French Poetry Reading–Level I

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French Poetry Reading–Level I
French Poetry Reading–Level I
(choose one)
Liberté
Mon Québec
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
mon Québec tout neuf chaque été, chaque hiver
mon Québec resplendissant l’automne et le printemps
tu sais je t’aime
je m’attriste de te voir perdu dans ce Canada
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
mon Québec de lacs mirés au grand soleil de marguerites
et de rêves de bois
de feuilles roussies, de neige giflée aux maisons blanches,
blanches
je t’aime et je m’attriste
je t’aime de plus en plus chaque été, chaque hiver autant à
l’automne qu’au printemps
tu es de tout, du blanc au rouge et du vert au gris
tu es ma poésie et mon plus bel Occident
mon Québec attristé.
--Louise de Gonzague-Pelletier (Québec)
[...]
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Et te nommer
Liberté.
--Paul Eluard
French Poetry Reading–Level 2
(choose one)
Déjeuner du matin
Chanson
Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré
J’ai fait mon ciel d’un nuage
Et ma forêt d’un roseau
J’ai fait mon plus long voyage
Sur une herbe d’un ruisseau.
--Jacques Prévert (France)
D’un peu de ciment : la ville
D’une flaque d’eau : la mer
D’un caillou, j’ai fait mon île
D’un glaçon, j’ai fait l’hiver.
Et chacun de vos silences
Est un adieu sans retour,
Un moment d’indifférence
Toute une peine d’amour.
C’est ainsi que lorsque j’ose
Offrir à votre beauté
Une rose, en cette rose
Sont tous les jardins d’été.
--Gilles Vigneault (Québec)
French Poetry–Level 3
(choose one)
Le Dormeur du val
Il fait très clair
C’est un trou de verdure, où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c’est un petit val qui mousse de rayons.
Il fait très clair sur la planète à côté
Les bêtes et les gens sont lumineux
Envers endroit comme des étincelles
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
--Arthur Rimbaud (France)
Il ne pleut ni ne neige à perte de vue
Ce monde est rond comme une pomme mûre
De tous bords en sa rondeur parfaite
Baignée de soleil et de rires joyeux
Sa lumière semble si douce vue d’ici
Qu’on rêve à n’en plus finir
Rien ne se passe vraiment
Sur cette claire mappemonde
Que le jour à son pur zénith
Une espèce de contentement profond
Si l’ombre rôde l’horizon
En y pensant bien ce ne peut venir
Que de notre cœur obscur
Qui trop se penche à la lucarne
Pour voir le jour à travers l’espace.
--Anne Hébert (Québec)
French Poetry Reading--Level 4
(choose one)
Compagnon des Amériques [extrait]
Mon rêve familier
Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d’haleine dans la touffe des vents
j’ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d’espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d’embâcle […]
mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l’horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l’aventure
--Gaston Miron (Québec)
Est-elle brune, blonde ou rousse? –Je l’ignore.
Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
--Paul Verlaine (France)

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