﻋﺪﯾﻤﺔ اﻷﻋﺮاض ،ﻓﻘﺮ دم اﻧﺤﻼﻟﻲ وراﺛﻲ ﻏﯿﺮ ﻣﺘﻌﻠﻖ ﺑﺎﻟﺨﻼﯾﺎ اﻟﻜﺮوﯾﺔ،ﻓﻘﺮ دم اﻧﺤﻼﻟﻲ ﺣﺎد ﻣﻜﺘﺴﺐ و اﻟﺘﺴﻤﻢ ﺑﺎﻟﻔﻮل ) ﻓﺎﻗﯿﺰم (. اﻟﮭﺪف ﻣﻦ ھﺬا اﻟﻌﻤﻞ ھﻮ دراﺳﺔ اﻟﻤﺆﺷﺮات :اﻟﻮﺑﺎﺋﯿﺔ ،اﻟﺴﺮﯾﺮﯾﺔ ،اﻟﺘﻜﻤﯿﻠﯿﺔ ،اﻟﻌﻼﺟﯿﺔ و اﻟﺘﻄﻮرﯾﺔ ،ﺗﻘﯿﯿﻢ ﻓﺎﺋﺪة ﻗﯿﺎس ﻧﺸﺎط اﻷﻧﺰﯾﻢ G6PD ﺧﻼل وﺑﻌﺪ اﻟﻔﺘﺮة اﻹﻧﺤﻼﻟﯿﺔ .و ﺗﺤﺪﯾﺪ ﺻﻌﻮﺑﺎت إﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ اﻟﺘﺪﺑﯿﺮ ﻓﻲ ﻧﻄﺎﻗﻨﺎ. ﺧﻼل ﺗﻨﺎوﻟﻨﺎ ﻟﻠﺒﺤﺚ داﺧﻞ ﻣﺼﻠﺤﺔ ﻃﺐ اﻷﻃﻔﺎل ﺑﺎﻟﻤﺮﻛﺰ اﻻﺳﺘﺸﻔﺎﺋﻲ اﻟﺠﺎﻣﻌﻲ اﻟﺤﺴﻦ اﻟﺜﺎﻧﻲ ﺑﻔﺎس ﺧﻼل 3ﺳﻨﻮات )ﻣﻦ 1ﯾﻨﺎﯾﺮ 2005إﻟﻰ 30ﻣﺎﯾﻮ ، ( 2007ﺣﻠﻠﻨﺎ اﻟﺨﺼﺎﺋﺺ اﻟﻮﺑﺎﺋﯿﺔ،اﻟﺴﺮﯾﺮﯾﺔ، اﻟﺒﯿﻮﻟﻮﺟﯿﺔ،اﻟﻌﻼﺟﯿﺔ ،اﻟﻮﻗﺎﺋﯿﺔ و اﻟﺘﻄﻮرﯾﺔ ﻟﻠﻨﻘﺺ ﻓﻲ اﻷﻧﺰﯾﻢ G6PDواھﺘﻤﯿﻨﺎ ﺑﻜﻞ ﺣﺎﻻت ﻧﻘﺺ اﻟﺪم اﻻﻧﺤﻼﻟﻲ اﻟﺘﻲ ﻇﮭﺮت ﻋﻨﺪ اﻷﻃﻔﺎل وذﻟﻚ أﯾﺎﻣﺎ ﻗﻠﯿﻠﺔ ﺑﻌﺪ اﺳﺘﮭﻼﻛﮭﻢ ﻣﺎدة ﻣﺆﻛﺴﺪة ﻟﻠﮭﯿﻤﻮﺟﻠﻮﺑﯿﻦ. . ﺧﻼل ھﺬه اﻟﻔﺘﺮة أﺣﺼﯿﻨﺎ 68ﺣﺎﻟﺔ ﻟﻔﻘﺮ اﻟﺪم اﻻﻧﺤﻼﻟﻲ ،ﻓﻲ 30ﺣﺎﻟﺔ ﻣﻨﮭﺎ ﻓﻘﺮ اﻟﺪم ﻧﺎﺗﺞ ﻋﻦ ﻧﻘﺺ ﻓﻲ اﻷﻧﺰﯾﻢ G6PD وﻣﻨﮫ ﻓﺎﻟﻨﺴﺒﺔ اﻟﻤﺌﻮﯾﺔ اﻻﺳﺘﺸﻔﺎﺋﯿﺔ ﻟﮭﺬا اﻟﺪاء ھﻲ ...و ﻗﺪ ﻻﺣﻈﻨﺎ أن ﺟﻤﯿﻊ اﻟﻤﺼﺎﺑﯿﻦ ﻛﺎﻧﻮا ذﻛﻮرا و ﺳﻨﮭﻢ ﯾﺘﺮاوح ﻣﺎﺑﯿﻦ 8ﺷﮭﻮر و 12ﺳﻨﺔ. اھﺘﻢ ﺑﺤﺜﻨﺎ ﺑﻔﺼﻞ اﻟﺮﺑﯿﻊ ﺣﯿﺚ ﺳﺠﻠﻨﺎ 11ﺣﺎﻟﺔ ﻓﻲ ﺷﮭﺮ ﻣﺎرس و 17ﺣﺎﻟﺔ ﺧﻼل ﺷﮭﺮ اﺑﺮﯾﻞ ﻛﺎن اﻟﺘﺴﻤﻢ ﺑﺎﻟﻔﻮل ) اوﻓﺎﻓﯿﺰم ( اﻟﺴﺒﺐ اﻟﺮﺋﯿﺴﻲ اﻟﻤﺆدي ﻟﻈﮭﻮر اﻹﺻﺎﺑﺎت و ﻛﺎﻧﺖ ﻧﺴﺒﺘﮫ 55 ,33ﻓﻲ اﻟﻤﺎﺋﺔ ،أﻣﺎ ﺑﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻟﻠﺘﻌﻔﻨﺎت ﻓﺘﻤﺜﻠﺖ ﻓﻲ 33,33ﻓﻲ اﻟﻤﺎﺋﺔ. ﻓﻘﺮ اﻟﺪم ﻛﺎن ﺣﺎدا و ﺗﺮاوﺣﺖ ﻧﺴﺒﺔ اﻟﮭﯿﻤﻮﻟﻮﺟﯿﻦ ﺑﯿﻦ 2,3و 9,4غ /ل. ﻗﯿﺎس ﻧﺸﺎط اﻷﻧﺰﯾﻢ ج ،س ،ب ،د ﻛﺎن ﻣﻨﺨﻔﻀﺎ ﻋﻨﺪ ﺟﻤﯿﻊ اﻟﻤﺮﺿﻰ. ﻟﻌﻼج اﻟﺤﺎﻻت اﻟﻤﺪروﺳﺔ ﺗﻤﺖ ﻋﻤﻠﯿﺔ ﺣﻘﻦ اﻟﺪم ﻟﺪى ﺟﻤﯿﻊ اﻷﻃﻔﺎل و اﻇﺎﻓﺔ اﻟﻤﻀﺎدات اﻟﺤﯿﻮﯾﺔ اﻟﻤﻜﻮﻧﺔ ﻣﻦ اﻻﻣﻮﻛﺴﯿﺴﯿﻠﯿﻦ ﻟﻔﺎﺋﺪة 12ﺣﺎﻟﺔ ﻛﺎﻧﺖ ﺗﻌﺎﻧﻲ ﻣﻦ ا ﻟﺘﻌﻔﻨﺎت. 