Esther et Vashti
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Esther et Vashti
Lettre trimestrielle de l’union juive libérale de lyon “mon journal” #38 février mars avril 2011 chevat adar adar II 5771 Esther et Vashti les deux reines de la Meguilla Rabbin Delphine Horvilleur sommaire Les juifs de Lyon par Catherine Déchelette Elmalek p.2 & 3 Culture p.4 Homosexualité et judaïsme par René Pfertzel p.5 & 6 Bonne année 2011 ! R ares sont les livres de la Bible qui portent le nom d’une femme. Seules Ruth et Esther ont ce privilège littéraire. Deux livres pour deux femmes dont nous lisons les histoires à Chavouot et à Pourim, deux héroïnes qui ont pour point commun d’avoir changé le cours de l’histoire, leur histoire personnelle et celle du peuple juif.Ruth et Esther sortent ainsi de l’anonymat, dans lequel restent plongés tant de personnages féminins de nos sources. Dans la meguilla, Esther n’est pas le seul héros de l’histoire. A ses côtés, se tient Mardochée et face à elle, le roi Assuérus. En filigrane, une autre femme hante aussi le livre de Pourim. Il s’agit de l’autre souveraine, la reine Vashti, à qui l’on fait jouer un bien mauvais rôle. A peine présentée au lecteur au premier chapitre, la voilà qui fait une rapide sortie de scène. Au premier chapitre de la meguilla, Vashti est en effet sommée par le roi de se présenter devant la Cour. Vatemaen hamalka (I-12), mais celle-ci refusa. Ce terrible camouflet à l’autorité royale enflamme la colère d’Assuerus. Vashti sera renvoyée et une ordonnance envoyée dans tout le royaume pour rappeler à qui veut l’entendre que dorénavant, « toutes les femmes du royaume témoigneront du respect à leurs maris du plus grand au plus petit ». (Esther 1-20) Mise en garde contre la menace féministe au royaume de Perse…tout lecteur attentif perçoit dans ce verset, moins une affirmation machiste que l’expression d’un puissant humour biblique. N’est-il pas comique, en effet, de faire la lecture de ce décret (immuable ?) dans nos synagogues, tandis que l’officiant et les fidèles sont déguisés et en état d’ébriété. Incontestablement, la meguilla d’Esther est d’abord un livre écrit à la manière d’une fable humoristique qui tourne en dérision l’ordre établi, en miroir déformant d’une réalité à questionner. C’est alors qu’Esther entre en scène. A priori, elle est l’anti-Vashti, aux antipodes d’une reine contestataire ou proto-féministe. Pendant une bonne partie du récit, Esther est passive. Elle est « emmenée au palais du roi », puis « conduite au roi ». Elle « se conforme aux instructions » des uns et des autres, sans rébellion ni opposition. Si Vashti est le modèle de la révolte, Esther est au départ celui de la soumission. Pourtant, les choses vont précisément se renverser. Devant la menace d’extermination de son peuple, Esther sort de cette passivité. Elle manigance, manipule, agit et influence. C’est cette sortie de la passivité qui fait d’elle une héroïne. C’est parce qu’elle refuse le décret royal, prêt à s’abattre sur son peuple, qu’elle devient véritablement reine de l’histoire juive. A sa façon, Esther est un peu devenue Vashti, la femme qui s’affirme et refuse et les deux femmes, au bout du récit, ne sont peut-être pas si différentes l’une de l’autre. A sa manière, la meguilla est donc un plaidoyer contre la soumission, une célébration d’une rébellion contre l’ordre perçu comme incontestable. Le féminin, dans nos textes, sous les traits d’Esther, de Ruth, de Myriam, de Tamar et bien d’autres… joue bien souvent ce rôle. Il questionne les apparences et interroge les rôles établis. Pourim est la fête juive de cette auto-critique. Une invitation à ne pas nous prendre trop au sérieux. www.ujl-lyon.com histoire Catherine Déchelette Elmalek Les Juifs de Lyon > 1 ère partie Dès le début de la diaspora, à partir du IIIème siècle, des éléments archéologiques attestent d’une première présence juive en Gaule, de Marseille à Clermont-Ferrand en passant par Arles, Nîmes, Dijon, Bourges, et Lyon. Au total, ce sont environ 35 localités qui accueillent des groupes de Juifs1. En 212, ils deviennent citoyens de l’empire de Rome par l’adoption