Définition, mécanisme d`apparition des escarres
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Définition, mécanisme d`apparition des escarres
28/03/2013 + Prévention et traitement des escarres chez la personne âgée Dr Sylvie MEAUME Hôpital Rothschild, AP-HP Paris Dermatologue - Gériatre, Chef de Service [email protected] + Définition, mécanisme d’apparition des escarres Nécrose provoquée par la compression entre deux plan durs, des tissus (qui entraîne une hypoxie) 1 28/03/2013 + Escarre : morbidité et surcoûts Étude américaine 286 patients hospitalisés (âge moyen 50 ans) • Les escarres • augmentent les coûts (37,288 vs 13,924$ p = 0,0001) • augmente la durée d’hospitalisation (30.4 vs 12.8 j, p = 0,0001) • patients avec escarres : • font plus d’infections nosocomiales 45.9% [17/37] vs 20.1% [50/249], p = 0.001) • font plus de complications pendant leur hospitalisation (86.5% [32/37] vs 43.0% [107/249], P < 0.001) Allman. Adv Wound Care 1999; 12(1):22-30 + Facteurs de risque d’escarre Extrinsèques ou mécaniques Pression +++ Friction Cisaillement Macération Intrinsèques ou cliniques Immobilité Dénutrition Incontinence État de la peau Baisse du débit circulatoire Neuropathie Etat psychologique Âge Antécédent d’escarre Maladies aiguës Pathologies chroniques graves Phase terminale 2 28/03/2013 + Mécanisme de formation : la pression +++ Une pression trop forte Pendant un temps trop long + Mécanisme de formation : les frictions et le cisaillement 3 28/03/2013 + Qui fait des escarres ? (épidémiologie) L’âge moyen des porteurs d’escarre est 74 ans Les chiffres varient selon les activités Prévalence Court séjour 7% 3,2% Réanimation - 22,6% 7% 2,5% 10,1% 5,8% 4,3% 2,8% Soins de suite Long séjour Maison de retraite + Incidence Epidémiologie Enquête 2004 France 1149 hôpitaux non universitaires, 37307 patients évalués âge moyen 72,3 ans prévalence 8,9% escarre sacrum plus fréquente chez patients incontinents escarre talonnière chez les patients ayant une AOMI Barrois JWC 2008 4 28/03/2013 + + Localisation des escarres en position assise Localisation des escarre en position allongée 5 28/03/2013 Dépistage précoce de l’escarre… Stade 0 • Rougeur qui blanchit à la pression du doigt • Réapparition de la peau normale en moins de 24 heures + Stade 0 : hyperhémie réactionnelle Rougeur qui blanchit à la pression du doigt Réapparition de la peau normale < 24 h Histologie : œdème, dilatation vasculaire, infiltrat périvasculaire 6 28/03/2013 + Stade 1 : rougeur persistante Rougeur qui ne blanchit pas à la pression du doigt Persiste après 24 h Histologie : engorgement des hématies, dilatation vasculaire, œdème, infiltrat périvasculaire + Escarre stade 2 • Perte de substance impliquant l ’épiderme et en partie le derme, se présentant comme une phlyctène, une abrasion, une ulcération superficielle 7 28/03/2013 + Escarre stade 3 Perte de substance impliquant le tissus sous cutané avec ou sans décollement périphérique avec décollement + sans décollement Escarre stade 4 Perte de substance atteignant ou dépassant le fascia et pouvant impliquer os, articulations, muscle ou tendon muscle os articulation 8 28/03/2013 + Les éléments de la prévention Évaluation du risque (clinique, échelle) Patient à risque d’escarre Patient ayant une ou des escarres Intervention Les supports (lit et fauteuil) Les positions La mobilisation (changement de positions) La nutrition L’hygiène Les massages ? + Évaluation du risque 9 28/03/2013 + Revues Cochrane Evaluation du risque d’escarre Rôle des échelles de risque d’escarre pour l’identification des patients à risque de faire des escarres L’utilisation de ces échelles de risque diminuent-elles l’incidence des escarres dans les unités de soins ? Recherche de RCTs comparant l’utilisation d’échelles validées ou non, ou comparant les échelles au jugement clinique ou les différentes échelles entre elles 1 seule étude, 256 personnes, randomisée 3 bras : Braden et entrainement