124 ﺗﻄﻮر اﻟﺤﺎﻻت اﻟﻤﺮﺿﯿﺔ ﻛﺎن اﯾﺠﺎﺑﯿﺎ ﻋﻨﺪ ﺟﻤﯿﻊ اﻟﻤﺮﺿﻰ. ﻓﻲ ﻧﮭﺎﯾﺔ ھﺬه اﻟﺪراﺳﺔ ،ﻧﺆﻛﺪ ﻋﻠﻰ ﺿﺮورة و أھﻤﯿﺔ اﻟﻮﻗﺎﯾﺔ اﻟﺘﻲ ﺗﺒﻘﻰ اﻟﺪواء اﻷﻧﺠﻊ وﺗﻘﺘﻀﻲ إﺑﻌﺎد ﺟﻤﯿﻊ اﻟﻤﻮاد اﻟﺨﻄﯿﺮة اﻟﺘﻲ ﺗﻮﺻﻒ ﻋﻠﻰ ﺷﻜﻞ ﻻﺋﺤﺔ ﯾﺘﻢ ﺗﻘﺪﯾﻤﮭﺎ ﻵﺑﺎء اﻷﻃﻔﺎل ﻋﻨﺪ ﺧﺮوﺟﮭﻢ ﻣﻦ اﻟﻤﺴﺘﺸﻔﻰ. 125 ABREVIATIONS Arg Arginine Asn Asparagine ADN Acide désoxyribonucléique ATP Adénosine triphosphate Asp Acide aspartique AVC Accident vasculaire cérébral CCMH Concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine DNA Deoxyribonucleic acid Fig Figure G6P Glucose 6 phosphate G6PD Glucose 6 phosphate déshydrogénase GSH Glutathion réduit GSSG Glutathion oxydé GB Globule blanc Hb Hémoglobine Hte Hématocrite GR Globule rouge Kb Kilobases Leu Leucine Max Maximum Met Méthionine Min Minimum NFS Numération formule sanguine OMS Organisation mondiale de la santé NADP Nicotinamide adénine dinucléotide phosphate P Pour Phe Phénylalanine PK Pyruvate Kinase Pl Pluriel Pro Pronine PLQ Ser Plaquettes Serine TCMH Teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine TDM Tomodensitométrie Val Valine VGM Volume globulaire moyen UV Ultra violet 126 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 127 [1]. 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