Savoie, naissance d`un nouvel acteur territorial : Diapason

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Savoie, naissance d`un nouvel acteur territorial : Diapason
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Echos des adhérents
Savoie, naissance d’un nouvel acteur territorial : Diapason/EPCC 73
Entretien avec Philippe VEYRINAS, directeur des affaires culturelles du
Conseil général de Savoie et Pierre BOUTIN, directeur de Diapason 73
Autrefois étaient les associations départementales musique et danse (ADDM), bien avant la création des DRAC
et des Régions. Pionnières pour la décentralisation culturelle, ces structures sous tutelle et financements des
conseils généraux et de l’Etat, ont subi le double impact
de l’autonomisation des politiques culturelles des collectivités et du progressif retrait de l’Etat. Cependant,
en confiant aux Départements l’obligation de la création de schémas départementaux d’enseignement artistique, la loi de décentralisation de 2004 a incidemment mais significativement consacré d’un même élan
la pertinence de l’espace départemental pour la culture
et la légitimité des ADDM. En créant en Savoie un EPCC
inédit – puisqu’y sont associés le Département, cinq villes (Chambéry, Montmélian, Aix-les-Bains, Saint-Jeande-Maurienne, la Motte-Servolex) et une communauté
de commune (CORAL/région d’Albertville) –, l’ex ADDM
73 s’engage dans une remarquable renaissance du principe des ADDM. L’appui central sur la mise en œuvre du
schéma départemental, qui en est la mission première,
s’étoffe en effet d’une volonté plus large de renouvellement réel de la gouvernance territoriale en matière
de culture dans l’esprit d’un partage inter collectivités
et aussi, ce qui n’est pas une moindre révolution, dans
celui d’une mutation profonde des missions des établissements d’enseignement artistique : de spécialistes de
la transmission de l’excellence dans les pratiques artistiques, ils deviennent des acteurs à part entière du développement culturel territorial. Entretien avec les maîtres
d’œuvre de Diapason/EPCC 73.
La lecture du dossier de présentation
des missions de Diapason/EPCC 73
suggère qu’une triple logique a présidé
à sa création : l’approfondissement de
la loi de décentralisation de 2004, la
prise en compte du désengagement de
l’Etat et la crainte d’une marginalisation de l’échelon départemental que
semble porter la réforme des collectivités dans la mesure où elle privilégie
explicitement les intercommunalités et
les métropoles…
Pierre Boutin. L’EPCC 73 doit
d’abord et avant tout sa naissance à
une très grande complicité entre l’ex
ADDM et les services culturels du
Conseil général de Savoie. Une telle
structure ne peut en effet s’envisager
qu’à la condition d’une puissante
volonté politique, suffisamment
forte pour que le Conseil général
soit en mesure d’entraîner l’adhésion
d’un grand nombre d’autres collectivités. Car il s’agit d’un processus de
co-construction agrégeant toutes les
grandes villes du Département. Plus encore qu’une forte volonté politique partagée, c’est un véritable souffle. Un souffle qui, dans un esprit d’ailleurs bien proche de la FNCC, dépasse les différences de sensibilités politiques et témoigne de
la conviction que le développement culturel transcende les attitudes partisanes.
D’un seul coup, la convergence s’est affirmée. C’est tellement vrai que les deux
collectivités cofondatrices, le Conseil général et la Ville de Chambéry, sont l’un
de droite, l’autre de gauche.
Par ailleurs, il est certain que la loi de décentralisation de 2004 [qui impose aux
départements la mise en œuvre d’un schéma départemental pour l’enseignement
artistique initial] a constitué une opportunité remarquable pour l’affirmation
d’une politique culturelle départementale. On a considéré qu’il fallait absolument
FNCC
La Lettre d’Echanges n°69 - début juin 2011
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s’en saisir, que c’était une vraie chance pour
l’approfondissement de la décentralisation
culturelle. Diapason 73 s’inscrit délibérément
dans cette voie.
que les collectivités territoriales osent déclarer
des choses fortes à propos de la culture. De ce
point de vue, le lien entre l’ADF et la FNCC
me paraît déterminant.
