BAROMETRE JURIDIQUE
Transcription
BAROMETRE JURIDIQUE
BAROMETRE JURIDIQUE FEVRIER 2015 L’année 2014 aura été ponctuée par la parution des nombreux décrets attendus par le marché : décret rectificatif sur les catégories objectives, décret portant sur le panier de soins minimum, décret relatif au contenu du cahier des charges des contrats responsables, décrets d’application des nouvelles dispositions portant sur les recommandations de branche… Le paysage de la prévoyance et de la santé d’entreprise, en ce début d’année, est fortement bouleversé. En clôture de cette longue série de textes, est parue, début février, la circulaire de la Direction de la Sécurité sociale (DSS) qui apporte l’éclairage de cette institution sur ce que sera désormais le contenu du contrat responsable. Ce texte d’interprétation revêt une grande importance pour les entreprises car il sera utilisé par l’URSSAF lors du contrôle des régimes de remboursement de frais de santé des entreprises. En effet, depuis 2004, le législateur a souhaité encadrer les complémentaires santé en imposant le respect du parcours de soins ou des obligations de transparence. Pour garantir l’efficacité de ce système, celui-ci a été assorti d’incitations fiscales et sociales. L’exonération de charges sociales de la part patronale qui sera versée est conditionnée au respect de ce dispositif. La Direction Technique Santé et Prévoyance a créé le Baromètre Juridique MERCER. Chaque trimestre, vous retrouverez une analyse de l’actualité juridique relative à la prévoyance complémentaire. Pour ce nouveau numéro, nous vous livrons une analyse du nouveau dispositif portant sur les contrats responsables et son articulation avec le panier de soins minimum imposé dans le cadre de la généralisation de la complémentaire santé. Nous reviendrons notamment sur : • La date d’entrée en vigueur, • Le contenu des garanties, • Les préconisations pratiques. L’analyse de la loi, des différents décrets et de cette circulaire nous a permis de définir la marche à suivre pour 2015, période très chargée dans laquelle les entreprises auront, plus que jamais, besoin d’être conseillées et accompagnées. Dates A compter du 1er avril 2015 Échéances Entrée en vigueur des nouvelles dispositions sur les contrats responsables Textes • • • Article 56 de la loi n°20131203 du 23 décembre 2013 de financement de la Sécurité sociale pour 2014 Décret n°2014-1374 du 8 novembre 2014 Circulaire DSS du 30 janvier 2015 1er juin 2015 Entrée en vigueur des nouvelles dispositions sur la portabilité pour les régimes de prévoyance • • Article L.911-8 du CSS Loi n°2013-504 du 14 juin 2013 de sécurisation de l’emploi 1er janvier 2016 Généralisation de la complémentaire santé pour les salariés du secteur privé • • Article L.911-7 du CSS Loi n°2013-504 du 14 juin 2013 de sécurisation de l’emploi Décret n°2014-1025 du 8 septembre 2014 • www.mercer.fr Les nouvelles dispositions applicables aux contrats responsables soulèvent de nombreuses questions et des défis pratiques. Il sera important de procéder dans un ordre logique pour déterminer successivement : • A quelle date l’entreprise devra se mettre en conformité ? • Le contenu exact des garanties qui doivent impérativement être combinées avec celles du panier de soins minimum. • Les solutions alternatives qui pourront être envisagées pour pallier les baisses de couverture. Le casse-tête de l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions Initialement fixée au 1er janvier 2015, l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions relatives aux contrats responsables a été reportée au 1er avril 2015 par la loi n°2014-892 du 8 août 2014 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2014. Ces dispositions sont applicables aux contrats souscrits ou renouvelés à compter du 1er avril 2015. Par exception, les contrats attachés à un acte de mise en place (décision unilatérale de l’employeur, accord collectif ou référendum) conclu avant le 9 août 2014 (date de publication de la loi) bénéficient d’une période transitoire dérogatoire et auront jusqu’au 31 décembre 2017 pour se mettre en conformité. Toute modification de l’acte de mise en place entraîne l’application des dispositions de principe. Pour tenir compte de la parution tardive des textes d’application, la circulaire a décalé la date du 9 août au 19 novembre 2014 (date de parution du décret). En l’absence de modification, possibilité de maintien du régime en l’état jusqu’au 31/12/2017 Possibilité de maintien du régime en l’état jusqu’au 31/12/2015 • • Cas 1 Cas 2 Si mise en place, le contrat doit être conforme immédiatement Cas 3 Si modification, à la date de la prochaine échéance principale Date de signature ou de modification de l’acte de mise en place du régime Toutes les modifications de ces actes relatives à la protection complémentaire en matière de frais de soins de santé font sortir le régime de la période transitoire dérogatoire (en dehors de l’hypothèse d’une indexation des tarifs du contrat d’assurance anticipée dans le cadre d’une clause spécifique). Etant donné le caractère régulier des changements des