Lettre à Mr Pavlov et son chien

Transcription

Lettre à Mr Pavlov et son chien
Lettre à Mr Pavlov et son chien
Quand elle est arrivée, elle avait un sacré sourire
« J’ai une nouvelle voiture, c’est un cabriolet vermeil »
Je l’ai suivie au parking mais j’avais quand même envie de rire
« Mais pourquoi t’as changé, l’ancienne était pourtant pas vieille ? »
« Tu rigoles, rien à voir, celle-là a vraiment trop la classe,
Ils vont être top jaloux, tous mes collègues et leurs pétasses. »
Pavlov, si tu savais, comment cette mienne amie achète…
Pavlov, si t’avais su, ça t’aurais sans doute pas réjoui,
T’aurais emmené ton chien, au lieu de lui prendre la tête
Se promener dans les bois ou faire le con dans la prairie
Et on y serait peut-être allé
Une peu moins vite, un peu moins fort,
Pour conditionner les idées,
On aurait peut-être moins perdu le Nord.
Bien qu’arrivé en retard, il avait l’air très fier de lui.
« Tu devineras jamais avec qui je viens de passer la nuit,
C’est la grande blonde du bar, tu sais, celle qui est super canon. »
« Mais dis, t’étais d’accord, tu la trouvais vulgaire et con »
« Eh vieux, t’es con ou quoi, cette nana, tout le monde bave devant
Tout le monde est d’accord, il y a vraiment pas plus bandant »
Pavlov, si tu savais, comment ce mien collègue baise…
Pavlov, si t’avais su, ça t’aurais sans doute pas réjoui,
T’aurais emmené ton chien, tu l’aurais laissé se mettre à l’aise
Se promener dans les bois ou faire le con dans la prairie
Et on y serait peut-être allé
Une peu moins vite, un peu moins fort,
Pour conditionner les idées,
On aurait peut-être moins perdu les corps.
« Monte le son de la télé, tiens, voilà l’autre halluciné »
« Ils font bien de l’inviter, moi il me fait bien rigoler
Surtout quand les spicrines l’énervent et qu’il fait l’anarchiste »
« Je l’aime bien, moi, tu sais, il raconte pas que des conneries »
« T’as vu comment il se fringue et t’as vu à quoi ils l’invitent,
J’peux pas le prendre au sérieux, il a l’ai beaucoup trop pourri »
Pavlov, si tu savais, comment certains de mes amis pensent…
Pavlov, si t’avais su, ça t’aurais sans doute pas réjoui,
T’aurais emmené ton chien, au lieu de lui torturer la panse
Se promener dans les bois ou faire le con dans la prairie
Et on y serait peut-être allé
Une peu moins vite, un peu moins fort,
Pour conditionner les idées,
On aurait penserait peut-être moins à tort.
Et puis, après tout ça, je m’en suis retourné chez moi,
Pour après les factures, un petite soirée sans émois,
Parce que j’ai beau parler, j’ai beau tenter de démontrer,
Je fais bien trop souvent, tous les jours, comme tout le monde.
J’oublie d’imaginer, de mettre tout là-haut mes pieds,
Et tout en bas ma tête, de recréer ma vie mon monde,
Histoire de m’arrêter de ne faire que comme on me dit qu’il faut…
Pavlov, si t’avais su, ça t’aurais sans doute pas réjoui,
T’aurais emmené ton chien s’amuser tout de go
Se promener dans les bois ou faire le con dans la prairie
Et on y serait peut-être allé
Une peu moins vite, un peu moins fort,
Pour conditionner les idées,
Je me sentirais un peu moins mort.
Mais que veux-tu, Ivan, tu ne pouvais pas prévoir,
Et finalement, sans toi, on aurait fait aussi bien,
Alors, mon vieil Ivan, je te souhaite le bonsoir,
Et bonjour à ton chien.
SEb-2004