Un rapport d`analyse de la 29 session du
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Un rapport d’analyse de la 29e session du Conseil des droits de l’homme : Nier les droits des personnes LGBTI revient à mettre au défi l’universalité des droits humains 15 juin – 3 juillet 2015 Pour de plus amples renseignements concernant CDH29 : Arvind Narrain | Directeur à Genève | [email protected] Kim Vance | Directrice générale | [email protected] http://arc-international.net/global-advocacy/human-rights-council/hrc29 http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session29/Pages/29RegularSession.aspx TABLE DES MATIÈRES ! Liste des interventions reliées aux droits des personnes LGBTI, 29e session du CDH..................................3 Introduction ...................................................................................................................................................4 Rapport du Haut-Commissaire sur les violations des droits humains basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ..........................................................................................................................................5 •! •! •! •! Débat général sous les items 2 et 3 Débat général sur la Déclaration de Vienne et le Programme d’action sous l’item 8 Débat sous l’item 4 : des situations qui exigent l’attention du Conseil « Droits de liberté et d’égalité » : un événement connexe au Rapport du BHCDH parrainé par le Brésil, l’Uruguay, le Chili et la Colombie L’intersection des droits des personnes LGBTI dans un cadre plus large des droits de l’homme…..........15 •! Les rapports des Rapporteurs spéciaux et le débat qui s’ensuit •! Rapporteur spécial sur la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression •! Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible •! Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme •! Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences •! Une journée entière de discussion sur les droits humains des femmes où on discute de la violence domestique contre les femmes et les jeunes filles •! Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes •! Panel de discussion sur le droit égal de chaque fille à l’éducation •! Événements connexes La résolution pour protéger la famille..........................................................................................................23 La montée de l’EI et les défis que cela pose pour les gens LGBTI.................................................................27 La question de l’universalité des droits de l’homme....................................................................................29 Résultats de rapports de l’EPU……............................................................................................................31 Conclusion : des idées sur comment aller de l’avant...................................................................................34 •! Les États qui appuient généralement les droits des personnes LGBTI •! Les États qui s’opposent généralement aux droits des personnes LGBTI •! Les États dans l’entre-deux •! Les entités qui s’opposent à l’existence LGBTI in toto. 2" " Liste des interventions reliées aux droits LGBTI, 29e session, Conseil des droits de l’homme (disponible en format vidéo à https://www.youtube.com/playlist?list=PLZOJk6RLY4fLvp9nUAoALeYchDO02Ihi6 ) 1. Déclaration conjointe sous l’item 8 par plus de 400 ONG de par le monde 2. Déclaration concernant le panel sur le droit à l’éducation de chaque fille 3. Échos des défenseurs LGBTI : discussion du panel 4. Déclaration sur le rapport de la Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes 5. Déclaration sur les situations de droits humains qui nécessitent l’attention du Conseil 6. Déclaration sur le rapport de la Rapporteure spéciale sur la pauvreté extrême et les droits de l’homme 7. Déclaration durant le débat concernant le rapport du Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes 8. Déclaration sur l’inter-sexe et les questions MGF sous les items 2 et 3 9. Déclaration sur le rapport du BHCDH concernant la violence et la discrimination basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre 10. Déclaration sur l’Évaluation périodique universelle de la Turquie, du Koweït, de la Suède, du Lesotho, du Kenya et de Kirghizistan 11. Déclaration durant la discussion d’une journée sur les droits des femmes 12. Déclaration sur le rapport du Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression 13. Déclaration sur le rapport du Rapporteur spécial sur le droit au meilleur état de santé physique et mentale possible 14. Déclaration conjointe de la Colombie sous l’item 8 15. Déclaration sur le financement trans sous l’item 8 16. Déclaration sur les moyens que l’Irlande doit encore prendre pour protéger les personnes trans sous l’item 4 3" " INTRODUCTION Le point fort de la 29e session du Conseil des droits de l’homme, du point de vue des droits des personnes LGBTI, fut la publication du Rapport du Haut-Commissaire sur les violations des droits humains basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Le Rapport en soi (qui est un document hautement significatif) a polarisé l’opinion, avec les États entièrement d’accord et ceux fortement opposés. Cependant, au-delà de la dynamique de la session du Conseil, le Rapport en tant qu’étude détaillée par un organisme crédible a le potentiel de devenir un important outil de revendication régionale, nationale et globale. La normalisation croissante des droits des personnes LGBTI se reflète dans le fait que, comme dans les sessions précédentes, les questions LGBTI furent mentionnées dans les rapports de plusieurs Rapporteurs spéciaux, y compris ceux sur le droit à la santé et la protection des droits de l’homme durant la lutte contre le terrorisme, de même que dans les réponses des États et de la société civile à ces questions. Même si les droits des personnes LGBTI sont plus que jamais courants, l’opposition contre l’octroi de tels droits demeure toujours aussi stridente. Mises à part les déclarations ouvertement et vicieusement homophobes des États qui sont contre, l’opposition adoptent d’autres stratégies. L’une consiste à camper leur opposition dans des termes plus subtils. Un excellent exemple lors de ce Conseil est comment la résolution pour protéger la famille devint une mise en scène où quiconque appuyait la résolution passait pour un opposant au soi-disant « agenda LGBTI ». Il est important de comprendre que l’opposition est parfois brutale et directe, alors qu’à d’autres moments des États s’opposent aux droits des personnes LGBTI par des moyens indirects tels que des résolutions sur les valeurs traditionnelles ou sur la protection de la famille. Cette session du Conseil accorda une attention pondérée à la gravité et à la profondeur de la violation des droits des personnes LGBTI. La guerre déclarée par l’EII contre ceux qui sont LGBTI demeure de la plus haute importance juste à en juger par les cas rapportés des meurtres de gens soupçonnés d’être homosexuels. Durant cette 29e session du CDH, l’importance de comprendre les droits des personnes LGBTI dans une perspective plus large des droits de l’homme a souvent fait surface. Il faut envisager et comprendre l’opposition aux droits des personnes LGBT dans un cadre plus large, soit celui du principe névralgique selon lequel toute personne détient des droits en vertu de sa naissance : c’est le prince de l’universalité des droits. 4" " RAPPORT DU HAUT-COMMISSAIRE SUR LES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS BASÉES SUR L’ORIENTATION SEXUELLE ET L’IDENTITÉ DE GENRE La nature germinale du Rapport fut établie par le Haut-Commissaire lors de ses remarques d’ouverture à cette 29e session du Conseil des droits de l’homme. Nonobstant les graves questions de violations des droits, en Palestine et en Syrie par exemples, le Haut-Commissaire a attiré l’attention au rapport sur la discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, Tel que noté par Zeid Ra’ad Al Hussein : Il y a récemment eu plusieurs pas en avant dans la protection des droits des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et inter-sexe – dont l’introduction de nouvelles lois contre la discrimination et les crimes haineux; la reconnaissance des relations de même sexe; la protection des enfants inter-sexe; et des changements qui facilitent une reconnaissance légale de l’identité de genre pour les personnes transgenres. Néanmoins, les gens LGBTI et inter-sexe de toutes les régions font continuellement et subtilement face à des abus violents, du harcèlement et de la discrimination, tel qu’indiqué dans notre rapport thématique devant ce Conseil. Il faut faire beaucoup plus pour mettre fin à cette. discrimination dommageable. 1 Le Rapport en soi fut débattu et discuté lors de trois forums : •! Débat général sous les items 2 et 3 •! Débat sur le suivi au Programme d’action de Vienne sous l’item 8 •! Événement connexe organisé par les parrains latino-américains de la résolution qui autorisa le Rapport DÉBAT GÉNÉRAL SOUS LES ITEMS 2 ET 3 Le Débat général sous les items 2 et 3 fut témoin de deux types de réponses. Les États en faveur du Rapport incluaient le GRULAC, l’EU et d’autres États occidentaux. Ceux vigoureusement contre le Rapport comprenaient les États de l’Organisation de coopération islamique (OCI) et des États du groupe africain. Les réponses de la société civile étaient uniformément en faveur. """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 1 http://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16074&LangID=E 5" " Appuis positifs La Lettonie, parlant au nom de l’Union européenne, était préoccupée que la discrimination contre les lesbiennes, gays et personnes bisexuelles ou transgenres continuait de par le monde et invita les États à veiller à ce que l’orientation sexuelle ne soit aucunement sujette à une peine criminelle. Le Chili, parlant au nom du Brésil, de la Colombie et de l’Uruguay, applaudit le rapport et ses recommandations sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, tout en déplorant la tendance persistante de taxage à l’endroit des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou intersexe. Toutes les personnes ont droit à une protection en vertu de la loi internationale sur les droits humains et les États ont l’obligation d’assurer cette protection. Le Conseil doit continuer à lutter contre toutes formes de violence et de discrimination, particulièrement