de la constitution antonine (la Gaule est une province de l’empire). L a connaissance de la communauté juive de cette époque est très limitée et on ne devine son importance qu’à travers ce que l’on constate à la période suivante 2 . Privilèges et expulsions, les paradoxes du Moyen -Age A la chute de l’empire romain, Lugdunum la gallo-romaine devient Lyon et passe sous le contrôle des Burgondes à partir du Vème siècle. Le poète Sidoine Apollinaire (430 - 486) fait allusion aux Juifs de Lyon dans ses Lettres 3 . En mars 502, Gondebaud, roi des Burgondes, en établissant Lyon comme sa capitale, édicte une loi nommée : loi Gombette (lex Burgundionum). Cette loi comporte Pont de Saône Plan scénographique de Lyon, 16e s. Bibliothèque municipale de Lyon. un chapitre entier aux Juifs, ceci laissant bien sûr supposer leur présence à Lyon ou du moins dans la région. Entre le VIIème et le VIIIème siècle, Lyon n’a pas de place particulière et il faut attendre le règne de Charlemagne pour que la ville retrouve une situation d’importance dans le royaume. Au IXème siècle, Charlemagne accorde diverses missions à des Juifs comme interprètes et diplomates et à Lyon l’évêque Leitrade 4 marque durant de nombreuses années la ville et ses habitants de son intelligence et de sa tolérance envers les Juifs. Des lettres de protection, retrouvées dans les Archives municipales, accordent par exemple des privilèges à deux marchands juifs de Lyon en 825 5 . D’autres éléments permettent encore de mesurer l’intégration positive de la communauté juive à la vie de Lyon. Ainsi durant le règne de Louis le Pieux, le jour du marché est déplacé du samedi à un jour de semaine prenant ainsi en compte les desiderata des marchands juifs. Par ailleurs un appel émanant de l’évêque demande à ce que les Juifs ne prennent plus d’employés chrétiens car il avait constaté que ceux-ci, dans un très grand nombre de cas, finissaient par se convertir au judaïsme. Les chrétiens lyonnais, afin d’approfondir leurs connaissances de l’Ancien Testament, vont très souvent écouter les rabbins et leurs commentaires de la Torah. Les Juifs sont alors installés sur la rive droite de la Saône dans un quartier situé au pied de la colline de Fourvière, dont une rue porte encore aujourd’hui le nom de rue Juiverie. Ce terme est employé au Moyen Age pour désigner les quartiers ou rues réservées aux Juifs. Il ne s’agit pas encore pour autant à proprement parler de «ghetto» c’est à dire d’un quartier séparé et réservé. Les Juifs de Lyon contribuent à la prospérité de la ville à travers le négoce des pierres précieuses, des étoffes d’Orient et des pièces d’orfèvrerie. Ils ont obtenu de l’Empereur des droits, et en cela ils dépendent d’un magistrat spécifique choisi parmi les grands seigneurs de la cour. Ce magister judaerorum est nommé par l’évêque et soutenu par Charlemagne. Ce magistrat avait la tâche de veiller au respect des droits et des intérêts des Juifs. Au cours du IXème siècle, l’Eglise veut affermir son pouvoir et sa domination. Notes : 1 - Lampes à huile en terre cuite ornées de symboles juifs comme la ménorah: exemple de la lampe découverte lors des fouilles menées par M.Charmasson sur l’oppidum de Lombrun, près de Bagnols sur Cèze, en 1963. Bernhard Blumentranz, « Les premières implantations de Juifs en France, du Ier siècle au début du Ve siècle », Comptes-rendus des séances de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, 1969, Volume 113, n°1, p.162-174. Des fouilles archéologiques à Lyon ont mis au jour une stèle funéraire avec une épitaphe portant le nom d’une petite fille juive : celui-ci est en latin mais il s’agit bien d’un prénom hébraïque. 2 - Marie Françoise Baslez, « Les juifs à l’époque gallo-romaine », l’Histoire -n°10, 2001. 3 - Bernhard Blumentranz, « Les premières implantations de Juifs en France, du Ier siècle au début du Ve siècle », Comptes-rendus des séances de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres, 1969, Volume 113, n°1, p.162-174. 