Qui est l`écrivain d`origine russe Andreï Makine, élu à l`Académie

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Qui est l`écrivain d`origine russe Andreï Makine, élu à l`Académie
Qui est l'écrivain d'origine russe Andreï Makine, élu à l'Académie
française
AFP
Publication: 03/03/2016 16h44 CET Mis à jour: 03/03/2016 17h41 CET
CULTURE – L'écrivain d'origine russe Andreï Makine, lauréat du prix Goncourt et du
Médicis pour Le testament français, a été élu jeudi à l'Académie française, une consécration
pour ce romancier longtemps boudé par les éditeurs et qui dut batailler pour obtenir la
nationalité française.
Andreï Makine, 58 ans, a été élu au premier tour par 15 voix sur 26 votants. Il y a eu 3
bulletins blancs et six bulletins marqués d'une croix, signe d'une opposition. Deux voix sont
allées sur le nom d'Arnaud-Aaron Upinsky, un écrivain proche des milieux catholiques
traditionalistes.
L'écrivain, amoureux de la langue française, succède à la romancière algérienne Assia
Djebar, décédée en février 2015. Huit candidats étaient en lice dont un lycéen de 15 ans,
Valentin Ogier, qui n'a obtenu aucune voix. Il n'existe pas d'âge minimum pour se présenter
à l'Académie qui n'accepte pas en revanche les candidats âgés de plus de 75 ans.
Auteur de seize livres sous son nom et de quatre sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde,
Andreï Makine a réussi l'exploit, en 1995, d'être couronné par les prix Goncourt, Goncourt
des lycéens et Médicis pour son roman Le testament français.
"C'est tout naturellement que j'écris en français, et ce depuis mon arrivée en France" en
1987, se souvenait Andreï Makine dans un rare entretien publié par Le Figaro au début des
années 2000. "Le français m'a toujours baigné et a encouragé, stimulé mon amour pour la
littérature française", dit le romancier, qui défend une conception rigoriste de la langue, ne
supportant ni le "verlan" ni la grammaire approximative.
Débarqué à Paris de sa Sibérie natale
Lorsqu'il débarque à Paris de sa Sibérie natale, il n'a rien d'autre qu'une vision mythique de
la France, transmise, en même temps que la langue, par sa grand-mère d'origine française.
La réalité qu'il découvre ne correspond pas au mythe. Mais cela ne le décourage pas, au
contraire.
Il vivote, écrit, envoie ses manuscrits même si les refus des éditeurs s'enchaînent. Pour faire
éditer ses deux premiers romans, La fille d'un héros de l'Union soviétique (1990) et
Confession d'un porte-drapeau déchu (1992), il fait croire qu'ils ont été traduits du russe en
inventant un traducteur imaginaire.
Sa première demande de nationalité française en 1991 est également refusée. "C'était
humiliant pour moi, qui suis imprégné de culture française. Mais je ne veux pas me
plaindre. Je n'avais pas de domicile ni de travail fixes. Ils avaient sans doute raison",
analysera-t-il plus tard.
Son quatrième roman, Le testament français (1995) lui ouvre les portes de la notoriété. Le
roman reçoit le Goncourt et le Médicis ainsi que le Goncourt des lycéens. L'année suivante
Makine obtient enfin la nationalité française.
En 2005, le romancier a reçu le prix Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre
et en 2014 le prix Mondial de la Fondation Simone et Cino del Duca-Institut de France.
Reçu à l'Elysée
Son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber (2014) retrace l'histoire de Jean-Claude
Servan-Schreiber, officier français et résistant au nazisme mais tombé dans un quasi-oubli.
Comment cela est-il possible, s'interroge Makine qui, à l'instar des académiciens Alain
Finkielkraut ou Max Gallo, s'inquiète d'un possible délitement de l'identité française et d'une
perte de mémoire collective. Il avait déjà eu l'occasion d'aborder ce thème dans Cette
France qu'on oublie d'aimer (2006) où il fustigeait la tendance française à l'autodénigrement.
Elu à l'Académie française, Andreï Makine devra être reçu par le président de la
République, "protecteur de l'Académie", pour être considéré comme faisant vraiment partie
de la Compagnie. Il devra ensuite patienter (pendant au moins un an) avant de revêtir l'habit
vert et d'être officiellement reçu sous la Coupole. Un mot du dictionnaire lui sera alors
attribué.
Celui de Hélène Carrère d'Encausse, également d'origine russe et secrétaire perpétuel de
l'Académie, est « lexicographie ». Le dernier reçu, Alain Finkielkraut a reçu le mot
« variété ».
En attendant l'intronisation d'Andreï Makine, un autre académicien, Marc Lambron, élu à
l'Académie en juin 2014, sera officiellement reçu sous la Coupole le 14 avril prochain.
Source :
http://www.huffingtonpost.fr/2016/03/03/andrei-makine-academie-francaise-ecrivain-litteratureculture_n_9374254.html