Notre pèlerinage à pied et en couple vers Saint Jacques de

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Notre pèlerinage à pied et en couple vers Saint Jacques de
Notre pèlerinage à pied et en couple vers Saint Jacques de Compostelle
(25 juin au 01 octobre 2010)
Partir à Compostelle,…j’attendais ce moment depuis tellement longtemps!
Et puis, cet été 2010, des opportunités professionnelles allaient nous offrir, à mon épouse et à moimême, de concrétiser enfin cet appel vieux de plus de 30 ans, bien antérieur aux échos médiatiques
récents. Un appel irrésistible, et de plus en plus fort auquel s’ajoutait maintenant pour ma part, une
forme d’action de remerciement à notre créateur pour tout ce que la vie m’avait apportée entre-temps.
Il me semblait que le chemin à parcourir avait autant d’importance que la destination à atteindre.
Nadine me rejoignait sur ce point. En ce sens, il nous paraissait évident qu’il fallait partir de chez nous
et ralier en une fois St Jacques de Compostelle depuis Xhoris (Ferrières), et marcher ainsi environ 100
jours.
Notre préparation fut soignée : lectures, entraînements à la marche, rencontres et conférences,
notamment celles organisées par l’Association belge des Amis de St Jacques de Compostelle. Nous y
avons ajouté une participation à la procession St Jacques de Bruxelles le 05 juin. Comme notre
démarche se voulait complète aux plans spirituels et religieux, nous avons sollicité auprès de notre curé
la bénédiction du pèlerin. Ainsi, la veille de notre départ, alors que nous nous attendions à une
formalité assez simple, une assemblée de paroissiens se trouvait réunie en une jolie et sympathique
cérémonie agrémentée de chants. A l’issue de celle-ci, ils nous ont tour à tour et en quelques mots
demandé d’intercéder pour eux ou pour des proches au cours de notre voyage, et nous ont fait porteurs
de belles et très profondes intentions. Nous en avons été véritablement transformés car nous étions
désormais chargés d’espérances et le poids de nos sacs au regard de celles-ci nous paraissait bien
dérisoire !
L’émotion du départ, le lendemain matin, en fermant notre porte pour tant de jours de voyage fut
considérable…
Tout au long de notre itinéraire, favorisés par une météo ensoleillée et bien estivale, nous avons aimé
vivre au jour le jour en retrouvant des valeurs simples. Nous nous sommes intéressés au patrimoine
rencontré et avons particulièrement admiré la beauté de certaines régions traversées comme les champs
de céréales de la Marne, les forêts landaises et pratiquement l’ensemble du chemin en Espagne dont la
célèbre Meseta. Ces paysages nous ont paru empreints de grandeur et d’infini ; ils étaient propices à la
méditation.
Lors de la traversée de la France, l’accueil, la sympathie spontanée reçue par-ci par-là et l’acceptation
de notre acte pèlerin furent remarquables et régulièrement source de générosité. Notre étape à Vézelay
et la grande ouverture de la Fraternité Monastique de Jérusalem ont été bénéfiques à notre recherche
intérieure qui a trouvé là-bas un espace de lumière…
Régulièrement, nous avons pris le temps de nous asseoir et de regarder autour de nous en tentant de
prendre du recul par rapport au monde, de comprendre et d’accepter les différences. Quel soulagement
aussi que de s’extraire pour quelques temps de notre société de consommation !
Dire que nous n’avons pas connu de peines ou de difficultés serait mentir. De tels sentiments ont fait
partie de notre chemin. Nous n’avons pas eu à déplorer de souffrances physiques du fait de la distance
ou de la durée de l’effort par exemple. Mais en revanche, et peut être en contrepartie, nous avons
ressenti plus vivement certains points « négatifs » de la route : trop de macadam en France, trop de
fréquentation sur la portion espagnole avec en plus, ses côtés sportif et commercial marqués et la
pollution de certains passages. Nous en avions été prévenus, mais nous n’imaginions pas à quel point
ces aspects dégradent l’harmonie de l’esprit avec l’acte pèlerin et rendent aussi difficile la
concentration sur le spirituel de la démarche.
