Les clefs des icônes de l`art

WE
Franco Dragone
Le nouvel homme du Lido
DR
// RENCONTRE PAGE 09
Vendredi 27 mars et samedi 28 mars 2015
.
Kfoto/Kico Moncada
Les clefs des
icônes de l’art
.
Spyder
Les joies du trois-roues
//MOTO PAGE 04
« Le Sacre du printemps » par She She Pop - Photo Dororothea Tuch
Festivals décalés
La culture hors saison
// FOCUS PAGE 05
Du Grand Palais
à la Fondation
Vuitton, de Paris
à Bruxelles,
les chefs-d’œuvres
s’exposent
et interrogent
notre rapport à l ’art
//ÉVÉNEMENT PAGES 02 ET 03
Milan
Itinéraires
d’avant-Expo
Robert Harding/Hemis.fr
//VOYAGE PAGES 06 ET 07
Andy Warhol, Liz #6 [Early Colored Liz], 1963. Photo Andy Warhol Foundation for the Visual Arts/ARS, New York/Ben Blackwell/Courtesy of SF MoMA
Supplément gratuit au numéro 21907 | ISSN 0.153.4831 Ne peut être vendu séparément
06 // WEEK-END
Vendredi 27 et samedi 28 mars 2015 Les Echos
MASERATI GHIBLI
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Milan
avant l’expo
La tenue de l’Exposition universelle
à Milan à partir du 1er mai fournit
l’occasion d’une redécouverte architecturale de la ville. Par Christian Simenc
O
n a un peu trop tendance à considérer Milan comme une
ville austère et repliée sur elle-même. Il n’en est rien. Il suffit
de déambuler dans les artères de la capitale industrielle et
financière de l’Italie pour apprécier les charmes de son
patchwork architectural. Certes, le visiteur qui amorcerait sa balade
Corso di Porta Vittoria devant le sévère Palais de justice de l’architecte
fasciste Marcello Piacentini pourra en douter. Un simple crochet du
côté de la Porta Venezia le fera, illico, changer d’avis. Dans ce quartier
truffé d’édifices Art nouveau – un style rebaptisé, ici, « Liberty » –, les
façades, a contrario, se gondolent, voire exhibent carrément leurs dessous. Ainsi en est-il de cette flopée de putti aux fesses dodues agrippés
sur cet immeuble à l’angle de la Via Malpighi et de la Via Melzo, dans un
délire de végétation minérale. Non loin, la splendide Casa Galimberti
de Giovan Battista Bossi (Via Malpighi, 3) arbore des mosaïques bariolées sur lesquelles se tortillent des dames à la poitrine dénudée. Près de
la Piazza Cavour, la banque Santander (Via Senato, 28), elle, s’est installée dans une onctueuse pâtisserie, où la pierre a été pétrie à l’envi.
Outre ses élégants palazzi à la beauté classique, au bas desquels il
ne faut pas hésiter à pousser les portails pour découvrir les splendides cours et jardins intérieurs, la ville regorge de petites perles
comme la Rotonda della Besana (Via Besana, 12), majestueuse
enceinte de style baroque tardif, ou la merveilleuse Basilica di
Sant’Ambrogio (Piazza Sant’Ambrogio) et ses exquises colonnes de
porphyre. Dans un parc splendide et rasé de près de la Via Mozart
(n° 14) trône la Villa Necchi Campiglio, joyau moderniste conçu par
Piero Portaluppi. Ses intérieurs années trente, remarquables, ont
d’ailleurs servi de décors pour le film « Io sono l’Amore » (Luca Guadagnino, 2009), avec, entre autres, Tilda Swinton et Marisa Berenson.
Un paysage urbain en pleine métamorphose
A Milan, les surprises sont légion. Via Croce Rossa, dans le quadrilatère chic de la mode, à l’angle de la Via Manzoni et de la Via Monte
Napoleone, se hisse, en toute discrétion, un bijou : une fontaine de
l’architecte rationaliste Aldo Rossi formée d’une suite de gradins sur
lesquels les badauds peuvent s’asseoir. Qui se douterait qu’elle est
construite du même matériau dont on a fait le célèbre Duomo : du
marbre de Candoglia aux délicieuses nuances roses et grises ?
Au sud de la métropole, d’ex-quartiers industriels se transforment
en lieux dédiés à la culture. Via Tortona, dissimulé au cœur d’un îlot
d’anciens ateliers dans lesquels, notamment, le Teatro alla Scala
entrepose ses décors, s’ouvre ce week-end le nouveau Museo delle Culture imaginé par l’Anglais David Chipperfield. Au milieu d’une série de
parallélépipèdes en zinc bien raides émerge un étrange volume de
verre ondulant tel un fantôme. Un peu plus à l’est, Largo Isarco, un
insolite bâtiment tout habillé d’or scintille dans les cieux tel un signal.