Philippe Veyrinas. Quant à être une réponse au
Il faut aussi prendre acte de la volonté de l’Etat
– exprimée en de nombreuses occasions, par
exemple dans le rapport de Jérôme Bouët [sur
le renouvellement du partenariat entre l’Etat et
les collectivités territoriales] – de ne plus adopter vis-à-vis des collectivités une attitude de
prescripteur mais de partenaire. Pour sa part, le
Département de la Savoie a entendu ce message
et prend en conséquence ses responsabilités. Ce
qui est d’ailleurs bien perçu, puisque tant l’Etat
que la Région sont désireux de maintenir un lien
privilégié avec nous (nous travaillons actuellement sur une convention avec l’Etat).
désengagement de l’Etat…, il est vrai qu’on
nous a fait comprendre qu’il fallait trouver une
solution pour l’avenir de l’association départementale, un type de structure qui n’a plus le
vent en poupe. D’où la piste d’un EPCC – et
il faut noter que ni l’Etat ni la Région ne font
partie de son conseil d’administration.
Pour ce qui est de la perspective de la réforme
des collectivités, il est bien difficile d’anticiper ce que seront, en 2014, les modalités de la
gouvernance culturelle territoriale, même s’il
est acquis que la culture reste, avec le sport
et le tourisme, une compétence partagée par
tous les types de collectivités. Quoi qu’il en
soit, le Conseil général de la Savoie a pleinement embrassé la compétence culturelle, bien
au-delà de ses parts obligatoires ou optionnelles. On a considéré qu’il fallait aller jusqu’au
bout de cette logique. Tel est le socle de cette
aventure, un socle fait d’une volonté de coopération respectueuse de l’autonomie des politiques de chacun. Mais oui, nous avons pris acte
d’un certain retrait de l’Etat, lequel nous a fait
comprendre que ses efforts ne perdureraient
pas forcément. Ce qui ne nous a pas empêchés
de veiller à ce que Diapason 73 bénéficie de
crédits nationaux même si l’Etat (et la Région)
n’a pas souhaité s’engager dans l’EPCC.
Ce projet remarquable peut-il être mis en lien
avec la Déclaration signée en juillet 2010 à
Avignon par l’ensemble des associations d’élus
représentées au Conseil de collectivités territoriales pour le développement culturel ‘‘emmenées”, si l’on peut dire, par la FNCC ?
Pierre Boutin. Merci tout d’abord pour cet
adjectif de ‘‘remarquable”… Certainement,
notre démarche peut être mise en écho avec
la Déclaration d’Avignon 2010. D’ailleurs, cet
été, à Avignon, nous allons organiser un temps
fort pour manifester l’importance de l’espace
départemental pour la culture. Une importance
qui s’affirme de plus en plus à l’échelle nationale. Plus globalement, il est désormais capital
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Nous sommes à l’aube d’une nouvelle phase
de la décentralisation. Les collectivités doivent
s’affranchir et s’ouvrir à de nouvelles formes
de gouvernance qui, sans menacer la souveraineté de chacune, s’appuient sur des espaces
partagés et supposent un désir de déléguer
certaines prises de décision à des processus de
concertation. Cela implique également d’accepter la notion de chef de file et, en quelque
sorte, l’envie d’inventer de ‘‘nouveaux territoires” où seront mis en œuvre de nouveaux
éléments de gouvernance. L’EPCC est ici une
piste.
La création de Diapason 73 ne procède-t-elle
pas d’un désir de renaissance des ADDM par
une sorte de mouvement dialectique, au sens
hégélien du terme, à la fois conservation et dépassement ?
Pierre Boutin. Je vais vous faire un aveu. Je
défends depuis maintenant 35 ans la pertinence
de l’espace départemental pour la culture (il ne
faut pas oublier qu’à son origine, le Département a été pensé comme le socle de la République). Un militantisme qui, d’ailleurs, n’a
pas toujours été bien perçu… Mais, si je puis
dire, depuis deux ans, ‘‘la sauce commence à
prendre”. Preuve en est qu’ici, en Savoie, nous
avons réussi à trouver les forces, les volontés
et les moyens nécessaires pour traduire cette
conviction. Mais cela vaut au-delà du contexte
local. Il y a un renouveau…
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FNCC
Du point de vue départemental, il semble que
le processus de concertation pour les musiques
actuelles dits Solima traduit cette pertinence de
l’espace départemental pour les politiques de la
culture. Y a-t-il un projet Solima en Savoie ?