4 - Leidrade (vers 743-745-821) lettré et homme d’Église, archevêque de Lyon. 2 Généalogie d’Israël Bible latine, 13e s. Bibliothèque municipale de Lyon Ex-dono manuscrit d’Agobard. Bède le Vénérable, Commentaire sur Esdras, 9e s. Bibliothèque municipale de Lyon « Les Juifs de Lyon contribuent à la prospérité de la ville à travers le négoce des pierres précieuses, des étoffes d’Orient et des pièces d’orfèvrerie. » Elle cherche à abandonner sa politique bienveillante envers les Juifs instituée par le Pape Grégoire le Grand (590-604), deux siècles plus tôt. L’archevêque Agobard de Lyon (778-840) est un fervent défenseur de cette unité chrétienne. De plus c’est le statut particulier des Juifs qui soulève son indignation : il considère la communauté juive comme un élément diviseur de la cité et de l’Eglise. Ses interventions auprès de l’Empereur visant à supprimer ces privilèges se soldent par des échecs. Il s’en prend violemment aux Juifs dans Six écrits 6 , ou Lettres au roi Louis le Pieux, où il incite, par exemple, les chrétiens à n’entretenir aucune espèce de relation avec eux afin de ruiner leurs commerces, et où il justifie les conversions forcées des enfants. Pourtant l’esprit philosémite de Charlemagne survit encore à travers son fils Louis le Pieux, et les Juifs lyonnais continuent ainsi de bénéficier de la protection impériale. Agobard et ses disciples échouent donc provisoirement dans leur entreprise. Ils ont néanmoins mis en place tout l’argumentaire de l’antijudaïsme dont l’Eglise va se servir par la suite. Le pouvoir temporel ne peut que plier, et la politique de tolérance instituée par les carolingiens prend fin. En 1245, le concile de Lyon cherche à restreindre les relations entre Chrétiens et Juifs. Ceux-ci pratiquent le change et l’usure depuis que ces pratiques ont été interdites aux Chrétiens. La pratique de l’usure constitue, au fil des siècles, l’un des principaux griefs contre la communauté juive. Les Juifs sont bannis du royaume de France en 1306, et certains Juifs lyonnais se réfugient alors dans le Dauphiné, la province la plus proche hors de la tutelle française. Ils s’installent à Bourgoin, Grenoble, et Crémieu où ils créent des maisons de banque 7. C’est le roi Charles VI qui ordonne l’expulsion définitive des Juifs du royaume en 1394. A Lyon, cette décision ne prend effet qu’en 1420, grâce à l’archevêque qui maintient encore durant vingt sept ans la communauté juive dans une relative sécurité. Mais plus que de l’obligeance, il faut y voir surtout l’intérêt financier lié au rôle économique qu’ils ont dans la ville, puisqu’ils contribuent, par exemple, à assumer les frais de fortifications de la ville. Quand la communauté juive est finalement expulsée en 1420, celle-ci se réfugie pour une grande partie à Trévoux, petite ville des Dombes. Le métier que les Juifs apportent, l’affinage et l’étirage de l’or et de l’argent pour leur utilisation dans les tissus précieux et dont ils gardaient l’exclusivité de la technique, enrichit notablement la petite voisine de Lyon. Le Moyen Age s’achève avec la fin du XVème siècle. Mille ans durant lesquels les Juifs de Lyon ont subi tour à tour privilèges, protection, affronts et vexations, mais la tolérance et la bienveillance ont été ici mieux réparties que dans beaucoup de villes ou de régions du royaume de France. L’époque des Temps modernes s’ouvre sur l’absence a priori des Juifs en France imposée par la loi d’expulsion générale de 1394, mais entre rappels exceptionnels, privilèges pour droits de séjour, droit de circulation et de commerce et lettres patentes 8 , quelle sera la place accordée aux Juifs à Lyon ? Hébreux offrant un agneau en sacrifice Bibliothèque municipale de Lyon 5 - Eliane Dreyfus et Lise Marx, Autour des Juifs de Lyon et alentour, Lyon, Audin Editeur, 1958, 156 pages. 6 - Agobard de Lyon (v. 769-840): son abondante œuvre littéraire reflète ses prises de position doctrinales dans les controverses théologiques. Il est l’auteur de nombreux traités entre autres, contre le culte des images, les innovations liturgiques introduites dans le diocèse de Lyon par l’évêque qui lui succéda sur le siège épiscopal de Lyon après sa déposition, et contre le statut des Juifs de Lyon: De l’insolence des juifs, lettre écrite en 826 et adressée à l’Empereur d’Occident. « ...Cinq sur les six écrits antijuifs d’Agobard qui subsistent nous sont connus par un seul manuscrit ; d’autres sont irrémédiablement perdus. C’est une preuve du peu de diffusion, du peu de résonance également, qu’ils ont eues de leur temps ». Bernhard Blumenkranz, Juifs et chrétiens dans le monde occidental : 430-1096, Paris - Louvain, Peeters Edition, 2007. 