Il s’agit de l’une des ailes de la nouvelle Fondazione Prada, projet phare
signé par le Néerlandais Rem Koolhaas, qui sera inauguré durant la
première semaine de mai. Bref, le paysage urbain se métamorphose à
vitesse grand V, profitant en outre, cette année, de la locomotive que
constitue l’Exposition universelle 2015, qui ouvrira ses portes le 1er mai
(lire ci-contre).
Jusqu’à il y a peu, Milan n’était point une fervente de la grande hauteur. Longtemps d’ailleurs, son cœur balança entre deux gratte-ciel
datant de la fin des années cinquante : d’un côté, au sud, la Torre
Velasca (Piazza Velasca, 5), œuvre de l’agence BBPR évoquant peu ou
prou les tourelles médiévales du Castello Sforzesco ; de l’autre, au
nord, la raffinée tour Pirelli (Piazza Duca d’Aosta) que les Milanais
appellent affectueusement Pirellone (géant Pirelli), conçue par un duo
fameux, l’architecte Gio Ponti et l’ingénieur Pier Luigi Nervi. Mais la ville
a désormais décidé de rattraper son retard. « Clou » – au sens propre
comme au figuré – de ce renouveau architectural : la tour UniCredit que
l’Américain César Pelli a érigée, en 2012, dans le quartier Garibaldi, dont
la silhouette effilée titille la voûte céleste. Sur le terrain de l’ancien Parc
des Expositions Fiera Milano, rebaptisé « CityLife », verront le jour, dans
les mois à venir, trois nouveaux gratte-ciel signés par les plus grands
« starchitectes » de la planète. Un vrai générique à la Sergio Leone (« Le
Bon, la Brute et le Truand », 1966), lesdits bâtiments ayant déjà été affublés de surnoms. Il y a Il Dritto (le Raide) du Japonais Arata Isozaki, le
seul pour l’heure visible avec ses 207 mètres de haut maintenus par quatre gigantesques « aiguilles » dorées, qui devrait être achevé cette année ;
Lo Storto (le Tordu) de l’Anglaise Zaha Hadid ; et Il Curvo (le Courbe) de
l’Américain Daniel Libeskind. La Skyline milanaise est en train de se
métamorphoser radicalement. Via Gaetano de Castillia, d’aucuns disent
même avoir vu pousser des arbres dans le ciel. Ils n’ont pas rêvé. Le projet
de Stefano Boeri, deux tours dotées de balcons ultra végétalisés – quelque 900 arbres de 3, 6 ou 9 mètres de haut –, est devenu réalité. Son nom,
à lui seul, est tout un poème : Il Bosco Verticale (La Forêt verticale).
Chez Phaidon, le nouveau « Wallpaper* City Guide » sur Milan est sorti en mars
en anglais et paraîtra mi-mai en français, 9,95 euros.
De haut en bas,
vue de la ville
entre tradition
et modernité,
avec les Alpes
en arrière plan ;
le Bosco Verticale
(Forêt verticale)
de l’architecte
Stefano Boeri.
A gauche,
au sud de Milan,
la Torre Velasca,
œuvre de l’agence
BBPR, évoquant
une tour
médiévale.
Photos Jon Arnold/
Hemis ;Marco Vacca/Age
Fotostock ; Claudio Divizia/
Age Fotostock
WEEK-END // 07
Les Echos Vendredi 27 et samedi 28 mars 2015
10 spots pour voir
et être vu
Photos DR
Expo 2015 :
archi-planétaire
C’est à une poignée de kilomètres au nord-ouest de
Milan, dans la commune de Rho, que s’installe l’Exposition universelle 2015. Son thème : « Nourrir la planète,
L’Energie pour la vie ». Quelque 148 pays, dont 53 avec
leur propre Pavillon, sur plus de 100 hectares. Pour faciliter la déambulation, le terrain s’organise selon deux
axes orthogonaux, façon castrum romain (camp fortifié). D’une part, le decumano, colonne vertébrale de
1,5 kilomètre de long, constituée d’une structure métallique et de voiles textiles protecteurs le long de laquelle se
déploient les Pavillons nationaux. D’autre part, le Cardo,
d’une longueur de 400 mètres, où se dressent les espaces
du pays organisateur, dont le Palazzo Italia de l’agence
romaine Nemesi, avec sa façade en béton ajourée hésitant entre gribouillages et branchages. Certains édifices
ont des airs de famille, tels ceux du Mexique et de l’Indonésie. Fatalement, on retrouve aussi quelques citations
patrimoniales littérales – et souvent grossières. Ainsi, le
Pavillon du Qatar est-il un étrange palais en forme de…
panier en osier. D’autres contrées, en revanche, ont visé
la contemporanéité avec des grandes signatures actuelles, comme les Emirats arabes unis et l’Anglais Norman
Foster ou le Koweït et l’Italien Italo Rota. L’Américain
Daniel Libeskind, lui, a livré un bâtiment pour le géant
chinois de l’immobilier Vanke.
Surfant sur la vague écologiste, le bois est présent en
force, des Pavillons de la Slovénie, de l’Espagne ou de
l’Uruguay à celui du Japon. Conçu par Anouk Legendre
et Nicolas Desmazières (Studio X-TU), le Pavillon français est constitué d’un entrelacs de lames de bois lamellécollé. De bois encore sont faits deux édifices signés par
Michele De Lucchi, Pavillon Zero et Expo Center : on
dirait des chapiteaux de cirque qu’un couteau géant
aurait tranché net.
