Les indices boursiers L`importance de réduire la volatilité

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Les indices boursiers L`importance de réduire la volatilité
IL
est commun pour nos régimes de retraite d’investir à la
bourse par l’entremise de fonds indiciels. Or, la volatilité et
les faibles rendements des marchés bousiers depuis le début
des années 2000 nous amènent à questionner cette façon d’investir.
Au tableau 1, on remarque que le rendement des actions est
accompagné d’une volatilité et d’un risque annuel assez important.
En effet, les actions peuvent perdre environ 35 % lors d’une année
difficile. En d’autres mots, un investisseur doit accepter un risque de
perte annuelle de 35 % pour un rendement espéré à long terme de
9 % lorsqu’il investit en actions.
TABLEAU 1 – ÉTUDE DES RENDEMENTS ANNUELS CALENDRIERS
(AU 31 DÉCEMBRE) DE 1981 À 2010
CATÉGORIE D'ACTIF
INDICE
MOYENNE
ARITHMÉTIQUE
MOYENNE
GÉOMÉTRIQUE
PIRE
RENDEMENT
VOLATILITÉ
(ÉCART-TYPE)
Obligations canadiennes (DEX Univers)
10,2 %
9,9 %
-4,3 %
7,7 %
Actions canadiennes (S&P TMX)
10,4 %
9,1 %
-33,0 %
16,8 %
Actions américaines (S&P 500)
12,2 %
10,7 %
-37,0 %
17,5 %
Actions internationales (MSCI EAEO)
11,0 %
9,0 %
-29,4 %
21,6 %
Actions mondiales (MSCI mondial)
10,6 %
9,3 %
-26,1 %
17,1 %
La question qui s’en suit : existe-t-il une meilleure façon d’investir
à la bourse avec un risque de perte moins grand ? Le but étant
l’amélioration du ratio rendement-risque de cet investissement.
Les indices boursiers
D’abord, un indice boursier sert généralement à mesurer la
performance d’une bourse ou d’un marché. Les principaux indices
boursiers sont pondérés selon la capitalisation boursière. Les indices
boursiers sont aussi une façon d’investir passivement à la bourse.
Cette approche s’appelle la gestion indicielle. Le portefeuille d’un
fonds indiciel est généralement composé des mêmes titres que ceux
de l’indice et dans les mêmes proportions.
La construction d’un indice comprend trois critères : le nombre de
titres, la représentativité désirée et la méthode de pondération. Dans
les indices basés sur la capitalisation, le poids de chaque titre dépend
de son nombre d’actions en circulation multiplié par son cours divisé
par l’ensemble de la capitalisation de tous les titres formant l’indice.
Une critique générale de ces indices est qu’ils mettent trop l’accent
sur les grandes capitalisations. De plus, cette approche passive
d’investissement nous amène à surpondérer les titres surévalués et à
souspondérer les titres sous-évalués. Il existe aussi d’autres méthodes
de pondération, plus rarement utilisées, comme la pondération en
fonction des cours ou l’équipondération.
L’importance de réduire la volatilité
La volatilité d’un portefeuille peut avoir un impact négatif sur le
rendement de ce dernier. Le rendement composé d’un portefeuille
sur une période supérieure à un an est mesuré au moyen d’une
moyenne géométrique des rendements qui composent la période. Or,
nous savons que le rendement géométrique d’un portefeuille à long
terme est amputé approximativement par la moitié de sa variance par
rapport à la moyenne arithmétique.
L’exemple ci-dessous illustre deux portefeuilles ayant la même
moyenne arithmétique, mais dont la volatilité est différente. Le
portefeuille A offre un rendement géométrique plus élevé en raison de
36 / Février 2012 ›
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L'INDICE
EST-IL
SANS
RISQUE ?
Robert Auger
et Jimmy Carbonneau
par
LES INDICES FONDAMENTAUX
1
Introduits dans les années 2000 aux États-Unis, les indices
fondamentaux reposent sur une pondération basée sur des
indices financiers (valeur comptable, ventes, profit, etc.) d’une
entreprise plutôt que sur sa capitalisation boursière.