sur la base de l’orientation sexuelle et l’identité de genre. L’Allemagne demeure très préoccupée par la discrimination persistante contre les gens en vertu de leur orientation sexuelle et identité de genre, telle que décrite dans le rapport, et note que la discrimination par des tiers privés demeure un défi. L’Allemagne a demandé un suivi régulier sur cette question par le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme et a dit que ce dossier était trop important pour le retirer de l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme. Le Royaume-Uni a noté qu’il était inacceptable que les lesbiennes, gays et personnes bisexuelles ou transgenres soient sujets à de continuels abus violents, du harcèlement et de la discrimination. Le Monténégro a noté comment il est troublant que plusieurs personnes dans tous les pays sont exposées à diverses formes de violence, de discrimination et d’exclusion sur la base de l’orientation sexuelle et l’égalité de genre, à la fois dans les familles et les sociétés. La Slovénie a fortement appuyé la résolution du Conseil sur les droits de l’homme et l’orientation sexuelle, ajoutant que le relativisme culturel ne peut pas servir pour nier les droits des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles ou transgenres. La Slovénie a condamné toute criminalisation du comportement de même sexe et dénoncé les cas où les autorités n’avaient pas fait enquête sur la violence contre les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles ou transgenres. L’Australie a condamné les actes continuels de violence, de torture, de discrimination et d’autres dénis des droits humains des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et inter-sexe. Elle a noté que dans certains pays la peine de mort pouvait encore être appliquée dans des cas de comportement homosexuel consensuel et a enjoint tous les pays de mettre fin à la discrimination contre les lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et inter-sexe. Réponses critiques 6" " Le Qatar, parlant au nom du Conseil de coopération du Golfe, a appuyé les mécanismes des droits de l’homme, surtout les Procédures spéciales. Le Qatar a cependant noté son dilemme face à l’homosexualité, qui contredit les préceptes de la charia et de l’islam. Les Rapporteurs spéciaux auraient dépassé leur mandat et enfreint leur code de conduite. Des rapports reposeraient sur des données incertaines et sur une image ne reflétant pas la situation sur le terrain dans les États du Golfe, notamment en ce qui a trait aux droits des homosexuels. Le Pakistan, parlant au nom de l’Organisation de coopération islamique, a noté que les ministres des Affaires étrangères de l’OCI rejetaient la résolution mandatant le rapport du BHCDH sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. La famille forme l’unité de base de la société et contribue significativement au maintien des droits humains pour les hommes, femmes et enfants. Il a regretté que les recommandations dans le rapport du Haut-Commissaire enfreignent les affaires internes des États membres et s’est dit très préoccupé par le fait que le rapport du Groupe de travail sur la question de la discrimination contre les femmes, en droit et en pratique, tentait de redéfinir la famille. Le Pakistan a déploré le fait que le Groupe de travail ait adopté une interprétation tordue de la famille et défié une notion universellement reconnue de la famille pour faire la propagation des soi-disant droits LGBT. L’Arabie Saoudite a regretté que le rapport et certains pays cherchent à imposer de nouvelles réalités et politiser les droits de l’homme à travers de doubles standards. L’Arabie Saoudite n’a pas appuyé le thème de l’homosexualité et a totalement rejeté les recommandations du HautCommissaire, qu’elle considérait comme une violation de la souveraineté des États et de l’islam, qui est une religion de paix. L’Arabie Saoudite s’est dit préoccupée par la montée de l’islamophobie et a invité les pays à criminaliser un tel discours haineux. Le Nigeria a dit que son projet de loi contre les relations de même sexe donnait la responsabilité au peuple. Il était conforme aux aspirations des 170 millions de citoyens dont la majorité est musulmane ou chrétienne. Sa population et ces deux religions rejettent le mariage de même sexe ainsi que les attitudes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres; les droits de l’homme ne doivent pas servir à imposer au peuple de mauvaises valeurs. Les droits gays et l’orientation de même sexe limiteraient la population et imposeraient des conséquences inattendues sur la famille en tant qu’institution. L’État doit veiller à ce que la famille et les valeurs religieuses et culturelles de ses citoyens soient respectées. Le Nigeria rejette totalement la mise à jour du rapport du Bureau du Haut-Commissaire, qui se mêle des affaires internes de certains États. Réponse d’organismes de l’ONU et d’ONG ONUSIDA a souligné qu’une approche basée sur les droits de l’homme était la façon la plus efficace de traiter du VIH/sida et a regretté que les membres de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre soient plus sujets à vivre avec le VIH que le reste de la population. Ceci 7" " est le résultat de la discrimination et de la criminalisation du comportement de même sexe, qui entraînent un manque d’accès aux soins de santé. Le lien entre criminalisation et VIH est clair. Dans une déclaration conjointe avec"l’Association internationale lesbienne et gay, Allied Rainbow Communities International s’est réjoui que le rapport du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme ait élargi la compréhension des violations subies par les lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et inter-sexe en attirant l’attention sur l’intervention chirurgicale non nécessaire imposée aux enfants nés inter-sexe. L’organisme a prôné l’adoption d’une résolution assurant un suivi régulier, un dialogue constructif et récurrent, une attention systématique à l’étendue des violations de droits basées sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et le statut inter-sexe. L’Union internationale humaniste et éthique a dit que le droit à l’égalité protège les gens sur la base de leur orientation sexuelle et identité de genre. L’Union était perplexe que des États comme la Russie et le Nigeria violaient ces droits par des lois discriminatoires. Refuser aux gens le droit d’exprimer qui ils sont et qui ils aiment, c’est nier leur droit d’être eux-mêmes. International Service for Human Rights a déclaré que les mécanismes actuels pour protéger les droits des lesbiennes, gays, personnes transgenres ou bisexuelles sont inadéquats. De récentes études démontrent, néanmoins, que des avancées ont été faites. Dans toutes les régions du globe, les personnes lesbiennes, gays, transgenres ou bisexuelles sont plus actives et visibles. Les lois soi-disant anti-propagande dans certains pays demeurent troublantes. Les États ont l’obligation de protéger les défenseurs lesbiens, gays, transgenres et bisexuels contres des représailles. Amnistie internationale a dit que, dans certains cas, les abus des lesbiennes, gays, personnes transgenres, bisexuelles et inter-sexe avaient été reliés à des existantes ou à de nouvelles législation restrictives. Dans 76 pays, l’activité sexuelle entre adultes consentants de même sexe continue d’être criminalisée et plusieurs individus transgenres ne peuvent pas obtenir une reconnaissance légale de leur genre. Le Conseil a été enjoint de demeurer au fait de la situation. DÉBAT GÉNÉRAL SUR LA DÉCLARATION DE VIENNE ET LE PROGRAMME D’ACTION SOUS L’ITEM 8 Le débat sous l’item 8 a aussi été témoin des deux types de réponses : les États occidentaux et ceux de l’Amérique latine appuyant le rapport, et le Pakistan représentant l’OCI s’y opposant vigoureusement. Le fait saillant de la réponse de la société civile fut une déclaration de quelque 400 ONG de plus de 105 pays demandant que le Conseil des droits de l’homme accorde une attention systématique aux abus systémiques contre des gens LGBTI. 8" " Appuis positifs La Colombie, parlant au nom d’un groupe inter-régional de plus de 72 pays, s’est dit préoccupée par l’évidence continue d’actes de violence dans chaque région et de violations des droits humains basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Le groupe a ensuite invité les États à prendre les moyens pour enrayer les actes de violence, la discrimination, les sanctions criminelles et les violations de droits humains contre des gens en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre, pour encourager les Procédures spéciales, les organismes de traités et autres dépositaires à continuer d’intégrer ces questions dans leurs mandats respectifs et à faire rapport au Conseil. Ce dernier a été enjoint de traiter de ces importants dossiers des droits humains. La Lettonie, parlant au nom de l’Union européenne, a dit accorder une grande importance au principe de l’universalité enchâssé dans la Déclaration de Vienne et le Programme d’action, et a souligné que l’égalité est sous-jacente à ce principe. La violation des droits des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles et transgenres pose un grand défi de nos jours. Les États ont l’obligation de protéger tous leurs citoyens contre la violence. Au moins 76 États ont des lois criminalisant les relations de même sexe. Certains imposent même la peine de mort pour des relations consensuelles de même sexe. Ces lois doivent être répudiées. Les lesbiennes, gays, personnes bisexuelles et transgenres méritent les mêmes droits humains que tout le monde. Les États-Unis partagent les préoccupations du Haut-Commissaire concernant les violations et abus continuels, sérieux et répandus qui sont perpétrés contre les gens en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre. Ils appuient l’appel du Haut-Commissaire pour que le Conseil des droits de l’homme s’engage robustement à traiter de la violence et de la discrimination basée sur l’orientation sexuelle, notant que les pratiques discriminatoires continuent de se produire à un alarmant haut taux dans toutes les régions du monde. L’Irlande a félicité le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour son rapport sur la discrimination et la violence contre des gens en raison de leur orientation sexuelle et identité de genre. Depuis la publication du rapport, l’Irlande a joint les États offrant le mariage de même sexe et est devenu le premier État à le faire par