7 - Les Juifs de Lyon et du Dauphiné subissent le bon ou le mauvais vouloir des pouvoirs en place sur plusieurs décennies, comme en témoigne l’alternance d’expulsions et de rappels dans les villes dont le commerce périclite. La précarité de ces conditions de vie est encore accentuée par les populations locales qui leurs imputent toutes les catastrophes de l’époque, telles que les épidémies et les famines. 8 - Les lettres patentes sont un texte par lequel le roi rend public et opposable à tous un droit, un état, un statut ou un privilège. 3 judaïsme René Pfertzel - Union Juive Libérale de Lyon. Etudiant rabbin Leo Baeck College, Londres L’homosexualité dans les différents courants du judaïsme La prohibition énoncée dans le Lévitique : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme » est simple et claire et a conduit à une interdiction sans équivoque de l’homosexualité dans les religions monothéistes. Pour autant, la question n’est pas résolue, et il ne suffit pas de dire : « c’est interdit » pour que les homosexuel/les puissent se conformer aux ordonnances de la Torah. Le fait homosexuel est une réalité incontournable de l’expérience humaine. C’est la raison pour laquelle l’acceptation ou le rejet de l’homosexualité fait débat dans les différentes tendances du judaïsme. L a pluralité du peuple juif est une donnée ancienne qui s’est encore accrue après l’entrée des Juifs dans la modernité lorsqu’ils quittèrent les murs étroits des ghettos. La grande question, le grand défi était bien la manière dont on allait réagir à ce phénomène nouveau dans l’histoire juive. De là provient la grande diversité au sein du monde juif, depuis les ultra-orthodoxes qui rejettent le monde moderne de façon très nette et radicale jusqu’à celles et ceux qui ont décidé de couper les ponts et de s’assimiler à la population environnante. Entre ces deux pôles, les Orthodoxes, fort disparates dans leurs dénominations, les non-traditionnalistes, Massorti (Conservative américains) ou Libéraux (Reform, Liberals ou Libéraux), et en dehors des mouvements religieux, les différents courants du sionisme ou encore ceux qui adhèrent à des partis politiques promettant l’égalité. Traiter de la façon dont les Juifs considèrent l’homosexualité revient donc d’abord à prendre acte de la diversité de ce groupe humain. Le monde des ultra-orthodoxes est celui du petit village polonais ou est-européen, celui des cours rabbiniques, des histoires merveilleuses contées par les Hassidim, un monde qui est enclavé et séparé de ses voisins. Le monde extérieur est dangereux et source de tentations sans fin. Il faut impérativement s’en protéger. Dans ce contexte, l’homosexualité fait l’objet au mieux d’un déni, au pire d’un rejet absolu comme étant une abomination. Le film que Haim Tabakman a tourné en 2009, Tu n’aimeras point, fait le récit d’amours homosexuelles dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim. Il dépeint de manière assez réaliste la complexité de ce sentiment dans un milieu qui le nie. Il a provoqué l’ire de ses habitants qui ont manifesté contre lui. Une fraction importante des Juifs religieux, du moins en Israël et en Europe, s’inscrit dans ce que l’on appelle communément l’Orthodoxie, ou le 5 judaïsme traditionnaliste. Ces Juifs ne rejettent pas le monde dans lequel ils vivent. Ils cherchent à adapter les exigences de la loi juive à la vie moderne, mais sans céder sur la Tradition qu’ils considèrent comme révélée en l’état sur le Mont Sinaï à Moïse. Rien ne peut donc en être retranché ni ajouté. Cette position amène parfois des situations conflictuelles entre ces deux pôles de leur existence. Le courant le plus représenté, Modern Orthodox a été pensé au XIXe siècle par un rabbin qui souhaitait faire le lien entre