Argumentaire Pourquoi le conflit Israélo

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Argumentaire Pourquoi le conflit Israélo
Argumentaire
Pourquoi le conflit Israélo-Palestinien n’est pas un
conflit religieux ?
Le conflit israélo-palestinien qui dure depuis maintenant plus de soixante ans est parfois complexe à
comprendre.
Pourtant, les faits sont là, clairs et têtus : le sang a coulé et coule encore ; la Palestine n’est toujours
pas un État libre et indépendant, en dépit de six guerres, deux Intifada, des dizaines de résolutions
de l’ONU, plus de vingt ans de négociations…
Au point de départ, il y a bien cette injustice de fond : le peuple palestinien est privé d’État et subit
la colonisation d’un autre État. Notez-le bien, cette injustice est donc clairement politique et
absolument pas religieuse.
1) Détruire le fantasme du choc des civilisations
C’est cette première confusion qu’il s’agit en effet de lever. Le gouvernement israélien ainsi que ceux
qui le soutiennent partout dans le monde et dans le même temps, les musulmans fondamentalistes
de Palestine ou d’ailleurs comme les antisémites de tous poils, s’acharnent à faire passer ce conflit
pour un conflit religieux : Mahomet VS Yahvé, Yahvé VS Mahomet. À partir de cette lecture, les
partisans de ce que l’universitaire américain Samuel Huntington a appelé le « choc des civilisations »,
appellent « l’Occident chrétien » à défendre Israël contre le péril musulman. Eh bien, disons-le tout
net : tout ça, c’est du fantasme, tout ça, ça n’est pas la question !
Le conflit israélo-palestinien, c’est celui d’une puissance occupante – qui ne se définit pas par la
religion de ses habitants (tous les Israéliens ne sont pas juifs !) – et d’un peuple occupé – qui ne se
définit pas davantage par la religion de ses habitants (tous les Palestiniens ne sont pas musulmans !).
C’est celui de la troisième armée du monde (avec chars, avions, armes nucléaires…) et d’un peuple
sans État donc sans armée. C’est celui d’une grande puissance économique et d’un peuple écrasé et
pillé, occupé et humilié – spoliation de terres, arrestations quotidiennes, emprisonnements
arbitraires…
Dossier d’animation – Campagne nationale sur la Palestine
Il faut toutefois ajouter un niveau. Ce conflit de dimension apparemment régionale – la superficie
totale de la « Palestine historique » est inférieure à celle de la Normandie – a en fait une dimension
mondiale : Israël est en effet un allié économique et politique de premier plan des grandes
puissances occidentales et, en premier lieu, des États-Unis d’Amérique mais aussi de l’Union
européenne. Dimension mondiale encore avec le rôle de l’ONU : elle a édicté nombre de résolutions
ordonnant à Israël de se conformer au droit international en mettant fin à cette politique d’un autre
âge, la colonisation. Mais Israël se moque du droit international… et les États-Unis et l’Union
européenne ne s’y intéressent pas davantage.
Et puisque ce conflit a une dimension régionale, il est important de souligner que les musulmans ne
se sont pas alliés pour détruire Israël. Il s’agit également d’un fantasme des pro-sionniste mais aussi
de ce qu’a pu sous-entendre Nicolas Sarkozy lorsqu’il parlait « d’une importation du conflit en
France ». Comme si les juifs se devaient tous d’être solidaires d’Israël et les musulmans forcément
derrière les Palestiniens. Les pays arabes limitrophes ou plus éloignés ont de manière générale
soutenue les Palestiniens mais sans jamais réellement peser de tout leur poids pour une résolution
du conflit, certains d’entre eux ayant eu par le passé des velléités sur les territoires palestiniens.
