titre : Prix Nobel de la Paix pour la lutte non-violente

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Prix Nobel de la Paix pour la lutte
non-violente
Décerné à 3 femmes
lundi, 12 décembre 2011
Le prix Nobel de la paix a été conjointement attribué à trois lauréates succédant au dissident
chinois Liu Xiaobo. La distinction a été remise le 10 décembre à Oslo à Ellen Johnson Sirleaf,
présidente du Liberia, Leymah Gbowee, militante, et Tawakkol Karman, journaliste. Thorbjoern
Jagland, président du comité Nobel norvégien, déclare à Oslo lors de l’annonce du prix le 7 octobre
dernier : « On ne peut pas parvenir à la démocratie et à une paix durable dans le monde tant que
les femmes ne bénéficieront pas des mêmes chances que les hommes pour influencer les
évolutions à tous les niveaux de la société ».
A noter que seules 15 femmes ont reçu le prix Nobel de la paix depuis 1901. Cette année, pas
moins de 241 nominés étaient en lice pour recevoir la prestigieuse récompense. Le prix sera remis
à Oslo le 10 décembre prochaine, anniversaire de la mort d’Alfred Nobel, fondateur du prix.
Ellen est la 1ère femme élue démocratiquement comme chef d’état d’un pays africain en 2005.
Après 14 ans de guerres civiles, le pays était plongé dans un climat de violence. On ne comptait
pas moins de 250 000 morts. L’économie du Liberia n’a pas résisté est s’est effondrée faisant
exploser la dette du pays. Depuis son élection, Ellen Johnson Sirleaf a œuvré à la reconstruction
économique et matérielle du pays ravagé. Seulement 4 jours avant les élections présidentielle où
elle briguait un second mandat, la libérienne reçoit le prix nobel de la paix pour son travail de lutte
non-violente. C’est alors sans panache qu’elle a été réélue à la présidence pour un mandat de 5
ans à l’issue d’un scrutin boycotté par son rival. A 72 ans aujourd’hui, elle a marqué son investiture
d’un climat de développement économique et social avec une attention particulière pour la sécurité
des femmes et leur participation aux processus de paix. Ellen Johnson Sirleaf a veillé au
renforcement de la place des femmes dans ce développement. Economiste instruite aux USA,
ministre des finances dans les années 70, elle a charmé d’une part les institutions financières
internationales et a attiré des investisseurs. D’autre part, elle lutte contre la corruption et écope en
plus de quelques peines de prison dans les années 80 d’un surnom de « Dame de fer ». C’est avec
cette volonté et en tant que mère et grand-mère, qu’elle travaille sans relâche à la stratégie de
lutte non violente dans laquelle les femmes ont leur place. Son action politique a été marquée par
de profondes réformes institutionnelles et par le développement des droits de la femme dans cette
vieille république d’Afrique fondée 8 ans avant la création de la Belgique par des esclaves affranchis
venant des USA gangrené par un régime patriarcal.
De gauche à droite : Ellen Johnson Sirleaf,
Leymah Gbowee, Tawakkol Karman
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Libérienne dans sa tête et femme dans son cœur, Leymah Gbowee est la seconde lauréate du Prix
Nobel de la paix. Son travail de terrain a permis à sa compatriote Ellen Johnson Sirleaf d’accéder
au pouvoir. A l’origine d’un mouvement pacifique qui mettra fin aux guerres civiles, elle créé la
« grève du sexe » (1) en 2002. Cette initiative s’adresse aux femmes de toutes religions et a pour
but d’en finir avec la guerre. Les femmes sont invitées à se refuser aux hommes tant que les
hostilités se poursuivent. Le mouvement s’étend et oblige les responsables politiques de l’époque à
les entendre et à les associer aux négociations de paix. Cette démarche surprenante associée à la
prière fait écho dans le monde entier. Elle réunit et mobilise des femmes sans distinction ethniques
et religieuses. Ainsi, elle a voulu assurer la participation des femmes aux élections.