la Torah et le monde moderne, Samson Raphaël Hirsch. Le judaïsme consistorial français aujourd’hui est largement influencé par cette voie. Bien évidemment, il n’a rien de monolithique et les motifs de désaccord sont assez fréquents, notamment en ce qui concerne les débats de société, dont l’homosexualité. Depuis les années 1970, aux Etats-Unis, certains rabbins (dont Rabbi I. Jakobovitz) ont commencé à adopter une position plus empathique à l’égard des homosexuels considérés jusqu’alors comme ayant fait un choix qu’il ne tenait qu’à eux d’abandonner. Cette période correspond à une réévaluation de l’homosexualité dans la sociologie, la psychologie et même les sciences bibliques, et il n’est pas surprenant que les rabbins s’interrogent à leur tour. Le rabbin Norman Lamm 1 déclare en 2002 que loin d’être des rebelles, les homosexuels sont malades et à ce titre méritent de la compassion et du soutien. Cette opinion peut paraître choquante, mais elle est en réalité une étape importante dans le monde orthodoxe car elle refuse l’exclusion. Cette vue n’est certes pas >>> « Tu n’aimeras point » Le film était à l’affiche de notre ciné-café du dimanche 23 janvier, la projection était suivie d’un débat avec René Pfertzel. Le premier long métrage de Haïm Tabakman, Tu n’aimeras point, remarqué en mai au Festival de Cannes. Avec Zohar Strauss, Ran Danker, Tinkerbell, Tzahi Grad. (1 h 30.) Aaron, un boucher ultraorthodoxe de Jérusalem, marié et père de famille, s’éprend avec une passion irrépressible de Ezri, un jeune étudiant d’une école talmudique. Familier des grincements politiques et des couples improbables (militaires homosexuels, idylle israélopalestinienne...), jamais le cinéma israélien n’était allé aussi loin dans ce que l’on pourrait tenir pour une scabreuse provocation. Il faut donc avoir vu le film pour prendre la mesure d’une oeuvre sensible et subtile, qui ne simplifie rien, et qui parvient à nous attacher, comme si de rien n’était, à son récit et à ses personnages. Il y a là, au vu de la délicatesse et du péril du sujet, la matière d’un exploit. David et Jonathan, Rembrandt Huile sur toile - 1642 « Dès le années 1980, la Conférence Centrale des Rabbins Américains a pris acte des avancées de la science qui ont démontré que l’homosexualité est une orientation sexuelle biologique et non du domaine du choix. » >>> partagée par tous, mais elle fait son chemin parmi les rabbins orthodoxes américains. En Europe, les rabbins ont une attitude plus traditionnelle, sauf peut-être au Royaume-Uni où le Grand Rabbin Jonathan Sachs a aussi fait une déclaration appelant plus de compassion. A la fin des années 1990, le rabbin orthodoxe américain Steven Greenberg fit son coming-out. Il vit désormais avec son partenaire et milite pour une reconnaissance des homosexuels dans le monde orthodoxe 2 . Plus récemment, une association juive gay orthodoxe a vu le jour en Israël, non sans que son fondateur ait subi menaces et pressions 3 . On le voit, par ces quelques exemples, la position des autorités orthodoxes n’est pas monolithiques et semble évoluer. Mais les évolutions dans le monde religieux traditionnel sont toujours très lentes. Le temps y est celui des longues durées. Le monde non-orthodoxe -traditionnel et non traditionnaliste- a adopté des attitudes plus ouvertes sur les questions de société. Il faut cependant faire une distinction entre deux grandes branches du judaïsme non-traditionnaliste, la branche massorti, ou Conservative, et la branche libérale, ou Reform. Les débats ont été très vifs en Amérique du Nord où ces mouvements regroupent la grande majorité des Juifs religieux. Encore en 1992, le Comité sur la Loi Juive du mouvement massorti a adopté une résolution rejetant l’homosexualité comme contraire à la Halakha, la Loi juive. Cependant, au sein de ce même comité, et dans l’institution qui forme aux EtatsUnis ses rabbins et cantors (ministres officiants), le Jewish Theological Seminary (JTS), des discussions fort nourries ont eu pour objet l’acceptation de candidats ouvertement homosexuels au séminaire. Ce qui fut fait en 2007 pour le JTS. Les autres séminaires massortis