Suite 2.1 : École catholique Sainte-Anne – Hearst, Ontario – 3

Transcription

Suite 2.1 : École catholique Sainte-Anne – Hearst, Ontario – 3
INTRODUCTION 2 – India Desjardins – Québec
J’ouvre un œil, encore sous le choc.
Je n’arrive pas encore à comprendre ce qui s’est passé. Est-ce que j’ai rêvé tout ça? Est-ce
vraiment possible?
Je me souviens que quelqu’un m’a déjà raconté l’avoir vécu aussi.
La dernière image que j’ai est celle de ces yeux qui plongent dans les miens. Ce frisson qui
parcourt ma peau. Et cette phrase, que je n’oublierai jamais.
DÉVELOPPEMENT 1
Suite 2.1 : École catholique Sainte-Anne – Hearst, Ontario – 3e année
Oh! Non! Je n'oublierai jamais cette phrase dite par ce personnage horrible!
« Tu as un choix : suis-moi ou tes parents vont mourir! »
Je me lève de mon lit en sursautant. Mon cœur bat très très vite! Mon pyjama, froissé par mes
nombreux mouvements, est mouillé d'une bave qui dégouline sur mes pieds. Dans la noirceur
terrifiante de ma chambre, j'essaie d'entrevoir cette créature monstrueuse.
Impossible!
Je veux courir! Oui! Je veux courir le plus loin possible! Mes jambes ne me suivent plus! Je
sens des doigts dégoûtants m'agripper l'épaule.
J'ai pris ma décision! Je décide d'accompagner ce monstre.
Suite 2.2 : La Montée Saint-François – Sherbrooke, Québec – Secondaire 1
« Seul ton cœur peut nous sauver! »
Je descends les escaliers tout en réfléchissant à cette phrase. Un frisson me parcourt en
pensant que ce monde est peut-être entre mes mains.
Plus j'y pense, plus j'ai peur.
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Toute la journée, cette phrase m'a troublée. Une fois rentrée, j'ai eu peur de retourner me
coucher. Le temps arrive, malheureusement, où je ne peux, avec la fatigue, résister à tomber
dans un profond sommeil.
Aussitôt endormie, mon rêve s'est poursuivi là où il s’était arrêté. Un petit troll-fantôme me
regarde avec ses gros yeux piteux en me suppliant de lui venir en aide. Je ne peux résister à
son petit regard triste et j'accepte, mais en réalité, je n'aurais pas dû.
Il s'agit de la plus grosse erreur de ma vie. Je dois choisir entre le camp du Sagittaire ou celui
du Cerbère pour ensuite faire la guerre. Je ne sais pas lequel choisir et je ne veux surtout pas
faire la guerre.
Je veux partir, mais une force m'en empêche. Je suis prise au piège dans ce monde de fous!
Il n’y a que moi, comme le disait le troll-fantôme, qui peut sauver ce monde. Ainsi, je décide de
tenter ma chance du côté des Sagittaires. Après tout, ce n'est qu'un rêve.
Suite 2.3 : Centre scolaire de la rive-sud – Bridgewater, Nouvelle-Écosse – 8e année
J'étais prêt pour aller dormir. J'ai poussé la porte. J'ai vu mon lit. Mon livre au sujet des rêves
lucides était à côté, comme toujours. J'ai allumé la petite lumière à côté de mon lit, et je me suis
glissé sous les couvertures orange.
Je ne m'endormais pas, donc je suis descendu à la cuisine pour me faire du chocolat chaud.
Après l'avoir bu, je suis retourné au lit et j'ai lu mon livre sur les rêves lucides. Finalement, j'ai
perdu connaissance.
J'ai ouvert mes yeux. J'étais dans une gare de train. Il y avait des centaines de personnes, et
l'atmosphère n'était pas invitante. Heureusement, j'avais lu dans mon livre comment me sortir
d'un rêve désagréable.
La forêt était noire. Quand j'y suis entré, je sentais comme si quelqu'un m'observait. Je me suis
retrouvé parmi les craquements de bois et l'odeur de la fumée. C'est ça! Je me trouvais bien
dans une forêt enflammée. Le feu était grand, très grand. J'ai commencé à courir pour constater
que ma vision était bloquée par des cheveux longs de la même couleur que les miens. Que se
passait-il?
Je me suis réveillé en sueurs. J'ai gribouillé les détails de mon rêve sur un papier. À mesure
que le matin avançait, j'oubliais ce à quoi j'avais rêvé.
- Viens ici, Marc-André, a dit ma mère.
- Un moment, s'il-te-plaît, maman, ai-je répondu.
