Mise en page 1 - SAFER Languedoc Roussillon
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Mise en page 1 - SAFER Languedoc Roussillon
la lettre N° 3 - FÉVRIER 2009 La lettre trimestrielle de la Safer Languedoc-Roussillon Une urgence régionale : Halte au gaspillage des meilleures terres agricoles L e vigneron et le responsable professionnel que je suis ne peuvent rester indifférents au phénomène insidieux qui affecte aujourd’hui le foncier rural du Languedoc-Roussillon. Notre région change, elle se développe, sa population s’accroît. Bien sûr, ce développement est créateur de richesse et d’emplois. Mais à quel prix ! L’avancée des villes consomme du foncier, dévore l’espace, transforme irrémédiablement les paysages, bouleverse les équilibres sociétaux. Tandis que, paradoxe, certains citadins sont à la recherche de cet espace qui pourrait répondre à un besoin de nature que la ville n’offre plus. Les conséquences de ces phénomènes frappent de plein fouet l’activité agricole. Autrefois prépondérante, elle doit aujourd’hui composer avec de nouveaux utilisateurs du foncier. Un chiffre en traduit l’ampleur : 7,5 % du foncier agricole régional a disparu depuis 15 ans (autant que les cinquante années précédentes), tandis que la moyenne nationale est à 3,5 % ; et la moyenne allemande à 2,5 % ! Attention aussi au photovoltaïque. Pour l’instant, sa place est sur les toits, pas sur les terres arables ! Il est temps pour la profession agricole de réagir, d’ouvrir le débat, d’interpel- ler les responsables politiques : acceptons-nous le gaspillage des meilleures terres agricoles ? Quelles voies emprunter pour mettre en œuvre la gestion économe du foncier ? En Espagne, quatorze communes de la métropole barcelonaise ont définitivement protégé 2 700 ha de cultures qui font vivre jusqu’à 2 500 personnes. En France, le PLU et le SCOT de Lille ont affecté à l’agricole la moitié de leurs 45 000 hectares ; l’agglomération nantaise a signé avec l’État et la Safer un protocole garantissant la pérennité de 60 % de ses terres agricoles. Et nous ? Il est de notre devoir de construire un territoire où toutes les activités puissent s’exercer. Les agriculteurs et leurs organismes doivent être associés à la définition et à la mise en œuvre des politiques foncières des collectivités publiques. C’est, de mon point de vue un enjeu essentiel, d’avenir. Demain il sera trop tard car ces emprises de bitume et de béton seront définitives. Prenons conscience, chacun à notre niveau de responsabilité, que l’avenir de nos territoires se joue aujourd’hui. Agissons tous ensemble maintenant ! Dominique Granier, Président de la Safer Languedoc-Roussillon Malvézy (Narbonne) Agriculture et zone SEVESO Comment concilier agriculture et activité industrielle. la sortie de Narbonne, la Safer répond à la demande de la Comurhex de sécuriser son site industriel ; elle permet à un agriculteur de restructurer son exploitation ; et elle favorise l'installation de petites structures. La Comurhex/Areva souhaitait étendre, autour du site classé Seveso, son "périmètre sécurisé" et en maîtriser la propriété. Elle a racheté, par l'intermédiaire de la Safer, 41 ha à un exploitant voisin, Rémi Ibanès. En même temps elle loue ces superficies à R. Ibanès avec un cahier des charges excluant les cultures de consommation : A il devrait y avoir une production de biomasse (arbres, fétuque). La Safer, qui avait installé R. Ibanès en 1995, lui a permis de s'agrandir à plusieurs reprises. Cette fois-ci, elle lui vend 44 ha hors de la zone de sécurité Comurhex. Cela lui permettra de poursuivre ses productions de céréales, semences, pois protéagineux et asperges. Par ailleurs, R. Ibanès va louer de petites parcelles, en zone irrigable, à cinq ou six jeunes agriculteurs qui seront installés avec l'appui de la Safer et de la Chambre d'agriculture en maraîchage et en circuit