Pierre Boutin. En faisant ce lien avec le
Solima, vous avez parfaitement ‘‘capté’’ l’état
d’esprit général dans lequel nous travaillons.
Oui, nous œuvrons ardemment à la mise en
place d’un Solima, et ce en convergence avec
l’émergence d’une SMAC.
Ne peut-on lire la création de l’EPCC 73 comme
la réalisation par avance d’une part des concertations Solima, celles qui engagent les collectivités dans un travail de reconnaissance mutuelle
ainsi que dans celle de l’importance de la culture dans le développement territorial ?
Pierre Boutin. En effet, avec l’EPCC, une part
importante du chemin est déjà parcouru. Ce
travail entre collectivités est par ailleurs étoffé
par des recensements et le début d’écriture d’un
projet global pour les musiques actuelles. Le
lien entre l’EPCC et les musiques actuelles se
fait tout naturellement. Nous avons ainsi prévu
un grand rendez-vous en octobre 2011 lors
duquel sera présenté un double rapport, sur le
projet SMAC et sur le Solima (il faut savoir
qu’en Savoie une forte collaboration autour
des musiques actuelles existe déjà entre le
Département, la DRAC, la Ville de Chambéry
et l’Association promotion et enseignement
jazz Savoie/APEJS, cette association étant en
lien étroit avec le CRR). Je crois beaucoup à la
co-construction, à la coopération, à la mise en
réseau, bref à l’intelligence partagée.
En étendant la notion de schéma départemental
à l’action culturelle, n’aboutit-on pas à une sorte
de DRAC départementale ?
Pierre Boutin. Non. La ligne de partage est
parfaitement claire entre ce qui relève de la
notion, certes élargie, de schéma départemental et les politiques de diffusion et de création.
La première dynamique est portée par Diapason 73, la seconde par les services culturels
du Conseil général. Mais cette distinction
rigoureuse n’exclut aucunement une grande
complicité et donc une forte volonté de créer
FNCC
des passerelles et des complémentarités. Ce
serait une erreur d’interpréter Diapason 73
comme un super EPCC. Il n’y a ici aucune
volonté hégémonique. Tout au contraire, nous
avons constamment à l’esprit le souci que cette
structure ne se transforme pas en usine à gaz…
Chaque collectivité a ses services, ses liens
spécifiques avec les acteurs… Il faut préserver
cette souveraineté. Encore une fois, ici, l’esprit
est celui d’espaces partagés. Il n’est pas sain
de vouloir tout de suite mettre tout dans tout.
Après, l’avenir reste ouvert…
Philippe Veyrinas. La Direction des affaires
culturelles s’occupe en effet de très nombreux
champs culturels : la lecture publique, l’éducation artistique et culturelle (avec une convention 2009/2013 avec l’Inspection académique)… Elle a également construit des chartes
de développement culturel selon un découpage
du territoire en sept ensembles, avec pour chacun un plan de diffusion et de création. Il y a
encore nos relations avec les structures culturelles : scènes nationales, régionales, conservatoire à rayonnement régional, Orchestre des
Pays de Savoie, Théâtre en Savoie, le dispositif de soutien aux compagnies de théâtre au
festival off d’Avignon, le festival Estivales du
château (où le chœur départemental et la pratique en amateur sont régulièrement invités).
Ou encore le travail au sein de l’Assemblée des
pays de Savoie, que porte la DAC et Savoiebiblio avec ses collègues du Conseil général de
Haute-Savoie... Comme vient de le dire Pierre
Boutin, la ligne de partage est sans ambiguïté,
d’un côté la définition des politiques culturelles et, de l’autre, des espaces de partage et de
coopération. Si Diapason 73 peut apparaître
comme un EPCC élargi, son objet premier reste
le schéma d’enseignement artistique.
L’un des objectifs de ce lien territorial multiple
n’est-il pas de réussir à ‘‘territorialiser” sans
pour autant renforcer la menace qui y est corrélée d’accentuer des ‘‘baronnies” locales et de
préserver ainsi la liberté artistique ?