Ma mère était assise en train d'écouter la petite télévision sur le comptoir.
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- Regarde, mon grand. Il y avait un feu de forêt et on en parle aux nouvelles nationales, a dit ma
mère tristement.
J'écoutais le reportage. Au coin droit en haut de l'écran, il y avait une image d'une fille qui
s'appelait Élise Dubois avec des cheveux longs bruns, comme les miens. « Oh! » C'est tout ce
que j'ai dit.
Cette forêt me semblait familière. Soudainement, une image : j'étais en train de courir parmi les
flammes, avec des cheveux longs bruns. J'ai couru à ma chambre et j'ai cherché dans mes
choses. J'ai trouvé une note qui disait « Feu de forêt. Proche de toi. »
Je suis retourné au lit. Je me sentais intrigué par cette coïncidence. Puis, je sentais comme si je
m'éloignais de mon corps.
J'étais dans un hôpital. La pièce ne contenait qu'un lit, un miroir et un pupitre. En me regardant
dans le miroir, je ne me voyais pas. À la place, la glace me renvoyait l'image d'une belle fille aux
cheveux longs et bruns et aux yeux verts qui plongeaient dans les miens.
Par la suite, j'ai aperçu une feuille de papier sur le pupitre; je me suis précipité vers celui-ci. J'ai
pris un crayon et j'ai commencé à écrire : « Je m'appelle Marc-André Laflamme. Récemment, je
me sens comme si je contrôle ta vie, littéralement. J'aimerais te rencontrer en personne. Voici
mon adresse : 127 rue Haendel, Montréal, Québec F3B 2R9 ».
Je déposais mon crayon, quand tout à coup, une voix résonnante m'a averti : « Attention MarcAndré. Le livre des rêves possède un pouvoir que tu ne pourras pas contrôler ».
Je me réveille, encore sous le choc. Quelque temps après, la jeune fille écrit : je m'appelle
Élise. Je serais contente de te rencontrer dans deux semaines...
Suite 2.4 : École Des Sentiers – Orléans, Ontario – 6e année
Cette chambre est plutôt sombre. Lorsque je lève le bras, je me rends compte qu'un tube
m'empêche de bouger. Mais où suis-je? Que m'est-il arrivé? Je vois des fleurs, des paniers
remplis de mes chocolats préférés et des cartes, petites et grandes, tout le long de la fenêtre.
Comme mon nez est douloureux! Mélissa avance sa main sur son nez et elle découvre qu'il est
recouvert d'un bandage.
J'entends quelqu'un entrer dans la chambre. C'est mon frère. Il s'approche et il m'embrasse
doucement sur le front. Il me regarde les yeux remplis d'eau. Non je devrais plutôt dire un œil
rempli d'eau puisque l'autre est tellement enflé qu'il est fermé. Il quitte la chambre comme il est
venu, doucement et sans un mot.
Sa visite fut tellement courte que je ne suis pas certaine s'il est vraiment venu. Suis-je toujours
dans un rêve? Il entre à nouveau dans la chambre. Il revient vers moi mais d'un pas rapide
cette fois. Ce n'est pas mon frère. Impossible. Je dois rêver. Je ne dois pas m'évanouir encore
une fois devant ce...
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Surtout, ne pas le regarder dans les yeux.
Suite 2.5 : Collège Sainte-Anne-de-Lachine – Lachine, Québec – Secondaire 1
Cette phrase accusatrice, qu'il a formulée avec, dans le ton de sa voix, un tel sentiment
d'abandon, ne cesse de me torturer. Laissez-moi vous raconter.
Tout commença le vendredi 24 juin, juste avant la fin des classes. L'atmosphère était tendue,
différente d'une fin d'année habituelle. Je marchais tranquillement vers ma demeure malgré ce
sentiment inquiétant d'être épiée. Je me retournais régulièrement, cherchant la silhouette
mystérieuse que je sentais dans mon dos, mais en vain.
Une fois arrivée chez moi, j'essayai d'entrer, mais la serrure n'avait pas l'air de vouloir céder.
Soudain, une ombre apparut derrière moi, je vis son reflet dans la fenêtre. Je me souviens
encore de ses premiers mots à mon intention : « As-tu besoin d'illusions? »
Je le détaillai longuement de la tête aux pieds. Il portait des vêtements en lambeaux. Ses
cheveux marron et ses yeux vert émeraude semblaient avoir un étrange effet sur moi. C'était la
première fois que je ressentais quelque chose de semblable et je n'aimais pas cela.
- Non! Et que me veux-tu d'abord?, lui demandai-je.