court. Président de l'Aiden (Asa du Narbonnais), Rémi Ibanès voit avec satisfaction l'émergence "d'un territoire agricole cohérent" dans cette zone. "Cela n'aurait pas été possible sans la Safer, qui seule a une Un territoire agricole plus cohérent. vision d'ensemble et qui a permis la transparence des opérations". ■ Contacts Pierre Quesnel, [email protected] La Safer, opérateur foncier Brenas : 90 ha d'échanges multilatéraux La constitution d'îlots de bonne taille facilitera le travail des éleveurs. élevage est très présent dans cette commune sur le bord de l'Escandorgue. Mais l'éclatement du foncier complique le travail des éleveurs. A partir de la vente d'un bien de village,il y a trois ans, la Safer a pu, à travers des échanges amiables multilatéraux, restructurer trois exploitations. Cela avec l'appui de la Chambre d'agriculture et de la commune. L' Un paysage méditerranéen voué au pastoralisme. La Safer, en achetant la propriété en vente (15 ha), a constitué une base pour organiser les échanges. Le fait que les personnes en présence soient surtout des éleveurs, avec peu de propriétaires non agriculteurs, a facilité l'opération. Il a tout de même fallu convaincre : à partir d'une cartographie, de simulations, il y a eu des rencontres individuelles puis des réunions communes. Les blocages se sont vite dénoués. Au total, après un travail de fourmi de la Safer, quelque 90 ha en zone d'élevage changeront de propriétaire. Soit 110 parcelles échangées, en grande majorité inférieures à un hectare (alors que les parcs s'étendent sur plusieurs dizaines d'hectares !). La mise en place d'une procédure formelle d'aménagement foncier permet la prise en charge, par le Département, d'une partie des frais notariés, dont le coût est souvent un frein aux échanges. Les promesses d'échange et les soultes sont signées ; la Commission départementale d'aménagement foncier a validé le projet ; l'acte multilatéral d'échanges est en cours de rédaction. Progressivement, des ilôts fonciers restructurés sont constitués. Cette opération supprime les enclaves, apporte aux éleveurs des îlots cohérents ; elle leur assure la maîtrise de la propriété foncière ; elle peut régler certaines servitudes ; et elle leur permet d'investir dans des clôtures et d'améliorer la gestion des troupeaux. ■ Contacts Christian Brun, [email protected] Ils ont dit... "Tout le monde est gagnant" Jean-Philippe Lacoste, maire de Brenas. "Il y avait une propriété à la vente et plusieurs personnes intéressées. On s'est dit qu'on allait essayer de s'entendre. La commune avait des terrains au milieu ; nous avons impliqué tout le monde afin de reconsidérer tout le foncier de la commune. Nous avions mis la barre haute au départ, mais nous y sommes arrivés, après deux ans de démarches. C'était assez compliqué, avec des parcelles enclavées, la diversité des personnes impliquées, exploitants ou propriétaires non-agricoles, parfois âgés. Nous avons tenu plusieurs réunions en mairie. Nous avons expliqué que nous avions, tous, tout à y gagner. Jour après jour, nous sommes arrivés à gérer ; il y a eu de petites discussions, mais globalement ça s'est très bien passé. Je tiens à souligner le travail formidable réalisé par la Safer et par la Chambre d'agriculture. Ils ont été de bons médiateurs, ils ont bien estimé les terres, on leur doit beaucoup. Près de 90 ha d'échanges, c'est énorme. Nous allons avoir de belles parcelles, je ne pensais pas que l'on arrive à quelque chose d'aussi fin. Quand les autres propriétaires ont vu ça, cela les a incités à proposer encore quelques échanges. Au final, tout le monde est gagnant, y compris la commune, qui peut ainsi maîtriser un terrain pour une possible station d'épuration." ■ Département : "une volonté" Jean-Paul Storaï, directeur du développement agricole et rural du Conseil général. Le Département, dit J.P. Storaï, "a la volonté