Bons baisers de Hong Kong: les leçons à tirer des réussites asiatiques

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Bons baisers de Hong Kong: les leçons à tirer des réussites asiatiques
Bons baisers de Hong Kong: les leçons à tirer des
réussites asiatiques
Quand on s’efforce de décrire aussi objectivement que possible l’évolution de l’économie
française, semaines après semaines, on a le sentiment de se répéter. La réalité donne raison à
ceux qui étaient convaincus que la politique économique conduite par François Hollande ne
produirait pas les résultats qu’il annonçait. Elle donne en revanche particulièrement tort à tous
ceux qui pensaient qu’il suffisait de se rendre à Francfort pour obtenir des Allemands “des
mesures de relance”, qu’il était juste de “faire payer les riches” pour rééquilibrer les finances
publiques et qu’il était simple de “créer des emplois aidés” financés par le déficit budgétaire pour
faire baisser le chômage chez les jeunes…
La nouvelle dégradation de la notation de la dette française cette semaine par Standard &
Poor constitue une nouvelle étape qui mène inéluctablement dans les mois qui viennent vers une
crise de confiance envers la France. Il est très difficile de prévoir quand les rendements des OAT
émis par la France monteront de 200 points de base dans la semaine, mais cela devrait
logiquement se produire.
Dans cette période difficile pour la France, il faut essayer de prendre du recul et aller voir ce qui
se passe dans les deux villes les plus dynamiques du monde. Cette semaine nous sommes à Hong
Kong, et ensuite nous irons à New York.
La ville de Hong Kong arrive à la deuxième place mondiale, avec 75 milliardaires juste derrière
New York (96) et devant Moscou (74). La ville de Pékin est septième avec 26 milliardaires, suivie
par Shanghai (19) et Shenzhen (16). Ces chiffres sont extraits de la dernière étude UBS
Billionaires qui recense le nombre de milliardaires dans le monde. Il a atteint le nombre record de
2170. Certes, le nombre de milliardaires dans une ville est loin d’être le seul critère
d’appréciation, mais ce qui se passe ici est clair. Le centre de gravité de la richesse mondiale
bascule rapidement de l’ouest à l’est du monde. Les Etats-Unis comptent 515 milliardaires, soit
trois fois plus que la Chine (157), qui se trouve maintenant devant l’Allemagne (148).
Il devrait y avoir en 2018 plus de milliardaires en Asie qu’en Amérique. Le mélange de l’économie
de marché avec l’autorité du Parti Communiste chinois, le tout sécurisé par un droit de tradition
britannique, produit des merveilles. Certes pas pour tout le monde, mais il sera plus facile
d’améliorer la situation de tous ceux qui en ont vraiment besoin avec de la croissance et de
l’esprit d’entreprise qu’avec, comme en France, absence de croissance, des entreprises qui
ferment et des jeunes qui ont envie de quitter après leurs études le pays qui les a formés.
Les autorités monétaires de Hong Kong font beaucoup d’efforts pour attirer des gérants de talent.
Cela fonctionne très bien. L’industrie de la gestion se développe avec succès à avec plusieurs
fonds qui figurent dans les portefeuilles de grands investisseurs et de fonds de
pension : Hillhouse, géré par Zhang Lei, Janchor Partners géré par John Ho, Myriad géré par
Carl Huttenlocher, Azentus géré par Morgan Ze, l’ancien patron de la gestion pour compte
propre de Goldman Sachs. L’Europe, à coup de régulations, contrôles et fiscalité incite les sociétés
de gestion et leurs dirigeants à s’installer ailleurs.
Les français installés à Hong Kong réussissent en général très bien et pas uniquement dans la
finance et les produits de luxe. Il suffit d’aller le dimanche matin à l’école de rugby qui apprend ce
sport aux enfants européens et chinois pour comprendre que les valeurs de “fighting spirit” du
rugby peuvent très bien être partagées avec des Chinois (A lire sur ce sujet : l’article de Charles
Gave publié ce lundi).
En Chine, le président Xi Jinping est sous la pression de la nécessité de faire des réformes. En
s’attaquant au problème endémique de la corruption, certains au sein de son parti lui reprochent
de ne pas aller assez vite. Sans réformes politiques, on voit bien que les acquis économiques des
trente dernières années risquent d’être remis en question. Dans l’immédiat, pour Li Keqiang, le
Premier ministre, une croissance de 7,2% par an est le minimum pour créer les 10M d’emplois
dont le pays a besoin pour assurer la stabilité du marché de l’emploi. Le dosage délicat entre le
bon rythme de réformes qui ne casserait pas la croissance économique est bien aussi le problème
des autorités chinoises. Pour en débattre, le Parti Communiste chinois se réunit cette semaine à
l’Hôtel Jingxi à Pékin dans le cadre de sa troisième réunion plénière.
L’indice Hang Seng devrait néanmoins être celui qui réalise une des meilleures performances
dans l’année qui vient. Kinger Lau, le stratégiste de Goldman Sachs sur la Chine, pense que le
marché chinois se classera juste derrière Singapour en terme de performance. L’indice qui avait
baissé de 16% entre le 20 mai et le 24 juin a récupéré toute sa baisse et se retrouve en hausse de
5,3% depuis le début de l’année. Tout n’est pas rose pour autant. Le Hong Kong dollar étant
accroché au dollar US risque d’être exposé à la hausse des taux américains. Cela pourrait
provoquer une baisse des prix de l’immobilier. Parmi les mesures qui devraient être annoncées,
on s’attend à un plan de convertibilité du Yuan.
Au Japon, il faut examiner de près les résultats de Toyota. Le numéro un mondial de
l’automobile a vu ses résultats augmenter de 70% au cours du dernier trimestre. L’essentiel de la
progression trouve son explication dans la baisse du Yen qui a cédé 12% par rapport au dollar
pendant le trimestre. Pour que la politique mise en œuvre par Shinzo Abe soit un succès dans la
durée, il faudrait maintenant que les salaires soient augmentés pour créer du pouvoir d’achat et
que les industriels prennent la décision d’investir pour l’avenir. Sur ces deux points, rien n’est
encore assuré. Au lieu d’augmenter les salaires, les entreprises japonaises préfèrent payer des
bonus. Quand aux investissements en capacité et en R&D, le rythme ne sera pas augmenté. Si ce
cercle vertueux n’est pas enclenché, les Abenomics risque de n’être qu’une mesure de court
terme ne relançant pas l’économie japonaise.
Au Brésil, les résultats de Vale sont très importants pour prendre le pouls de l’économie
chinoise. Le premier producteur de minerai de fer du monde a vu ses résultats augmenter pour la
première fois depuis deux ans. Cette progression est due essentiellement à la demande chinoise.
Ce qui est encore plus important, c’est que le prix de vente moyen de la tonne de minerai vendu
a été de 105,58$ contre 93,90$ il y a un an. Pendant la même période, les ventes de Vale en
Europe ont baissé!

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