Capsule sur le développement de l`enfant

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Capsule sur le développement de l`enfant
Capsule sur le développement de l’enfant
Le développement de l’enfant entre 0 et 6 ans :
Entre 0 et 6 ans, j’ai besoin de …
On sait qu’il est important de répondre aux besoins des jeunes enfants afin de leur
permettre un développement harmonieux. Il semble même que la réponse satisfaisante
aux besoins durant la petite enfance ait un impact sur le développement du cerveau. Mais
quels sont ces besoins? Comment devons-nous y répondre? Comment ajuster notre
réponse à l’âge de l’enfant?
7. Besoin d'actualisation
(se réaliser)
6. Besoin d'apprendre
(explorer)
5. Besoin d'estime de soi (être valorisé)
4. Choix et responsabilités
3. Besoin d'amour et d'amitié (adultes et amis)
2. Besoin de sécurité (stabilité, routines, rituels, règles)
1. Besoin physique (manger, dormir, respirer, hygiène, etc.)
Figure 1 : Pyramide de Maslow
On s’inspire souvent de la « pyramide de Maslow » pour décrire les besoins des enfants.
Cette pyramide pourrait être représentée par la figure 1.
Tous les besoins sont importants, et ils doivent être comblés en respectant la hiérarchie
(de la base au sommet). En effet, il nous sera très difficile de faire réaliser un
apprentissage à un enfant fatigué ou affamé. De même, l’enfant doit se sentir aimé pour
développer son estime de soi. Au cours du développement, on doit mettre l’accent sur la
réponse à certains besoins
De 0 à 9 mois : « j’apprends à faire confiance »
À cette étape de son existence, la satisfaction des besoins physiques occupe une large part
du quotidien de l’enfant. La faim, le sommeil et l’hygiène orchestrent le déroulement de
ses journées et des nôtres. Durant cette période de la vie, il est important de respecter le
rythme individuel du tout-petit. L’enfant a également un besoin de sécurité auquel on
peut répondre en lui fournissant un environnement stable (éviter les changements de
milieux fréquents et précipités). Un horaire régulier et les mêmes personnes qui en
prennent soin tous les jours assurent également un sentiment de sécurité. De plus, si à
travers les soins physiques, l’enfant est pris, cajolé, bercé, touché, il se sentira aimé. C’est
de cette façon que l’enfant développera la confiance en lui et les autres, ce qui lui
permettra de progresser à l’étape de développement suivante.
De 9 à 18 mois : « j’explore »
Bébé rampe, marche à quatre pattes puis sur deux, et bientôt il court vers les personnes ou
objets. L’enfant de cet âge veut davantage d’indépendance, mais il craint de perdre ceux
qu’il aime s’il s’éloigne trop. Il a souvent besoin d’être rassuré sur notre présence. En
jouant spontanément à « COUCOU » avec lui, il apprend qu’on part, qu’on revient et
qu’on ne disparaît pas pour toujours parce qu’il ne nous voit plus. Il convient également
de lui expliquer les moments de séparation : « Je vais travailler, tu vas passer la journée
avec Julie, je reviens le chercher après le dodo de l’après-midi ». Il est toujours préférable
de quitter l’enfant en lui disant qu’on part, même s’il pleure beaucoup; habituellement, ce
n’est pas très long et l’enfant apprend qu’on ne lui jouera pas de tours. Ces petits gestes
permettent à l’enfant de se sentir en sécurité et aimé. Il sera donc davantage prêt à
explorer son environnement, en sachant qu’il peut retrouver un adulte significatif (son
parent, sa gardienne, son éducatrice) s’il en a besoin.
De 18 à 36 mois : « je m’affirme »!
Durant cette étape, s’ajoute un nouveau besoin : L’AUTONOMIE. C’est l’âge du « Je
suis capable » et du « NON ». C’est pour lui la seule façon de dire qu’il est différent. Le
« non » lui apparaît très efficace, d’autant plus qu’il a commencé à se l’entendre dire lors
de ses multiples explorations et expérimentations.
L’enfant de cet âge a besoin de faire des choix pour avoir un sentiment de contrôle sur sa
vie. L’adulte qui veut répondre à son besoin de décider lui permettra de choisir dans
toutes les situations possibles. Toutefois, les choix doivent être réalistes et encadrés. S’il
n’a pas le choix de s’habiller pour sortir, l’enfant a le choix de mettre un vêtement avant
un autre ou de choisir entre deux vêtements. S’il n’a pas toujours le choix du contenu de
l’assiette, il peut choisir par quel aliment il commence son repas, la quantité (un peu,
moyen ou beaucoup) ou la couleur de son verre. La plupart des situations imposées par
l’horaire, les habitudes de vie et les obligations comportent des possibilités de choix, si
on les cherche bien.