vote populaire. Le référendum a connu une majorité écrasante, illustrant l’engagement de l’Irlande envers l’égalité et signalant fortement que le changement est possible. Les Pays-Bas ont dit que la Déclaration et le Programme d’action de Vienne avaient unifié la communauté internationale autour de la conviction que la promotion et la protection des droits humains étaient une préoccupation globale. Les Pays-Bas se sentent donc interpelés par les situations concrètes des pays. Toutes les traditions et valeurs culturelles et religieuses doivent se mesurer au principe de l’universalité des droits de l’homme. La longue histoire de certaines 9" " pratiques n’est pas une raison pour les accepter. Les gouvernements doivent prévenir la violence et la discrimination contre tous, sans égard à leur orientation sexuelle ou identité de genre. La Norvège a dit que les droits des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et intersexe continuent d’être brimés dans tous les coins du monde; dans certains pays, ceux qui défendent les droits des lesbiennes, gays, personnes bisexuelles, transgenres et inter-sexe risquent d’être menacés, emprisonnés ou même tués. C’est pourquoi la Norvège a appuyé des organisations qui offraient des mécanismes concrets de sécurité aux défenseurs des droits humains et leur a permis de continuer leur travail. L’Espagne a dit que la non-discrimination était un thème clé de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne; le rejet de toute forme de discrimination était clair. Aucun États membre des Nations unies peut justifier la discrimination et la violence contre les gens, pas sur la base de la religion, du style de vie, de l’ethnicité, de l’orientation sexuelle ou de toute autre raison. L’égalité est le moteur de la Déclaration de Vienne, à laquelle il ne peut y avoir d’exceptions. Israël a dit que les États ont une obligation bien établie de respecter et protéger les droits de tout le monde, y compris les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenre et inter-sexe. Israël déplore les conditions horrifiantes de la communauté lesbiennes, gay, bisexuelle. Transgenre et inter-sexe dans la plupart des pays du Moyen-Orient, qui interdisent par la loi les relations de même sexe. Tous doivent bénéficier des droits de l’homme sans questionner leur orientation sexuelle. La Suisse a condamné la discrimination d’individus sur la base de leur orientation sexuelle et identité de genre. Elle applaudit les bonnes pratiques pour surmonter ce problème lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe. Cet événement permettra une interaction avec d’autres États intéressés, les organismes des Nations unies, la société civile et les communautés locales en vue d’identifier et d’intensifier les efforts concertés pour combattre la violence et la discrimination basées sur l’orientation sexuelle. La Croatie a déclaré qu’elle s’engageait à combattre l’homophobie, la transphobie et la biphobie en vue d’éliminer toute discrimination directe ou indirecte sur la base de l’orientation sexuelle et l’identité de genre; elle fait constamment la promotion de l’acceptation sociale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe. La Croatie a travaillé activement à la promotion de mise en œuvre efficace des dispositions légales et autres en vue d’éradiquer la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. La Suède a dit que les droits de l’homme étaient universels et que personne ne devrait être sujet à la torture, la violence, l’exécution sommaire, le traitement inhumain, l’arrestation arbitraire, la discrimination ou être muselé de quelque façon en raison de son orientation sexuelle ou identité de genre. La Suède était troublée de constater que de la violence et de la discrimination contre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres eurent lieu sans redevabilité, même sous prétexte de normes ou de traditions sociétales. 10" " Réponses d’États hostiles Le Pakistan, parlant au nom de l’Organisation de coopération islamique, s’est dit préoccupé par les tentatives d’introduire au Conseil et dans le système des Nations unies des concepts qui n’ont aucune base légale dans quelque instrument international de droits de la personne, comme la soidisant notion d’« orientation sexuelle ». Selon le Pakistan, le travail du Conseil devrait être guidé par un cadre normatif des droits de l’homme, qui est unanimement accepté, et devrait éviter d’imposer des systèmes de valeurs sans tenir compte des différences et des sensitivités culturelles ou religieuses. Réponses de la société civile L’Association internationale lesbienne et gay, dans une déclaration conjointe avec Allied Rainbow Communities International, Amnistie internationale, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme! (FIDH), l’Union internationale humaniste et éthique, Article 19-International Centre Against Censorship, Verein Sudwind Entwicklungspolitik, Forum for Women and Development-FOKUS, le Service International pour les droits de l’homme, Human Rights Watch, l’Alliance internationale sur le VIH/sida et la Commission internationale des droits de l’homme pour les gays et lesbiennes, de concert avec quelque 400 ONG dans plus de 105 pays, a dit que dans trop de pays les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe subissent de graves violations des droits humains; elles sont criminalisées, subissent la peine de mort et sont sujettes à de soi-disant « thérapies de conversion », au viol et au mariage forcé. Les violations s’étendent à la sphère familiale, où le rejet, le traitement discriminatoire et la violence peuvent avoir de sérieuses conséquences négatives sur la jouissance des droits de l’homme. La déclaration conjointe a applaudi la résolution adoptée en septembre et le récent rapport du BHCDH, qui sont de nouveaux pas en avant. Elle a réitéré que toutes ces violations sont systémiques et exigent des réponses systémiques de la part du Conseil des droits de l’homme. Action Canada pour la population et le développement, dans une déclaration conjointe, a dit que le Conseil avait l’obligation de veiller à ce que tout le monde ait les droits prendre et mettre en œuvre des décisions touchant son corps et sa vie. La nécessité d’une attention proactive aux droits humains reliés à la sexualité et le genre est devenue plus claire et plus urgente. On ne peut pas jouir des droits de l’homme s’il n’y a pas une discussion ouverte et informée de ces questions. Alliance Defending Freedom a dit que le rapport sur les violations des droits humains des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe, produit par le Bureau du HautCommissaire aux droits de l’homme, a mêlé les notions de loi internationale et n’était qu’une tentative de mettre à l’ordre du jour des questions qui n’ont pas de fondement en droit international. 11" " Sudwind a dit que le traitement déplorable des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe était un reflet de la position générale des droits de l’homme dans une société. La Déclaration de Vienne déclarait que des libertés fondamentales sans quelque distinction que ce soit étaient une démonstration significative de la loi internationale sur les droits de l’homme. L’Union internationale humaniste et éthique est atterrée devant l’opposition exprimée par les représentations de l’Organisation de coopération islamique et par divers États envers toute discussion des questions de violence contre les gens sur la base de leur orientation sexuelle. C’est une preuve tacite que les États islamiques n’acceptent pas l’universalité des droits. Le Conseil n’a pas été créé pour promouvoir et protéger la loi de la charia, mais pour promouvoir et protéger les droits de l’homme. S’il y a conflit entre l’un et l’autre, les droits de l’homme doivent prévaloir. La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme a insisté sur l’obligation que les États ont de promouvoir et protéger les droits de l’homme de tous et a dit que, dans plusieurs coins du monde, des individus sont sujets à une violence et à une discrimination basées sur leur orientation sexuelle et identité de genre. La Déclaration et le Programme d’action de Vienne reconnaissent le rôle important des organismes non gouvernementaux dans la promotion des droits de l’homme et a enjoint les États à protéger ces droits. La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme!a dit que, compte tenu des violations systémiques des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe, elle invitait le Conseil à créer un mécanisme régulier pour se pencher sur les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, idéalement une Procédure spéciale dûment mandatée et au minimum un rapport biannuel au Conseil par le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme. Dans une déclaration conjointe avec l’Association internationale lesbienne et gay, la Commission internationale des droits de l’homme pour les gays et lesbiennes a invité les gouvernements à fournir des ressources à la société civile Trans pour renverser la vapeur et inclure les voix Trans à tous les niveaux de prise de décisions et d’élaboration de politiques. IGLHRC a souligné que les personnes Trans ne revendiquent pas de nouveaux droits. Elles veulent tout simplement jouir des mêmes droits que les autres gens – vivre sans violence et discrimination, former des familles de leur choix, auto-définir leur propre avenir, avoir un plein accès à l’éducation, l’emploi et les soins de santé, et recevoir dans la dignité des soins durant leur vieillesse. Minnesota Citizens Concerned for Life a dit que la résolution sur la protection de la famille ne visait pas à promouvoir la dysfonction, mais plutôt à promouvoir des politiques qui facilitent l’élevage des enfants. Élargir la définition de la famille ne servirait pas le but de la résolution. Les nations peuvent définir la famille selon leurs propres cultures, lois, actions judiciaires, et ce, sans l’ingérence de nouvelles définitions politiques dans les textes des Nations unies. CIVICUS a noté la constante persécution des personnes et activistes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe. Les efforts de plusieurs gouvernements d’adopter des lois pour réduire 12" " la violence contre les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et inter-sexe continuent d’être masqués par de sérieuses violations de droit à l’égard de ces gens, notamment en Zambie, en Turquie et en Russie. DÉBAT SOUS L’ITEM 4 : DES SITUATIONS QUI EXIGENT L’ATTENTION