Devoir n°7 - page d`accue
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Le Blet Mahé 1ère ESL Page 1 of 5 " Devoir n°7! " Question de corpus " " " " " Dans ce corpus, nous sommes confrontés à quatre poèmes qui sont d’abord un extrait de Oeuvres Poétiques de Viau, “Un corbeau devant moi croasse…” de l’année 1621, “Soleil couchants” de Verlaine issu de Poèmes saturniens du même siècle, puis “Le Soleil titre la nature” de Ponge datant de 1962 et enfin un extrait de Syllabes de sable, “Seconde après seconde…” de Lionel Ray publié en 1996." " Nous allons voir ici quel rôle les poètes ont attribué à leurs poèmes." " " " Premièrement, nous avons les deux premiers textes qui décrivent une scène tragique où le texte tombe en miettes. Effectivement dans le texte A, la description n’est déjà pas rassurante alors que le champs lexical de la mort est bien présent (“Charon” qui est le fils du dieu des ténèbres dans la mythologie grecque, “centre de la terre” qui représente les enfers, “sang”) puis peu à peu on tombe dans un monde déroutant où tout est bouleversé. Les oxymores amplifient cette anormalité avec “Le Soleil est devenu noir”, “Un serpent déchire un vautour”, ‘Le feu brûle dedans la glace” : il s’agit d’un net renversement de situation. De plus, la spontanéité traduit par le temps verbal, le présent, créée une sorte de panique, d’angoisse car tout se produit sous nos yeux. Pour le texte B, on observe le même état d’esprit de décomposition du texte. On démarre par une scène harmonieuse, similaire à un rêve (“rêve”, “doux chants”) où le texte nous berce grâce au décor et à la prédominance du son an (“champs”, “couchants”, “chants”). Même que la confusion entre le soir et le matin par les oppositions de “l’aube” et des “soleils couchants”, nous donne une image trouble, flou, renvoyant à l’allégorie du rêve. Mais au troisième quatrain, le rêve s’effondre et tourne au cauchemar : le registre tragique fait son apparition, le poème mentionne des âmes errantes (“fantômes vermeils, défilent sans trêves”). La répétition des mots devient inquiétante (“soleils couchants” qui martèlent et accentuent la mort par la couleur rouge du soleil) ainsi que la pluralité qui est ici signe de folie (“fantômes vermeils”, “grands soleils”)." Dans ces deux poèmes, le poète ne peut pas s’échapper et se trouve prisonnier par un monde où l’homme n’a pas sa place dans le texte A et par l’image du rêve dans le texte B qui paraît comme un échappatoire alors que ce n’est pas le cas. " " " En second lieu, les textes C et D se basent sur l’éphémérité. Tous les deux utilisent le paysage, plus précisément le soleil, pour décrire la fuite du temps. Dans le poème de Ponge, le soleil se lève, suit son cours et se couche pour laisser derrière lui l’obscurité avant de revenir, chaque jour jusqu’à la fin des temps, ce qui donne une idée d’immortalité. Il décrit tout son parcours durant le jour (“paraît à l’horizon”, “gagne alors le zénith”, “décline peu à peu”). Dans le texte de Ray, on a aussi cette effet de contradiction du fait que le temps, décrit par le mouvement du soleil, se reproduit perpétuellement et ne s’arrête jamais (“approche à pas feutrés et disparaît sans écho”). Les temps verbaux employés dans ce poème rappellent aussi le temps, les jours qui se reproduisent inlassablement : on commence avec un présent, puis un passé pour finalement revenir sur du présent. L’éphémérité s’annule par cette immortalité que les poètes transmettent dans leur texte. A la fois Ponge et Lionel Ray parviennent à faire durer l’éphémérité à travers la description du paysage traduisant le temps et qui se reproduit continuellement." " Le Blet Mahé " " 1ère ESL Page 2 of 5 " Pour finir, nous avons vu que les textes A et C étaient des poèmes qui se brisaient au fur et à mesure de la lecture et se transformaient en un autre monde, bien plus terrifiant et que dans les poèmes qui suivent, les auteurs dénoncent la fuite du temps mais la rallongent en l’immortalisant, par le déroulement perpétuel des jours." " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " " Le Blet Mahé " 1ère ESL Page 3 of 5 " Commentaire" " Le XXème siècle était encore un siècle témoin de nouvelles facettes de la littérature. De nouveaux mouvements sont apparus et la littérature s’est vue évoluer comme elle l’a toujours fait. Si l’on pense à un des genres à avoir voyagé à travers les siècles, à avoir perduré jusqu’à aujourd’hui, il s’agit bien de la poésie. C’est donc sur ce genre que nous travaillerons, à l’aide du texte de Lionel Ray, “Seconde après seconde…” extrait du recueil Syllabes du sable de l’année 1996. Ce poète a décidé d’utiliser un outil qu’empruntent beaucoup de poètes, le lyrisme, mais opte pour un lyrisme particulier." " " " Nous