Yvonne LE MAITRE (1876-1954) L`histoire reste chiche de détails

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Yvonne LE MAITRE (1876-1954) L`histoire reste chiche de détails
Yvonne LE MAITRE (1876-1954)
L’histoire reste chiche de détails concernant Yvonne Le Maître, une
des journalistes et chroniqueuses les plus brillantes de la FrancoAméricanie. Nous donnons ici les quelques rares renseignements
biographiques qui soient disponibles aux chercheurs.
Elle naquit à Pierreville, Québec le 4 novembre 1876 et, à l’âge de dix ans, elle accompagna
sa famille qui venait s’installer en Nouvelle-Angleterre. Chose rare pour l’époque, elle fréquenta
les écoles publiques plutôt que les écoles paroissiales, et ainsi elle maîtrisa très tôt la langue
anglaise. Originale en tout, Yvonne Le Maître paracheva elle-même sa connaissance de l’anglais
et devint parfaite bilingue.
Comme journaliste, elle fit ses débuts en 1902 à L’Étoile, journal de langue française de
Lowell, Massachusetts. Très tôt, ses chroniques furent appréciées à tel point que nombre de
rédacteurs les reproduisirent dans leurs propres journaux.
En 1904, elle entra au service du Courier-Citizen, journal lowellois de langue anglaise,
lequel, en 1905, publia des récits de son voyage en Europe. En 1908, de retour d’un deuxième
voyage en Europe, elle devint chroniqueuse pour Le Franco-Américain, autre journal de langue
française de Lowell.
En mai 1911, elle quitte le Courier-Citizen et devient correspondante, à Paris, de quelques
grands journaux et revues américains, dont The Boston Transcript, The Smart Set, et The New
Yorker. On dit qu’à Paris elle connut « les sommités littéraires » de l’époque, y compris la
Comtesse de Noailles, André Thérive et Colette.
De retour aux États-Unis, elle signe dans L’Étoile une chronique appréciée de ses lecteurs et
lectrices, intitulée “Place aux Dames”. Il y est surtout question d’événements, petits ou grands,
ayant trait à la vie franco-américaine.
De 1940 jusqu’à quelques semaines avant sa mort en 1954, elle rédige une chronique
littéraire et une chronique mondaine pour Le Travailleur, journal d’idées publié à Worcester,
Massachusetts. Elle contribue beaucoup, par cette chronique, à l’œuvre de Wilfrid Beaulieu,
propriétaire-rédacteur du Travailleur, dont le but était de faire rayonner la Franco-Américanie à
travers le monde francophone. Jamais ennuyeuses, ces chroniques regorgent d’esprit, de saveur
et de mordant. Les propos joyeux y abondent.
Seule la Société historique franco-américaine (SHFA) semble avoir reconnu le grand mérite
d’Yvonne Le Maître en lui octroyant sa Grande Médaille d’Honneur le 23 mai 1951. En recluse
irréductible, elle envoya un ami recueillir pour elle cet honneur décerné sur le tard.
Yvonne Le Maître disparut dans l’océan à Newburyport, Massachusetts en mai 1954.
Selon Rosaire Dion-Lévesque (Silhouettes franco-américaines, p. 549), Yvonne Le Maître
était devenue, de son vivant même, « une espèce de personnage légendaire, de mythe, admiré de
tous pour sa franchise, sa verve et son esprit gaulois. Elle était depuis longtemps l’archiviste
incomparable de nos faits et gestes en Nouvelle-Angleterre ». Et le poète-biographe prédit avec
raison : « Une place de choix, peut-être la toute première, lui est réservée dans l’histoire de notre
journalisme franco-américain.... ».
Cette place de choix lui revient à plus d’un titre. Observatrice, publiciste et interprète avertie
de l’Amérique française, dont elle resta profondément solidaire, elle s’intéressa sans cesse à tout
ce qui était francophone sur ce continent, de la Louisiane à l’Acadie et au Grand Nord canadien
en passant, bien sûr, par le Québec et la Nouvelle-Angleterre, et sut partager cet intérêt avec brio.
Comme critique littéraire, elle fut surnommée, par Adolphe Robert, « le Cerbère des lettres
franco-américaines », autant pour la justesse que pour la perspicacité de ses jugements. Mais—
phénomène plutôt rare en Franco-Américanie—Yvonne Le Maître 1’immigrée devint la FrancoAméricaine intégrale, c’est-à-dire parfaitement bilingue et biculturelle, car elle réussit à faire
siennes et à exploiter les cultures française, québécoise, anglo-américaine et franco-américaine.
Armand CHARTIER
ŒUVRE
- Articles parus dans divers journaux et revues du vivant de l’auteur.
BIBLIOGRAPHIE
- Belisle, Alexandre. Histoire de la presse franco-américaine et des Canadiens-Français aux
États-Unis. Worcester, MA : L’Opinion publique, 1911. p 332-333.
- Chartier, Armand B. « Yvonne Le Maître, chroniqueuse franco-américaine », Revue de
l’Université d’Ottawa, vol. 56, no. 3, juillet-septembre 1986. p 113-125. Repris dans Jules
Tessier et Pierre-Louis Vaillancourt (dir.), Les autres littératures d’expression française en
Amérique du Nord, Ottawa : Éditions de l’Université d’Ottawa, 1987. p. 113-125.
- Dion-Lévesque, Rosaire. « Yvonne Le maître », Silhouettes franco-américaines, Manchester,
NH : Association canado-américaine, 1957. p. 549-553.
- Robert, Adolphe. « Yvonne le Maitre » Bulletin de la Société historique franco-américaine,
1955. p. 89-93. Repris dans Adolphe Robert, Souvenirs et portraits, Manchester, NH :
Association canado-américaine, 1965. p. 196-200.