régimes de frais de santé, Mercer estime que 80% des régimes en portefeuille ont été modifiés fin 2014 ou le seront d’ici fin 2015. Les entreprises concernées ne pourront pas bénéficier de la période transitoire dérogatoire et devront majoritairement se mettre en conformité avec les nouvelles dispositions à la date de renouvellement annuel de leur contrat, c’est-à-dire au 1er janvier 2016. L’application de cette période transitoire pose toujours de nombreuses difficultés pratiques notamment dans l’hypothèse des modifications qui prennent effet au cours de l’année 2015 ou dans le cadre des restructurations d’entreprises (délai de survie du statut collectif). Ces questions doivent faire l’objet d’une étude au cas par cas conjuguée avec toutes les contraintes liées au respect des garanties minimum et des plafonds. Copyright 2014 Mercer Tous droits réservés. Le contenu du cahier des charges précisé Le cahier des charges du contrat responsable prévoit des obligations de couverture. La spécificité du dispositif tient également à ce que celui-ci impose des minimas et des plafonds à respecter pour la prise en charge des dépassements d’honoraires des médecins et de l’optique lorsque ces prestations sont proposées. Ces obligations se combinent avec celles du panier de soins minimum imposé dans le cadre de la généralisation de la complémentaire santé. Les garanties encadrées Les dépassements d’honoraires ont été fortement encadrés par les nouvelles dispositions. L’objectif affiché de cette réforme était en effet de les contrôler et de limiter leur pratique. Leur prise en charge sera différente si le praticien est adhérent ou non au Contrat d’Accès au Soin (CAS - voir encadré ci-contre) : - Pour les médecins hors CAS, la prise en charge ne pourra excéder 100% du tarif de responsabilité (125% pour les années 2015 et 2016). - Pour les médecins CAS, il n’y a pas de plafond applicable mais la prise en charge devra au moins être supérieure de 20% à celle des médecins hors CAS. Par exemple, à partir de 2017 : médecin hors CAS remboursement max SS exclue TM + 100% BR, avec un écart de 20% minimum pour médecins CAS (soit minimum SS exclue TM + 120% BR pour un contrat atteignant le plafond). Ce plafonnement est très étendu et très contraignant. En effet, la circulaire est venue préciser que cette limite concerne l’ensemble des actes techniques et cliniques pratiqués par les médecins (hors stomatologues). Cela va nécessiter, très concrètement, de revoir quasiment l’ensemble des contrats collectifs qui ne seront pas responsables sur ce point. Les contrats d’accès aux soins Les contrats d’accès aux soins ont été mis en place par l’avenant n° 8 à la convention médicale. Cette mesure, initialement programmée au 1er juillet 2013, est entrée en vigueur au 1er décembre 2013. Elle vise à encadrer les dépassements d’honoraires pour garantir un meilleur accès aux soins. En pratique, les médecins signataires s’engagent à modérer leurs dépassements d’honoraires en stabilisant les pratiques tarifaires et en pratiquant le tarif opposable sur un contingent d’actes (bénéficiaires de la CMU par exemple). En contrepartie, les médecins bénéficient d’un allégement de leurs cotisations sociales et d’un alignement de leur base de remboursement sur le secteur 1 (28€ au lieu de 23€ pour une consultation par exemple). En optique, le cahier des charges du contrat responsable impose une grille fortement encadrée (bien que les plafonds aient été fortement relevés au fur et à mesure des différents projets de décret qui ont circulé). Elle se conjugue avec les minimas imposés par le panier de soins minimum et les chiffres en rouge dans le tableau suivant dépendent de ce dispositif. Equipement Minimum Maximum Deux verres simples 100€ 470€ Si un verre simple et un verre complexe 150€ 610€ Deux verres complexes 200€ 750€ Si un verre simple et un verre très complexe 150€ 660€ Si un verre complexe et un verre très complexe 200€ 800€ 200€ 850€ Deux verres très complexes Dont monture La prise en charge au sein de l’équipement est limitée à 150€. La prise en charge est limitée à un équipement tous les deux ans sauf pour les mineurs ou en cas d’évolution de la vue où un équipement peut être remboursé tous les ans. La circulaire précise que ces périodes « s’apprécient soit à compter de la date de souscription du contrat ou du bulletin d’adhésion, soit à compter de la date d’acquisition de l’équipement optique et s’achèvent deux ans après. Le contrat devra préciser la règle retenue pour l’application du délai de 24 mois. » La circulaire apporte sur ces garanties de nombreuses précisions techniques : - En cas de non prise en charge des dépassements d’honoraires sur l’optique, le ticket modérateur devra toujours être couvert. Celui-ci devra même être remboursé à chaque consommation sans limite de remboursement une fois tous les 2 ans. - Les planchers et les plafonds incluent systématiquement la prise en charge du ticket modérateur pour les contrats responsables. En revanche, aucune précision n’est apportée sur ce point pour le panier de soins minimum. - Pour les assurés présentant