Particularités de la Toux Chronique chez la Femme. Roger
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Particularités de la Toux Chronique chez la Femme. Roger
Particularités de la Toux Chronique chez la Femme. Roger Escamilla, Hôpital Larrey, Toulouse Si la prise en charge de la toux chronique reste identique dans les deux sexes, il apparaît que la femme de la quarantaine et au-delà représente un sujet à risque particulier ; en effet, d’une part les étiologies classiques de la toux chronique sont souvent associées d’autre part, les « toux idiopathiques » sont observées avec une grande prédominance jusqu’à 80% chez la femme avec un âge moyen entre 45 et 60 ans. Cette constatation soulève la question non encore résolue du rôle des hormones sexuelles essentiellement des oestrogènes dans la physiopathologie de la toux. Etiologies des toux chroniques de la femme de 40 ans Elles sont les mêmes, « Post-nasal Drip syndrôme », reflux gastro-oesophagien, médicamenteuses etc--. Contrairement à l’asthme du sujet jeune, la toux peut représenter le mode d’expression exclusif d’un asthme tardif et faire errer le diagnostic ; dans une série personnelle, la toux était le symptôme exclusif dans 50 % des cas d’asthme de survenue tardive chez la femme de 40 ans. La péri ou ménopause ménopause est une période aggravante : A cet âge, la femme présente habituellement une prise de poids notable ; la surcharge pondérale et surtout l’obésité sont un facteur aggravant de l’asthme et des toux équivalentes d’asthme ; l’obésité peut représenter également un facteur de résistance au traitement. Le mécanisme d’action demeure non totalement élucidé ; effet inflammatoire des adipokines, modifications des volumes ventilatoires ? Un rôle des oestrogènes peut également être envisagé : cependant, leur effet n’est pas complétement compris : la carence en oestrogènes entrainerait une hyperréactivité bronchique et aurait un effet pro-inflammatoire ; à l’opposé dans les étude épidémiologiques, les traitements substitutifs par oestrogènes augment le risque relatif de survenue d’un asthme. Il est probable que l’effet varie en fonction des doses d’oestrogènes et de la « sensibilité » de chaque femme. Chez la femme de plus de 40 ans, plusieurs étiologies sont souvent associées ; par exemple : surpoids, RGO, traitement par IEC ou sartans (la toux au IEC est plus fréquente chez la femme et les sartans font aussi tousser). Aspects cliniques La toux ne présente pas de particularités sémiologiques ; le plus souvent il s’agit d’une toux sèche sans circonstances de survenue particulière évoluant depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois ou années. A l’interrogatoire on retrouve fréquemment une infection respiratoire, un stress psychologique initial. Parfois, la survenue nocturne et le caractère postural peuvent orienter vers un RGO. Certaines patientes ont une toux exclusivement diurne qui ne doit pas être considérée comme psychogène. Le cliché et ou le TDM du thorax sont considérés comme normaux. L’existence d’anomalies de la fonction ventilatoire à l’EFR signe le caractère organique de la toux. En pratique, devant une toux chronique chez la femme de 40 ans, Ne pas oublier de faire un cliché thoracique Une «allergie » peut se manifester tardivement Rechercher un facteur iatrogène : IEC, sartans, Bétabloquants Penser aux oestrogènes et si forte présomption, arrêter l’hormonothérapie substitutive (en accord avec le gynécologue) Rechercher et traiter les facteurs aggravants : Dysthyroïdie, RGO, rhinite ou sinusite Faire maigrir la patiente, étape souvent très difficile S’il existe plusieurs facteurs associés, il faut tous les traiter de manière empirique Le traitement de la toux, ne pas hésiter à associer corticostéroïdes inhalés + Béta2mimétiques +antileucotriènes La nébulisation de CSI peut être intéressante sur de courtes périodes. Le tiotropium peut donner parfois de bons résultats Toujours s’assurer de la bonne observance du traitement Ne pas porter trop rapidement le diagnostic de toux d’origine psychique. L’exploration moderne des voies aériennes comme la mesure du NO exhalé permettra de préciser les mécanismes physiopathologiques pour un traitement adapté et plus efficace. Quelques Références Beuther DA, Sutherland ER. Overweight, obesity, and incident asthma : a meta-analysis of prospective epidemiologic studies. Am J Respir Crit Care Med. 2007; 175:661-6. Beuther DA, Sutherland ER. Obesity and asthma. Am J Respir Crit Care Med. 2008;174(2):112-9. McGarvey LPA, Ing AJ. Idiopathic cough, prevalence and underlying mechanisms. Pulmonary Pharmacology Therapeutics 2004 17 435-439. Melgert BN, Ray A, Hylkeme MN, Timens W, Postma DS. Are there reasons why adult asthma is more common in females? Curr Allergy Asthma Rep.2007;7:143-50. Pratter MR, Brightling CE, Boulet LP, Irwin RS. An empiric integrative approach to the management of cough. ACCP evidence-based clinical practice guidelines. Chest 2000; 129:222S-231S.