Entrevue avec Gérard Jaffrès

portrait
Poltred
Gérard Jaffres
" Je sais d’où je viens "
En quittant Saint-Pol de Léon pour suivre
l’orchestre du rockeur belge Burt Blanca à 16
ans, Gérard Jaffrès ne s’imaginait pas tourner
un pan de sa vie et lancer sa carrière dans le
monde musical. Pour sa 43e année de scène, il
sort son 11e album, intitulé " Je sais d’où je
viens ", un véritable retour aux racines.
De Creach ar Leo à la Belgique avec Burt Blanca
" En 1973, j’habitais Creach ar Leo. Le soir, après le match de foot
avec les copains, je prenais ma guitare et je jouais pour tous les
jeunes du quartier. Un jour de vacances, quelqu’un m’a présenté à
un orchestre recherchant des jeunes musiciens, il s’agissait de Burt
Blanca. […] Ils m’ont écouté chanter, je chantais en breton à
l’époque, et ils m’ont proposé de rester avec eux durant 3
semaines… J’y suis resté 11 ans. Lorsque le groupe s’est dissout, je
me suis retrouvé seul avec ma guitare. S’en sont suivi dix années
plus difficiles, "de galère" comme on dit dans le métier. […] Et j’ai
renoué avec le succès en sortant l’album que j’ai, ironie du sort,
appelé "Kerichen 72". Il est devenu populaire en Bretagne et puis
un peu partout. […] Aujourd’hui j’en suis à 11 albums, dont le
dernier s’intitule "Je sais d’où je viens"."
" Je sais d’où je viens ", entre souvenirs et nostalgie
" […] Le point de départ, c’est le Pont de Normandie que je passe
15 fois par an en laissant la Bretagne derrière moi et en retrouvant
la Belgique. […] La nostalgie est venue, j’ai fait une chanson qui
s’appelle "La Maison de mon père", puis "La locomotive" en
référence aux jeudis après-midi que je passais en compagnie de
mon grand-père à regarder les trains passer. "La Karrigell" est une
histoire qui m’a été racontée par mes grands-parents et dans
laquelle je parle des trois quartiers de Saint-Pol…
[…] Par contre je n’ai pas écrit le texte pour " Je
sais d’où je viens ", il s’agit d’un italien qui a fuit
Mussolini dans les années 30. Je ressentais un
peu la même chose, même si ce n’est
comparable, en étant loin de ma famille et de
mes racines pendant 11 ans. "
suis pas un chroniqueur, mes chansons reviennent sur le passé et
ravivent des souvenirs qui parlent au public. "
En concert à la Fête de la Mer
" Tes chansons
sont des cartes
postales "
La fierté de ses origines
" Je suis, et j’ai toujours été, fier d’être né à Saint-Pol et d’avoir des
origines bretonnes. […] Et que je le veuille ou non, je fais partie de
la diaspora bretonne. Malgré tout, c’est une autre façon de penser,
un autre monde et j’y suis resté attaché, notamment par la musique
qui a été une révélation. En modernisant la musique traditionnelle
bretonne au contact d’Alan Stivell, ça m’a donné une identité, dès
l’adolescence, et défini mon parcours. […] D’ailleurs, un jour
quelqu’un m’a dit " Tes chansons sont des cartes postales,
d’anciennes cartes postales ". J'aime cette image parce que je ne
16
" Je suis très heureux de venir à Saint-Pol pour
la Fête de la Mer, le 15 août. La première
fois que j’y ai pris part, c’était il y a 30 ans,
en 1986. […] Cet été, nous assurerons un
concert de quasiment 2 h 30 avec une
première partie consacrée à mon dernier
album, et une deuxième à tous mes succès. J’espère que toutes les
générations seront là. Je remercie d’ailleurs les Saint-Politains, mon
premier public, de m’avoir supporté pendant 30 ans, tant d’années,
et d’être toujours présents. "
Une anecdote ?
" Un jour, alors que je monte sur scène, le présentateur m’annonce :
" Et nous avons ici Gérard Jaffres, un chanteur qui nous vient de
Paimpol ". Je l'ai repris mais il m'a ensuite présenté comme étant de
" Paimpol de Léon " ! "