de faciliter ce type d'échanges". Il prend en charge une partie des frais notariés. "Nous intervenons à partir du moment où il y a échanges multilatéraux structurants". "La procédure d'aménagement foncier permet d'avoir un seul acte notarié. Cela simplifie la démarche et réduit les coûts." ■ La Safer, opérateur foncier Nîmes : l'agriculture en périurbain L'Agglo de Nîmes Métropole a acquis le domaine de Vallongues avec l'aide de la Safer. Il est exploité en attendant l'éclosion de projets d'aménagement. est à partir d'une convention de veille foncière, entre la Safer et l'Agglo Nîmes Métro- C' Un espace agricole aux portes de la ville. pole, que le dossier du Mas de Vallongues a vu le jour. Alertée par la Safer que ce domaine de 380 ha (dont 270 de garrigues et bois) aux portes de Nîmes était à la vente, l'Agglo s'est dite intéressée. Ce secteur des "Portes Nord" est stratégique pour plusieurs usages : poumon vert, aménagement de rocade, possible urbanisation. L'Agglo a missionné la Safer pour négocier le bien à l'amiable avec les propriétaires et le fermier en place. La vente s'est faite en février 2007. La Safer a ensuite géré la sortie dans le temps de l'exploitant en place et la sélection de candidats, en Comité départemental. Fin 2008, elle signait des baux de courte durée avec un éleveur, deux agriculteurs (70 ha) et quatre viticulteurs (40 ha) coopérateurs à Saint-Géniès-deMalgoirès. La nouvelle organisation du territoire. Une convention a par ailleurs été signée entre l'Agglo et la Fédération des chasseurs, qui ouvre une école de formation des jeunes chasseurs et réalise la gestion cynégétique. ■ Contacts Hervé Flamment,[email protected] Ils ont dit... Dominique Granier : "A l'écoute des collectivités locales" Président de la Safer Languedoc-Roussillon et de la Chambre d'agriculture du Gard. "L'intervention intelligente de Jean-Paul Fournier et de ses services de Nîmes Métropole permet à la Safer de gérer un foncier dans l'attente de son changement de destination. En étroite collaboration avec l'Agglo et avec notamment la participation de la Chambre d'agriculture et du syndicat des éleveurs, on a trouvé, pour occuper cet espace, un éleveur, deux agriculteurs et des viticulteurs. Ainsi, d'un côté le domaine ne sera pas en friche, et de l'autre la formule permet de ne pas clouer l'Agglo par un fermage. Si cela avait été un agent immobilier, et non la Safer, qui avait eu à gérer ce dossier, l'opération aurait été beaucoup plus difficile et il n'y aurait plus d'agriculteur sur ce secteur. Ce type d'opération peut se refaire ailleurs. La Safer souhaite réaliser un maximum de veilles foncières pour les collectivités locales du Languedoc-Roussillon. Elle peut les aider à anticiper l'avenir plutôt qu'à courir après le court terme. La politique urbaine ce n'est pas nous qui la faisons, ce sont les politiques. Nous pouvons travailler en étroite collaboration avec eux et en intelligence." ■ Jacques Mounis : "Maîtriser le foncier pour se développer" Jacques Mounis, directeur général de la communauté d'agglo Nîmes Métropole. "Dès sa création, l'Agglo a souhaité se doter d'outils de maîtrise foncière pour assurer son développement. La Safer est pour nous un partenaire précieux. Elle est un acteur qui permet d'avoir une bonne connaissance du foncier et de son évolution ; c'est une bibliothèque du foncier intéressante ; elle a aussi la capacité à négocier avec un propriétaire, à acquérir et à faire du portage foncier s'il y a des opportunités. Ensuite, elle assure la gestion foncière et le contrôle de l'exploitation, pour lequel nous ne sommes pas compétents. C'est un acteur intéressant pour une Agglo comme Nîmes Métropole où le territoire périurbain est vaste. Elle nous permet d'anticiper et de décider la meilleure politique. A Vallongues, un projet entièrement porté par l'Agglo et par son président Jean-Claude