Tout au long du chemin, l’usage d’une petite tente nous a rendu bien des services. De cette façon, nous
progressions un peu en dehors des normes et des découpages en étapes généralement suivis. On nous a
régulièrement conseillé les gîtes pour leur facilité et leur confort. Mais à leur choix nous avons souvent
préféré la souplesse du bivouac et la qualité de nuits sans ronflements…. En Espagne, la tente nous a
en plus permis à plusieurs reprises de retrouver le calme souhaité et de fuir un peu l’attente mercantile
des « riverains »… Notre petit camping gaz nous donnait aussi l’occasion d’offrir un café ou un thé à
l’un de nos semblables de passage, et de nouer des contacts supplémentaires.
Pèleriner, c’est partir vers une rencontre intérieure, à travers l’espace et le temps. Ce « travail » du
chemin, nous l’avons également et peut-être surtout ressenti dans la rencontre des autres, dans
l’entraide et la fraternité qui règnent entre pèlerins. Chacun à son histoire, sa motivation, ses problèmes
et ses joies. Il n’est pas toujours nécessaire de parler de soi. C’est un partage informel en toute
simplicité : parfois, sur quelques minutes de pause, on se confie, on s’échange nos prénoms, et on se
quitte comme de vieilles connaissances. Parfois aussi, des personnes croisées au bord de la route nous
font part de leurs impressions, ou nous demandent, non sans un peu de gêne, de prier pour elles à
Compostelle. C’est bien là toute la richesse qui caractérise le chemin : l’apport profondément humain
de l’inestimable expérience des autres, isolés ou non, tous frères et sœurs dans une marche qui
« éduque », guide les pensées et les gestes jusqu’au but final, St Jacques de Compostelle.
Notre émotion fut grande en atteignant la cathédrale et en découvrant en réel une image si souvent
regardée. Elle le fut plus encore le lendemain midi lors de la messe d’arrivée qui restera un moment
unique et extrêmement fort de notre pèlerinage. Nous nous y sommes remémorés les messages et les
intentions emportées avec nous depuis Xhoris et notre paroisse, mais aussi les autres demandes et
messages reçus en chemin. Lentement, nos lèvres les ont murmurés pendant l’office. Nous espérons
simplement et humblement avoir été à la hauteur des missions demandées.
L’après-midi, en visitant le musée du pèlerinage et en y voyant en grand sur une carte d’Europe notre
parcours effectué à pied en trois mois, soit 2238 Km, nous avons pris conscience de la taille de notre
aventure, et, surtout, nous avons mesuré le bonheur ou plutôt la grâce dont nous avions bénéficié de
pouvoir la vivre en couple et dans d’aussi bonnes conditions. Dans certains moments de difficulté, nous
avouons avoir parfois fait appel à l’aide de la Providence. Nous en avons été chaque fois récompensés!
Ce témoignage qui pourra étonner l’une ou l’autre personne constitue selon moi un formidable
message d’espérance. De notre côté, nous avons enfin saisi pleinement les paroles du Christ au
paralytique : « Lève-toi et marche »…..
Nous remercions notre curé et tous les paroissiens qui nous ont accompagnés par leurs pensées et leurs
prières dans l’aventure. Ils nous ont littéralement portés tout au long du voyage et ont été en cela des
partenaires précieux dans sa réussite. Nous remercions enfin les Amis de St Jacques de Compostelle en
charge de l’accueil pèlerin et leur président, Mr Pierre Genin. Leurs conseils et recommandations se
sont avérés judicieux et bien utiles.
Pour nous commence maintenant la troisième partie du « Chemin », celle du témoignage et du partage
avec notre entourage. N’hésitez pas à nous contacter si nous pouvons vous aider ou si notre expérience
vous intéresse…
Joël MATTHYS

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