Catastrophe terroriste aux Etats-Unis
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Catastrophe terroriste aux Etats-Unis
Catastrophe terroriste aux Etats-Unis Après l’horreur et l’émotion Nous sommes, comme chacun, effondrés et choqués par ces actes barbares et inacceptables. Le cœur serré devant nos écrans TV, nous avons vu et nous avons imaginé le massacre, les corps calcinés, les agonies ainsi que les angoisses des survivants. Le choc et le désarroi sont encore plus grands pour les habitants des Etats Unis, eux qui n'ont jamais connu une agression d'une telle ampleur depuis 1812. Ces événements ne resteront pas sans conséquences et sans réactions. On peut quand même se demander pourquoi, nous Occidentaux, n'avons pas été choqués en d'autres temps. Pourquoi cette émotion produite par les catastrophes de mardi fut-elle si rare lors de la destruction de l'Irak, l'atroce embargo et les bombardements continuels, pourquoi si peu de réactions face aux désolations dues à la guerre au Congo menée par les proches des USA, sans parler du Nicaragua. Ce qui vient de se passer est probablement la traduction d'une haine qui monte dans le monde contre la politique des USA. Le grand Etat américain, qui sème la désolation depuis des décennies dans la plus terrible indifférence, vient d'être touché à son tour. La puissance ne met pas toujours à l'abri des horreurs des guerres que l'on mène. Et les dommages collatéraux ne sont pas vécus de la même manière selon le côté de la barrière où l'on se trouve. Défendre les valeurs humaines A quoi sert de tisser un bouclier anti-missiles, si ce qui est dessous reste si vulnérable ? A quoi bon investir des millions de dollars pour écouter tout ce que véhiculent les ondes téléphoniques du monde entier pour ne pas entendre ce qui pourrait être important ? On voit bien dès lors que la tolérance zéro et l'attitude sécuritaire exacerbée vont croître et se répandre, non seulement aux USA mais dans tout l'Occident. Ce protectionnisme va se conjuguer avec une réaction isolationniste, déjà si vive chez G.W.Bush. La suspicion, les contrôles vont aiguiser la peur de l'autre, le racisme et la rage de vengeance. De l'intolérance à la xénophobie, l'exclusion va naître. En outre, une crise économique qui se profile, et qui est si coutumière au système capitaliste, ne fera qu'accroître les restrictions, sources d'injustice et d'inégalités. De telles réactions ne peuvent que nuire aux mouvements de défense des droits humains, qui ne se résument pas à la seule démocratie, mais comprennent la solidarité et la justice sociale. De la peur naît le mépris, le chacun pour soi qui devient le "tous contre tous". Vivre mieux et autrement Tous ceux qui luttent en faveur de la tolérance, de la justice sociale et d'un véritable humanisme ne doivent pas laisser la poussière et les ruines de Manhattan obscurcir ces valeurs essentielles. Car le véritable problème de notre société, ce sont les inégalités toujours plus criantes, qu'il s'agisse des pays émergeants ou de nos sociétés occidentales. La misère, le désespoir, l'exploitation face aux riches, aux nantis, aux obsédés du profit, c'est la trame qui se dessine sous des catastrophes comme celles de mardi. Les craintes de voir s'instaurer des mesures très dures aux Etats Unis se conjuguent avec le fait qu'il n'y a pas grand chose à attendre de l'Europe Unie. Celle-ci paraît plus soucieuse de concurrencer le capitalisme américain et d'organiser la militarisation du continent que de concrétiser les avancées du Siècle des Lumières. Ne parle-t-on pas à Bruxelles de sceller un pacte avec l'OTAN ? Einstein le disait fort bien : "Ce n'est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu'il faut espérer les résoudre." Ce sont don du côté des ONG, des mouvements anti-capitalistes et de tous ceux qui placent les humains avant l'argent que pourra subsister et grandir l'espoir d'un monde nouveau. Un monde nouveau pour lequel nous mettrons toutes nos forces pour le rendre possible Christiane Jaquet-Berger Présidente du Parti Suisse du Travail