Les anémies chez le chien et le chat

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Les anémies chez le chien et le chat
Les anémies chez le chien et le chat Un mémento pour la pratique quotidienne
L’augmentation des déplacements et des
importations des animaux des 4 coins du globe
apportent de nouveaux défis diagnostiques, en
particulier dans le domaine des maladies
vectorielles.
du frottis sanguin à l’aide du microscopique du
cabinet.
Couramment rencontré dans la pratique
quotidienne est le syndrome anémie défini
cliniquement (pâleur des muqueuses etc..) et
par ses signes biologiques : diminution des taux
d’hémoglobine,
d’hématocrite
et de
la
numération globulaire.
La classification des anémies chez le chien et le
chat peut être envisagée sous différents angles,
la
démarche
diagnostique
couramment
employée étant basée sur l’évaluation de la
réponse médullaire par la numération des
réticulocytes.
En pratique, le caractère régénératif d’une
anémie peut aussi être apprécié par l’examen
Photo 1 : Muqueuse buccale porcelaine sur un chien
Diagnostic
Après avoir jugé de la sévérité de l’anémie
(diminution des Ht et Hb), il est nécessaire
d’évaluer le degré de régénération par la
numération des réticulocytes circulants, qui ne
sera fiable que 2 à 4 jours après le
commencement
de
l‘
anémie.
Une
réticulocytose (chien >60 /nl et chat >30/nl)
confirme une régénération, une réticulocytose
importante (> 120 /nl chez le chien et 100/nl
chez le chat) est souvent corrélée à des
saignements aigus ou une hyperhémolyse.
Sur le frottis sanguin, sont notées une
anisocytose
érythrocytaire
et
une
polychromatophilie (voir photo 2), ainsi qu‘
une érythroblastose et une augmentation du
nombre d’hématies avec un corps de HowellJolly. Deux frottis et numérations espacés de
plus de 5 jours sont parfois nécessaires pour
observer
et
quantifier
la
régénération
(réticulocytose fluctuante).
(concentration en hémoglobine des réticulocytes)
permet d‘ objectiver cette anémie ferriprive
(fourni avec les réticulocytes).
Principales causes d’anémie hémolytique:
… Hémolyse mécanique
o Microangiopathie. Ex.:vasculopathie
diabétique
ou
urémique,
dirafilariose, tumeur (hémangiosarsarcome), CIVD
o Hématies anormalement fragiles :
anomalies congénitales telles que
déficience en PF et PFK),
méthémoglobinisation
… Hémolyse toxique / médicamenteuse
avec corps de Heinz (oignon, Zn,Cu, Se
paracétamol) ou ponctuations basophiles
(Pb), nombreux xénobiotiques possibles
… Hémolyse infectieuse par action directe
d’un hémoparasite (Babesia/Theileria,
“hémobartonelles“),souvent en association
avec une
…
Photo 2 : Hématies polychromatophiles
Les anémies régénératives
Les anémies régénératives ont deux principales
causes : des saignements ou une hémolyse
(anémie par destruction des hématies
ou
diminution de leur durée de vie).Une baisse des
protéines totales accompagne souvent les
anémies hémorragiques (chroniques) ainsi
qu’une thrombocytopénie, mais suivie de
thrombocytose rebond dès 3 à 5 jours. Dans le
cas contraire, une exploration de l’hémostase
primaire et secondaire est à envisager (T.Quick,
T. de thrombine, T; de céphaline activée).
Les saignements chroniques et /ou récidivants
conduisent à une anémie microcytaire
hypochrome (hyporégénérative), par déperdition
de fer. Le paramètre assez récent CHR
AHMI (Anémie à Médiation Immune)
o infectieuse :hémoparasites, FeLV,
leptospirose,..
o Médicamenteuse / toxique : pénicil cilline,TMP-sulfamides, envenimation ophidienne,...
o liée à une hémopathie maligne
o Autoimmune/ idiopathique : lupus
érythémateux systémique, ...
Tests de Coombs direct et indirect :
Une anémie hémolytique à médiation immune
(AHMI) ou autoimmune (AHAI) peut être
confirmée par un test de Coombs direct
(sensibilisation
des
hématies
par
des
immunoglobulines à leur surface) et /ou indirect
(présence d’immunoglobulines anti-hématies
dans le sérum). Une auto-agglutination
observée à l’oeil nu sur lame doit conduire à
réaliser ces tests (cave : ne pas confondre avec la
rouleau-formation).
