Yannick Alléno - Royal Mansour
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Yannick Alléno - Royal Mansour
Yannick Alléno Le chef de l’année 2015 veille aussi sur l’ensemble des cachent des techniques et des outils de travail qui restaurants du Royal Mansour Marrakech. Ils comptent permettent de comprendre l’immense richesse des goûts. parmi les meilleures tables du Maroc. Et ce qui est vrai pour la cuisine l’est aussi pour la pâtisserie. Le travail du sucre, les apports du miel et la variété des épices ». Alors il y eut la phase expérimentale d’immersion ITINÉRAIRES dans la cuisine familiale et de stimulation des équipes, puis celle de la codification des recettes. « La cuisine marocaine Yannick Alléno n’est pas seulement un cuisinier, ni l’un des est une cuisine viscérale, on s’y attache. Elle m’a totalement chefs les plus brillants de sa génération ni un grand voyageur, sorti de mon quotidien ». Déjà amoureux de son terroir c’est un explorateur ! A ce titre, il élargit chaque jour sa parisien natal, Yannick Alléno s’est laissé séduire par le vision de la cuisine, enrichit et approfondit sa réflexion. terroir marocain : « Il a tellement à donner en termes de couleurs, de saveurs, de sensibilité, de vérité. Donc pour Depuis 2007, l’année de ses trois étoiles à l’hôtel Meurice à faire entrer cette cuisine dans la plus haute gastronomie, Paris, depuis son élection par ses pairs au titre de « Chef de il faut d’abord ne pas la trahir. Avec la collaboration des l’année » en 2008, Yannick Alléno a fait sienne les cuisines domaines et nos partenaires nous cherchons à produire du Pavillon Le Doyen : Alléno Paris - Carré des Champs les meilleurs légumes, les meilleures viandes au meilleur Élysées n’a mis que quelques mois pour obtenir ses trois moment. Puis il s’agit d’enrichir les goûts marocains (déjà si étoiles. Et de son côté, le Gault & Millau a consacré son denses !) par un savoir-faire ». chef comme « cuisinier de l’année 2015 ». On sait que le chef Alléno développe depuis longtemps déjà de nouvelles techniques de cuisson à basse température, qu’il a plus récemment réfléchi et réinventé l’art saucier. C’est ce savoir-faire qu’il met aussi au service de la Grande Table marocaine. « Quand on y pense, la cuisine commence par un acte primaire. C’est le contact avec le feu. C’est la façon de passer un aliment à travers le feu. Ce que nous avons amené à la cuisine marocaine, c’est une meilleure TRADITIONS ET GASTRONOMIE MAROCAINES approche du feu avec les cuissons à juste température qui Pour la Grande Table marocaine, Yannick Alléno s’est lancé permettent de conserver la qualité des aliments, le fondu dans l’aventure, celle d’entrainer une cuisine traditionnelle d’une épaule par exemple, tout en gardant les particularités vers les sphères de la gastronomie. Il lui a d’abord fallu marocaines. Et ce qui est vrai pour une viande l’est aussi apprendre à la découvrir. Il reconnaît : « J’étais vierge de pour une asperge ! » toute expérience en dehors d’avoir visité le Maroc comme n’importe quel Français. Et à vrai dire, je ne me sentais pas légitimite de travailler sur cette cuisine quand on sait le nombre de cuisinières formidables qui existent dans le pays ! J’ai compris qu’il allait falloir suivre un véritable réapprentissage. Derrière les mots de tajine ou pastilla se La marque d’un grand, c’est parfois l’humilité. Quand il parle des Grandes Tables française et marocaine du Royal Mansour Marrakech, qu’il a contribué à créer et qu’il accompagne toujours, il dit : « Depuis le premier jour, je reste conscient de la chance de servir une telle maison ». Le travail sur le procédé de l’extraction qui lui permet d’écrire les sauces modernes est-il également envisageable ? « Oui, la sauce est importante dans toute cuisine civilisée, en France, au Maroc, en Chine et j’ajouterai même en Irlande. Elle apporte de la cohérence à un plat. Mais qu’est-ce qu’une sauce ? On met des aliments aromatiques dans un pot, on mouille à hauteur, on cuit pendant un certain temps on obtient une substance que l’on réduit. Or chaque produit a son caractère, sa particularité. J’ai voulu voir ce que donnait chacun d’entre eux. Je les ai séparés, pour trouver le temps de cuisson le plus adapté. Une fois le jus obtenu, l’idée était de ne pas le remettre au chaud mais de les réduire par le froid. C’est le principe du vin de glace. La cryo-concentration c’est un peu le nom barbare du procédé. L’eau se cristallise avant la matière sèche. Je récupère cette matière avant qu’elle ne congèle. A partir de là, je fais des assemblages comme on fait des grands champagnes. Je vais chercher une saveur en mettant bout à bout les goûts trouvés par extraction. Et je compose mes sauces ». RICHESSE DES ARTS DE VIVRE En maître de l’art de vivre, Yannick Alléno soigne la cuisine et le reste : le décor, la vaisselle, la façon de partager un repas, tout ce qui doit transformer le déjeuner ou le dîner en un moment inoubliable. Avec les trois tables, le spa ou une soirée dans son riad, ce n’est plus une seule mais plusieurs expériences que l’on peut vivre. Il en dessine les contours en se concentrant sur la Grande Table française et sur la Grande Table marocaine. L’une suit donc la tradition du repas gastronomique à la française. « Je souhaite que les clients hument, goûtent des produits frais et de saison, qu’ils se laissent attirer par les végétaux ou encore que les grosses pièces se découpent à table. Un geste à table, codifié, doit encore exprimer la convivialité. On a un peu trop oublié qu’un repas se partage, notamment et surtout autour du plat principal. Il constitue l’ossature la plus importante du menu, avec une portion généreuse et cuisinée pour l’ensemble de la table. La vaisselle en porcelaine, l’argenterie, le linge et la cristallerie valorisent la table et le repas. Le service aussi ». En créant à la fois la gamme d’assiette Onde et un plateau en fibre de carbone, Yannick Alléno a pensé à alléger les charges des serveurs et rendre le service plus fluide et plus agréable. « Enfin, il n’y aurait de gastronomie française sans une carte des vins digne de ce nom ». Dans la tradition du repas marocain, le temps ne s’écoule pas de la même façon. Pour l’étranger qui vient la première fois au Maroc c’est une initiation. Il s’assoit autour d’une table plus basse. La profusion des plats qui se succèdent l’amène à un autre rythme. Il doit apprendre à mesurer une satiété qui pourrait le surprendre trop rapidement. Il comprend peu à peu cette succession de plats et de saveurs et, en gourmet, il commence à chercher la surprise des goûts. C’est une expérience unique. Chacun, au Royal Mansour, cherche la perfection dans les moindres détails. Quel sera “ votre détail ” ? « Il me semble que le luxe n’est que détail. Et c’est une longue composition délicate. Ce qui me plaît particulièrement au Royal Mansour, ce sont ces parfums et cette lumière qui rendent cette maison si humaine ». Chaque métier a son vocabulaire. Quel(s) mot(s) issu(s) de votre métier vous permettrai(en)t de définir le Royal Mansour ? La concentration ! Et il faut l’entendre aux deux sens du terme. Pour atteindre le meilleur, pour réaliser de grandes choses, il faut atteindre un fort degré de concentration. Et puis la concentration par ailleurs, révèle le vrai goût des choses. Le Royal Mansour allie la concentration des hommes à celle des saveurs.