Jérôme Gautier £65.00 - Exhibitions International

Transcription

Jérôme Gautier £65.00 - Exhibitions International
A timely celebration of one of the world’s greatest
couture houses, which combines Christian Dior’s
classics with Raf Simons’s new creations.
Dior
New Looks
Jérôme Gautier
c. 200 illustrations
32.0 x 24.0cm
304pp
ISBN 978 0 500 518069
Hardback
£65.00
October 2015
A4
Book
Contents
Foreword 10
CHAPTER 1
Fields of Dreams 14
CHAPTER 2
Strike a Pose! 42
CHAPTER 3
Princesses in Bloom 120
CHAPTER 4
Muses
CHAPTER 5
Return of Romance 218
CHAPTER 6
Dior ’s Guidelines 246
168
Credits 302
Index 304
Impeccable et énigmatique – Dovima ne sourit pas en raison d’une dent cassée –, elle porte
à la perfection la mode de son temps, la mode de Christian Dior. « In one sense, Christian
Dior made them all ; during the postwar decade his New Look, with its wasp waist, sloped
shoulders, and longer hemlines, reflected an exagerated femininity that had vanished during
the flapper era and the war years . »
Richard Avedon vient à Paris depuis l’été 1947 et l’avènement du New Look. Mandaté
par Harper’s Bazaar, il shoote chaque saison les looks qui figureront dans le « Carmel
Snow’s Paris Report ». On sait combien miss Snow est attachée à la mode de Dior – on lui
doit l’appellation New Look lancée juste après le défilé de février 1947 et illico passée à la
postérité –, aussi veille-t-elle à ce que les créations du nouveau grand couturier soient
toujours bien représentées dans les pages de son magazine, notamment grâce aux image
d’Avedon. Le jeune prodige, révélé il y a peu par Alexey Brodovitch, capture la couture
parisienne comme personne ne l’avait fait jusque-là : dans les rues de la capitale, ses bars,
ses restaurants, ses cabarets, de jour comme de nuit, avec des playboys, des cyclistes, des
animaux, en mouvement dans la vraie vie. Et, en dépit du caractère narratif de ses images,
le vêtement, sa ligne, sa texture ou son détail apparaissent toujours sublimés, ce qui
convient évidemment à Carmel Snow.
L’œuvre de Martin Munkácsi, résumée dans l’image de Lucile Brokaw, svelte et bronzée,
courant sur une plage de Long Island un beau jour de 1933, exerce une fascination
incontestable sur Avedon. « He brought a taste for happiness and honesty a love of women to
what was, before him, a joyless, loveless, lying art », observera le jeune photographe, qui,
dans un même élan, offre une vision effervescente de la mode. « I knew that in Richard
Avedon we had a new, contemporary Munkácsi, reconnaîtra Carmel Snow. I sensed that
with his keen, seeking intelligence he would develop into far more than a striking photographer
of junior fashions . » La très luxueuse revue le catapulte donc dans les plus hautes sphères
de la mode, à Paris notamment, au grand dam de Louise Dahl-Wolfe. Paris et les collections
haute couture étaient sa chasse gardée – avec Jean Moral, mais dans une moindre mesure.
Qu’importe, Snow et Brodovitch veulent un regard nouveau sur le New Look. Dahl-Wolfe a
51 ans, Avedon en a 24. La grande dame de la photo ne pourra rien contre la fraîcheur, la
spontanéité et l’enthousiasme débridé du jeune loup.
La mode change, la photographie aussi. Penn et Avedon augurent une nouvelle
manière de représenter les femmes. L’âge d’or de la couture enclenché par Christian Dior
s’opère ainsi en corrélation avec l’émergence de nouveaux faiseurs d’images, tandis que
l’illustration, jusque-là prépondérante, vit ses dernières belles heures. Les nouvelles stars
de la photo se nomment John Rawlings, Clifford Coffin, Frances McLaughlin, Richard
Rutledge, Henry Clarke, Norman Parkinson, Lillian Bassman. La vieille garde subsiste
néanmoins : Horst P. Horst, Louise Dahl-Wolfe, Cecil Beaton ou Erwin Blumenfeld assurent
19
Carmel Snow. La richissime héritière du tycoon du tabac a élu domicile à Paris, où elle
travaille pour le magazine Harper’s Bazaar. C’est donc à la fois en qualité de VIP et de
journaliste qu’elle assiste au défilé, accompagnée de sa rédactrice en chef. Carmel Snow a
tenu à revoir la collection, comme pour mieux signifier le caractère exceptionnel de
l’événement : l’avènement de Christian Dior, génie-géniteur d’un éclatant « New Look ».
New Look. Une expression américaine pour parler de la dernière mode
parisienne, qui fera bientôt les gros titres. Impossible pour la petite clique d’habitués
des défilés de taire ce qu’elle a vu dans ce coin de paradis, au milieu de la neurasthénie
ambiante. Le monde doit connaître Dior : l’éclosion de son nom au firmament de la haute
couture, l’explosion de ses idées stupéfiantes dans l’industrie du vêtement. Ironie du sort,
la nouvelle sera d’abord relayée à l’étranger car, en France, c’est l’insurrection. Le
mécontentement général se manifeste par une cessation du travail dans bien des secteurs.
1947 sera l’année des grandes grèves , notamment dans le secteur de la presse. Jugeant les
salaires comme inférieurs à ce qu’ils auraient dû être si l’on avait respecté la hiérarchie
d’avant guerre, le Syndicat national des employés de presse a décidé de suspendre
l’activité. Ainsi, L’Humanité, L’Aurore ou encore Combat cessent de paraître le 14 février ; le
lendemain c’est au tour du Monde. La grève va durer un mois, jusqu’au 16 mars. Coup dur
pour la nouvelle maison de couture qui voit sa promotion sérieusement affectée dans le
pays. La notoriété viendra donc d’abord des États-Unis ; la mode entre dans l’ère de la
médiatisation à grande échelle. Aucune collection n’avait auparavant suscité autant d’écho
– se souvient-on avec précision du jour où Paul Poiret a flagellé le corset, où Chanel a lancé
sa petite robe noire, Schiaparelli, ses chandails « sportswear », ou Madeleine Vionnet, ses
robes en biais, pourtant révolutionnaires ? La date du 12 février 1947 demeure indissociable
du New Look. « There are moments when fashion changes fundamentally, commentera le
Vogue anglais. When it is more than a matter of differences in detail. The whole fashion
attitude seems to change – the whole structure of the body. This is one of those moments . »
En habillant son époque, Dior devient un couturier pour l’histoire, et pas seulement
l’histoire de la mode. Le New Look déclenche une passion collective à l’échelle de la planète.
Une rage aussi, car Dior, c’est d’abord un choc, choc plus moral que visuel. On s’étale à loisir
dans la presse sur le gaspillage scandaleux des tissus. Les robes enchanteresses du
couturier jurent aux yeux des Américains, alors que leur président, Harry Truman, et son
secrétaire d’Etat, George Marshall, échafaudent un Programme pour la reconstruction de
l’Europe (le « plan Marshall », qui sera annoncé le 5 juin 1947), offrant une aide à une partie
de l’Europe pour lutter contre « la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos ». Le luxe
étourdissant du New Look vient ingénument défier un monde épuisé par la guerre et la
misère. Christian Dior passe pour un méchant provocateur. Qui l’eût cru ?
Impudent, ahurissant, arrogant : tels sont les adjectifs que l’on applique à celui par qui
40
Left david SiMS 1997
above WilliaM klein 1960
93
224
Dior
ISBN 978 0 500 518069
£65.00 hardback

Documents pareils