évaluation non structurée et entrainement évaluation non structurée seule Pas de différence, mais étude pas assez puissante… Moore Z. Cochrane 2010 + Évaluation du risque d’escarre Évaluation clinique + Échelle de risque perception sensorielle complètement limité 1 très limité humidité constamment mouillé 1 humide activité alité Braden mobilité nutrition friction et cisaillement 1 au fauteuil 2 légèrement diminué 3 aucune 4 diminution 2 humidité occasionnelle 3 rarement 4 humide marche 3 occasionnelle marche 4 fréquemment 2 complètement immobile 1 très limité très pauvre probablement inadéquat 2 1 problème 1 2 problème potentiel 2 légèrement limité 3 adéquat aucune 4 limitation excellente 3 4 aucun 3 problème apparent 10 28/03/2013 + Revues Cochrane Support d’aide à la prévention 3ème mise à jour (2004-2008-2011) une seule nouvelle étude retenue Conclusions Matelas de mousse /matelas standard : efficace Intérêt relatif des supports alternés ou basse pression continue pas claire Les matelas à air > surmatelas à air Surmatelas sur les tables d’opératon efficaces (intervention > 90 mn) + coût -efficace Les peaux de mouton efficace prévention des escarres de talon (étude australienne) ! McInnes E Cochrane Database Syst Rev 2011 Apr 13;(4):CD 001735, Pham Surgery 2011; 150(1) : 122-32 Objectifs des supports 11 28/03/2013 + Supports statiques = supports non motorisés Permettent l’augmentation de la surface d’appui du patient sur le support par enfoncement dans celui-ci. Ils diminuent ainsi la pression d’interface entre la peau et le support en tout point du corps et notamment au niveau des zones à risque (aspérités osseuses). HAS conférence consensus 2001 + Supports dynamiques = supports motorisés Caractéristiques Nombre de chambres Type de gonflage Air alterné Réglage manuel automatique Basse pression continue Réglage manuel automatique Hauteur d’air Moteur Réglage de la pression …. 12 28/03/2013 Renforcer la prévention au niveau des talons “systèmes” du commerce à évaluer (gouttières, attelles…) attelle Médaboot, ABC + La rythmicité des changements de position dépend du type de support Aucun support ne dispense de changements de position réguliers +++ Plus le support est performant plus les changements de position peuvent être espacés +++ 13 28/03/2013 Installation à 30° soulage la région sacrée Cale Triangle Faux décubitus latéral à 30° + Décubitus latéral strict à 90° Eviter les cisaillements Installer le malade en position stable Au lit et au fauteuil « glissement » 14 28/03/2013 Installer le malade au lit • Utiliser des oreillers, coussins, blocs de mousse pour éviter les contacts et stabiliser les positions Escarre du genou : prothèse exposée + La déambulation: Dès que possible ! Importance de la reprise de la marche et de l’autonomie Pas d’appui sur la zone lésée mais attention à la chute ! =>Chaussures adaptées 15 28/03/2013 + Prise en charge des rétractions Installation au lit Privilégier la décharge de l’escarre Changements de position réguliers Mobilisation passive Verticalisation Travail fonctionnel Que penser des massages ? Utilisés pendant de nombreuses années Intérêt pour le confort, le soin relationnel Inspection des points d'appui Efficacité non prouvée Améliorent le flux sanguin local Rôle des huiles hyperoxygénées : effleurage Massages interdits dès qu’il y a escarre (rougeur) 16 28/03/2013 Distinguer les lésions de macération et les escarres +++ Chez les malades incontinents changer régulièrement utiliser des crèmes barrières utiliser du matériel absorbant de bonne qualité Tester vos connaissances http://www.epuap.org Pucla2 Assurer l’équilibre nutritionnel Évaluer régulièrement Poids, bilan biologique, ingesta En cas de dénutrition comprendre les causes et les traiter suppléments hypercaloriques et hyperprotidiques voie d'administration adaptée (PO, SNG, GPE) prescrire une rééducation musculaire 17 28/03/2013 + Méta-analyse La méta analyse de 5 essais