Mémoire vive - Boulogne

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Mémoire vive - Boulogne
mémoire vive
Mai 2011
Boulogne-Billancourt
Notre histoire
© Bahi
Yvonne Orloff, resistante
boulonnaise, entourée des jeunes
lycéennes Clémence et Charlotte.
CONCOURS NATIONAL DE LA RÉSISTANCE
Anciens, lycéens,
la mémoire partagée
Le service des Archives de la Ville a largement contribué
à un passionnant ouvrage collectif réalisé par des élèves
du lycée Notre-Dame de Boulogne, dans le cadre du Concours
National de la Résistance. Quand mission se conjugue avec
transmission.
uschwitz, le 5 avril. Un groupe de
lycéens et leurs professeurs franchissent le portail du camp de la mort.
Le voyage (voir page 08) permet aux élèves
participant au Concours National de la
Résistance, de mettre un terme plus
qu’émouvant au travail entrepris depuis
quelques mois. Parmi eux, quinze élèves
de la classe de 1re ES4 du lycée Notre-Dame
avaient décidé, sous la houlette de leur
professeur d’histoire, Martine Raynaud, de
rendre un travail collectif centré sur leur
ville ; fidèle au thème proposé en 2011 :
la répression de la résistance en France
par les autorités d’occupation et le régime
de Vichy.
Les archives municipales ont donc été
mises à contribution, permettant aux
lycéens de découvrir une autre manière
A
d’aborder l’Histoire, à travers des documents d’époque. Tous se sont fortement
impliqués pour comprendre et revenir sur
cette époque tourmentée et ses protagonistes, dont la destinée leur est inconnue,
mais le nom familier, pour figurer sur telle
ou telle plaque de rue. Pour témoigner de
façon originale, les élèves ont reconstitué la
trajectoire de ces héros de l’ombre sous
forme de lettres signées de leur nom. Ils y
relatent leurs combats et leur vie, souvent
tragiquement abrégée.
De ce travail commun est né un bel
ouvrage, écrit à la plume, sur du papier
vieilli. Le résultat est à la hauteur de la passion des uns et du savoir des autres.
Le « livre» a été donc présenté aux instances
départementales du CNR. Les résultats sont
attendus fin mai. Avec impatience.
Ont participé
au travail collectif
dans le cadre du
Concours
National de la
Résistance :
Marion
Bechetoille,
Camille Hastang,
Charles Delmeire,
Alice Deresse,
Charlotte Farran,
Clémence Fleury,
Tom Gallas,
Laurène Gaultier
de Carville, Victor
Laroche, Anne
Levet, Matteo
Majnoni
d’Intignago,
Léonie Marion,
Marine Metzinger,
Stanislas Moulle
Berteaux,
Gratiane
Nivelleau de la
Brunière, Hélène
Petitpean et leur
professeur
Martine Raynaud .
Deux de ces élèves ont eu une opportunité exceptionnelle. Là où leurs
camarades ont travaillé sur des documents, Clémence Fleury et Charlotte
Farran ont eu un accès – rare- à la
mémoire vive. Elles avaient souhaité
se pencher sur les « femmes dans
l’ombre ». Peu nombreuses, discrètes,
difficiles à approcher en tous cas ! Le
service des archives les a orientées vers
deux résistantes boulonnaises,
Madeleine Guillon et Yvonne Orloff.
C’est avec une grande émotion que les
deux jeunes filles, 17 et 18 ans, ont
recueilli le témoignage de ces deux
grandes dames, dont l’une, Madeleine,
avait leur âge en 1940.
Par la plume de Charlotte, Yvonne
raconte : « Dès 1940, je choisis mon
camp. Nous décidons d’organiser avec des
camarades une véritable fabrique clandestine de faux papiers : cartes d’identité,
permis de circuler avec cachet de la
Kommandantur, cartes d’alimentation.
Maquisards, employés SNCF saboteurs
de voies ferrées, sœurs de Saint-Vincent
de Paul hébergeant des juifs menacés sont,
grâce aux faux papiers que nous leur
fabriquons, souvent protégés ». En 1944,
le « métier » devient de plus en plus
dangereux. Yvonne a, privilège rare, le
permis de conduire. Il faut cacher des
prisonniers recherchés, des résistants
en difficulté. « Nombreux sont mes
camarades qui seront fusillés au MontValérien. C’est pour eux que je témoigne
encore aujourd’hui, l’histoire ancienne
reste dans un coin de mon cœur qui ne
s’effacera jamais. C’est tout à fait normal,
ce que j’ai fait pour la France. »
Deux femmes de l’ombre ont parlé, à
deux lycéennes émues de leur incroyable modestie, et admiratives de leur
discret héroïsme. Leur parole est désormais dans un ouvrage unique, témoignage d’un véritable travail de
mémoire transgénérationnel accompli par des jeunes Boulonnais. •
Ch. Degrain
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