DU CONSEIL ILGA Europe a noté que le gouvernement irlandais a fait de grands efforts pour protéger les droits des personnes trans à travers un modèle d’autodétermination pour les individus de plus de 18 ans. En dépit de cet incroyable progrès, les jeunes trans sont oubliés et leurs droits ne seront pas défendus par cette législation. En vertu de plan proposé, les trans de 16 et 17 ans peuvent faire une demande de reconnaissance légale, mais le processus est très onéreux et servira de barrière à plusieurs jeunes cherchant à obtenir une reconnaissance légale. De plus, il n’y a pas de processus pour une reconnaissance légale des mineurs de moins de 16 ans. Résultat : l’État irlandais ne reconnaîtra pas l’existence d’enfants trans. Il a été recommandé que cette lacune soit considérée afin de protéger et défendre les droits des jeunes trans. « DROITS DE LIBERTÉ ET D’ÉGALITÉ : UN ÉVÉNEMENT CONNEXE AU RAPPORT DU BHCDH PARRAINÉ PAR LE BRÉSIL, L’URUGUAY, LE CHILI ET LA BOLIVIE Une des stratégies prônées par LAC-4 (Brésil, Uruguay, Chili et Colombie) pour donner plus de visibilité au rapport du BHCDH fut la tenue d’une discussion sur le lancement du rapport. Elle fut largement suivie par nombre d’États en faveur, de même que par la société civile. Le contenu du rapport fut présenté par Charles Radcliffe, conseiller sénior sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre au BHCDH. M. Radcliffe a noté que de remarquables progrès avaient été faits en matière de droits LGBTI de par le monde; à titre d’exemple, depuis 2011, 14 États ont adopté ou renforcé des lois contre la discrimination et les crimes haineux, étendant ainsi la protection sur la base de l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre; dans deux cas, on a aussi donné une protection légale aux personnes inter-sexe. Trois États ont aboli les sanctions criminelles contre l’homosexualité; 12 ont adopté le mariage ou l’union civile au niveau national pour les couples de même sexe; et 10 ont élaboré des réformes qui, à divers degrés, facilitent l’obtention par les personnes transgenres d’une reconnaissance de leur identité de genre. Monsieur Radcliffe a cependant ajouté que, en dépit de ces changements, des violations de droits humains 13" " sérieuses et étendues sont perpétrées dans l’impunité. Voici comment il a qualifié cette situation : « le meilleur des cas et le pire des temps ». L’ambassadeur de Malte a noté que son pays n’était généralement pas connu pour l’égalité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, inter-sexe, transgenres et queer. Cependant, grâce au militantisme soutenu et à l’appui du gouvernement, Malte a adopté la Loi sur l’identité de genre, l’expression de genre et les caractéristiques sexuelles – applaudie à travers le monde – et la loi sur l’union civile. L’Albanie, Malte et Monténégro ont partagé leurs meilleures pratiques. Les ambassadeurs du Chili, du Brésil et de la Colombie ont aussi partagé leurs opinions et leur appui au Rapport. Le dernier conférencier fut Arvind Narrain d’ARC International, qui a décrit la nature des violations que les personnes LGBTI subissent; il a réitéré la nécessité que le Conseil des droits de l’homme réagisse aux violations structurelles qui persistent et travaille à amplifier les faibles voix sur le terrain afin qu’elles ne soient plus ignorées. 14" " L’INTERSECTION DES DROITS DES PERSONNES LGBTI DANS UN CADRE PLUS LARGE DES DROITS DE L’HOMME Il est possible de voir les droits des personnes LGBTI en isolation. Au contraire, ces droits font partie d’un discours plus large sur les droits de l’homme. Cette tendance de comprendre l’intersectionnalité des droits était visible lors de la 29e session du CDH, et ce dans trois secteurs distincts : •! les rapports des Rapporteurs spéciaux et le débat qui s’ensuivit •! les discussions de panel •! les événements connexes LES RAPPORTS DES RAPPORTEURS SPÉCIAUX ET LE DÉBAT QUI S’ENSUIVIT Comme dans les sessions précédentes du Conseil, divers mandataires continuèrent de faire référence aux droits des LGBTI à l’intérieur de leur mandat existant, incorporant ainsi ces droits dans discours plus large portant à la fois sur la violation et la protection des droits. Les droits des personnes LGBTI figuraient aussi dans le débat annuel sur les droits des femmes et des jeunes filles. Enfin, quelques événements connexes furent aussi une occasion de faire le lien entre les droits LGBTI et un cadre plus large des droits de l’homme. Rapporteur spécial sur la promotion et la protection de la liberté d’opinion et d’expression Dans son rapport, le Rapporteur spécial David Kaye a souligné que le codage et autres technologies devraient être disponibles gratuitement aux individus désireux de protéger leur vie privée et leur anonymat en ligne. Bien que cette liberté soit importante pour tous, le Rapporteur spécial David Kaye a tenu à souligner que : Moyens privilégiés de sécurité en ligne aujourd’hui, le codage et l’anonymat offrent aux individus une façon de protéger leur vie privée, les autorisant de naviguer, lire, développer et partager des opinions et de l’info sans interférence; ils permettant aux journalistes, aux organismes de la société civile, aux membres de groupes ethniques ou religieux, à ceux qui sont persécutés en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre, aux militants, professeurs, artistes et autres d’exercer leurs droits de liberté d’opinion et d’expression. 2 """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 2 A/HRC/29/32 15" " Dans une déclaration conjointe avec l’Association internationale lesbienne et gay, la Commission internationale des droits de l’homme pour les gays et lesbiennes a déclaré l’anonymat demeure un outil clé pour les défenseurs des droits humains et les individus forcés de cacher leur orientation sexuelle. Elle s’est dite très préoccupée par la censure sur la santé sexuelle, la sécurité et les droits de reproduction des minorités sexuelles, de même que l’obligation d’utiliser son vrai nom sur certaines plateformes. Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible M. Dainius Pūras, Rapporteur spécial, a souligné que : Les activités du mandat ont fait une large place, par ailleurs, aux graves effets préjudiciables que la criminalisation des identités, des comportements et de l’état de santé peut avoir sur le plein exercice du droit à la santé. La criminalisation et les lois restrictives sont inefficaces comme politique de santé publique et favorisent une sous-déclaration des indicateurs de santé. À titre d’exemple, les activités menées ont montré des restrictions juridiques concernant l’accès à des services d’avortement, à une éducation et une information complètes sur la santé sexuelle et procréative, et à des méthodes de contraception et de planification familiale peuvent avoir de graves effets préjudiciables sur l’exercice du droit à la santé. Il ressort des faits observés que ces effets négatifs ne s’étendent pas seulement à l’accès aux biens, aux services et à l’information, mais aussi à l’exercice des libertés et des droits fondamentaux, et à la dignité et à l’autonomie des personnes et des femmes en particulier (voir A/66/254). Les précédents titulaires du mandat se sont également intéressés aux effets négatifs de la criminalisation des relations consenties entre personnes de même sexe, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, de la prostitution et de la transmission du VIH (voir A/HRC/14/20). Ces travaux ont montré que les politiques punitives et la criminalisation ne sont pas efficaces, entravent l’accès aux services de santé, alimentent la stigmatisation et l’exclusion sociales et aboutissent à de piètres résultats de sur le plan sanitaire. Le Rapporteur spécial estime comme ses prédécesseurs qu’une conception intégrée fondée sur le droit à la santé est nécessaire. Cela recouvre la décriminalisation de l’orientation sexuelle, des identités de genre et de certains comportements et états de santé, ainsi que la création de cadres juridiques et administratifs favorables mettant l’accent sur l’éducation dans le domaine des droits de l’homme, la participation significative et 16" " l’autonomisation des groupes cibles; et une action résolue pour réduire la stigmatisation et la discrimination au sein de toute la société. En dépit des nombreux travaux qui ont souligné de façon convaincante la nécessité de se conformer aux principes universels des droits de l’homme et les avantages d’une telle démarche, on continuer d’observer une tendance à appliquer et justifier une conception étroite et sélective des droits de l’homme, y compris du droit à la santé. Cette tendance s’est accentuée au cours des dix dernières années et met en cause l’esprit même des normes et des principes universels des droits de l’homme. À titre d’exemple, cette tendance rétrograde a été observée dans le domaine de la santé et des droits de santé sexuelle et procréative, et s’agissant de la discrimination à l’égard de groupes de population vulnérables, dont les enfants, les migrants en situation irrégulière ou régulière, les personnes handicapées et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Le Rapporteur spécial se propose, dans le cadre de ses rapports et du reste de ses activités, de souligner en quoi il est nécessaire et important d’appliquer le principe de l’interdépendance et de l’indivisibilité des droits de l’homme, et en quoi cela est fondamental pour réaliser pleinement le droit à la santé.3 Commentant son voyage en Malaisie, le Rapporteur spécial a reconnu l’engagement de la Malaisie à améliorer les droits à la santé, notamment par des progrès au niveau de la réduction de la pauvreté, de l’accroissement du budget de la santé et de l’amélioration des indicateurs de base reliés à la santé. Il a aussi encouragé le gouvernement à se tourner vers de sérieux défis concernant une approche trop sélective en matière de droits humains et de discrimination contre les groupes dans des situations vulnérables. Des barrières à l’exercice du droit à la santé furent subies par des femmes et des jeunes filles, des communautés indigènes, des immigrants, des réfugiés, des chercheurs d’asile, des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres, ainsi que des personnes vivant avec le VIH/sida. En ce qui a trait au droit à la santé, l’Égypte a encouragé le Rapporteur spécial à continuer d’accorder une attention à l’accès à la médecine en tant que composante vitale de son mandat. L’Égypte a fait une mise en garde contre l’utilisation de concepts et notions comme « orientation sexuelle et identité de genre », qui ne jouissent pas d’un consensus international. Dans une déclaration conjointe avec l’Association internationale lesbienne et gay, Allied Rainbow Communities International a attiré l’attention sur le fait que la criminalisation de l’orientation sexuelle et l’identité de genre agissait comme barrière à l’accès aux soins de santé et que la discrimination et la stigmatisation menaient à de pauvres résultats en santé. ARC a noté que c’est """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 3 A/HRC/29/33 17" " là une conclusion qui a une répercussion globale pour de vastes sections de la population puisque l’intimité de même sexe demeure criminalisée dans79 pays de par le monde. Action Canada pour la population et le développement a noté qu’il y avait une tendance chez certains États d’adopter une approche étroite et sélective en matière de droits de l’homme, ce qui a un impact direct sur les droits sexuels et de reproduction. La politisation du droit à la santé par le biais de la criminalisation et de l’imposition de restrictions – comme la criminalisation des travailleurs du sexe, de l’avortement, de l’homosexualité, de l’utilisation de drogues et de la contraception d’urgence – est une violation de ce droit. Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme Dans son rapport, le Rapporteur spécial Philip Alston note que l’inégalité s’accroit dans le monde aujourd’hui. Il cite une étude d’Oxfam International à l’effet que « la part de la richesse mondiale détenue par le 1 % de personnes les plus fortunées du monde était passée de 44 % en 2009 à 48 % en 2014, et devrait dépasser 50 % en 2016. Seulement 5,5 % de la richesse restante est détenue par des personnes n’appartenant pas au quintile supérieur. »4 Ceux au bas de la hiérarchie économique étoient souvent les mêmes que ceux qui appartiennent à des groupes sociaux spécifiques souffrant de discrimination. Le Rapporteur spécial note que : Les inégalités verticales et horizontales, notamment dans le domaine économique, ont souvent un lien étroit avec la discrimination. Dans de nombreux pays, la fraction la plus pauvre de la population correspond aux groupes sociaux et ethniques les plus sujets à la discrimination. On peut donc supposer que les niveaux d’inégalité économique seraient moins élevés, dans de nombreux pays, s’il n’y avait pas de discrimination. Pour ce qui est des inégalités socioéconomiques, il convient donc d’accorder une attention particulière à la présence simultanée d’inégalités économiques et d’inégalités fondées sur l’appartenance à une catégorie de population (inégalités horizontales), qui pourrait signifier que la discrimination est un facteur important d’inégalité. Comme l’a écrit M. Stiglitz : l’une des causes d’inégalité les plus injustes – et l’une des plus difficiles à éliminer –est la discrimination, lorsqu’elle a encore cours, ou son héritage, lorsqu’elle a sévi dans le passé.5 Bien que le Rapporteur spécial n’ait pas spécifiquement mentionné les groupes LGBT, son analyse de l’inégalité peut s’appliquer à la communauté LGBTI. Lors du dialogue interactif, ILGA a fait une déclaration établissant une connexion entre l’extrême inégalité et la discrimination basée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et le statut inter-sexe. ILGA a invité les États à agir immédiatement pour interdire toutes formes de discrimination et veiller à ce que les personnes LGBTI soient incluses dans leurs stratégies de réduction de la pauvreté. Les États devraient aussi accroître leur accès à l’éducation formelle, à des services de santé de qualité, à des occasions égales """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 4 5 http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session29/Pages/ListReports.aspx ibid. 18" " d’emploi, à un traitement décent au travail, à une gamme complète de bénéfice sociaux, et garantir tout autre moyen aux gens LGBTI de sortir de la pauvreté. ILGA a aussi enjoint le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Philip Alston, d’inclure systématiquement les personnes LGBTI dans son mandat pour les futurs rapports et futures missions dans divers pays. Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences La Rapporteuse spéciale Rashida Manjoo a effectué une analyse de trois systèmes régionaux – africain, interaméricain et européen – et a décrit les moyens pris par les femmes pour se protéger contre la violence. Dans sa conclusion, Rashida Manjoo écrit : Les limitations du système international, y compris le manque d’un mécanisme légal obligatoire sur la violence contre les femmes, ne font qu’affaiblir les aspirations du Conseil des droits de l’homme à l’effet que des arrangements régionaux devraient renforcer les normes universelles de droits humains, tel qu’inclus dans les instruments internationaux des droits de l’homme (voir résolution du Conseil 12/15). Les normes et standards courants au sein du système des Nations unies émanent de développements juridiques flous et non qu’une valeur de persuasion; ils n’ont pas force de loi. Cette lacune au niveau de la loi internationale des droits de l’homme soulève des questions cruciales au sujet de la responsabilité d’un État d’agir avec diligence et de sa responsabilité comme ultime protecteur des femmes et des jeunes filles contre la violence, ses causes et ses conséquences.6 Il importe de mentionner que la préoccupation concernant la violence contre les femmes sur la base de leur orientation sexuelle ou identité de genre ne figurait pas dans les cadres régionaux décrits par la Rapporteuse spéciale. Dans sa déclaration, ILGA a noté que les États doivent réagir systématiquement pour éliminer toutes les formes de violence contre les femmes et les filles, ce qui est un problème systémique. Dans tous les efforts pour s’attaquer à la violence contre les femmes, les États doivent inclure des données désagrégées qui identifient les façons dont les femmes subissent la discrimination intersectionnelle, y compris la violence dirigée vers les femmes LBTI. Les femmes et les filles LBTI de par le monde enjoignent les États membres à consacré un financement ciblé et récurant afin de s’assurer que les politiques et la législation sur la violence contre les femmes soient mises en œuvre selon des objectifs mesurables et des mécanismes d’évaluation. C’est ainsi qu’il y aura des retombées positives et concrètes sur le vécu des femmes LBTI. """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 6 http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session29/Pages/Documentation.aspx 19" " JOURNÉE ENTIÈRE DE DISCUSSION SUR LES DROITS HUMAINS DES FEMMES La pleine journée annuelle de discussion sur les droits humains des femmes a aussi fourni une occasion à la société civile de soulever des préoccupations concernant les droits LGBTI. De concert avec ILGA, Allied Rainbow Communities International a noté que, dans notre propre recherche, il y avait des individus non conformes à leur genre, telles que les lesbiennes, les femmes bisexuelles, trans et inter-sexe, qui étaient particulièrement à risque pour la discrimination et la violence dans la famille et que plusieurs États n’offraient pas une protection contre ce type de violence. L’organisme enjoint les États membres à donner suite aux recommandations du Groupe de travail et à travailler activement pour éliminer les stéréotypes de genre qui sont perpétrés à travers la violence au sein de la famille. Des formes d’oppression et de violence s’accentuaient contre les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres. S’exprimant comme pays préoccupé, le Pérou a noté que depuis son invitation aux Procédures spéciales en 2002, douze dépositaires de mandat avaient effectué des visites sur une base de dialogue constructif. En ce qui a trait au Groupe de travail formulant des recommandations qui dépassent son mandat – dans le paragraphe 86 (d) –, le Pérou a été invité à inclure l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans la loi. Selon le Pérou, aucune Procédure spéciale n’a le mandat de parler d’orientation sexuelle. Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes Dans une déclaration conjointe avec The Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights et l’Association internationale lesbienne et gay, Federatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie Van Homoseksualiteit – COC Pays-Bas a dit que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres étaient spécifiquement vulnérables à la violence de genre et a souligné l’importance pour les États d’adopter des législations qui protègent toutes les sortes de famille sans discrimination, en accord avec les normes internationales de droits de l’homme déjà existantes. Panel de discussion sur le droit égal de chaque fille à l’éducation ILGA a souligné que les États doivent répudier les lois, y compris les lois religieuses ou séculières entérinées par l’État, qui renforcent le patriarcat et limitent l’accès des filles à l’éducation. Tous les efforts pour favoriser le droit des filles à l’éducation doivent tenir compte de la discrimination inter-sectionnelle, y compris sur la base de l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le statut intersexe et plusieurs autres motifs, dont la foi. Le curriculum scolaire doit aussi inclure un programme 20" " exhaustif d’éducation touchant la santé sexuelle, les droits de reproduction, la sexualité, le corps, la diversité de genre, l’identité et la vie familiale – y compris les familles non traditionnelles. ÉVÉNEMENTS CONNEXES Tout comme les Rapporteurs spéciaux se montrèrent bien branchés sur les intersectionnalités de l’oppression, les militants de la base qui participaient aux événements connexes illustrèrent fortement comment l’intersectionnalité demeure une composante clé de leur stratégie de militants. Lors du panel sur les Défenseurs des droits humains LGBTI, organisé par ISHR, ILGA et ARC, des militants de Sainte-Lucie, Afrique du Sud, Singapour et Costa Rica abordèrent une variété de questions, y compris la violence continue subie par les gens trans, le manque de financement spécifique pour les organismes trans et l’invisibilité des questions lesbiennes. Le débat a touché la question de l’intersectionnalité de l’oppression et le besoin de relier la lutte spécifique autour de l’identité LGBTI à d’autres oppressions tout en œuvrant avec une variété de militantismes. Lors du panel coparrainé par la