Anne-Marie Cadieux hallucinante

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Anne-Marie Cadieux hallucinante
JEUDI 8 MAI 2014
Anne-Marie Cadieux hallucinante
Par Michael Thornton
50 nuances... de paternité Pourquoi? Pour le côté racoleur,
évidemment. Mais aussi parce que, s'il y a un domaine où il y a
plus de grey que de black & white, c'est bien celui-là. Enfin
parce que des propos nuancés (ça reste à voir) venant d'un
gars, ça valait bien qu'on attire l'oeil là-dessus. Plus
sérieusement, voici mes cinq sous de sagesse sur le métier de
père.
Hier soir, j’ai passé presque une heure trente dans le cerveau d’une femme. Une Irlandaise
superficielle, manipulatrice, menteuse, amoureuse, jalouse, infidèle, vulgaire, cochonne et,
à sa façon, éminemment libérée. Et c’était merveilleux!
Je parle bien sûr de la pièce Molly Bloom, présentée à l’Espace Go jusqu’au 31 mai. On
est le 16 juin 1904, à 2 h du matin. Son mari ivre endormi à ses côtés, Molly Bloom se
laisse aller à ses pensées dans un monologue intérieur où s’étale sans censure aucune son
«jardin secret». Voilà le point de départ de cette adaptation du dernier chapitre du
roman Ulysse, de James Joyce. Incapable de trouver le sommeil, la belle Molly «pense
tout haut» et nous révèle ses pensées les plus intimes dans un monologue aussi ingénu que
décousu, souvent drôle et souvent assez osé pour faire rougir Cathy Gauthier.
Porter cette pièce à un seul personnage dont le seul décor est le lit de Molly (une magnifique sculpture en bois) et où il
ne se passe à toutes fins utiles rien représente, pensez-y un instant, un défi énorme. Un défi qu’Anne-Marie
Cadieux relève avec brio. Seule en scène dans une grande robe rouge, athlétique, gracieuse, volubile, elle nous
envoûte dès les premiers instants et nous emporte dans une fabuleuse valse de mots et d’idées sans jamais nous laisser
perdre le fil. Un véritable tour de force. Une pièce d’anthologie. Orgasmique.
Et cette Molly est tout à fait sympathique, même si je m’inquiéterais un peu si j’étais son mari…
Infos: www.espacego.com.