thérapeutiques randomisés suggère que les compléments nutritionnels oraux permettent de diminuer le risque d ’apparition d ’escarres L ’analyse de 3 études suggère une tendance l ’amélioration du processus de cicatrisation d ’escarres constituées Stratton 2005 + Adéquation des mesures de prévention de l’escarre à l’hôpital ! Étude multi-centrique, un jour donné dans les hôpitaux belges 19 968 patients, prévalence des escarres I-IV : 12,1% Seulement 10,8% des patients à risque reçoivent une prévention adaptée (soit au lit et soit au fauteuil) Plus de 70% des patients qui ne sont pas à risque reçoivent des soins de prévention au lit ou au fauteuil de façon inutile Étude sur > 1100 personnes âgées dans 12 SLD en Irlande 50% ont un support adapté au lit et 48% au fauteuil 9% ont des changements de position planifiés au lit et 5% au fauteuil Vanderwee K. BMJ Qual Saf 2011 Mar;20(3). Epub2011 Jan 5 Moore Z; J Clin Nurs 2012 21(3-4) : 362-71 18 28/03/2013 Stade 1 Protéger la peau par film semi-perméable ou hydrocolloïde transparent ± Supprimer les facteurs favorisants macération, cisaillement Rechercher et supprimer les points d’appui SUPPORT CHANGEMENTS DE POSITION NE PAS MASSER La phlyctène séreuse (stade 2) Réaliser une brèche suffisante au bistouri Évacuer le contenu Maintenir le toît en place, si possible Hydrocolloïde ou pansement gras Mettre la plaie hors d’appui 19 28/03/2013 Escares stade 2, 3 et 4 Nettoyage de l ’escarre Eau + savon : bain Sérum physiologique Antiseptiques inutiles Cochrane database syst rev 2008; 8(4) : CD001735 Escares stade 2, 3 et 4 Déterger l ’escarre Détersion mécanique au lit, pince, ciseau du centre vers les berges ni douleur, ni saignement puis pansement humide ± Détersion autolytique hydrogel et/ou alginate 20 28/03/2013 + Attention : escarres talons Détersion mécanique seulement si IPS > 0,8 + Détecter l’AOMI +++ L’artérite est « asymptomatique » chez le sujet âgé Marche peu A volontairement réduit son périmètre de marche car a été symptomatique, ou a un périmètre de marche réduit en raison d’autres comorbidités… Parfois antécédent de chirurgie de revascularisation (pontage, stent…) 21 28/03/2013 Choix des pansements de recouvrement : généralités • Objectif du pansement : – maintenir le milieu humide et éviter la surinfection Le pansement secondaire Maintenir le pansement primaire Sur le talon avec une bande Sur le sacrum avec un film de polyuréthanne, un hydrocolloïde, un pansement absorbant (incontinence) 22 28/03/2013 +Peau périphérique altérée Faire le diagnostic des problèmes Demander l’avis du spécialiste Traitement étiologique Traitement d’une diarrhée Ou traitement symptomatique Crème et pansement barrières Cavilon™ Renouvellement plus fréquent des pansements et des changes Collecteur fécaux (?) Escarre infectée : traitement • Détersion +++ • Augmenter le rythme des changements de pansement • Antibiotiques locaux et antiseptiques ? • Traitement antibiotique général à discuter (durée?) • Cas particulier de l’ostéite importante : IRM, biopsie osseuse (bactério) antibiothérapie adaptée prolongée + TPN ≠ ostéite corticale (détersion soins locaux pas d’antibiothérapie) www.has.fr 23 28/03/2013 Avis chirurgical à demander : très rarement en gériatrie • Plaie qui se creuse sous traitement • Plaie de grande taille ou très nécrosée • Structures nobles menacées (capsules, tendons, os, axes vasculo-nerveux) • Terrains particuliers (diabète, artérite, prothèse articulaire de voisinage) Les lambeaux sont à réserver aux sujets jeunes Traitement de la douleur • Après évaluation (échelles) • Antalgiques • selon palier OMS, parfois niveau 3 d’emblée et augmentés rapidement • douleurs neurogènes : tricycliques, anticonvulsivants • Supports ++++, installation confortable, nettoyage de la plaie, choix du pansement, gestion de l’anxiété 24 28/03/2013 + Conclusion Accréditation EPP T2A Prise en charge multii-disciplinaire, multiprofessionnelle Transversalité +++ 25