Mission américaine, la Mission brésilienne et ILGA, le nouvel envoyé des États-Unis sur les droits LGBT, Randy Berry, l’ambassadrice du Brésil et un militant de la Turquie ont pris la parole. Randy Berry a mentionné que pour faire avancer les droits LGBT il faut travailler avec les trois piliers que sont les États, la société civile et les affaires. L’ambassadrice du Brésil a partagé ses expériences sur les moyens pris par le Brésil pour faire avancer les droits LGBT. La question de l’intersectionnalité a été fortement soulevée par Ezgi Kocak, de KAOS, un organisme LGBTI en Turquie, qui a montré comment le militantisme en Turquie a changé le vocabulaire de la résistance. Il a parlé de la démolition du parc Gezi et de l’édification d’une large coalition. Pour illustrer ce vaste appui, Kocak a mentionné que 50 000 personnes avaient participé au défilé de la Fierté gay. 21" " THE RESOLUTION TO PROTECT THE FAMILY The Resolution to protect the family was sponsored by a cross regional group of states including Egypt, Cote D’Ivoire, El Salvador, Mauritania, Morocco, Russian Federation, Tunisia, Uganda, Qatar, Belarus, China and Bangladesh. The co sponsors were 85 states including from the Arab Group, the African Group and 55 members of the OIC. The resolution was titled “protection of the family” and sought to bring in a developmental angle in its subtitle, which was ‘The contribution of the family to the realization of the right to adequate standard of living for its members particularly through its role in poverty eradication and achieving sustainable development’. The resolution went through three rounds of negotiation, during which states which wanted changes in the resolution engaged with the process to make the following key points •! The resolution was titled protection of the family, while in reality in regions around the world, there were a diversity of family forms. South Africa was consistent in advocating for a wider language, which sought to recognize and protect a diversity of family forms. •! The mandate of human rights law was to protect individuals and not institutions. Rights holders had to be individuals, hence it was misplaced to attempt to protect the family. This was particularly important as very often families could be sites of incredible violence against family members be it women or young people and hence it would be unbalanced to protect the family. •! The resolution did not strongly enough recognize the face that families are sites of violence and that the state must apply the principle of due diligence and tackle violence even in the private sphere. •! The resolution also refused to acknowledge that at points there may be a conflict between individual rights and tradition and morals and uncritically noted that ‘the family plays a crucial role in the preservation of cultural identity, traditions, morals heritage and value system in society’ The states that were supportive of the resolution, repeatedly reiterated the proposition that the family was the fundamental unit of society and should be protected. In response to concerns raised by those who could not support the draft resolution as it stood, the core sponsors led by Egypt amended sections of the draft, introducing a few caveats while retaining its substance. One caveat was with respect to the fact that ‘support for the family had to recognize that equality between men and women and respect for all the human rights and fundamental freedoms of all family members are essential to family well being’. Another caveat stressed the 22" " ‘fundamental importance of full respect for human rights and fundamental freedoms of all family members’. However in response to repeated suggestions by states such as Brazil, Uruguay, South Africa, USA and the EU, on questions such as the resolution focusing on the individual as a rights holder, deleting of the language on the family transmitting morals and values, introducing the concept of due diligence and protecting a diversity of family forms, the core group led by Egypt refused to concede any ground. As such the final text of the resolution was fatally flawed from the perspective of women’s rights, child rights as well as rights of LGBTI persons. In all three cases, mainstream interpretations of religion/tradition/morals had severely limited the human rights of women, children and LGBTI persons. Any stress on the rights of the family was bound to negatively impact those who, while members of families also at times, suffered abuse at the hands of the family. Once the fact that the proposed resolution did not take on board the concerns expressed was clear, then the strategic response had two components. First was to vote against and to get as many states to vote against as possible and second to dilute the resolution through proposing amendments. While the EU decided that as a bloc they would vote against the resolution, while some other states led by GRULAC decided to propose amendments to the resolution to introduce some of the concepts which failed to make it into the resolution Among the four amendments proposed were 1)! Ensure recognition of a diversity of family forms by explicitly stating that ‘in different cultural, political and social systems, various forms of the family exist’ 2)! The proposal that the language ‘the family plays a critical role in the preservation of cultural identity, traditions, morals heritage and value system of the society’ be deleted. 3)! To dilute the notion of protecting the ‘family’ per se by inserting protecting the ‘family and its members’. 4)! To dilute the notion of total parental control vis a vis the child by emphasizing the principle of ‘the best interest of the child’. The core group of countries sponsoring the resolution accepted the recommendation vis a vis stressing ‘the best interest of the child principle’ thereby somewhat diluting the notion of total parental control. The core group rejected the amendment on deleting the reference to morals/ tradition and on ensuring that protection was not only for the family unit but also for family members. However what indicated the key concern of the group behind the resolution was the response to the South African amendment that proposed that the resolution recognize that a diversity of families did exist. The response of the core group was to move a no action motion so that no debate would be allowed on the amendment. This, in a sense, was really the crux of what 23" " an otherwise wordy and confusing resolution was trying to protect. The procedural move of introducing a no action motion to stifle debate was a bit of a gamble that did pay off as far as the movers of the resolution were concerned, as the final vote count indicated a victory by one vote only. (22 Yes, 3 Abstention, 21 No) The amendments on morals as well as the one on introducing the notion of protecting members of the family were defeated. The voting records were as follows Amendment on deleting the reference to morals and traditions. The amendment was defeated (18 Yes, 23 No and 5 Abstentions) The amendment on protecting members of the family in addition to the family was defeated (19 Yes, 23 No and 4 Abstentions) The resolution in its amended form passed and the voting was as follows (29 Yes, 14 No and 4 abstentions) The fact that the resolution at its heart was premised on the targeting of LGBTI rights and the use of the language of ‘protection of the family’ was only a means to an end emerged most strongly in the core group’s resolute opposition to accepting language on protecting diverse forms of the family. This emerged most critically in Egypt’s statement introducing the draft. As Egypt noted, The main sponsors avoided to accept ambiguous and absolute language on diverse forms of family. A language which disappeared from UN documents years ago due to its divisive nature to the extent that the Council one year refrained from even considering. Speaking about absolute and unspecified diversity can be an invitation to cast protection on family settings where human rights may not flourish to be respected. Family is family everywhere as a unit that bonds men, women and children together, even if families such as single headed families including widows and divorcees, extended families, and migrant and indigenous families for example, existed in various settings and faced diverse circumstances; they should remain reflective of similar essence and shared values. The crucial intent of the resolution was to circumscribe diversity within the notion that a family was a bond between men, women and children. This core intent was manifested in another amendment moved by Pakistan which called for a recognition that ‘men and women of full age, without any limitation due to race, nationality or religion, have the rights to marry and to found a family, bearing in mind that marriage is a union between a man and a woman’ 7 (emphasis provided) """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 7 However it should be noted that the proposed amendment was withdrawn once the core sponsors of the resolution had won the no action motion the amendment proposing that a diversity of family forms be protected. 24" " During the course of the debate on the resolution as well as its amendments the states which spoke were Qatar, Estonia, Russia, Bangladesh, Algeria, Ireland, UAE, Sierre Leone, Morocco, Indonesia, USA, Pakistan, Netherlands, Mexico, Paraguay and South Africa. A careful reading of the various statements made by states supporting the family resolution and opposing hostile amendments indicates that the key element the sponsoring states were protecting was the idea of the family as meaning ‘men, women and children’. As Russia noted the ‘family unit brings together all aspects of human life and the task of family is to continue humanity in the broadest sense of the word.’ Clearly the states which were opposed to the resolution in the form in which it was tabled preferred to express their opposition in more general terms such as the failure to protect individuals within the family who may suffer violence or discrimination or a more general opposition to vague language such as ‘morals or tradition’. However South Africa specifically named recognition of same sex families as coming within the notion of diversity. South Africa supported ‘various forms of the family including cohabitation, single parent led, child led, same sex and polygamous’. The work around the resolution also provided an opportunity for groups working on women’s rights, LGBTI rights as well as child rights to work together as regardless of the latent intent of the resolution, the resolution would end up weakening women’s rights, child rights and LGBTI rights. As such, though the resolution itself was passed, (after significant opposition had been voiced) an opportunity arose for the LGBTI rights advocacy groups to build broader coalitions and networks of solidarity. 