Sa seule réponse fut de me regarder intensément dans les yeux. À ce moment, je sentis, je ne
sais trop comment, qu'il voulait sincèrement m'aider et qu'il n'était là que pour cela. Ce
sentiment incompréhensible surgit à nouveau en moi. Après quelques minutes gênantes
plongées dans un silence qui me torturait, je lui dis :
- Qui es-tu?
- Je suis un ami, si on peut dire. Je sais qui tu es...
Comment pouvait-il connaître mon identité? Je ne l'avais jamais vu de ma vie ou du moins, c'est
ce que je croyais. Mais par-dessus tout, que me voulait-il?
De plus en plus de questions s'accumulaient dans ma tête, je ne savais pas quoi faire! Je lui
tendis ma clé. Il la prit délicatement de la paume de ma main. Il se dirigea ensuite vers la porte
d'entrée et l'inséra d'un geste fluide. La porte s'ouvrit instantanément. Pendant qu'il faisait cela,
je crus apercevoir une lueur dorée jaillir de la serrure au contact de la clé. Il m'invita à entrer,
mais dès que je traversai le seuil, la porte se referma doucement par elle-même derrière moi et
il s'enfuit en courant à une vitesse surhumaine.
Des visions de ce jeune homme intrigant et énigmatique tournèrent dans ma tête durant des
nuits entières et je ne le revis pas durant un temps. Il me manquait. Est-ce possible que
quelqu'un que l'on connait à peine nous manque? Non. Du moins, je ne crois pas. Mais alors,
pourquoi cela m'arrivait-il?
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Il fallait que je le voie une deuxième fois. Je ne le laisserai pas pénétrer dans mes rêves comme
si rien n'était! Tout ça n'avait pas de sens! De la magie? C'était la seule explication possible,
mais elle n'était pas réaliste…
Suite 2.6 : École secondaire Paul-Le Jeune – Saint-Tite, Québec – Secondaire 4
Deux jours avant l'incident…
C'était l'heure de la fermeture en cette belle nuit de décembre. J'étais en train de fermer mon
magasin quand un homme à l'allure étrange entra. Je le regardai, il me regarda.
Il commença à déboutonner son long manteau noir et épais, puis il l'ouvrit. Je vis son pistolet au
niveau de la ceinture. Il le saisit et prononça les mots « Je m'excuse » et appuya sur la détente.
Il tomba par terre, inerte.
Je m'approchai de lui et vit un mot dans sa main gauche. Je le pris et lus : « Ce n'est que le
commencement ». J'étais en état de choc, agenouillé devant le défunt.
Quand je repris mes esprits, je me précipitai au coin de la rue. Un gang de rue se dirigeait vers
moi en courant. Je pris la fuite, mais ils me rattrapèrent sans aucune difficulté. J'étais à terre,
impuissant devant leurs violents coups de pieds quand soudain, l'un d'eux sortit son couteau.
Étendu par terre, je me sentis transporter, mais mon corps ne bougeait pas pour autant. Je
sentis un coup violent dans mon dos. J'avais seulement envie de crier.
Suite 2.7 : École Saint-René-Goupil – Guelph, Ontario – 6e année
« La prochaine fois, ne viens pas dans ma forêt. »
Comment suis-je arrivé là? Ah oui, je me souviens. C'était une journée pédagogique avec mes
amis Hunter et Jacob. Nos parents disaient que c'était mieux que Hunter et Jacob viennent
chez moi pendant que nos parents travaillaient.
Nous avons joué à plusieurs jeux à l'intérieur et dehors. Je me suis même coupé! Le soir
tombé, nous avons décidé d'aller chasser en forêt pour le souper. Nous avons pris nos outils de
chasse, puis nous sommes partis. Nous nous sommes rendus à la forêt.
Nous avons commencé à marcher sept pas, exactement sept. Quand tout à coup, nos outils de
chasse ont disparu par magie. C'est alors que la forêt est devenue de plus en plus noire à la
seconde. Nous avons entendu des petits crics, cracs et le loup de la forêt hurler
HOOOOUUUUU! Il était médiocre celui-là avec son cri! Nous avons quand même eu des
frissons.
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Hunter a dit qu'il voulait rester parce qu'il voulait voir un loup. Cependant, Jacob et moi avons
décidé de retourner chez moi sans Hunter. Soudainement, on a entendu un énorme
rugissement, pas celui d'un animal mais d'une autre créature. C'était comme
GRRAOUWANYAFOOSHANTAPOTIJOO!!!! Nous avons eu tellement peur.