ont gardé le droit d’accepter ou non de tels candidats, certains l’ayant fait, d’autres l’ayant rejeté. On remarque donc que, comme dans les milieux orthodoxes, les débats sont plutôt récents, et les évolutions très rapides. Le mouvement libéral, ou Reform, est celui qui compte dans le monde religieux juif le plus d’adhérents. Il n’est pas encore très connu en France où il ne représente qu’une minorité dans la communauté juive française, mais une minorité en expansion. Dès le années 1980, la Conférence Centrale des Rabbins Américains (CCAR) a pris acte des avancées de la science qui ont démontré que l’homosexualité est une orientation sexuelle biologique et non du domaine du choix, et que la Loi doit être interprétée de manière différente. C’est la raison pour laquelle les homosexuel/ les sont acceptés à part entière dans les communautés juives, et qu’à partir de la fin des années 1980, les candidats ouvertement homosexuels peuvent être admis dans l’école rabbinique, le Hebrew Union College (HUC). Il en est de même dès cette époque au collège rabbinique européen, le Leo Baeck College de Londres ou encore celui de Berlin, l’Abraham Geiger Kolleg ouvert en 2000. En 1996 et 1998, la CCAR adopte un mariage religieux pour les couples homosexuels. Et, afin de réfléchir aux questions touchant les personnes LGBT, le HUC a créé un Institut pour le Judaïsme et l’Orientation Sexuelle (IJSO) 4. En ce qui concerne la France, la situation est semblable à ce qui se passe ailleurs. Le judaïsme consistorial, d’obédience orthodoxe est largement défavorable à la présence d’homosexuels dans ses communautés. Ceux-ci ne doivent pas faire état de leur identité et l’on reste plutôt dans le non-dit. Les communautés libérales acceptent sans difficulté des personnes homosexuelles comme membres à part entière. La question du mariage gay ne se pose pas en France puisque ce mariage n’est pas autorisé par la loi de la République, contrairement au Royaume-Uni où le mariage gay est autorisé depuis 2005. Une branche du judaïsme libéral, Liberal Judaism, marie religieusement les couples de même sexe, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Entre rejet total, empathie, compassion, acceptation complète, la situation des homosexuels juifs varie beaucoup d’un mouvement à l’autre. Loin d’être monolithique, la réponse des autorités religieuses reflète la diversité des sensibilités et des courants. Notes : 1 - http://www.jonahweb.org/sections.php?secId=902 2 - Voir par exemple son: Wrestling With God and Men: Homosexuality in the Jewish Tradition, University of Wisconsin Press, 2004. 3 - www.hod.org.il4 http://www.huc.edu/ijso/inclusion/ 4 - http://www.huc.edu/ijso/inclusion/ 6 conférence dates Guy Slama Première conférence le 20 février La guerre d’indépendance de 1948 chapô à venir. Cycle de 2 conférences, La guerre d’indépendance de 1948 et les guerres de 1967 et de 1973. L es précédentes conférences « les 60 ans d’Israël » m’avaient donné l’occasion d’évoquer les différentes étapes de la naissance de l’Etat d’Israël. J’ai décrit la naissance du sionisme politique, la déclaration Balfour de 1917, la promesse des britanniques au nationalisme arabe de créer un grand royaume arabe, la création du « Yishouv », les émeutes arabes, les politiques britanniques restrictives de l’immigration juive, la résolution des Nations Unies sur le plan de partage de la Palestine et toutes les guerres entre Israéliens et Arabes qui ont suivi et l’Israël aujourd’hui. Au cours de ces recherches, il m’a paru intéressant de revenir sur les guerres défensives, avec ce nouveau cycle de 2 conférences : la première sur la guerre la plus complexe et la plus couteuse en vies humaines, la guerre d’indépendance du 15 mai 1948, et la seconde sur les guerres de 1967 et de 1973. Dans ces 2 conférences j’insisterai plus sur les hommes et les femmes qui ont modifié le cours de l’histoire, par des choix d’alliance ou de stratégie courageuse, plutôt que décrire en détail, les différentes batailles qui ont permis la victoire. J’ai souhaité revenir sur ces trois guerres défensives et leurs dirigeants politiques et militaires qui