Face aux prud`hommes, la tentation de l`arbitre
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Face aux prud`hommes, la tentation de l`arbitre
7/9/2015 Face aux prud'hommes, la tentation de l'arbitre, Contentieux Les Echos Business DROIT DES AFFAIRES › Contrats et clauses › Fusion-acquisition › Fiscalité › Statuts des sociétés › Brevets et marques › Contentieux › Responsabilité - Assurances ACCUEIL BUSINESS DIRECTIONS JURIDIQUES DROIT DES AFFAIRES CONTENTIEUX Face aux prud'hommes, la tentation de l'arbitre VINCENT BOUQUET | LE 07/09/2015 À 01:00 Face aux prud'hommes, la tentation de l'arbitre - Jerôme Meyer-Bisch pour « Les Echos business » Tendance | Encore confidentiel, le recours à l'arbitrage privé en matière de droit social tente de se structurer. En regard des prud'hommes, sa rapidité et sa confidentialité suscitent l'intérêt des juristes d'entreprise. Engorgée, la justice prud'homale ne parvient plus à faire face à l'afflux de nouveaux dossiers. Sous le poids des 225.000 affaires qu'elle doit régler en moyenne chaque année, les délais de traitement s'allongent. S'ils varient en fonction des cas et des régions, ils s'échelonnent souvent entre douze et vingtquatre mois, auxquels il faut ajouter une ou deux années supplémentaires si l'une des deux parties fait appel. « Ces délais très longs impactent les salariés mais aussi les entreprises, regrette Hubert Flichy, associéfondateur du cabinet Flichy Grangé Avocats. Au bout d'un certain temps, dans une société, plus personne n'est concerné par un contentieux qui traîne en longueur. Il faut régulièrement réveiller un dossier endormi, tout en sachant qu'il ne sera pas réglé dans l'immédiat : cela coûte du temps à ses responsables dans l'entreprise, mais aussi de l'argent en honoraires d'avocat. » Une solution complémentaire Fort de ce constat, l'avocat a donc décidé de créer, aux côtés d'HenriJosé Legrand et de Thomas Clay, et avec le soutien de 200 de ses homologues, le Centre national d'arbitrage privé (CNAT). Son but ? Faciliter le recours à l'arbitrage privé en matière de droit social, alors que cette procédure demeure pour http://business.lesechos.fr/directionsjuridiques/droitdesaffaires/contentieux/021287647533faceauxprudhommeslatentationdelarbitre202533.php 1/2 7/9/2015 Face aux prud'hommes, la tentation de l'arbitre, Contentieux Les Echos Business le moment confidentielle par rapport à l'usage qui en est fait en droit commercial. « Recourir à l'arbitrage permet pourtant d'accélérer considérablement le processus, affirme Hubert Flichy. On estime qu'une affaire peut se régler, en moyenne, en six mois, ce qui permet à chacune des parties de faire rapidement le deuil de leur contentieux. » Une initiative saluée par la viceprésidente juridique pour la région EMEA de CA Technologies et administratrice du Cercle Montesquieu, Laure Lavorel, qui a déjà eu recours par deux fois à l'arbitrage privé pour régler un conflit avec ses salariés. « Face à la multiplication des contentieux, notamment en droit social, l'institutionnalisation de ce mode de traitement complémentaire peut apporter quelques solutions, jugetelle. Outre un désengorgement progressif des prud'hommes, cela permet de gagner en rapidité et en confidentialité, nécessaire dans certains cas. » Sur-mesure versus prêt-à-porter Problème : à l'inverse de la procédure prud'homale, gratuite, l'arbitrage privé est payant. Au sein du CNAT, pour un contentieux de 200.000 euros, Hubert Flichy assure que les honoraires à verser ne dépasseront pas 3.000 euros pour un juge unique et 5.500 euros pour un panel de trois juges. Un coût qui, « pour tenir compte des différences de fortune », selon les mots de l'avocat, sera endossé pour un quart par le salarié et pour trois quarts par l'entreprise. Mais déjà, certains s'inquiètent de l'émergence d'un système de règlement des contentieux sociaux à deux vitesses. « Je ne crois pas à cette accusation, rétorque Laure Lavorel. Il faut cesser de voir l'arbitrage comme un club de riches. L'offre disponible aujourd'hui est multiple et, pour un arbitre unique, il est possible de ne s'acquitter que de quelques milliers d'euros. Ce coût n'est pas supérieur, voire inférieur, à celui correspondant aux frais d'avocat, souvent très importants, dans le cadre de la procédure prud'homale. » Surtout, la viceprésidente juridique pour la région EMEA de CA Technologies se dit « prête à payer pour cette procédure surmesure avec un arbitre à l'écoute, loin du prêtàporter que sont contraints actuellement d'offrir les conseillers prud'homaux ». Reste à savoir si ce mode de règlement empêchera effectivement le recours aux prud'hommes si l'une des deux parties n'était pas satisfaite de la décision rendue. « C'est une vraie question mais je ne me fais aucune inquiétude à ce sujet, répond Laure Lavorel. En cas de doute, il y a toujours la possibilité de rechercher des solutions, notamment du côté d'une sécurisation complémentaire par la voie transactionnelle. » Et d'éviter, ainsi, d'avoir tout à recommencer. À noter Effectivement créé le 18 juin dernier, le CNAT ne revendique pour l'heure que deux affaires à trancher. Un démarrage en douceur qu'Hubert Flichy met sur le compte de « la torpeur de l'été » et qu'il espère plus rapide dans les prochains mois. http://business.lesechos.fr/directionsjuridiques/droitdesaffaires/contentieux/021287647533faceauxprudhommeslatentationdelarbitre202533.php 2/2