25" " RISE OF THE ISLAMIC STATE OF IRAQ AND SYRIA AND ITS CHALLENGE TO LGBTI EXISTENCE The rise of the Islamic State of Iraq and Syria (ISIS) presents a difficult challenge for a range of human rights issues, ranging from the rights of religious and ethnic minorities such as the Yazidis, Kurds, Christians and Shias to the rights of women and the rights of LGBTI persons. The role of ISIS in these brutal violations was again visibilized in the 29th Session of the Human Rights Council through the report of the Special Rapporteur on the protection of human rights and fundamental freedoms while countering terrorism, Ben Emmerson. Emmerson referred, in particular, to life in the territory which was under the de facto control of ISIS in which millions of people lived. As Mr. Emmerson noted: ISIL is an organized group, that functions under a formalized command with an essentially vertical and hierarchical command structure. It is composed of an armed force, an administrative wing and a religious wing, all under the control of the self proclaimed caliph, Al-Bagdadi. It operates a harsh rigid, administrative system that is based on provinces and comprises the Al-Hisbah morality police, the general police force, courts and entities managing recruitment, tribal relations and education. 8 Among the litany of abuses perpetrated by ISIL and groups targeted by ISIL include There are scores of allegations of torture and ill-treatment of individuals in detention centers, as well as summary punishments for theft, watching football matches, smoking, improper attire, not attending Friday prayers and having tattoos in breach of ISIL edicts…..The targeting of homosexual men has also been highlighted. 9 The Special Rapporteur also referred back to the Report of the High Commissioner on human rights abuses in Iraq and the Levant by the so called Islamic State in which it was observed that: ISIL established sharia courts in Mosul allegedly sentence people to cruel, inhuman and degrading treatment as stoning and amputation. Two men accused of homosexuality were convicted by an ISIL ‘court’ and thrown from the top of a tall building. 10 """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 8 Report of the Special Rapporteur on the promotion and protection of human rights and fundamental freedoms while countering terrorism, Ben Emmerson, A/HRC/29/51 9 Ibid. 10 Report of the Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights on the human rights situation in Iraq in the light of abuses committed by the so called Islamic State in Iraq and the Levant and associated groups, A/HRC/28/18 26" " ISIS calls into question the very right to life of those who are perceived to be different. ISIS goes beyond persecution of LGBTI people, and moves towards elimination of LGBTI people. The targeted killing of those perceived to be LGBTI is nothing less than an attempt to build ISIS’s version of a so called Islamic state eliminating those considered impure like homosexuals as well as religious minorities. This calls to mind the Nazi regime which in its pursuit of a Aryan nation exterminated Jews, the disabled as well as homosexuals. This is one of the grave contemporary challenges faced by the LGBTI community particularly in areas controlled by the Islamic State. 27" " THE QUESTION OF UNIVERSALITY OF HUMAN RIGHTS The various interventions by states in defence of the rights of LGBTI persons were phrased in the language of universality of human rights. Those supportive of LGBTI rights repeatedly made the point that the language that human rights treaties and declarations use is that of 'all persons'. No human rights body explicitly states except LGBTI persons. Hence LGBTI persons are obviously included within the framework of human rights protection. However the principle of universality can cut both ways as hostile states on LGBTI rights claims were quick to point out. The lack of an adequate response by states supportive of LGBTI rights to concerns such as migration across the Mediterranean as well as other issues such as Palestine were seen as ‘double standards’, or troubling instances of a failure of universality. Thus ‘universality’ itself remained very much an aspirational norm for a range of states. The critique of state positions on universality emerged very strongly in a side event organized by CIVICUS, which attempted to give an overview of the 29th HRC. Nicola Agostini from FIDH noted that there was a coordinated attack on the universality of human rights in this session. According to Agostini, the amendments proposed by Bahrain, Egypt and Saudi Arabia to remove reference in the resolution on domestic violence against women and girls to ‘intimate partner violence’, ‘marital rape’ and ‘comprehensive sexuality education’ was one troubling instance of this effort. Very similarly the fact that the protection of the family resolution moved by the same countries excluded protection for a diversity of families was another such example. However it should be noted that with respect to the rights of migrants, the European countries practiced double standards. In the same event Philippe Dam from Human Rights Watch also pointed to this question of ‘double standards’ and ‘inconsistency’ when states which were supportive of some human rights issues turned a blind eye to others. An example would be the state responses to the war in Gaza, where the US continued to support Israel unconditionally. Palestine thus raises the question of ‘universality’ of human rights in another form, as the issue is one of consensus among states apart from the US, which was the only country to vote no to the resolution. In the panel discussion organized by Association of Women in Development (AWID) on Universal Human Rights, there was a forceful analysis by Shareen Gokal from AWID on looking at the rise of fundamentalism from a wider lens which allowed us to comprehend fundamentalism as a result of wider structural factors such as increasing inequality. Karolina Więckiewicz focused on the threat to women’s rights in Poland from fundamentalist forces. Cynthia Rothschild from the US focused on the emerging threat to universality of human rights and Arvind Narrain from ARC outlined how universality was under threat and the philosophical reasons why one needed to defend the principle of universality. 28" " Once we see the challenge to LGBTI rights as a challenge to the principle of universality, a whole spectrum of other issues that have been actively debated at the Council also come within the framework. The challenge for activists is to build the connections between the myriad forms of activism and to disentangle (often instrumental) state agendas and position from the real interests of LGBTI people around the world. 29" " UPR OUTCOME REPORTS Outcome Reports were adopted for the countries of Guyana, Kiribati, Spain, Laos, Lesotho, Sweden, Granada, Turkey, Kuwait, Kyrgyzstan, Guinea Bissau, Kenya and Armenia. LGBTI specific concerns were represented in either state responses or NGO responses in the following countries. " GUYANA BEYON RODIN McDONALD, Charge d’Affaires of the Embassy of Guyana in Brussels, observed that Guyana noted the recommendation regarding the rights of lesbian, bisexual, gay, transgender and intersex persons and would convene a parliamentary session on the issue. Action Canada for Population and Development was disappointed at the lack of response regarding recommendations to repeal the criminalization of consensual adult same-sex activities, and condemned that homophobia was State-sponsored in Guyana, preventing lesbian, gay, bisexual and transgender persons from reporting abuses to the authorities. Amnesty International urged Guyana to ensure that hate crimes based on sexual orientation and gender identity were investigated and prosecuted, and to repeal all legislation criminalizing same sex relations among adults. LESOTHO COC Nederland said lesbian, gay, bisexual and transgender persons faced tremendous difficulties, discrimination and abuses in Lesotho. Their right to privacy and their access to justice were limited. They also faced discrimination at work and in terms of access to health, making them vulnerable to HIV/ AIDS. Their rights had to be respected irrespective of their sexual orientation or gender identity. 30" " SWEDEN Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights, in a joint statement with the Swedish Association for Sexuality Education, commended Sweden’s efforts to prosecute hate speech, but urged the Government to protect transgender persons under the law against discrimination. It was critical that the rule of non-refoulement also be applied on the basis of sexual orientation. It welcomed the Government’s decision to establish a national human institution in line with the Paris Principles. TURKEY Sudwind noted that lesbian, gay, bisexual, transgender and intersex persons, political prisoners and women victims of domestic violence were especially vulnerable groups. Refugees and asylum seekers did not enjoy full rights, even though Turkey had ratified the Convention on the Rights of Migrants and Their Family Members. They did not enjoy the right to work and health service. International Gay and Lesbian Human Rights Commission, in a joint statement with International Lesbian and Gay Association, welcomed Turkey’s statement affirming that discrimination against the lesbian, gay, bi-sexual, and transsexual community would not be tolerated, and thanked Turkey for ensuring the punishment of violence against them. It urged Turkey to bring its domestic laws in line with international legislation to prohibit and prevent discrimination on the basis of sexual orientation. KUWAIT International Lesbian and Gay Association expressed its concern about the deteriorating situation of the human rights of lesbian, gay, bisexual and transgender persons in Kuwait, who suffered discrimination, stigma and lack of access to almost all services, including necessary health service. KYRGYZSTAN 31" " Ulan Djusupov, Permanent Representative of Kyrgyzstan to the United Nations Office at Geneva, said that its laws ensured protection from discrimination for all people within its territory and under its jurisdiction, on the grounds of sex, gender, ethnicity, language, and others. The current legislation did not violate the rights of sexual minorities. The legislation on limiting propaganda on non-traditional sexual relations was currently being considered by Parliament. COC Nederland stated that the violations of the basic rights of lesbian, gay, bisexual, transgender and intersex persons were on rise in Kyrgyzstan, and the currently proposed amendments would make the situation worse. Even the Ministry of Justice had recommended to Parliament to withdraw the bill as it ignored the Constitution. Lesbian, gay, bisexual, transgender and intersex people needed to be protected and treated as equal citizens. Sudwind regretted that Kyrgyzstan refused to enact specific legislation to prohibit discrimination against persons based on sex, race, colour, religion and sexual orientation. 