étudierons ici à quoi tient l’originalité de ce poème." " Afin d’analyser cela, nous verrons en premier lieu comment ce poème d’apparence plutôt simple vient cacher un lyrisme original pour finalement révéler un fond d’aspect particulièrement philosophique. " " " A vue d’oeil ce texte ne nous semble pas inconnu. A sa structure, son contenu et son rythme, on perçoit quelque chose de familier. Effectivement, le lecteur est à l’aise avec le texte et se trouve dans une situation qui lui est connue, il lit la description d’un décor du quotidien : la nature (“montagne”) ainsi qu’un intérieur (“la chambre”). Le texte ne peut être que familier étant donné que l’on est confronté à un vocabulaire peu compliqué, qui pourrait facilement être employé lors d’une conversation : on aperçoit le verbe “entrer” par exemple et non pas “pénétrer” ou “s’infiltrer” ou bien le verbe “toucher” ; des verbes qui restent simplistes. Ainsi que pour les temps verbaux qui sont le présent, passé composé ou l’imparfait. Ces temps sont employés au quotidien et encore une fois nous n’avons pas affaire à un temps difficile tel le plus-que-parfait. Ces différents procédés nous donnent donc déjà un certain aspect de proximité, c’est-à-dire un rapprochement entre le poème et l’interlocuteur. " " En ce qui concerne la structure du poème, il est impossible de négliger la fluidité qui se dégage du texte lors de la lecture. La ponctuation très peu variée, est composée dans ce texte de virgules seulement, huit plus exactement, et d’un point en fin de texte, construisant le poème d’une simple et longue phrase. De ce poème se dégage donc un rythme particulièrement fluide. De plus, ici nous sommes face à des vers appelés “libres”. Les vers sont habituellement nécessaires pour mettre un accent sur les mots et créer donc un rythme marqué d’arrêts et dégageant une musicalité. Ici, face à des vers libres, nous n’avons pas de rythme régulier et donc des vers qui sont parfois des alexandrins (“visiteur furtif qui approche à pas feutrés”), parfois des décasyllabes (“l’écroulement silencieux des nuages”). Il est vrai que la forme du texte est simple, son architecture est composée de deux quatrains ainsi que de deux tercets : il s’agit d’un sonnet. Cette structure est récurrente en poésie et a été utilisée pendant des siècles, avec Du Bellay notamment, au XXVIème siècle ou encore Baudelaire. Le lecteur se fie alors à un poème rassurant dû à sa structure traditionnelle et donc familière. D’apparence, nous ne pourrions pas caractériser le poème comme original. Cependant, qu’en est-il du fond du texte?" " " On sait qu’en poésie, le lyrisme est le registre le plus courant. Il consiste en l’expression des sentiments concernant l’amour, la mort ou, la nostalgie comme c’est le cas ici. Cette émotion se fait souvent ressentir par le besoin du poète à parler du temps. " " C’est précisément ce que fait Lionel Ray dans ce poème. Comme beaucoup d’auteurs, il partage sa nostalgie due au temps à travers ses écrits. Ce qui le détache des autres poèmes lyriques, en revanche, c’est la manière particulière par laquelle il connote le " Le Blet Mahé " " 1ère ESL Page 4 of 5 temps. On a affaire a un lyrisme du temps qui est double, en mentionnant à la fois le temps qu’il fait et le temps qui passe. On observe un champs lexical abondant du temps au sens concret (“le soleil”, “des nuages”, “la clarté”), et par ailleurs, du temps au sens abstrait (“le soleil […] est venu […] a traversé”, “seconde après seconde”). Ici, on nous donne une image abstraite du temps qui passe, alors qu’on imagine le soleil bouger et suivre son cours par à la rotation de la Terre, mettant en place un jeu de lumière qui nous rappelle la fuite du temps. “De mouvantes géométries sont apparues […] cheminant..” : ces mouvantes géométries pourraient représenter les ombres du cadre de la fenêtre ou autres objets de ces formes, se déplaçant et rappelant eux aussi à leur tour le thème, ici trouvé, du texte. " " Sans la présence de la nature dans ce poème, ce dernier perdrait tout son sens car il est nécessaire pour comprendre la nostalgie qui se dégage de ce texte. Ces deux différentes connotations du temps sont indissociables car l’un traduit l’autre. On ne pourrait pas comprendre que le thème du texte est la fuite du temps, si les ombres que le poète décrit ne bougeaient pas ou si la clarté ne faisait pas de même (“la clarté toucha les toits”). En revanche, on peut voir que le temps abstrait prend le dessus sur le temps concret. Il s’agit, non pas d’une description de la nature reflétant l’état d’âme du poète, mais de la fuite du temps mesurée par le temps extérieur, la nature, définissant la mélancolie du poète. On aperçoit que tous les verbes se concentrent sur le mouvement (“entre”, “a traversé”, “approche”, “disparaît”..). " " Toutefois, un seul verbe dans ce poème sort de cette catégorie, celui qui se trouve au point de la rupture dans le sonnet : “et tu te demandais”. Peut-être avons-nous ici une idée supplémentaire qui complète ou même englobe le thème du temps." " " Le texte, en fait, ne parlerait-il pas de quelque chose de plus profond que le temps ? Si l’on revient sur cette rupture “et tu te demandais”, on peut analyser en cette partie de phrase une remise en question. Il est vrai qu’en cherchant plus loin dans la signification du poème, on peut distinguer une théorie sur la condition humaine et sur l’acte d’écrire, qui ne paraît pas neutre. " " " En effet, premièrement, en se basant à nouveau sur le temps on observe une évolution entre le début et la fin du sonnet. On débute par un présent pour continuer sur du passé (passé composé puis passé simple) pour enfin finir sur un présent. Seulement, ce présent ne semble pas similaire à celui auquel on a eu affaire au premier quatrain, il est inconnu. Tout d’abord, nous sommes concentrés sur la description de l’extérieur, sur des mouvements en lien avec les éléments de la nature avec un temps tel le présent (“entre”), dans lequel on peu se situer. Puis on trouve du passé composé (“est venu”), servant d’intermédiaire ( car il est formé du présent + participe passé), et du passé simple (“toucha”) qui sont des temps dont on voit les bornes; on parle alors du passé comme un temps global. Mais peu à peu, on tombe sur la rupture qui nous a précédemment interpellée, qui nous offre le seul et unique verbe à l’imparfait. Ce temps verbal contrairement aux autres est dit “sécant” et ne nous permet pas de nous situer. Le lecteur voit le texte se troubler alors qu’il revient sur un présent, cette fois-ci, ne correspondant pas au précédent et qui nous affirme une perte de conscience de l’extérieur. Les deux quatrains nous suggéraient un contexte concret (“chambre”, table”, “papier”) ainsi que des temps verbaux nous stabilisant et nous rassurant mais tombe dans un contexte abstrait et perturbant (“zones indécises”, “silence”). On se demande alors le sens de cette évolution inquiétante. Cette évolution a lieu aussi avec les verbes de mouvements, très présents dans les quatrains et réduit au nombre de trois dans les deux tercets. Le texte semble " " " Le Blet Mahé " " 1ère ESL Page 5 of 5 perdre vit au fur et à mesure de la lecture du poème. Tout à l’air de basculer à la suite du deuxième quatrain, dont le dernier mot est “doigt”. Voilà que notre curiosité s’éveille. Depuis le début du texte, nous somme noyés par le champs lexical du mouvement, de la nature, donc de la vie; mais nous n’avons jamais eu une description d’une vie humaine alors qu’on nous parle d’un doigt qui appartient pourtant bel et bien à un être humain. L’homme est ici simplement utilisé pour décrire l’acte d’écrire, le mouvement des doigts qui composent les mots sur le papier. Pourtant, le soleil et la clarté sont quant à eux personnifiés, on leur donne des intentions (“le soleil entre […] est venu”, “l’haleine de la clarté” la clarté semble respirer). On peut donc dire que nous sommes confrontés à un renversement de situation : l’humain est réifié et le non vivant est personnifié. " " On parvient à trouver les caractéristiques d’un texte révélant la fatalité de l’homme. Il suit une marche inéluctable où l’écriture semble être un acte qui échappe à la volonté humaine. Il est vrai qu’ici, l’acte d’écrire n’apparaît pas comme une passion mais plutôt comme un acte qui se réalise malgré soi. Cette impression surgit du nom par lequel on caractérise l’homme “les doigts”, qui n’a ni sentiments, ni caractères physiques. L’idée de fatalité se trouve aussi au second quatrain “de mouvantes géométries sont apparues sur la table et le papier, cheminant entre les doigts” : ces formes, qui sont sûrement des ombres, se déplacent dans la chambre en suivant perpétuellement leur cours qui leur est destiné. Ici, on semble nier la liberté de choix de la nature et de l’homme." " " Finalement, nous avons pu voir que ce texte révélait un fond philosophique derrière cette apparence ordinaire. Premièrement ce texte nous renvoyait une image rassurante par sa structure traditionnelle ainsi que par sa description familière; puis nous nous sommes aperçus que le lyrisme employé nous donnait une perspective différente de celuici car le temps qui le définit était double. Enfin, le thème caché derrière cette fuite du temps, était une reflexion sur la condition humaine et sur son sort qui n’est rien d’autre que la fatalité, la mort. Au final, ce poème s’est révélé bien plus complexe qu’il ne le paraissait et a fait preuve d’originalité. " " " " " " " " " " " " " " " " " " "