Nous avons fait un autre pas, puis soudainement…
Suite 2.8 : École secondaire catholique Béatrice-Desloges – Orléans, Ontario – 7e année
« Adieu, Jenny », me dit Isabelle lorsqu'elle arriva chez moi.
Je ne comprenais rien. Il faut dire qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis qu'elle
avait perdu sa mère. Elle fondit en larmes avant de me dire que le centre d'accueil lui avait
trouvé une nouvelle maison chez sa tante Lydia, à Calgary, en Alberta. (Malheureusement,
cette tante avait toujours été méchante avec ma meilleure amie. Elle lui avait même déjà
INTERDIT de rester en contact avec moi!)
À travers ses sanglots, j'ai cru percevoir les mots : départ, demain, 6 heures du matin? Je n'en
revenais pas! Comment la vie pouvait-elle être si cruelle? Pourquoi? Le lendemain matin? «
Non!! », criai-je en me levant, mais il était déjà trop tard. Elle était partie. Pour toujours.
Je repensai à notre soirée d'hier. Je lui avais chanté une de mes dernières compositions.
Isabelle était la seule personne qui m'avait entendu chanter. La toute première fois, elle m'avait
dit : « Si jamais je pars, continue à chanter et montrer ton talent ».
Je crois qu'elle avait un don, celui de la clairvoyance, et que c'était pour elle un lourd secret.
Mon amie avait toujours deviné des choses à l'avance. Une dizaine de minutes avant qu'elle ne
reçoive l'appel concernant la mort de sa mère, elle était arrivée chez moi en pleurant et criant
des « Non!!! » sur un ton désespéré.
La mine sombre, je pris ma guitare, « jammai » un peu, puis chantai avec émotion, sans but
précis. En inventant les paroles de ma chanson, l'inspiration vint. Je me précipitai sur mon
bureau, pris un papier et un crayon, puis je laissai aller mon imagination. Je commençai à
chanter...
« La vie n'est pas que paradis
Elle nous a séparé tous les deux
Oh, je ne vois pas comment
Vivre sans toi
Sans toi, ce n'est qu'un vide
Sans toi, rien n'est possible
Sans toi, la vie n'est que misère
Tu es partie sans rien dire
Comment fais-tu ton chemin
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Oh, je sais que nous nous reverrons
Sans toi, ce n'est qu'un vide
Sans toi, rien n'est possible
Sans toi, la vie n'est que misère
Adieu, toi qui m'es très chère
Je veux te dire au revoir
Oh, avant que tu ne partes pour jamais
Sans toi, ce n'est qu'un vide
Sans toi, rien n'est possible
Sans toi, la vie n'est que misère
La vie n'est que misère »
Je la chantai une fois... deux fois? Trois fois? Je chantai avec passion, avec fougue, même du
style a capella. Rien ne pouvait m'arrêter. J'étais triste d'avoir perdu ma meilleure amie.
Tout à coup, j'entendis des applaudissements et quelques sanglots. Ma mère! Elle venait de
m'entendre chanter pour la première fois. Elle s'approcha et me dit doucement : « Ma chérie,
pourquoi nous as-tu caché cet incroyable talent? »
Suite 2.9 : École du Moulin – Sainte-Julie, Québec – 6e année
J'étais seule dans cette pièce sombre, mais il y avait le reflet de la lumière de la fenêtre
entrouverte dans le miroir qui m'éclairait. Quelques minutes plus tard, je me suis rendue compte
que plusieurs chaînes me retenaient au mur. Une plaque de métal rouillé me serrait la gorge
pour m'empêcher de parler. Puis, à mes pieds, je vis un tournevis qui avait sûrement servi à
m'attacher.
À chaque fois que j'essayais de bouger, les chaînes se serraient encore plus. C'est de cette
façon que j'ai remarqué qu'une de mes chevilles était mal attachée. D'un coup sec, je tirai mon
pied et réussis à le libérer. Avec mon pied, je fis glisser lentement le tournevis vers ma main. Ça
me prit quelques minutes avant de réussir à bien le maîtriser.
Quelques heures plus tard, je n'avais plus aucune attache. Je remarquai que la fenêtre n'avait
pas de verrou. Je l'ouvris et je pris une grande bouffée d'air frais pendant que le vent fouettait
mon visage. Une grande échelle descendait jusqu'en bas. C'était la chance de m'échapper.
Je m'apprêtais à descendre quand tout à coup, une grande main agrippa ma nuque et me lança
contre le mur. Ma tête fit un lourd fracas alors que mon cri de souffrance résonnait dans toute la
tour. Quelques minutes plus tard, j'étais sur une table d'opération et un individu me dit : « Es-tu
prête pour l'opération? » C'était cette phrase que je n'oublierais jamais.