L’observation sur le frottis sanguin de nombreux
sphérocytes (hématies sphériques, plus foncées et
d’un diamètre d’environ 2/3 des hématies normales)
confirme
l’hémolyse
à
médiation
immune.
NB: Toutes les AHMI / AHAI ne sont pas
régénératives.
Les anémies arégénératives
Une
anémie
arégénérative
voire
hyporégénérative est une anémie centrale, par
déficit de la production des hématies
(érythropoïèse absente, diminuée ou inefficace).
Arégénératif ne veut pas dire irréversible
(ex. :anémie par hyperoestrogénisme rétrocédant
après exérèse de la gonade tumorale).
Les causes des anémies arégénératives sont
très variées. En effet, de nombreuses
inflammations et infections aigues et chroniques
diminuent l’érythropoïèse: : ce sont les anémies
des syndromes inflammatoires, le plus
souvent légère à modérée, normochrome et
normocytaire. L’aspect de l’anémie est identique
dans une insuffisance rénale chronique -IRC(baisse de la synthèse de l’EPO) ou par une une
insuffisance hépatique- IHC- (baisse de la
synthèse des globulines).
Anémies par carence
Les carences sont rares avec les régimes
alimentaires actuels. La carence ou déperdition
en fer ,voire vitamine B6 ou cuivre, conduit à
une anémie microcytaire hypochrome ; la
carence en vitamine B12 ou acide folique est à
l’origine
d’une
anémie
macrocytaire
normochrome (prédisposition du Schnauzer géant).
Les anémies d’origine infectieuse
Les anémies infectieuses, régénératives ou non,
sont dues primairement à un agent pathogène
(bactéries, virus, parasites) ou secondaires à
une infection.
Ces
anémies directement liées à une
infection sont d’aspect variable selon les
agents impliqués. Toute infection bactérienne
chronique
peut
causer
une
anémie
normochrome normocytaire hyporégénérative ;
l’anémie induite par le FelV, le FIV ou le
parvovirus canin est plutôt non régénérative,
avec
pour
le
FelV
un
syndrome
myélodysplasique associé.
Les indications du myélogramme
En l’absence de cause systémique clairement
identifiée, le myélogramme reste le meilleur
examen pour aboutir à un diagnostic, en
particulier dans les cas de pancytopénies
associées à une moelle pauvre (hypo-/aplasie
médullaire) ou envahie, par des cellules
tumorales notamment. Du même coup peuvent
être recherchés par PCR des agents
pathogènes comme des leishmanies ou des
Ehrlichia.
Les hémoparasites
Sous ce vocable d‘“hémoparasites“
sont
rassemblés des protozoaires comme les
Babesia, ou Hepatozoon et des bactéries
comme
les
mycoplasmes
hémotropes
(„hémobartonelles“).
Photo 3: Babesia canis
Les intoxications
De nombreux médicaments et toxiques sont
responsables
d’anémies
hémolytiques
régénératives (zinc,etc.. cf infra) ou
non
régénérative par myélosuppression plus ou
moins réversible. Dans cette dernière catégorie,
on trouve entre autres la griséofulvine, des
anticancéreux,
certains
antibiotiques
(pénicillines,
TMP-sulfamides,..)
et
l’hyperoestrogénisme associé à une tumeur
ovarienne ou un sertolinome.
Photo 4 : Mycoplasme hémotrope chez un Chat
Ces parasites sont responsables d’une
hémolyse directe pouvant être, secondairement
amplifiée par un mécanisme auto-immun.
Ehrlichia canis ,parasite des monocytes, ou
Anaplasma phagocytophylum, parasite des
granulocytes, induisent ainsi la production
d’anticorps anti-hématies.
Le diagnostic est soit direct ,en phase aigue, par
observation sur un frottis sanguin ou PCR, soit
indirect, par sérologie pour les formes
chroniques.
Photo 5 :Morula d’Anaplasma phagocytophylum
Le mot de la fin
Ce cour mémento n’avait pas pour prétention de
faire le tour des anémies chez le chien et le
mais de vous aider dans votre démarche
diagnostique face à ce syndrome fréquent
qu’est l’anémie.
Dans la foulée de votre diagnostic clinique, le
„jeu“
consiste
à
cibler
les
examens
complémentaires, biologiques en particulier,
pour confirmer l‘ anémie, la caractériser et en
évaluer la gravité et, si possible, en découvrir la
ou les causes pour mettre en place un
traitement spécifique et adapté.

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