L’habitude de laisser choisir l’enfant à cette période de la vie permet de le rendre plus
autonome et confiant en lui. Cela peut aussi nous permettre d’éviter quelques crises,
fréquentes à cet âge. Toutefois, si la crise est là, il vaut mieux « laisser passer l’orage »,
sans céder ou argumenter, afin que l’enfant n’utilise pas ce moyen pour obtenir ce qu’il
désire. Après, l’enfant peut être consolé et invité à trouver une autre manière d’exprimer
sa colère. L’adulte qui intervient avec calme permet plus facilement le retour au calme…
De 3 à 6 ans : « j’imagine et je prends des initiatives »
C’est « l’âge d’or de l’imaginaire », une période où l’enfant manifeste une grande
curiosité intellectuelle, un imaginaire débordant et beaucoup d’initiative. À cet âge,
l’enfant a une logique toute particulière : il préférera un épi de maïs coupé en deux à un
complet, parce qu’il croit qu’il en aura plus! Pour lui, plusieurs petits cadeaux valent
mieux qu’un gros!
L’enfant aime jouer à faire semblant, seul et de plus en plus souvent avec d’autres : jeux
dans le coin cuisine, jeux de maman et papa, de pompier, de médecin ou de coiffeur. Ces
jeux sont très importants dans le développement de l’enfant, car ils répondent bien à un
besoin primordial à cet âge : apprendre. Dans les jeux de faire semblant, l’enfant se
fabrique des décors; il invente un scénario, il choisit un rôle, il donne de la place aux
autres; il doit argumenter et parfois céder, il change de voix et utilise un nouveau
vocabulaire; il exprime ses émotions et ses idées; il développe son imagination et sa
créativité. Il fait donc des apprentissages dans tous les aspects de son développement :
motricité, socialisation, affection, langage, intelligence.
La participation à son monde imaginaire est une bonne façon de manifester notre
attention et notre affection et de lui faire sentir qu’il est important (estime de soi). Passer
un moment quotidien avec lui pour jouer à ce qu’il veut (dessiner, raconter une histoire,
jouer à la poupée et aux dinosaures) permet de développer la complicité et nous aide à
mieux connaître notre enfant.
La communication avec nos enfants : La créer et la maintenir.
Communiquer avec nos enfants nous semble évident. On se parle du matin au soir.
Parfois, on trouve même qu’on parle trop, surtout lorsqu’on répète la même consigne
pour la 10e fois! Mais parler ne veut pas dire communiquer. La communication signifie
« échanger, établir une relation avec une autre personne », et ce, sur un mode aussi bien
verbal que non verbal. On réalise donc qu’on peut se parler, sans réellement échanger. On
peut parler à sens unique!
Établir une véritable communication avec l’enfant demande du temps, de la disponibilité
et quelques façons de faire à favoriser ou au contraire, à éviter. Nous prendrons justement
le temps ici de jeter un regard sur les moyens à privilégier pour créer et maintenir la
communication avec nos tout-petits.
Écouter :
La première étape d’une bonne communication, c’est la capacité d’écouter l’enfant,
véritablement, et ce, dès qu’il gazouille!
S’arrêter : ne pas poursuivre une activité parallèle : si on n’est pas disponible, le
signaler à l’enfant et lui dire quand on sera prêt : fermer la radio ou la télévision le
temps d’une conversation.
Être à son niveau : s’accroupir s’il le faut, l’enfant nous sent ainsi plus accessible.
Regarder : maintenir le contact visuel, pour manifester notre intérêt, lorsque nous
ne sommes pas en voiture, bien entendu! De plus, l’enfant apprend ainsi à
regarder ceux qui s’adressent à lui.
Donner le temps à l’enfant de s’exprimer : devant trop de détails, des hésitations,
des répétitions, nous sommes parfois découragés de continuer à écouter. Plutôt
que d’abandonner, on peut se permettre des questions pour clarifier et aider
l’enfant à raconter de manière correcte. On doit également le laisser terminer son
mot ou sa phrase seul, sinon il pourra se sentir incompétent à exprimer ses idées
(une attitude particulièrement importante avec les enfants qui bégaient).
Ne jamais faire semblant de comprendre ce que l’enfant dit : mieux vaut le faire
répéter, demander à l’enfant de nous montrer ce dont il parle et sinon, lui dire
qu’on n’a pas compris. Cela entraîne quelques frustrations, mais maintient une
communication authentique.
Respecter le tour de parole
Nous avons précisé précédemment que la communication est un échange, une relation
entre deux personnes. Chacune des personnes présentes doit avoir la chance d’écouter et
de s’exprimer, de prendre et de donner le tour de parole, un des préalables à la
communication.
Cette acquisition commence très tôt dans le développement de l’enfant. Le bébé, lui, émet
ses premiers gazouillis, ses « bababa » doivent recevoir, après un délai, une réponse :
« bababa, oui, maman t’apporte un beau biberon ». Il sera ainsi encouragé à poursuivre la
conversation, à son tour. Un sourire, un geste, un son, un mot, une phrase constituent des
tours de parole.