Pierre Boutin. Telle est en effet notre straté-
gie : être sur un espace largement partagé de
manière à couper l’herbe sous le pied à toute
velléité féodale ou clientéliste. Nous reven-
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diquons pleinement la dimension d’universalisme inhérente à la culture.
Y a-t-il une volonté de mise en œuvre d’une
nouvelle mission dévolue aux enseignants ?
Pierre Boutin. Vous avez raison. Notre ambition est précisément de faire totalement muter
les établissements d’enseignement artistique,
de remettre les métiers sur la table, dans leurs
compétences, dans leurs missions, dans leur
cadre d’emploi. C’est le cœur du projet de
Diapason 73. L’heure est venue pour ces établissements de prendre leurs pleines responsabilités territoriales. Ce réseau tel qu’il a été
pensé au départ et tel que les collectivités ont
dû le financer sans avoir leur mot à dire doit
muter. Soit on le transforme – vers un rôle de
centre de ressources, d’accompagnement et
d’aménagement du territoire, de politiques de
l’accès… –, soit il perd, en partie, sa raison
d’être. Là-dessus (et même si c’est un peut
mettre les pieds dans le plat), c’est parfaitement clair. Il n’y a aucune ambiguïté. Nous
sommes attachés à ce réseau que nous avons
très largement contribué à créer et accompagné dans son évolution depuis plus de trente
ans. Nous devons impérativement l’aider à
s’extraire de la zone de fragilité dans laquelle
il est entré aujourd’hui.
Nous avons d’ailleurs déjà en partie réalisé
cette mutation avec les écoles associatives, en
créant notamment une Conférence permanente
intersyndicale. L’avancée est spectaculaire :
on a élargi le champ des missions, rédigé de
nouveaux référentiels de compétences… La
révolution est en marche. La deuxième étape
concernera les établissements territoriaux et
leur articulation avec le réseau associatif.
J’ajoute que, sur ce point de transformer les
établissements d’enseignement artistique en
véritables acteurs du développement culturel
territorial, il nous paraît très intéressant de
nous rapprocher de la FNCC dont nous savons
que c’est l’une des pistes de travail. Car il y a
là une urgence. C’est donc plus qu’une main
tendue vers votre Fédération…
Propos recueillis
par Vincent Rouillon
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Entretien avec Christiane COMBAZ,
présidente du chœur féminin
départemental de Savoie
Dans la structure de Diapason 73, au plus proche
du terrain, sont réunis sept Conseils culturels de
territoire couvrant l’ensemble du département de
Savoie. Ils sont ouverts, sans aucune limitation de
nombre, à l’ensemble des acteurs culturels, institutionnels comme associatifs et structures de pratiques en amateur. Christiane Combaz fait partie du
Conseil culturel de l’Avant Pays savoyard et siège
également au sein du 2e collège réunissant des
personnes qualifiées représentant les sept pays ou
bassins auprès des représentants des collectivités
publiques (le département, cinq communes et une
communauté de communes). Présidente d’un chœur
amateur, elle explique en quoi Diapason/EPCC 73
pourra permettre une meilleure reconnaissance des
pratiques en amateur et favoriser leur travail en lien
avec les professionnels.
Vous présidez un chœur en amateur. Quel soutien, quelle dynamique attendez-vous de Diapason 73 ?
La création de l’EPCC 73 et des sept Conseils
culturels de territoire ouverts à l’ensemble des acteurs culturels (quelle que soit leur activité : musique, danse, théâtre, arts plastiques, lecture publique…) va permettre de tisser un maillage très
fin, décisif pour les pratiques en amateur. Surtout
en territoire rural. Alors qu’on ne faisait bien souvent que se côtoyer sans vraiment travailler ensemble, nous allons dorénavant nous rencontrer
régulièrement. La première étape, déjà amorcée
par l’ex-ADDM, sera la réalisation d’un état des
lieux à la fois matériel et humain.
