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4 Juin 2015
Le nouveau paradigme du Private Market
L’investisseur institutionnel est actuellement confronté à un environnement économique et
financier de plus en plus complexe qui nécessite une remise en cause des pratiques
habituelles de gestion. Cela conduit à revoir la construction des allocations des
portefeuilles dans une optique d’ouverture aux actifs alternatifs. Trois orientations
majeures sont à retenir pour continuer à générer des rendements tout en maîtrisant le
risque. Elles sont clairement identifiables dans la classe des actifs non côtés, à savoir le
Private Equity, le Private Real Estate, le Private Debt. Ces actifs constituent désormais une
composante significative d’une allocation rénovée d’un portefeuille institutionnel.
Actions cotées vs. Actions non cotées aux Etats-Unis :
performance et risque (2000 – Q1 2014)
Private Equity :
Actions non cotées
Public Equity :
Actions cotées
Performance annuelle
+7.9%
+3.7%
Volatilité
9.2%
15.5%
0.9
0.2
Ratio d’information (*)
(*)Performance / volatilité
Source Preqin, Banque Pâris Bertrand Sturdza SA
Une première orientation ouvre de larges possibilités de création de valeur : penser
long, ou très long, en matière d’investissement. C’est la discipline
rigoureuse
qu’observent les fonds de Private Equity. Leurs périodes d’investissement et de
désinvestissement se développent sur le moyen et long terme (5-10ans). Cette pratique
constante participe à la réalisation de performances notoirement supérieures à celles des
marchés côtés, avec une volatilité bien inférieure. Sur 25 ans (1988-2013), l’investissement
en Private Equity montre un niveau de performance nette de 9% par an (TRI médian), pour
l’ensemble de l’univers des fonds, avec une volatilité autour de 9%. Les fonds du 1er quartile
délivrent des retours de l’ordre de 17% par an (source Preqin sur la période 2000-2013).
Cette vision longue de l’investissement n’est pas significativement affectée par les cycles de
marchés. La corrélation des performances du Private Equity se révèle faible avec les
variations du PIB (0,36 sur 3 ans), voire négative sur 5 ans (dans le cas de la croissance du
PIB du Royaume-Uni, source British Venture capital Association sur la période 2000-2013).
La corrélation avec les marchés cotés est modérée, 0,73 avec le S&P 500, avec une
volatilité plus faible. Ainsi, sur la durée, le Private Equity délivre avec les obligations, le
meilleur rendement par unité de risque, bien au-delà des actions cotées, des hedge funds,
et de l’immobilier coté.
Une seconde orientation repose sur la préférence pour l’investissement direct, sans
intermédiation, dans les actifs entrepreneuriaux. Dans un monde ultra-financiarisé, où la
formation par les marchés financiers de bulles spéculatives est de plus en plus fréquente,
l’accès direct aux actifs entrepreneuriaux constitue le levier de rendement le plus efficace.
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Cet accès direct aux actifs se traduit par un mode d’investissement spécifique au Private
Equity, qui diffère fondamentalement de celui opéré sur les marchés cotés : due diligence
approfondi, prix d’acquisition et de cession négociés, préférence donnée à la fair value (juste
valeur) par opposition à la market value (valeur de marché). Par ailleurs, les gestionnaires
des fonds de Private Equity sont directement impliqués dans les réalités opérationnelles des
entreprises dans lesquelles ils ont investi, avec la faculté de pouvoir intervenir dans leur
stratégie pour maximiser la création de valeur. C’est la traduction tangible de l’alignement
des intérêts entre actionnaires et management de l’entreprise. Le Private Equity est
ainsi un créateur d’alpha opérationnel au cœur de l’entreprise, ce que le gestionnaire de
fonds d’actions cotées ne peut faire, ni techniquement, ni juridiquement. Il ressort que la
création de valeur par l’entreprise est plus efficacement délivrée aux investisseurs par une
gestion de type Private Equity. A l’inverse, les investisseurs dans les marchés cotés ont
tendance à investir avec un fort biais de comportement (buy high, sell low).
Rendement du Private Equity obtenu par les fonds de pension publics selon
différentes durées de placements (*)
14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
3 ans
5 ans
10 ans
-2%
Actions
Obligations
Hedge Funds
Private Equity
Immobilier
Portefeuille global
(*) en date de 2012
Preqin, Banque Pâris Bertrand Sturdza SA
Une troisième orientation est de considérer comme central l’investissement dit
alternatif. Le nouveau contexte macro-financier hérité de la crise financière conduit à
envisager un nouveau paradigme de l’investissement. La dichotomie ancienne s’efface au
profit d’une nouvelle approche qui unifie les classes d’actifs par type de marché : d’une part
les marchés cotés (Public Markets) et d’autre part les marchés non-cotés (Private Markets).
Cette approche favorise la création d’un nouvel équilibre entre risque et rendement pour le
portefeuille.
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C’est ainsi que l’investissement en Actions peut être abordé au travers d’une classe unique,
alliant les actions cotés (Public Equity) et les actions non-cotées (Private Equity). L’analyse
des portefeuilles des fonds de pension publics montrent que, sur des durées de 3, 5 et 10
ans, le meilleur rendement médian est généré par les actifs de Private Equity, avec un
différentiel moyen de l’ordre de 4 points de pourcentage sur les actions cotées et de 6 points
sur les hedge funds. Par ailleurs, une allocation élevée en Private Equity améliore très
sensiblement le couple rendement-risque du portefeuille. Ce type de stratégie
d’investissement revient en réalité à réduire le risque des portefeuilles.
Cette vision rénovée de l’allocation d’actifs passe par un nouveau standard de gestion,
qui peut être mis en œuvre à travers des mandats dédiés de Private Equity proposés par les
banques spécialisées dans le Private Market. Cette conviction progresse parmi les
investisseurs institutionnels. La classe d’actifs dite alternative selon Mc Kinsey, devient
centrale et devrait représenter plus de 20% des portefeuilles aux Etats-Unis, et environ 15%
en Europe. Le Private Equity en sera le premier bénéficiaire, autour de 7% des allocations
des fonds de pension publics. A ce jour, les fonds de pension suisses demeurent en retrait,
avec moins de 2%.
Jean-François Fouquet
PBS Private Capital
Emmanuel Ferry
Banque Pâris Bertrand Sturdza SA
Paru dans L'AGEFI, le 4 Juin 2015
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