De plus, tous les jeux, toutes les situations où les enfants doivent attendre leur tour sont
des occasions « en or » d’apprendre et de respecter le tour de rôle et ensuite le tour de
parole : jeux de ballon, jeux de société, attente dans une file. Si je sais jouer ou agir
quand c’est mon tour, si je suis capable d’attendre que l’autre ait terminé avant de jouer,
je pourrai généraliser cet apprentissage à une communication verbale. « Attendre son
tour » ou « jouer à son tour » est une bonne manière d’aider notre enfant à communiquer.
Cela lui montre à ne pas interrompre nos conversations à tout propos et à savoir patienter
pour avoir son tour.
S’exprimer
Utiliser le « je » : apprendre à parler pour soi plutôt que de parler de l’autre est
une marque de respect et permet à l’enfant d’apprendre à utiliser le « je » lui
aussi. « Je n’accepte pas ton geste » plutôt que « Tu es impoli ou méchant »;
« J’aimerais que tu parles plus doucement » plutôt que « Tu me donnes mal à la
tête avec tes cris ». De telles interventions évitent la culpabilité, l’accusation et
maintiennent une communication ouverte (avec adultes et enfants!).
Poser des questions appropriées : privilégier des questions qui permettent aux
enfants d’élaborer, plutôt que des questions qui amènent un « oui » ou un « non ».
« As-tu eu une belle journée au CPE » peut rapidement mettre fin à un échange.
Une question telle « Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ? » peut ouvrir sur une
véritable conversation. On devrait tendre à utiliser davantage le « qui, quand, où,
comment, pourquoi » lorsqu’on pose une question à l’enfant.
Reformuler : répéter ce que l’enfant vient de dire lui assurera qu’on a écouté et
compris. Cela nous permettra également de corriger quelques erreurs dans le
discours, sans qu’il y paraisse. « Ze veux du Zus » pourrait entraîner une réponse
telle que « Tu veux du jus, je t’en donne dans deux minutes ».
Respecter l’enfant qui n’a pas le goût de parler : il est toujours préférable de
respecter le silence de l’enfant. Toutefois, il faut lui montrer notre disponibilité et
notre intérêt lorsqu’il sera prêt et savoir laisser planer le silence pour lui permettre
de prendre son tour. On maintient ainsi la relation, ce qui est plus important que
tout.
Utiliser la communication non verbale
Nous avons défini la communication comme un échange, aussi bien verbal que non
verbal. Les enfants sont très à l’aise dans la communication non verbale, nous démontrant
plus facilement leurs intentions, leurs besoins, et parfois leurs difficultés dans un geste ou
un comportement. Bien qu’il est important que l’enfant entre 0 et 6 ans apprenne
graduellement à dire qu’il est en colère plutôt que frapper ou à nommer ce qu’il nous
montre du doigt, il faut conserver une place à la communication non verbale :
S’asseoir à côté de l’enfant et le regarder jouer pour lui manifester notre intérêt;
Faire un clin d’œil ou un sourire pour lui indiquer notre approbation ou notre
complicité.
Mettre un doigt sur la bouche, placer ses mains sur mes oreilles pour lui faire
comprendre qu’il doit « baisser le volume ».
Et multiplier les caresses, les chatouilles, les baisers pour lui démontrer clairement
notre affection, même s’ils sont accompagnés d’un « je t’aime » !
Prendre le temps de regarder les dessins faits par les enfants et leur demander de nous les
expliquer est une occasion d’échange. Cela nous permet de mieux les connaître et parfois
les comprendre. Le dessin, la musique, l’écriture sont des intervenants de communication
non verbale qu’il ne faut pas négliger. Chanter ou danser ensemble est une bonne
occasion d’entrer en relation ou de créer un échange.
On doit se rappeler qu’entre le message verbal et le message non verbal, c’est toujours ce
dernier qui sera d’abord « entendu ». Cela exige donc d’être cohérent (ne pas crier à
l’enfant d’arrêter de crier!) et d’être un modèle de ce qu’on demande à l’enfant de faire.
Maintenir la communication
Pour que l’enfant ait le goût de communiquer, il doit avoir du plaisir à le faire. Les petites
suggestions énumérées ici peuvent faciliter l’échange et nous aider à maintenir la
communication avec nos enfants maintenant et plus tard.
Il faut se rappeler que ce que l’on met en place, dès la naissance de l’enfant, constituera
les bases de la relation à venir avec lui. Une communication non établie quand l’enfant
est tout-petit sera difficile à créer et à maintenir lorsqu’il sera adolescent et adulte. Vaut
donc mieux semer dès aujourd’hui et prendre soin de ce qui émergera!
Par Sylvie Bradette
Psychologue
Parcours d’enfant