018-oryx11- bactériose glucoumato brunette

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018-oryx11- bactériose glucoumato brunette
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Ctifl
STATION DE CREYSSE
NOYER 2011
LUTTE CONTRE LA BACTÉRIOSE
EFFICACITÉ DE L’ENGRAIS FOLIAIRE GLUCOUMATOTM SUR LA BACTÉRIOSE DU NOYER
P ARCELLE STATION
Jean-Loup PÉROYS & Guillaume PAGÈS, Station de Creysse
Antoine BERTON, stagiaire Creysse
Jean-Pierre PRUNET, Ctifl/Station de Creysse
I - But de l'essai
Les travaux de Giovanardi et al. (Université de Modène – Italie) conduits entre 2007 et 2009 ont montré que
le glucohumate, associé ou non au cuivre, avait permis d’améliorer l’état sanitaire du noyer. Ce produit
contient une substance organique stabilisée ayant un degré d’humification élevé, ce qui permettrait de
stimuler le développement du végétal et la capacité d’absorption racinaire, ainsi qu’améliorer les propriétés
physico-chimiques et microbiologiques du sol. Protégés par cette substance, le cuivre et l’azote (sous forme
ammoniacal) seraient complètement et plus facilement absorbés par la plante. Cette piste nous a conduit à
tester l’efficacité de l’engrais foliaire GlucoUmatoTM de Cu sur un verger de Franquette pour connaître ses
performances sur le rendement et la qualité des noix.
.
II - Matériel et Méthodes
A. Facteurs étudiés et dispositif expérimental
• Caractéristiques du site : parcelle de 1 ha de noyers de variété Franquette plantés en 1994 à une densité
de 100 arbres/ha (10 x 10 m) et située à Creysse (46600).
• Conduite : l’entretien du verger a été fait par la Station de Creysse de la même manière sur tout le verger
(taille hivernale, tonte inter-rangs, désherbage chimique des rangs). Aucun traitement (fongicide, insecticide)
autre que ceux de l’essai n’a été effectué. Tous les arbres ont reçu 70 unités d’azote (ammonitrate+urée) en
2 fois, sans compter l’azote apporté par l’engrais foliaire sur la modalité M3.
• Dispositif expérimental : essai bloc à 3 modalités répétées 5 fois. Une parcelle élémentaire est
représentée par 3 arbres consécutifs, seul l’arbre du milieu est suivi. Chacune est encadrée par des rangs de
garde. Les modalités testées sont présentées dans le tableau 1.
• Traitements : réalisés avec un atomiseur porté à air pulsé en utilisant un volume d’eau de 560 l/ha.
• Conditions d’application des produits : aucune pluie n’a été relevée dans les 3 h suivant chaque traitement.
Aucun problème, ni déviation par rapport au protocole n’ont eu lieu. Les arbres traités ont été contrôlés 24 h
après chaque intervention. Aucun problème de phytotoxicité (brûlure sur feuille) n’a été relevé visuellement.
Les 3 modalités testées sont présentées dans le tableau 1 :
Tableau 1. Modalités testées et stades phénologiques d’interventions en 2011 (T : traitement)
Intervention
13/04/11 stade Cf+
22/04/11 stade Ef/Ff
29/04/11 stade Ff1
11/05/11 stade Ff3
M1Témoin non traité
x
x
x
x
M2-BB RSR Disperss ®
12,5 kg de PC/ha
T
T
T
T
Produits utilisés :
Bouillie Bordelaise : 20 % de Cu de sulfate
Glucohumate de Cu : 15,5 kg/100L d’azote ammoniacal, 1 kg/100 L de Cu
M3-Glucohumate de Cu
5 kg de PC/ha
x
T
T
T
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L’année 2011 a été caractérisée par une avancée de la végétation, puisque Franquette a débourré le
9 avril, contre le 29 avril en 2010 (une avance de 12 jours par rapport à une moyenne depuis 1990). Le
temps très sec pendant le stade de sensibilité maximum (30 mm de pluie entre le débourrement et la fin de la
floraison femelle le 14 mai) n’a pas favorisé la maladie (cf. figure 1). L’engrais foliaire, qui n’a pas d’action
préventive comme le cuivre du sulfate, mais seulement un gain nutritionnel, a été appliqué trois fois entre le
22 avril et le 11 mai.
Figure 1. Positionnement des différents traitements au cours du printemps 2011 (les flèches vertes
représentent les traitements à la bouillie bordelaise et les flèches bleues les traitements avec le
glucohumate)
B. Variables observées
Notation des stades phénologiques et dates de traitement.
Comptage hebdomadaire des noix chutées sur filet au sol, de la nouaison (stade Gf) à la récolte. Ces
comptages ont été effectués sur un arbre par modalité et par bloc, soit 15 noyers au total. Les noix
chutées dénombrées comprennent les chutes dites physiologiques et les chutes de noix nécrosées. La
récolte manuelle des noix des 5 noyers suivis par modalité permet d’obtenir les pourcentages de chutes de
noix : [= nombre de noix chutées sur l’année / (nombre de noix saines récoltées + nombre de noix chutées
total)].
Récolte manuelle de chaque arbre pour connaître leur rendement et prise d’un échantillon de
100 noix/arbre pour évaluer le calibre et la qualité du cerneau.
III - Résultats et Discussion
Suite à un problème d’asperseur, l’arbre M2B5 a subi un stress hydrique durant la saison, si bien que les
résultats ne pouvaient être fiables. L’analyse s’est donc faite sur quatre blocs au lieu de cinq sur toutes les
variables observées.
