Un statut du travailleur collaboratif à l`étude
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Un statut du travailleur collaboratif à l`étude
Un statut du travailleur collaboratif à l’étude SOLVEIG GODELUCK 12/10/2016 Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales suggère de clarifier la frontière entre professionnels et non-professionnels. Leur poids dans l'économie est encore marginal, mais il grimpe rapidement. Les plates-formes collaboratives sur Internet génèrent un volume d'affaires de plus de 7 milliards d'euros par an en France, avec plus de 200.000 contributeurs réguliers. Elles bousculent les frontières entre salariat et non-salariat, et suscitent une foule d'interrogations sur les réglementations applicables en termes de conditions de travail ou de protection sociale. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de publier un rapport (http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2015- 121R.pdf) sur le sujet, dans lequel il propose de « créer un statut ultra-simplifié du microentrepreneur collaboratif ». Les auteurs recommandent de conserver des contraintes réglementaires et sociales moins lourdes que celles pesant sur les professionnels indépendants. « Les coûts administratifs cachés liés à l'exercice d'une activité professionnelle (affiliation, inscription au RCS et au registre des métiers, etc.) ainsi que le niveau des prélèvements obligatoires sont significatifs en comparaison des revenus dégagés de manière ponctuelle et accessoire », argumentent-ils. En effet, si les hôtes d'Airbnb gagnent en moyenne 2.000 dollars par an, le revenu médian du partage d'actifs ne serait que de 300 euros. Franchise fiscale Cela étant, il faudrait bien sécuriser juridiquement ces activités collaboratives - car les travailleurs ne savent pas bien ce qu'ils doivent déclarer et payer - et assurer des rentrées d'argent pour financer la protection sociale. Plusieurs pistes ont déjà été avancées. Le député Pascal Terrasse a proposé, dans un rapport, d'appliquer les exonérations d'impôt existantes pour les compléments de revenus de faible niveau. Mais cela ne règle pas la question des formalités complexes et coûteuses. La commission des Finances du Sénat, elle, souhaite une franchise fiscale de 5.000 euros par an sur Internet. Mais le gouvernement avait rétorqué, l'an dernier, qu'une telle mesure ne serait pas constitutionnelle. Autre piste, présumer le caractère non professionnel des activités au-dessous de 1.500 euros de recettes par an en prestations de services, et de 3.000 euros pour le commerce. Une simplification efficace, note l'Igas, mais pas forcément facile à appréhender pour le particulier. C'est pourquoi l'Igas privilégie la création d'un statut ad hoc pour les travailleurs des plates-formes collaboratives numériques, comparable à celui des autoentrepreneurs, jusqu'à 1.500 euros de revenus par an. Le particulier devrait juste se signaler auprès du régime social des indépendants (RSI) via son numéro de Sécurité sociale, et autoliquider un prélèvement libératoire à l'impôt sur le revenu, aux prélèvements sociaux et aux cotisations sociales. Ce prélèvement serait proportionnel au chiffre d'affaires ou forfaitaire. Il ne concernerait que les revenus de prestations de services ou d'achat-revente : pas l'hébergement entre particuliers, les brocantes, le partage, qui relèvent de règles spécifiques. Rendu public avant le rapport de l'Igas, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit, quant à lui, qu'un loueur de meublé via Airbnb ou tout autre plate-forme sera considéré comme un professionnel à partir de 23.000 euros de revenus par an. Pour les particuliers qui louent des biens via Internet, le seuil devrait être fixé par décret à 3.860 euros. Des mesures qui font déjà vivement réagir les plates-formes intéressées.