Petit bonhomme - Nicolle Jahne Ancelet, Sophrothérapeute Diplômée.

Transcription

Petit bonhomme - Nicolle Jahne Ancelet, Sophrothérapeute Diplômée.
Petit bonhomme
Petit bonhomme, cher petit Tom, tu es né un dimanche d’automne.
Les jours commençaient leur tristesse, les arbres perdaient leurs feuilles. Ils le faisaient
exprès je le sais.
J’étais seule dans ce grand hôpital. Ils m’avaient mis dans une salle où ils y avaient
cinquante lits. Tu n’étais qu’un numéro et je n’avais le droit de te prendre dans mes bras que
pour te donner la tétée. Comment t’aimer quand moi je venais d’être abandonnée par ton
père.
Il avait dis tout de suite, quand il avait appris que tu allais exister, que tu n’étais pas sa
priorité, qu’il avait d’autres projets.
Petit bout de bébé avec tes cheveux noir, comme tu ressemblais à cet homme qui t’avait
rejeté, sans même te connaître, comme il t’aurait aimé, enfin je le pensais.
Le jour de ma sortie, je t’ai pris dans mes bras, je ne savais pas comment faire pour m’occuper
de toi, je ne te connaissais pas on ne m’avait même pas appris à te changer ni à te laver.
Nous sommes rentrés à la maison, enfin, dans ma chambre d’hôtel. Je te demande pardon de
t’avoir donné naissance dans ces conditions.
Moi j’étais un peu triste, petit homme, tu ne l’a jamais su mais ce jour là j’ai essayé de
mourir avec toi. Je ne voyais pas de quoi ma vie serait faite et j’avais honte de ne pas avoir
réussi à retenir celui qui t’avait conçu dans un élan d’amour. Je le croyais mais je le sais
maintenant, ce n’était qu’un élan de sexe.
Je n’avais même pas la force d’aller au bout de la journée. Je préférais quitter la vie pour
trouver enfin la paix.
La mort n’a pas voulu de nous car j’étais trop fatiguée pour penser. Comment faire pour
quitter cette terre…et puis, je me suis assoupie, toi à coté de moi sur le lit, petit Tom tu as
pleuré en pleine nuit, normal quand on est si petit, mais le gérant de l’hôtel ne l’a pas
permis. Tu étais de trop. ‘Bébé non autorisé’, ce sont ses mots. Le matin il m’a mis dehors et
je me suis retrouvée dans la rue avec toi dans mes bras, encore plus désespérée que la veille.
Je me suis assise sur un banc et j’ai attendu. Je n’avais rien dans le ventre, toi,
heureusement, tu étais nourri de mon lait.
Et puis il est apparu, il a croisé mon regard, il y a vu tout mon désespoir.
Et surtout il t’a vu toi, blotti dans mes bras, j’avais si peur que tu aies froid.
Il a tout compris, pas besoin d’explication. Il t’a pris dans ses bras et m’a demandé de le
suivre. Je n’ai vu que de l’amour dans ses yeux.
Sa femme attendait dans la voiture. Lorsqu’elle nous a aperçu elle a couru vers nous, elle a
regardé le petit Tom que tu étais, un tout petit bout d’amour dans les bras de son mari et
nous avons pleuré tous les trois, pleuré d’amour, pleuré de joie.
Ils m’avaient cherchée toute la matinée autour de l’hôtel, ils avaient été contactés par une
collègue de travail.
Mon frère n’était pas au courant que je t’attendais, encore moins que tu étais né sans un
papa.
Il n’a pas hésité à rouler toute la nuit pour venir me chercher.
J’ai vécu chez eux le temps que tu grandisses.
C’est avec eux que j’ai repris espoir, et aujourd’hui je te raconte cette histoire car aujourd’hui
c’est le jour de tes vingt ans.
Nicolle Jahne Ancelet.

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