Zambon : Des ambitions ciblées

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Zambon : Des ambitions ciblées
Labos italiens au crible
Zambon
Des ambitions
ciblées
Le laboratoire familial a choisi un nombre réduit de pays, comme
la France, pour asseoir son développement. Il compte accroître sensiblement
ses ventes dans l’Hexagone dans les trois ans qui viennent.
B
elle italienne plus que centenaire, Zambon a conservé le
dynamisme de la jeunesse.
En 2007, le laboratoire a
enregistré une forte croissance (de
9 % pour l’ensemble du groupe et de
7 % pour la seule division pharmaceutique), portée notamment par la
bonne tenue des marchés émergents
(+20 %). Si l’essentiel de son activité
est consacré à la pharmacie (442 millions d’euros de chiffre d’affaires en
2007), le groupe possède également
un pôle de chimie fine (101 millions).
Une activité qui s’est d’ailleurs renforcée en novembre 2007 avec le rachat
du chimiste américain, PPG, lequel a
apporté dans la corbeille son usine à
Angers. Toutefois, pour Zambon, le
rythme de progression des ventes s’est
Repères
• CA (Groupe) 2007 : 442 millions d’euros
(pharma)
• Ventes France 2007 : 63 millions d’euros
(hors export)
• Croissance : 7 % (activité pharmaceutique)
• Collaborateurs : 1 838 personnes (activité
pharmaceutique)
• Présence internationale : 74 % du chiffre
d’affaires hors Italie
• Domaines thérapeutiques : respiratoire,
santé de la femme, antalgie.
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PHARMACEUTIQUES - JANVIER 2009
ralenti en 2008 en raison de la vague
de déremboursements et de baisses
de prix. Sa rentabilité n’en reste pas
moins confortable. En 2007, la marge
nette du groupe (activité de chimie
fine comprise) avait atteint un confortable 14,4 %. Le groupe consacre, il
est vrai, à la R&D une part de son
chiffre d’affaires moins importante
que certains grands groupes pharmaceutiques. Son savoir-faire consiste
principalement à commercialiser des
médicaments destinés aux pathologies
du quotidien, des « indispensables »
prescrits par les généralistes.
Une internationalisation ciblée
Cette orientation stratégique s’explique notamment par la taille moyenne du laboratoire. D’autant qu’en
France, l’innovation incrémentale est
assez mal valorisée et qu’elle nécessite des investissements très lourds
qui peuvent être difficilement rentabilisés. Si Zambon ne privilégie
pas le développement d’innovations
thérapeutiques, il ne veut cependant
pas passer à côté de nouvelles découvertes de molécules. Il a ainsi noué
des accords de collaboration avec
d’autres laboratoires et des centres
universitaires. En Italie, le groupe a
également mis en place un incubateur
pour des sociétés start-up, dénommé
Z-Cube. Une initiative qui vise à apporter une aide à des sociétés indépendantes, regroupées au sein d’un
réseau d’innovation, pour la mise au
point des technologies de découverte
de nouveaux médicaments. Zambon
espère que cet incubateur débouchera un jour sur la découverte de nouveaux médicaments. Autre axe de la
stratégie : l’implantation à l’étranger
est ciblée, comme le fait remarquer
le directeur général France, Pascal
Brossard. Le laboratoire a choisi de
ne pas s’implanter dans tous les marchés européens. Ce qui ne l’empêche
pas de se renforcer dans les pays où
il est déjà présent. Ainsi, en France,
Zambon est entré dans une recherche active pour racheter tout ou
partie d’une société ; une manière
d’accélérer son développement, déjà
stimulé par le lancement attendu de
plusieurs produits dans les trois années à venir. A contrario, le groupe
s’est désengagé de l’Allemagne où il
a cédé l’exploitation de son portefeuille (une dizaine de produits pour
un CA de neuf millions d’euros) au
Français Pierre Fabre.