Fournier, nous menons une réflexion sur un projet territorial impliquant le maximum d'acteurs. Il y aura un débat politique et des choix. Le partenariat avec la Safer nous permet, en attendant, d'éviter une fracture du territoire qui aurait été préjudiciable : nous maintenons une activité économique en place, nous évitons la friche et le risque environnemental qu'elle entraînerait." ■ Marché foncier, l’agriculture en recul Prise de marché agricole tous biens confondus par rapport au marché de l'espace rural, en surface, en 1997 et en 2007 1997 2007 Taux 0 9 km Pas de marché Prise de marché entre 0 et 20% Prise de marché entre 21 et 40 % Prise de marché entre 41 et 60 % Prise de marché entre 61 et 80 % Prise de marché supérieure à 81 % Dans le Gard, la part des agriculteurs sur le marché de l'espace rural est en chute constante depuis 10 ans. P R AT I Q U E S La Safer, observateur foncier * Cet indice mesure la part des transactions se faisant à un prix anormalement élevé (sous influence urbaine). Gard, l'utilisation du foncier rural à des fins résidentielles et de loisirs perturbe fortement le marché agricole. TERRES AGRICOLES : UN GISEMENT INÉPUISABLE ? L’analyse du marché de l’espace rural du département du Gard entre 1997 et 2007 démontre une évolution préoccupante pour l’équilibre et la répartition des activités sur le territoire. Dans un contexte de recul de l’agriculture s’appuyant sur des structures foncières très morcelées (45 ares en moyenne dans le Gard), nous assistons à une croissance démographique sans précédent, à une demande constante de foncier pour des usages de loisirs, au développement des infrastructures de transport, à l’accroissement et l’étalement des villes. Tout concours à l’isolement et à l’affaiblissement de la présence des agriculteurs sur le marché foncier. Ainsi dans le Gard en dix ans ce sont 13500 ha de terres agricoles qui ont changé de destination, le prix moyen du foncier a été multiplié par trois. Les conséquences sont connues, perte d’identité des territoires, désertification des zones les moins desservies, auxquelles il faut ajouter aujourd’hui la réduction constante du potentiel de production agricole, par la raréfaction des meilleures terres. Pour compenser ces phénomènes, l’agriculture doit se développer, en favorisant la création d’îlot foncier cohérent et en impulsant des politiques foncières publiques locales économes des meilleures terres agricoles. I N F O R M AT I O N S Source : Marché Foncier de l’Espace Rural (MER), SAFER 1997 – 2007 Domaine de Maurin CS 41013 - 34973 LATTES CEDEX Tél. : 04 67 07 10 80 Fax : 04 67 27 21 57 [email protected] http://www.saferlr.com Directeur général : Jean-Philippe Tronche Relations extérieures : Roland Traver Service collectivités et aménagement foncier : Isabelle Botrel Tél. : 04 67 07 10 97 Services départementaux Aude (11) Indicateur de perturbation du marché agricole (IPMA) en 2007 IP M A* Direction régionale Directeur départemental : Pierre Quesnel Zone d'Activité de Sautès à Trèbes 11890 CARCASSONNE CEDEX 9 Tél. : 04 68 47 70 70 Gard (30) Directeur départemental : Hervé Flament Mas de l'Agriculture, 1120 route de Saint-Gilles 30000 NIMES Tél. : 04 66 04 99 30 Hérault (34) Directeur départemental : Christian Brun Domaine de Maurin, CS 41013 34973 LATTES CEDEX Tél. : 04 67 07 10 80 Lozère (48) Directeur départemental : Xavier Meyrueix 25 avenue Foch 48000 MENDE Tél. : 04 66 49 00 90 Pyrénées-Orientales (66) Directeur départemental : François Pourcelot Maison de l'Agriculture, 19 avenue de Grande-Bretagne 66000 PERPIGNAN Tél. : 04 68 51 91 91 Safer la lettre est une publication de la Safer Languedoc-Roussillon. Directeur de la publication : Jean-Philippe Tronche. Rédaction : Paysan du Midi et Roland Traver. Crédit photos : Paysan du Midi Safer Languedoc-Roussillon. Conception-réalisation : Réussir Sud, tél. 04 67 07 03 73.