32" " CONCLUSION: SOME THOUGHTS ON THE WAY FORWARD Movement in the HRC ultimately depends upon states. While civil society voices can move states in certain directions through a combination of suggestions, moral pressure and the fear of adverse public opinion, at the end of the day it is states that need to act. So the question for civil society is how can moral persuasion/ pressure be applied upon states? If one looks at LGBTI issues, there is a core group of states who are supportive and an equally core group of states which are deeply opposed. There is a middle ground of states that might be voting no or abstaining that could, in future, move to voting yes on these issues. What could our strategies be with respect to these three groups of states? With respect to the states that are generally supportive of the rights of LGBTI persons As has been noted before the supportive states often have a long way to go to embrace more fully, the principle of universality. Till such time as they embody a less instrumental and more ethical approach to the principle of universality they will always be vulnerable to the charge of double standards. As such any movement of this group on to other human rights issues is of key importance to the LGBTI issues. In this context one must appreciate the shift of the EU on resolutions on human rights violations in Palestine, where it has moved from abstention to a yes vote. This aligns the EU more with a key human rights concern on which a large part of the world is in agreement. However there is a long way to go on numerous human rights issues from the rights of migrants, protection of privacy to the rights of indigenous people. With respect to states that are generally opposed to the rights of LGBTI persons In all the statements by states that are opposed to the rights of LGBTI persons the issue has always been put in a polarized fashion. LGBTI people are seen as outside the country’s national culture and outside the framework of religion. The issue of their rights is seen as a ‘western agenda’ with no relationship to the context of the developing world. However one needs to understand the reasons for the deep and unremitting hostility to LGBTI people in these states. To take an example, Egypt is at the forefront of those who oppose the very mention of sexual orientation or gender identity at the Council. Egypt has a long history of opposing this language at the Council right from the introduction of the first resolution by Brazil in 2003. However the opposition has acquired a new saliency under the current administration of President Sisi. The current administration by General Sisi ever since its take over in 2013 is fast acquiring a reputation of being the most repressive regime in the history of Egypt, even in a country with a 33" " track record of repressive regimes. Perhaps emblematic of the Egyptian state’s war on its own people is the unprecedented massacre of thousands of Egyptians who were demonstrating against the army take over in 2013. According to a Human Rights Watch Fact Finding Report on these massacres the Egyptian forces used ‘armored personnel carriers (APCs), bulldozers, ground forces, and snipers to attacked the makeshift protest encampment, where demonstrators, including women and children, had been camped out for over 45 days, and opened fire on the protesters, killing at least 817 and likely more than 1,000. The indiscriminate and deliberate use of lethal force resulted in one of the world’s largest killings of demonstrators in a single day in recent history. By way of contrast, credible estimates indicate that Chinese government forces killed between 400-800 protesters largely over a 24-hour span during the Tiananmen Massacre on June 34, 1989…’11 Added to this blanket violation of the right to life is the use of mass arbitrary arrests, torture and sexual violence as an instrument of state policy against the Egyptian people. This crisis of legitimacy, had led to an intensified campaign against LGBT people. As FIDH in its report notes that, ‘since October 2011, campaigns targeting LGBT persons have become more frequent’. Sensationalist coverage, ‘depicts homosexuality as a crime, gives common currency to the idea that since the revolution LGBT persons have increased in number and are part of a foreign plot threatening Egyptian society.’ The targeting of LGBT people is nothing else but ‘the regime’s strategy to demonstrate its moral conservatism in an attempt to gain the support of Islamist fringes of the population whose support brought the Muslim Brotherhood to power’12 It is in the context of this unprecedented mass repression back in Egypt that the reasons for the Egyptian government’s leadership of the resolution to protect the family need to be understood. The championing of the resolution to protect the family, refurbishes the base of legitimacy of the current Egyptian administration as the protector of notions of family, culture, religion and tradition. This tactic of the Egyptian government needs to be exposed. If the Egyptian government is indeed serious about protecting the family, it must stop the war against the Egyptian family which is being carried out through disappearance, extra judicial executions, and possible crimes against humanity. These policies of the Egyptian state are a profound attack on the family and affect the ‘stability and structure of the family.’ Behind each arbitrary arrest and disappearance, ‘there is often a family that is destroyed or dismembered, and always a family that is assaulted in what is most intimate: its right to privacy, to the security of its """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 11 https://www.hrw.org/report/2014/08/12/all-according-plan/raba-massacre-and-mass-killings-protestersegypt?_ga=1.118538569.192170602.1433342672 12 See FIDH, Exposing State hypocrisy : Sexual violence by Security Forces in Egypt, https://www.fidh.org/IMG/pdf/egypt_report.pdf 34" " members, and to respect for the profoundly affectionate relations that are the reason for its existence.’13 The middle ground of states With respect to the middle ground of states that are not viciously opposed but neither are they vociferously supportive, the process of open and continued engagement is important. As far as these states are concerned the concerns around family, tradition, culture need to be continuously addressed in a culturally appropriate manner. One strategy is to demonstrate that LGBTI people are not alien to that particular national context. This calls for enhanced civil society participation from these countries in the Human Rights Council, so the myth of being alien or outside culture and religion can be broken. Clearly there is a strong need for LGBTI people to show that while they are LGBTI they do not renounce their cultural and religious identity. Groups such as Muslims for Progressive Values are important in slowly taking apart the claim that it is the nation state that solely embodies a nations cultural and religious identity. Resources on religion and questions of sexuality as well as the long cultural presence of LGBTI people in history are important to build in this context. All this of course has to go hand in hand with changes at the national level that can be the real driver of change in the middle ground states. """"""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""" 13 See the famous report on disappearances in Argentina (1979-83) known to the world as Nunca Mas for an extensive analysis of what these crimes mean to the family. As Nunca Mas observed : It is a feature of the disappearance syndrome that the stability and structure of the family of the person who disappears is profoundly affected. The arrest (generally carried out in the presence of the family or of people connected to the family); the anxious search for news at public offices, law courts, police stations and military garrisons; the hope that some information will arrive, the fantasy of a bereavement that is never confirmed; these are factors that destabilize a family group just as much as the individual members. Behind each disappearance, there is often a family that is destroyed or dismembered, and always a family that is assaulted in what is most intimate: its right to privacy, to the security of its members, and to respect for the profoundly affectionate relations that are the reason for its existence. http://www.desaparecidos.org/nuncamas/web/english/library/nevagain/nevagain_226.htm 35" " With respect to entities which are opposed to LGBTI existence in toto A new challenge is posed by the emergence of groups such as ISIS that do not, at the normative level, acknowledge the legitimacy of the human rights framework. What appear as abhorrent to international public opinion and what appears as crimes against humanity to international law is of no consequence to ISIS. ISIS has gone one step further than other states when it comes to the treatment of LGBTI persons. It has moved beyond the stage of persecution and moved on to elimination of those found to be LGBTI. As such ISIS poses an existential threat to the existence of LGBTI people in the domains under its control. The strategies of coping with this new form of threat have to be evolved in common with other groups under a similar existential threat including the Christian minorities, Yazidis, Kurds and Shia Muslims. 36" "