Pour ma part, je serai la représentante de Conseil
culturel de l’Avant Pays savoyard au niveau départemental. Là aussi, les discussions avec les
professionnels et avec les représentants des collectivités partenaires de l’EPCC devraient avoir un
effet bénéfique pour la reconnaissance des amateurs et la prise en compte de leurs pratiques.
Cela étant, le risque est que nous soyons phagocytés par les professionnels. Les amateurs devront
rester très vigilants.
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FNCC
témoignage
Des tensions et des freins apparaissent-ils
déjà ?
Pour le moment, les amateurs sont représentés
au même titre que les professionnels et les choses avancent. Nous faisions déjà un travail en
commun, mais très ponctuellement : là, grâce à
ces concertations, nous allons nous voir régulièrement, mieux nous connaître et savoir précisément qui fait quoi. Pratiquement aussi, Diapason 73 ouvre des perspectives de mutualisation
pour le matériel : les salles, les instruments, les
lieux de répétition, etc. Cela n’a pas été évident
car, au départ, tout le monde voulait en être,
croyant que c’est là que se négocieraient les subventions… Or tel n’est pas l’esprit. Il s’agit surtout
de la reconnaissance de tous par tous.
Pour Pierre Boutin – et dans la perspective d’un
schéma départemental d’enseignement artistique ouvert à la fois aux établissements institutionnels, aux structures associatives et aux
pratiques en amateur –, il est essentiel que les
enseignants deviennent de vrais acteurs du développement culturel territorial…
C’est une bonne idée de s’appuyer sur les enseignants. Et, à la faveur de la mise en route du
schéma départemental, ce lien fonctionne depuis
deux ans. Cela a déjà commencé à prendre tournure. Les enseignants s’ouvrent, vont vers d’autres
publics… D’où l’importance de la présence des
établissements d’enseignement dans les Conseils
culturels de territoire.
Combien de personnes composent ces Conseils
et quelle est la fréquence des réunions ?
Nous nous sommes déjà réunis deux fois. Mais le
vrai travail commencera en septembre. Sinon, ces
Conseils sont ouverts à tous et, chez nous, nous
sommes environ soixante-dix à y participer (chaque Conseil bénéficie du travail d’organisation
d’un chargé de mission). Ce qui fait certes beaucoup de monde, mais on se rend ainsi compte
de tout ce qui existe, de tout ce qui se fait. L’effet
FNCC
est de révéler l’existant dans toute sa diversité.
Pour le moment, trois actions ont été décidées :
établir un annuaire des associations existantes,
réaliser un agenda commun des manifestations
et organiser un événement avec le réseau des
bibliothèques, lesquelles jusqu’à présent travaillaient un peu chacune de leur côté.
Que ce soit au niveau national ou territorial,
on assiste aujourd’hui à une sorte de mutation
de l’esprit même des politiques publiques de
la culture, avec une volonté de reconnaître toutes les manifestations de l’intelligence sensible,
dans ses formes professionnelles bien sûr, mais
également au-delà d’elles…
Cette reconnaissance de la sensibilité et des initiatives constitue en effet la dimension la plus positive de Diapason 73. Mais si les professionnels
semblent prêts à s’ouvrir, il y a quelques résistances de la part des amateurs. On ne se connaît
pas encore bien. Le fil est un peu tendu. Il faut
que les amateurs s’ouvrent, tout en gardant leurs
spécificités, et qu’un vrai échange mutuellement
respectueux s’instaure entre les professionnels et
eux. Oui, la corde est sensible.
La pluralité des collectivités associées au sein
de l’EPCC est-elle un gage de liberté et de dépassement d’éventuels clientélismes ?
Là encore, le chemin est étroit. Pour la liberté,
oui, c’est une garantie. Mais cet EPCC est aussi
une énorme contrainte, une lourde machine…
Avec, encore une fois, le risque que les amateurs
se retrouvent marginalisés. Cependant on sent
une vraie volonté d’avancer.
Diapason 73 consacre la pertinence de l’espace
départemental pour les politiques culturelles…
Le département est, en effet, un échelon ici particulièrement pertinent, en particulier pour ce qui
est des pratiques en amateur. Il permet de sortir
de son territoire sans se perdre. Après, la Région,
c’est l’anonymat… Si on veut se consacrer au lien
social, il faut rester proche du terrain.
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