ont permis à Israël de surmonter ces épreuves, en obtenant la paix avec ses 2 principaux voisins, l’Egypte et la Jordanie, un état de guerre latent avec la Syrie et le Liban et une guérilla palestinienne à Gaza et à la frontière nord d’Israël. Vendredi 4 février Office de Kabbalat Shabbat à 19h15, animé par les jeunes de la communauté, Vendredi 18 février Cours d’introduction au judaïsme à 17h30, animé par René Pfertzel, Vendredi 18 février Office de Kabbalat Shabbat à 19h15, animé par René Pfertzel, repas chabbatique apportez un plat salé et sucré sans viande, Samedi 19 février Office de Shabbat parachat Ki Tissa à 10h, Vacances de février pas de Talmud Torah ni d’offices du 26 février au 13 mars inclus Dimanche 20 février Conférence sur la guerre d’indépendance à 15h00, animé par Guy Slama, Vendredi 18 mars Cours d’introduction au judaïsme à 17h30, animé par René Pfertzel, Vendredi 18 mars Office de Kabbalat Shabbat à 19h15, animé par René Pfertzel, repas shabbatique, Samedi 19 mars Office de Shabbat Zachor parashat Tsav à 10h, animé par René Pfertzel, Dimanche 20 mars Spectacle de Pourim à 15h00, animé par des comédiens de la compagnie Lulu sur la Colline 60 rue Victor Lagrange 69007 LYON un goûter suivra la représentation, Jeudi 31 mars Cours d’introduction au judaïsme à 18h30, animé par René Pfertzel, Du 1 au 3 avril 2011 Rencontres du Judaïsme Libéral Francophone informations utiles sur les horaires des conférences, offices et tarifs d’inscription sur le site www.rjlf2011.com Vendredi 1 avril Office de kabbalat shabbat à 19H15, animé par René Pfertzel et les jeunes de la communauté au Novotel Part Dieu 47 boulevard Vivier Merle 69003 Lyon, Vendredi 1 avril Diner de Shabbat au Novotel à 21h, Venez nombreux le dimanche 20 mars participer à une fête de Pourim inédite dans les annales de l’UJLL D eux comédiens professionnels de l’improvisation en entreprise créeront une succession de sketchs à partir de sujets libres écrits par les membres de l’UJLL sur les thèmes qui nous tiennent à cœur (comme par exemple la venue de notre futur rabbin, la cohésion de notre communauté, la recherche de fonds, le rapprochement avec la CJL….). Une manière différente d’aborder nos problèmes, de prendre de la distance, de se détendre et de rire ensemble dans la tradition des Pourim-shpil (en yiddish « jeux de Pourim »). Ce terme désignait un monologue rimé au cours duquel un acteur costumé traitait de manière humoristique des sujets en lien direct avec la vie quotidienne de la communauté. Le dimanche 20 mars à 15h au théâtre « Lulu sur la colline », 60 rue Victor Lagrange 69007, spectacle suivi d’un succulent goûter. Tarifs membres 15 €, 8 € pour les moins de 18 ans, les étudiants et les chômeurs Tarifs extérieurs 20 €, 10 € pour les moins de 18 ans, les étudiants et les chômeurs Renseignements et réservations auprès de Brigitte Frois : [email protected] 4 Samedi 2 avril Office de Shabbat parachat Tazria à 10h, animé par le rabbin François Garaï et des rabbins invités, Vendredi 15 avril Cours d’introduction au judaïsme à 17h30, animé par René Pfertzel, Vendredi 15 avril Office de Kabbalat Shabbat à 19h15, animé par René Pfertzel, Samedi 16 avril Office de Shabbat Haggadol à 10h, animé par René Pfertzel, Seder communautaire au Novotel Part Dieu, ouverts aux membres de la CJL et de l’UJL au choix le premier ou deuxième soir, ils seront animés les deux soirs par René Pfertzel, Lundi 18 avril Accueil à partir de 18h30, sous la responsabilité de la CJL contact Marcel Bensimon [email protected] Mardi 19 avril Accueil à partir de 18h30, sous la responsabilité de l’UJL contact Daniela ou Guy [email protected] ou [email protected] Lettre bimestrielle de l’union juive libérale de lyon Ont participé à ce numéro : Catherine Déchelette, Delphine Horvilleur, René Pfertzel, Brigitte Frois, Guy Slama et Rémi Guedj. Montage : Frédéric et Rémi Guedj Courriel rédaction : [email protected] UJLL : 14 rue Garibaldi, 69006 Lyon (code porte : 5682) Présidente Daniela Touati Secrétaire Valérie des Roseaux Tél. 04 72 82 06 83 Courriel [email protected] www.ujl-lyon.com Prix 7€ Abonnement annuel (4 numéros) 40€