Première femme arabe à recevoir la prestigieuse récompense, la Yéménite a dédié son prix au
« printemps arabe », mouvement de révolte populaire qui a renversé ou ébranlé plusieurs régimes
autoritaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Non seulement elle a joué un rôle dans le
printemps arabe dans la lutte non-violente pour la restauration des processus de paix et de
démocratie mais aussi elle a eu une place prépondérante dans la lutte pour les droits de la femme
au Yémen. Née en 72 et devenue journaliste, Tawakkol Karman s’est imposée comme le fanion du
soulèvement populaire contre le président contesté du Yémen, pays conservateur. Elle a démontré
que les femmes peuvent avoir un rôle de premier plan en politique. Ayant également été arrêtée
dans le cadre des manifestations estudiantines, elle a participé à l’élan du soulèvement.
La lutte est fort associée à la violence. Son champ lexical le prouve : combat, défendre,
affrontement, conflit, attaque, bataille, rixe, heurts, opposition, rivalité, guerre, division, agressif,
pugilat, joute… Et pourtant il existe bien deux conceptions de la lutte. L’une est empreinte de
violence et l’autre non.
1ère conception : la lutte par la violence
Mao Zedong célèbre révolutionnaire et leader du parti communiste chinois concevait la lutte pour
l’appropriation d’un pouvoir politique via l’adage suivant « le pouvoir est au bout du fusil ». Osama
bin Laden se positionne de façon similaire en disant « la répression ne peut être éliminée que par
le sifflement des balles. » Cette conception est-elle constructive ?
Les exemples des attentats du 11 septembre 2001 ou des conflits en Serbie pour l’indépendance du
Kosovo sont autant de tentatives visant à acquérir ou imposer un pouvoir politique par des
méthodes violentes. Nombreux exemples se sont soldés par des réponses violentes. Un recours à
la force ne mène trop souvent qu’à l’escalade.
2ème conception : la lutte non violente
« La violence est le dernier refuge du faible », exprime l’écrivain argentin Jorge Luis Borges. La
lutte non violente pour accéder au pouvoir politique est une approche moins destructrice. Elle se
veut être une alternative aux conflits dévastateurs. Cette conception a-t-elle fait ses preuves ?
Ce mode d’action a conduit à des changements pacifiques dans plus de 40 pays à travers le monde.
Cette méthode s’est soldée par de nombreux succès. « Depuis la fin de la guerre froide,
l’organisation de mouvements non-violents a abouti à la chute de régimes non démocratiques ou
mis un terme à des occupations par des armées étrangères dans les pays suivants : Serbie en
2000, Géorgie en 2002, Ukraine en 2004, Liban en 2005. En ce moment même, on dénombre dans
le monde de nombreux conflits dans le cadre desquels des mouvements démocratiques s’opposent
à des régimes autoritaires en recourant à une stratégie de lutte non-violente. Par exemple : en
Biélorussie, en Birmanie, en Iran, en Papouasie de l’Ouest ou au Zimbabwe. » (2)
La lutte non violente est un combat sans violence, long et éprouvant. Gandhi pour l’indépendance
de l’Inde ou la révolution non violente serbe en 2000 sont des révoltes menées contre des régimes
non démocratiques. Le but est de se mobiliser pour les principes de liberté et pour les droits de
l’homme. Dans le but d’instaurer une société plus ouverte, plus juste et plus durable, la lutte non
violente utilise des techniques spécifiques pour créer un mouvement sans affrontements.
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Le prix Nobel de la paix récompense aujourd’hui ces femmes qui se sont inspirées de cette
conception et qui ont permis de se mobiliser autour de problématiques sociales, dont dans ce cas la
sécurité des femmes.
(1) La « grève du sexe » est une dynamique empruntée de Lysistrata. Lysistrata est une comédie
grecque antique d’Aristophane écrite en 411 ACN. La comédie s’articule autour du thème : « Pour
arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris ». Alors qu’Athènes et Sparte sont en guerre,
Lysistrata, belle Athénienne, aussi rusée qu’audacieuse, convainc les femmes de toutes les cités
grecques de déclencher et de poursuivre une grève totale du sexe, jusqu’à ce que les hommes
reviennent à la raison et cessent le combat. Aristophane se plaît à mêler les conflits de l’État aux
détails les plus intimes de la vie quotidienne, résolvant une crise politique des plus graves par la
comédie la plus licencieuse, et usant avec bonheur de tous les clichés de la guerre des sexes.
(2) La lutte non-violente en 50 points. Approche stratégique de la tactique quotidienne, Centre for
Applied Non Violent Action and Strategies, Serbie, Belgrade 2006.
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