Pas de fusion en vue
Le groupe ne devrait pas relâcher
ses efforts dans le marketing. Déjà,
il mène des campagnes de télévision
offensives, en France plus particulièrement, pour la promotion du mucolytique Flumicil® et de l’antalgique Spedifen®. A l’avenir, Zambon
entend bien se développer avec ses
propres moyens. Il ne devrait donc
LE SIÈGE SOCIAL
DE ZAMBON.
DR
pas être tenté de fusionner avec un
autre groupe. Il n’en a, en tous cas,
pas besoin dans l’immédiat. De surcroît, cette société familiale, détenue
à 100 % par la famille Zambon, veut
rester très attachée aux valeurs humaines. C’est une entreprise dans laquelle
on accorde beaucoup d’importance à
l’individu et à son épanouissement.
L’un de ses points forts est le profond
attachement des salariés à leur entreprise. Il existe, en outre, une très forte
relation entre les visiteurs médicaux et
leurs médecins. ■
Christine Colmont
Pascal Brossard :
Le directeur général France de Zambon prévoit un fort
développement du groupe dans l’Hexagone d’ici à
2011.
Quelles sont les ambitions de Zambon à l’international ?
● Nous sommes un laboratoire à taille humaine. Notre particularité en Europe c’est d’avoir choisi certains pays : l’Italie, l’Espagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et le Portugal
par ordre décroissant, où nous considérons disposer d’une taille
suffisante pour nous développer. L’originalité de Zambon, c’est
aussi d’être présent sur des marchés émergents soigneusement sélectionnés : le Brésil et la Chine où nous possédons des usines,
la Russie, la Colombie, l’Indonésie et l’Inde depuis peu. Nous
n’avons pas l’ambition de nous développer partout dans le monde.
Nous nous concentrons uniquement sur ces marchés. Comme société familiale, nous recherchons plutôt les marchés porteurs dans
lesquels nous pouvons atteindre rapidement une masse critique.
Vos trois domaines thérapeutiques : le respiratoire, l’antalgie et
la santé de la femme, sont-ils déclinés dans tous ces pays ?
● Oui. Dans la santé de la femme, nous sommes bien implantés avec
Monuril®, un antibiotique qui est devenu la référence dans le domaine du traitement des infections urinaires. Dans le respiratoire, nous
nous appuyons sur Fluimicil® un mucolytique, expectorant ainsi que
sur Rhinofluimucil® et Biocalyptol® et dans le traitement de la douleur sur Spifen® et Spedifen®, un antalgique phare. Cela dit, suivant
les pays, nos portefeuilles de produits sont un peu différents. A court
terme, nous voulons nous concentrer et nous développer dans ces
trois domaines thérapeutiques, que les médicaments soient remboursés ou en automédication. Nous souhaitons, en effet, nous appuyer
sur ce double savoir-faire commercial car nous ne disposons pas de
centre de recherche propre.
Le développement de notre
portefeuille se fait essentiellement via des accords de
licence avec d’autres laboratoires, ou encore, au travers
d’acquisitions. En fonction
des opportunités, nous
sommes bien-sûr ouverts à
des accords de co-promotion ou de co-marketing.
DR
« De grandes ambitions en France »
La France est-elle un pays attractif pour Zambon ?
● Le marché s’est détérioré, soumis à de nombreux déremboursements, au développement rapide sans concurrence possible avec les
génériques et à des baisses de prix assez sévères. Notre filiale française est la 3ème plus importante du groupe, après l’Italie et l’Espagne.
Elle est à la 63ème place des laboratoires français, mais notre stratégie
vise à augmenter notre présence en France. Notre chiffre d’affaires
de 63 millions d’euros (hors export) n’est pas assez élevé pour pouvoir dégager une rentabilité suffisante. Notre ambition vise donc à
dépasser les 80 millions d’euros de ventes à l’horizon 2011, en renforçant nos marques actuelles mais surtout en lançant de nouveaux
produits, dans nos trois domaines d’expertise. Dans la mesure du
possible, ces nouveaux médicaments seront aussi commercialisés
dans tous les autres pays européens. Et si nous avons une opportunité de racheter une entreprise en France, ou une partie d’une société, nous la saisirons. C’est l’un des axes de notre développement.
Propos recueillis par Christine Colmont
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