2) Les contradictions de la société israélienne
Quatrième niveau de complexité enfin : la société israélienne. Très diverse dans sa composition
sociale, la population israélienne n’est pas homogène – les colons religieux extrémistes n’ont pas
grand-chose à voir avec les jeunes Israéliens de Tel-Aviv. Pour autant, la place de l’armée est partout
écrasante – présence physique, économique, sociale, symbolique, service militaire… – et la tentation
de mêler politique et religion – ce qu’on appelle le sionisme dans sa version juive israélienne – n’est
jamais très loin, même si Israël ne se veut pas un État confessionnel.
Le cœur du problème, on le voit, n’est donc pas le religieux mais bien le politique. La religion est,
certes, un des multiples éléments du conflit mais certainement pas le plus important. La question
religieuse est surtout manipulée pour étouffer la question politique.
La fameuse insulte « antisémite » qu’on essuie si souvent dès qu’on se bat pour une Palestine libre et
indépendante n’a aucun sens. Lutter pour la Palestine, ce serait lutter contre les juifs ! C’est tout
simplement absurde !
3) Lutter pour la Paix, c’est lutter pour que les convictions de chacun
vivent côté à côte
Lutter pour une Palestine libre et indépendante aux côtés d’un État israélien libre et indépendant,
c’est lutter pour une paix juste et durable au Proche-Orient, pas lutter contre une religion. Allons
plus loin, c’est même lutter contre l’antisémitisme. En effet, à force d’associer l’État d’Israël à une
religion – alors même qu’il y a des Israéliens musulmans, chrétiens, athées… –, les sionistes envoient
au monde le message selon lequel ce sont « les juifs » qui commettent les massacres et l’injustice au
Proche-Orient, ce qui nourrit puissamment l’antisémitisme dans le monde. En réalité, ce ne sont pas
« les juifs » qui commettent les massacres mais les gouvernements israéliens alliés aux grandes
entreprises coloniales israéliennes : rien à voir avec la religion… Le dire, le dénoncer et se battre pour
Dossier d’animation – Campagne nationale sur la Palestine
que ça cesse, voilà une tâche de justice en faveur des Palestiniens mais aussi en faveur des Israéliens
et même des juifs dans le monde.
4) D’où vient le sionisme ?
Comprendre en profondeur le conflit nécessite un retour en arrière historique.
Les persécutions dont ont été victimes les juifs ont conduit une partie d’entre eux, marqués par une
lecture très politique de la religion, à vouloir créer un État juif. Longtemps minoritaires, les sionistes –
ces juifs qui souhaitaient un État juif situé dans le cadre de la « Palestine biblique », autour de Sion
(colline près de Jérusalem) – se sont renforcés après l’Affaire Dreyfus (1898) lorsque la République
française, horizon de liberté et d’intégration pour les juifs du monde depuis la Révolution française,
se révéla sensible à l’antisémitisme. Si même en France, l’intégration n’était pas possible, c’était bien
la preuve qu’il fallait un État juif ?
La question du lieu, d’inspiration religieuse directe, est à l’origine d’une formule célèbre mais
singulièrement fausse : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Sauf que… la Palestine
depuis le soi-disant départ du « peuple hébreu » raconté dans la Bible il y a des milliers d’années
n’est pas restée déserte. Il y avait et il y a encore, accessoirement, des millions de Palestiniens…
Évidemment, l’événement décisif qui fait basculer la balance, c’est la Shoah, le massacre barbare de
millions de juifs dans toute l’Europe… La Grande-Bretagne qui gérait la colonie palestinienne depuis
la Première Guerre mondiale se retire et l’ONU établit un plan de partage de la région entre
Palestiniens et les juifs qui affluent du monde entier. Les Palestiniens qui attendaient de trouver
enfin l’indépendance après la phase coloniale britannique refusent de devoir abandonner à nouveau
leurs terres. Ben Gourion proclame unilatéralement l’État d’Israël. La première guerre se déclenche,
800 000 Palestiniens sont chassés de leurs terres, des massacres sont perpétrés. C’est ce que les
Palestiniens appellent la « Nakba » (la catastrophe), nous sommes en 1948. Le conflit vient de
commencer.
Dossier d’animation – Campagne nationale sur la Palestine

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