Du 1er mai au 31 octobre, tous les jours, de 10 heures
à 23 heures. Rens. : expo2015.org/fr
A gauche, la Basilica di Sant’Ambrogio
(basilique Saint-Ambroise)
et le célèbre Duomo sur la place
du même nom.
Photos Walter Bibikow/Age Fotostock ;
Jacques Pierre/Hemis.fr
6 - GELATO GIUSTO
Le chef Cesare Battisti milite pour « une cuisine très
simple » et néanmoins succulente, tels le risotto alla
milanese revisité à la poudre de bolets ou la morue
aux artichauts confits et purée de pois chiches.
Comment imaginer, une seconde, séjourner en Italie
sans passer chez un glacier ? Voici le micro-atelier de
Vittoria Bortolazzo, as des parfums originaux : rose
de Damas, pistache de Bronte, amande de Sicile ou
fleur de basilic…
Via de Castillia, 28, rens. : 02 87 12 88 55
ou www.ratana.it
Via San Gregorio, 17, rens. : 02 29 51 02 84
ou www.gelatogiusto.it
2 - UN POSTO A MILANO
La nourriture, ici, se veut équitable et biologique. Pain,
pâtes, desserts… tout est fait sur place. A dévorer,
notamment : tourte aux légumes, joue de porc avec
polenta douce, focaccia au salami vieux…
Via Cuccagna, 2, rens. : 02 545 77 85
ou www.unpostoamilano.it
7 - 10 CORSO COMO
Fondé par Carla Sozzani, ce concept store en vogue
mélange boutique de mode pointue, café-restaurant,
galerie d’art et librairie spécialisée en photographie,
architecture, design et… mode, évidemment.
Corso Como, 10, 20154 Milano, rens. : 02 29 01 35 81
ou www.10corsocomo.com
3 - CRACCO
Depuis une insolite salade russe caramélisée jusqu’à
une crème de ricotta aux graines de sésame, le menu
Dégustation – 11 plats : 175 € – permet de se faire une
idée de l’ample palette du chef doublement étoilé
Carlo Cracco. Dans une ancienne scierie, ce dernier a
également ouvert un moins guindé, mais très branché, bar-restaurant baptisé Carlo e Camilla…
Via Victor Hugo, 4, rens. : 02 87 67 74
ou www.ristorantecracco.it
Carlo e Camilla, Via Giuseppe Meda, 24, rens. :
02 837 39 63 ou www.carloecamillainsegheria.it
4 - DRY BAR
Le concept du lieu tient en deux mots : pizza et cocktail, mais le tout labellisé « haut de gamme ». A marier,
par exemple, une pizza dello chef avec pancetta rôtie
plus un Negroni au Campari vieilli en fût…
Via Solferino, 33,
rens. : 02 63 79 34 14 ou www.drymilano.it.
5 - GATTULLO
L’une des spécialités milanaises est le… panettone,
délicieux pain brioché truffé de fruits confits. Optez
pour l’authenticité chez Gattullo, pâtisserie et salon
de thé à l’ancienne, où les tables sont encore habillées
de nappes rose pâle.
Piazzale di Porta Lodovica, 2,
rens. : 02 58 31 04 97 ou www.gattullo.it
8 - SPAZIO ROSSANA ORLANDI
C’est l’autre concept store milanais, davantage focalisé, lui, sur le design et les arts décoratifs, avec moult
expositions et, au deuxième étage, un magasin de
meubles et objets des créateurs en vogue.
Via Matteo Bandello, 14-16, rens. : 02 48 01 17 74
ou www.rossanaorlandi.com
9 - EATALY
Ouvert l’an passé, tout ce que peut produire la Botte
en matière d’alimentation, tendance slow Food, est ici
déployé sur les trois niveaux de l’ancien Teatro Smeraldo : fruits et légumes, boulangerie et pâtisserie,
charcuteries et fromages, sauces en tout genre et
même vin au détail – Vino Sfuso…
Piazza XXV Aprile, 10, rens. : 02 49 49 73 01
ou www.eataly.it
10 - CIMITERO MONUMENTALE
Formidable musée à ciel ouvert, le cimetière monumental mixe architecture, sculpture et arts appliqués.
Outre l’incroyable tombeau ajouré de la famille
Bernocchi, on y trouve des œuvres d’artistes réputés,
tels Arnaldo Pomodoro, Lucio Fontana et Giannino
Castiglioni.
Piazzale Cimitero Monumentale,
rens. : 02 88 44 57 06
ou www.amicidelmonumentale.org
Photos DR ; G. Malgarini ; Santi Caleca ; Riccardo Bucchino/frozenlight.it
Le site de l’Exposition
universelle Milan 2015
et le Pavillon
de la Chine (à gauche),
l’un des plus grands
de l’événement.
1 - RATANA