Il avait un masque noir et des gants blancs tachés de sang. Peu après, il mit un gaz pour
m'endormir et... Bip... Bip... Bip...
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Suite 2.10 : École du Moulin – Sainte-Julie, Québec – 5e année
Je me suis réveillé en sursaut. Était-ce un rêve? J'avais si souvent rêvé à elle. Alice
Beauregard. Elle me regardait. Je pensais que c'était la femme de ma vie.
Je tentais de me rappeler de mes cours d'humoriste pour les nuls. La seule blague dont je me
souvenais était « Pet, pis Répète s'en vont en bateau... ».
« Tu es vraiment niaiseux! », me dit Alice. J'étais vraiment gêné. Il y avait beaucoup de monde
autour de nous. C'est alors que je me suis retourné. Il y avait une fille qui me regardait en
silence.
Ces yeux là, je les reconnaîtrais n'importe où. J'avais souvent rêvé à elle, mais chaque fois, elle
grandissait comme moi. Maintenant que j'avais dix-huit ans, elle était vraiment devant moi dans
la réalité. Mais était-ce la réalité? C'est à ce moment qu'elle m'a dit : « J'ai assez attendu.
Maintenant, c'est à mon tour de vivre. » Je me suis senti tout étourdi et je me suis retrouvé dans
le néant...
Suite 2.11 : École Du Moulin – Sainte-Julie, Québec – 6e année
Lors de mon réveil, je suis à l'hôpital. Il est là, il me regarde, m'attend. De peur, je me lève en
sursaut. Une infirmière arrive et me dit de me calmer. Je ne comprends pas pourquoi il est là.
Pourtant il a essayé de me tuer?
L'infirmière me demande si je veux un verre d'eau, il répond oui à ma place. Je le regarde d'un
drôle d'air. Il me sourit. L'infirmière part chercher le fameux verre d'eau. Il s'approche de moi.
Lui enjoué, moi effrayée!
Tout à coup, l'infirmière arrive avec le verre d'eau. Je suis soulagée, mais elle ne demeure pas
longtemps. Elle repart, nous laissant seuls encore une fois.
C'est alors qu'il me dit qu'il me sort d'ici. Je trouve ça bizarre. Pourtant il avait bel et bien essayé
de me tuer! J'en suis certaine. Je refuse de partir avec lui, mais il m'oblige. Est-ce un rêve ou la
réalité?
En sortant de l'hôpital, il me regarde et me dit d'une voix criminelle : « Je raffole de ta peur.
J'aime voir la peur dans tes yeux. » Après un mois de calvaire, je suis épuisée. Pourquoi me
bat-il, s'il m'aime? Je l'aime tellement lorsqu'il ne me bat pas. J'ai tellement peur de cet homme.
Je crains qu'il réussisse son coup une bonne fois et me tue.
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Suite 2.12 : École L’Aquarelle – Rimouski, Québec – 6e année
Je suis étendue sur un lit, au beau milieu d'une pièce lugubre. Je vois des murs en pierre et une
tapisserie déchirée. À ma droite, une murale de photos avec des visages familiers, de vieux
meubles couverts de poussière et un reste de poutine.
Je ne me sens pas seule, c'est mystérieux comme impression. Les bruits que j'entends ne sont
pas rassurants. Mais pourquoi suis-je ici exactement? Je m'étire et je me lève. Au même
moment, quelque chose tombe du lit. Je me penche pour ramasser l'objet en question. C'est un
livre dont le titre est « Il est trop tard pour tes amis ».
Voilà d'où vient cette phrase qui trotte dans ma tête depuis tout à l'heure. Je me souviens avoir
commencé à le lire hier soir avant de m'endormir. J'avais eu des frissons dès les premières
phrases.
J'entends quelqu'un venir et m'appeler à plusieurs reprises. J'ai peur. La porte s'ouvre dans un
grincement incroyable. Un petit visage se pointe, c'est Audrey, mon amie. Je me souviens
maintenant. Je suis venue préparer son party d'Halloween hier. La fête aura lieu ce soir.
Je lui dis, en ricanant : « Tu m'as fait peur, tu sais. En plus, il donne vraiment la frousse notre
décor! Nos invités seront sans mot! » Audrey, elle, a la larme à l'œil et semble très inquiète. Elle
me dit en sanglotant : « Comment ça ils seront sans mot? C'était hier la fête, tu ne te souviens
pas? »
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