De l`intérêt des métiers de la traduction aujourd`hui

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De l`intérêt des métiers de la traduction aujourd`hui
De l’intérêt des métiers de la traduction aujourd’hui
Nicolas Froeliger, ancien traducteur pragmatique, actuellement responsable du
master professionnel ILTS (Industrie de la langue et traduction spécialisée,
Université Paris Diderot)
[email protected]
Publié sur le site http://alerteducation.eu/Declic, mars 2009
En quoi les métiers de la traduction pragmatique1 peuvent-ils être intéressants ?
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Par leur souplesse : il existe un très grand nombre de manières d’exercer,
avec autant de statuts (indépendant travaillant seul ou en association avec
d’autres ; salarié d’entreprises de toutes tailles, de la micro-agence de
traduction à la multinationale ; fonctionnaire, national ou international ;
pigiste…). Au final, chacun peut trouver le mode de fonctionnement
professionnel qui correspond à son profil.
Par leur évolutivité : il n’y a plus aujourd’hui une profession de traducteur,
mais un grand nombre de métiers dont le point de convergence intellectuel est
la traduction (localisateurs, terminologues, chefs de projet, spécialistes
linguistiques, rédacteurs techniques post-éditeurs et, bien sûr, toujours
traducteurs…). Ces métiers évoluent rapidement, ce qui garantit à ceux qui les
exercent de ne pas rouiller intellectuellement : en traduction, on ne vieillit pas.
Par l’intérêt intellectuel des sujets traités : vous ignorez tout de l’élevage des
chèvres naines au Kenya ; du fonctionnement des chambres de
compensation ; des arborescences d’eau dans les câbles électriques isolés au
polyéthylène… La traduction se chargera de vous faire découvrir ces univers
passionnants de l’expérience humaine en en discernant les enjeux. Pour peu
que vous ayez un minimum de curiosité et une réelle envie de contribuer à
faire passer un message précis à destination d’un lectorat bien spécifique.
Mais,
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Il ne suffit pas d’être bon en langues pour devenir un bon traducteur ; et
certains traducteurs excellents ne sont pas forcément des traducteurs heureux
parce que ces principes ne sont pas forcément les leurs. La traduction, c’est
avant tout un état d’esprit.
Il faut avoir la modestie de ne pas se mettre en avant dans les textes qu’on
traduit, mais aussi la résolution de se faire reconnaître comme un interlocuteur
par les autres intervenants du processus de traduction (auteurs, demandeurs,
spécialistes du domaine…). L’époque où l’on représentait le traducteur
penché sur un grimoire au sommet d’une tour d’ivoire est définitivement
révolue.
Il faut savoir choisir sa formation. Il y a une vingtaine d’années, on comptait
encore beaucoup de traducteurs non diplômés. C’est de plus en plus rare. En
On qualifie de traduction pragmatique (ou spécialisée, ou technique, ou de textes de réalité…) la
partie de la traduction qui concerne des textes destinés à communiquer, par opposition à la traduction
littéraire (souvent élargie à la traduction d’édition) dans laquelle il s’agit de traduire, avec le statut
d’auteur, des œuvres à chaque fois spécifiques.
contrepartie, depuis la réforme LMD, les formations de traduction se sont
multipliées, à l’étranger comme en France. Il faut donc s’orienter
judicieusement. Quelques critères à cet effet :
o se tenir au courant des secteurs professionnels porteurs et de ceux qui
sont déjà saturés. Un exemple : tout le monde, étudiants comme
enseignants aimerait faire de la traduction audiovisuelle, mais c’est ne
pas vouloir voir que ce marché s’est complètement effondré ces quinze
dernières années sous l’effet, justement, d’une offre de traducteurs
pléthorique ;
o se renseigner sur le taux d’insertion professionnelle des diplômés de la
formation que l’on envisage de suivre ;
o examiner les maquettes des formations, afin de déterminer si elles
correspondent à votre profil et à vos envies. Le nombre d’heures de
cours, qui peut varier du simple à plus du double est aussi un critère
intéressant ;
o chercher à savoir quelle est le pourcentage de professionnels dans les
intervenants (en particulier pour les cours de traduction stricto sensu) et
celui des spécialistes de leur discipline pour les enseignants
universitaires (est-ce que le cours consacré à la recherche
documentaire est assuré par quelqu’un dont c’est la vocation, et qui
effectue des recherches dans ce domaine, ou pas ?).
Quelques lectures envisageables :
Froeliger, Nicolas (2004), « Dompter le malentendu : les tâches de la traduction
professionnelle », in Le métier de traducteur en Europe aujourd’hui, Tribune
internationale des langues vivantes n°34. Republié (avec mise à jour dans
Traduire (revue de la Société française des traducteurs) n° 211, novembre
2006.
–––––– (2007), « À quoi bon enseigner la traduction technique ? », in Laplace,
Colette, Marianne Lederer et Daniel Gile (sous la direction de), Profession :
traducteur, Actes du colloque du 50e anniversaire de l’ESIT, Champollion.
–––––– (à paraître), « Mettre en cycle les savoirs, l’enseignement de la traduction à
l’Université Paris Diderot », présenté en février 2007 lors du colloque
Traductologie et enseignement de la traduction à l’université, Université
d’Artois.

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