A. Chutes de noix
Lors des suivis, les chutes ont été discriminées en 2 catégories :
les chutes dites physiologiques : elles concernent les chutes de fruits non nécrosés de moins de 1 cm de
diamètre. Ces chutes ont lieu dès la nouaison et jusqu’au début du mois de juin. Elles peuvent refléter une
certaine phytotoxicité des traitements si des écarts importants sont relevés.
les chutes de noix nécrosées : elles rassemblent toutes les chutes de fruits présentant au moins un
symptôme de nécrose.
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Les autres chutes dues au vent ou à des chocs liés à la grêle ne sont pas présentées ici. Leur proportion a
été de l’ordre de 4,3 % sur l’ensemble des modalités.
Figure 2. Pourcentages moyens de chutes de noix physiologiques et nécrosées pour chaque modalité
(a,b groupes homogènes, test de Newman & Keuls au seuil de 5 % d’erreur)
Les chutes physiologiques, de l’ordre de 4 % sur l’ensemble des modalités en 2011, sont très faibles et
homogènes entre les modalités (cf. figure 2). Aucune différence significative n’apparaît entre les modalités
(Test de Newman-Keuls au seuil de 5 % d’erreur). Les différents traitements n’ont donc pas présenté de
phytotoxicité particulière.
Les chutes de noix nécrosées n’ont pas présenté de différences statistiques entre les différentes modalités
testées (Test de Newman-Keuls au seuil de 5 % d’erreur), et aucune tendance ne se dégage vraiment. Le
très faible taux de chutes de noix nécrosées sur le témoin non traité ne nous permet pas de conclure sur une
efficacité quelconque du produit d’un point de vue sanitaire.
B. Récolte
Les tests statistiques n’ont pas permis de différencier les modalités quant au rendement des arbres (Test de
Newman-Keuls au seuil de 5 % d’erreur, cf. tableau 2). En considérant les variabilités de rendements entre
les modalités, aucune tendance ne se dégage non plus. De plus, l’accroissement annuel du tronc n’a pas été
plus important statistiquement sur une modalité particulière (Test de Newman-Keuls au seuil de 5 %
d’erreur).
Tableau 2. Rendement moyen et accroissement moyen des troncs des arbres sur chaque modalité
(a : groupe homogène, Test de Newman & Keuls au seuil de 5 % d’erreur)
Modalité
Rendement moyen
(kg noix sèches / arbre)
M1-Témoin NT
M2-BB 12,5 kg/ha
M3-Glucohumate 5kg/ha
23,3 ±4,6 a
28,0 ±5,3 a
26,9 ±8,9 a
Les calibres des noix (basés sur le calibrage d’un échantillon de 100 noix/modalité/bloc) sont considérés
comme équivalents entre eux d’un point de vue statistique (Test de Newman-Keuls au seuil de 5 % d’erreur,
cf. figure 3). Notons cependant qu’une tendance se dégage : la modalité M3 (Glucohumate) présente des
calibres légèrement supérieurs aux deux autres modalités : 34,8 % des noix de la modalité 3 ont des calibres
>32mm, contre respectivement 29,9 % et 18,9 % pour les arbres traités à la bouillie bordelaise et les arbres
non traités.
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Figure 3. Calibre des noix pour chaque modalité
(a : groupes homogènes, test de Newman & Keuls au seuil de 5 % d’erreur)
C. Qualité des cerneaux
Les cerneaux sur cet essai ont été globalement de bonne qualité pour cette saison, puisque plus de
90 % d’entre eux ont été classés ‘extra’. Les arbres traités avec l’engrais foliaire glucohumate ont eu une
proportion légèrement plus importante de cerneaux ‘extra’, et une proportion de déchets plus faible
(cf. tableau 2), mettant en évidence l’amélioration qualitative apportée par l’engrais foliaire.
Cerneaux
‘extra’
(en %)
Cerneaux ‘arlequin
clair’
(en %)
Cerneaux ‘arlequin
foncé’ (en %)
Cerneaux ‘citronné’
(en %)
Déchets
(en %)
M1
90,8 ±3,3
3,2 ±2,2
0,5 ±0,9
0,6 ±1,3
5,0 ±2,1
M2
92,6 ±2,2
1,8 ±2,2
0,6 ±1,3
0,0 ±0,0
4,9 ±2,5
M3
94,2 ±1,2
2,0 ±1,4
1,2 ±1,4
0,0 ±0,0
2,6 ±0,3
Tableau 2 : Qualité des cerneaux (en %), réalisé à partir d’un échantillon de 100 noix/arbre.
IV - Conclusion
Les conditions climatiques sèches de ce printemps ont provoqué peu de chutes de noix nécrosées. Cela ne
permet pas de dégager des résultats annuels fiables vis-à-vis d’une éventuelle efficacité du produit sur l’état
sanitaire du noyer et sur l’aspect qualitatif des noix . Nous pouvons néanmoins remarquer que les arbres
ayant reçu l’engrais foliaire Glucohumate de cuivre ont eu un calibre légèrement plus élevé, une proportion
de cerneaux extra légèrement plus importante et un taux de déchets plus faible. L’essai sera reconduit en
2012.
Remerciements : M. Andrea SERTORIO de Fertirev et M. Nicolas KERDRANVAT de l'Union Française
d'Agriculture Biologique (UFAB)
année de mise en place : 2011
Action
en cours ●
RENSEIGNEMENTS COMPLEMENTAIRES AUPRES DE : J.L. PEROYS - Station Expérimentale de Creysse
Perrical - 46600 Creysse - Tél : 05 65 32 22 22
Mots clés du thésaurus Ctifl : noyer, bactériose, engrais foliaire, Glucohumate de cuivre
N° action : *2.03.02.06
Date de création de cette fiche : 05/12/2011
Validité des informations jusqu'à la date suivante : 05/12/2012
Les moyens consacrés à cette action sont à rattacher à la nomenclature suivante :
Diffusion publique totale (internet) ●