2 Cette méthode réduit le biais structurel de surpondération des
titres surévalués et de sous-pondération des titres sous-évalués
observée avec les principaux indices boursiers.
3 Research Affiliates, un gestionnaire américain offrant cette
approche, mentionne sur le site internet que l’approche des
indices fondamentaux a généré, basée sur des simulations
à long terme, une valeur ajoutée de plus de 2 % par rapport
aux indices pondérés de grandes entreprises sur les marchés
développés.
4 Un exemple de cette stratégie est le fonds négocié en bourse
américain PowerShares FTSE RAFI US 1000 Portfolio qui
démontre une amélioration du rendement depuis 6 ans. Par
contre, l’écart-type de ses rendements et sa perte absolu en
2008 sont plus élevés que ceux de l’indice S&P 500.
Portefeuille à minimum-variance
1
Cette méthode vise à offrir une exposition aux actions, sousjacentes à un univers de référence, mais de manière optimisée
afin d’atteindre le plus faible risque absolu.
2 La sélection des titres se fait en fonction de leur volatilité et de
leur niveau de corrélation par rapport aux autres titres inclus
dans le portefeuille.
sa volatilité plus petite. D’où l’importance d’avoir recours à des
solutions d’investissement présentant une volatilité plus faible.
Portefeuille A
Portefeuille B
Moyenne arithmétique
10,50 %
10,50 %
Écart type
12,00 %
16,00 %
Variance
1,44 %
2,56 %
Moyenne géométrique
9,06 %
7,94 %
Des options aux indices boursiers
En raison de leur volatilité et de leur risque absolu, nous
explorerons des alternatives aux indices boursiers pour investir à
la bourse. Nous nous attarderons sur trois approches : la gestion
active de style valeur, les indices fondamentaux et la construction
de portefeuille à minimum-variance.
1 La gestion active de style valeur
2 Une sélection et pondération de titres différente que celles
l’indice de référence dans le but de produire une valeur ajoutée
relativement à cet indice.
3 Les titres sont choisis en fonction d’attributs fondés sur leur
valeur (haut dividende, faible ratio cours-bénéfice, etc.)
4 La valeur ajoutée d’un style valeur est corrélée négativement
au rendement de l’indice. Ce type de gestionnaire connaît ses
meilleures valeurs ajoutées lors de contre-performances de
l’indice.
5 La résultante de ce style de gestion donne un portefeuille avec
une volatilité et un risque absolu moins élevé que son indice de
référence.
3 La détermination des pondérations est quantitative. Toutefois,
elle peut commencer par une présélection de titres rencontrant
certains attributs au lieu d’y inclure tous les titres d’un indice.
4 La réduction de la volatilité serait de l’ordre de 33 %
relativement à celle de l’univers de référence.
5 Selon la théorie classique, si les marchés étaient parfaitement
efficients, le risque moindre que présente ce portefeuille devrait
être récompensé par une espérance de rendement plus faible.
Cependant, certains chercheurs ont démontré que les indices
boursiers sont en dessous de la frontière efficiente et qu’ainsi
le portefeuille de type minimum-variance pourrait offrir des
rendements similaires sur le long terme.
Le meilleur ratio rendement/risque
Concrètement, la considération des investissements en actions
doit dépasser l’acception de la volatilité et du risque absolu des
indices boursiers basés selon la capitalisation boursière. Il faut
demeurer ouvert à de nouvelles approches de gestion visant à
réduire le risque. Les approches qui vous ont été présentées
offrent des améliorations possibles en matière d’investissement.
Cependant, certaines approches nécessitent encore de la
recherche avant de clamer leur avantage absolu. Il faut donc les
sélectionner avec soin en fonction de ses besoins propres.
En terminant, il est bon de rappeler qu’en gestion de
portefeuille, nous ne contrôlons pas le rendement d’un indice ou
d’un gestionnaire, mais nous pouvons contrôler le niveau de
risque désiré en adoptant des stratégies nous permettant de
réduire le risque.
Robert Auger, MSc CFA, est gestionnaire de portefeuille
pour la Société de gestion privée des Fonds FMOQ Inc.
Jimmy Carbonneau est conseiller en assurance et rentes
collectives chez Desjardins Sécurité financière.
›Février 2012 / 37