un déficit de vision de près et de loin et ne souhaitant pas des verres progressifs ou multifocaux, les garanties pourront permettre une prise en charge de 2 équipements sur une période de 2 ans corrigeant chacun 1 des 2 déficits. Cependant, des questions restent en suspens notamment pour l’expression des minimas. En effet, la formulation par équipement va à l’encontre des distinctions faites aujourd’hui par les organismes assureurs qui proposent des garanties séparées par verre et par monture. Préconisation pratique Mercer Afin de faciliter le contrôle des couvertures par le contrôleur URSSAF, il est fortement conseille d’aligner la formulation des garanties optiques (grilles et classes de verre) et médicales (TM+ x% BR). Les obligations de prise en charge Les contrats devront impérativement couvrir l’intégralité de la participation de l’assuré sur les tarifs de prise en charge par l’assurance maladie obligatoire pour l’ensemble des dépenses de santé (consultations, hospitalisations, actes et examens médicaux, transports, auxiliaires…). Par exception, ne sont pas obligatoirement à prendre en charge les frais de cure thermale, les médicaments dont le service médical rendu a été classé faible ou modéré et l’homéopathie. Cela revient à rembourser 100% du ticket modérateur pour l’ensemble des prestations remboursées par la Sécurité sociale. La circulaire précise que cette prise en charge impérative exclut toute possibilité de prévoir au sein des contrats des délais de carence pendant lesquels les salariés pourront cotiser sans bénéficier des garanties applicables dans l’entreprise. Devra également être impérativement couvert par le régime, l’intégralité du forfait journalier des établissements hospitaliers. Dans l’ensemble, les obligations évoquées ci-dessus convergent avec celles qui sont prévues par le panier de soins minimum. La circulaire est venue lever sur ce point les derniers doutes notamment concernant le forfait hospitalier (les termes des deux décrets diffèrent sur ce point). Toutefois, il est important de noter que ce second dispositif, contrairement au cahier des charges du contrat responsable, impose une prise en charge en dentaire de 25% supérieur au tarif de responsabilité de la Sécurité sociale pour les soins dentaires prothétiques et les soins d’orthopédie dentofaciale. En outre, les textes portant sur la généralisation des complémentaires santé prévoient une prise en charge à 50% de la cotisation par l’employeur. Aucune précision n’a été apportée sur le point de savoir si cette prise en charge devait concerner l’intégralité de la couverture ou le panier de soins seulement. Par précaution, Mercer recommande que le financement du régime soit assuré à hauteur de 50% par l’employeur quelle que soit l’étendue des garanties retenue. L’alternative de la souscription d’options non responsables Afin de conserver le caractère responsable de leur contrat santé, certaines entreprises vont être amenées à réduire le montant de leurs garanties, parfois de manière significative. Pour répondre aux entreprises souhaitant proposer un niveau de garanties équivalent, le marché s’est très vite interrogé sur la possibilité de souscrire des options facultatives. La circulaire DSS du 30 janvier 2015 précise que les options facultatives, souscrites à titre individuel ou collectif, ne remettent pas en cause le caractère responsable du régime, sous réserve qu’elles fassent l’objet d’un contrat à part. Le contrat devra, en outre, être dénommé « contrat surcomplémentaire » et mentionner que le versement des prestations intervient sous déduction des prestations versées par la Sécurité sociale et le régime de remboursement de frais de santé complémentaire obligatoire. Identification de la nécessité de mettre en conformité Mars 2015 Evaluation de l’impact via les Comptes de Résultats Un déploiement rapide des décisions Réflexion sur un 3ème niveau Copyright 2015 Mercer Tous droits réservés. Contact Vous souhaitez en savoir plus sur le Baromètre Juridique Mercer Notre plan d’action pour 2015 Avril 2015 Définition de l’approche de mise en conformité en prenant en compte la situation technique du compte Le présent document est publié par Mercer à titre purement indicatif. Il ne constitue pas l’expression d’une opinion définitive sur le fondement de laquelle une décision pourrait être prise, de quelque nature qu’elle soit. Sa reproduction et sa diffusion sont autorisées, sous réserve du respect du droit à la paternité de Mercer. Second trimestre 2015 Négociation assureur Mise en retro planning juridique / social Septembre 2015 Négociation des actes de mise en place Direction Technique Santé/Prévoyance Ségolène de Lagarde [email protected] Sarah Ghandehari [email protected] Octobre 2015 Déploiement en gestion Communication Mercer Tour Ariane – La Défense 9 92088 Paris La Défense Cedex www.mercer.fr Mercer Société par actions simplifiée au capital de 30 539 670 € RCS Nanterre B 390 589 455 - APE 6622 Z Garantie Financière et Assurance de Responsabilité Civile Professionnelle conformes aux articles L.512-6 et L.512-7 du Code des Assurances.