Oublier trahir puis disparaître, Camille de Toledo, Éditions du Seuil
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Oublier trahir puis disparaître, Camille de Toledo, Éditions du Seuil
Oublier trahir puis disparaître, Camille de Toledo, Éditions du Seuil, 2014 Un adulte a promis à un adolescent de passer d'un siècle à l'autre et de « quitter le pays de la langue morte ». Le récit de leur traversée en train – et en vers libres – est entrecoupé de courtes proses rendant compte du cheminement de la pensée mélancolique de Camille de Toledo – supposons que l'adulte et l'écrivain sont une seule et même personne – qui cherche à se faire pardonner, et à se pardonner à lui-même, le fait d'avoir écrit un commentaire post-moderne justifiant à force d'arguments controuvés l'édification d'une statue de Bruce Lee dans la ville martyre de Mostar. Le voyage, initiatique pour l'adolescent, est allégorique pour le lecteur. Ce train, qui circule dans des paysages de maquette, tel un train-jouet, habité par des voyageurs devenus des marionnettes, est porteur de poésie, de mythes, de symboles, d'un puissant cachet « Europe de l'Est ». On y entend la langue de l'adolescent, une langue inventée de toutes pièces, qui n'est pas celle de l'adulte. Les cinq courtes proses interrogent l'obsession du mal qui habite la littérature du ème 20 siècle, l'insupportable association décomplexée des productions de la haute culture et des produits culturels américano-asiatiques, les pièges du conservatisme, les dérives des cultural studies, la transmission, la paternité... Le narrateur se dit prêt à prendre le risque d'arrêter d'écrire, puis reprend espoir en son art. Bien sûr, l'on peut se dire qu'il y a de la pose dans cette posture, mais il est rare qu'un aussi petit livre donne autant matière à réflexion et sujet à rêverie. Catherine Goffaux Membre du Jury côté Rhône-Alpes Cavale en train d’un enfant et d’un homme d’âge mûr qui ne parlent pas la même langue. Traversée de l’Europe et de ses blessures. Un voyage, un conte, pour transmettre un siècle à oublier et délivrer les passagers de leurs vies passées. Quitter pour aller vers un horizon d’espoir. Marie-Madeleine de Chastonay Membre du Jury côté Suisse romande