Addiopizzo lutte contre la mafia

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Vers la fin de l'omerta
Addiopizzo lutte contre la mafia
un label pour en finir avec
l'impôt de la Cosa Nostra
Addiopizzo. Derrière ce nom d'antipasti se cache une des associations les plus
efficaces contre la mafia et son impôt mafieux traditionnel, le pizzo.
Reprenant certains codes marketing AddioPizzo a su convaincre les clients et
est en passe de devenir un véritable label de consommation citoyenne. Récit.
29 juin 2004 au matin, les Palermitains s’éveillaient en découvrant collés sur les murs du
centre ville des autocollants sur lesquels est écrit : « Un peuple qui se laisse racketter
est un peuple sans dignité ».
Le racket c'est le pizzo, "impôt" traditionnel que la mafia sicilienne fait casquer à tous
ceux qui tiennent un commerce. A l’initiative de la campagne de communication
sauvage, un groupe d’étudiants qui souhaite ouvrir un pub, mais pas payer le pizzo. Une
audace risquée en ces terres mafieuses où on estime que 80 % des commerçants paient
la taxe sans moufter. Finalement, le pub n'ouvrira pas mais le combat lui est lancé. Avec
la naissance d'AddioPizzo, une structure associative qui tente d’affranchir les
commerçants de cette taxe odieuse.
Luka Martino a intégré le navire quelques mois après cette
fameuse matinée. « Sur moi, l’autocollant a eu l’effet d’une
bombe ! Je savais que des gens voulaient changer les choses
à Palerme, une bouffée d’oxygène. Excusez-moi la
métaphore, mais « AddioPizzo était une fleur dans le désert
! ».
Forte de son coup d’éclat, la structure doit disposer du
soutien des commerçants, les premiers concernés.
Briser l'omerta
Pour ce faire l'idée est simple. Les commerçants signent une charte stipulant qu’ils ne
s’engagent à vendre que des produits qui ne sont pas soumis au pizzo. Pour motiver à
l'autre bout de la ligne une consommation citoyenne, une liste des lieux qui participent
à l'opération est publiée en ligne. AddioPizzo devient un label et un argument de vente
inattendu pour les commerçants qui soutiennent l'opération.
« Nous étions juste un petit groupe qui partageait les mêmes idées sur Cosa Nostra.
Personne n’aurait parié que nous trouverions un commerçant assez dingue pour adhérer
! Mais, à force de travail et de négociations, nous disposions d’une liste de 100
commerçants adhérents une année après, c’était à peine croyable ! ».
Les medias relaient vite l'initiative et en 2007, un calendrier où posent les commerçants
révolutionnaires est même diffusé. Addio Pizzo intègre les codes du marketing et la
transparence comme mode de communication. Et porte un coup à la philosophie qui fai
prospérer la mafia : l'omerta, la loi du silence.
Incendies et infiltrations
Cosa Nostra n'a pas besoin de ça. Depuis
quelques années, elle subit de nombreux
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revers. D'abord l'action des juges italiens
anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo
Borsellino et plus en novembre 2007
l’arrestation, de l’un des parrains les plus
emblématiques de l’organisation, Salvatore
Lo Piccolo.
La mafia accuse le coup mais riposte
rapidement.
«
L’été
dernier,
ils
incendiaient le magasin de l’un de nos
commerçants, Rodolfo Guajana. Depuis,
nous lui avons trouvé de nouveaux murs et
l’avons payé lui et ses employés pendant
les 4 mois de travaux. La stratégie de la
mafia est de rester silencieuse et faire du
business. Le but principal des parrains. Elle
ne cherche pas à tuer systématiquement ».
AddioPizzo a donc réussi jusqu'ici à déjouer les actions de Cosa Nostra. Mais si la mafia
ne cherche pas à buter tous les rebelles, elle tente tout de même de saper un
mouvement qui menace une manne estimée à 10 milliards d'euros annuels en Sicile. Adio
Pizzo n’est donc pas à l’abri d’infiltrations mafieuses.
« Nous comparons nos documents sur les commerçants avec ceux de la police. Il est
impératif de vérifier que le commerçant est complice de Cosa Nostra. Si nous-nous
apercevons qu’il est de mèche avec eux, nous boycottons son commerce via notre
réseau de commerçants et clients. » «La mafia adapte très facilement sa stratégie.
Mais, nous avons pour nous le nombre de militants, l’originalité de nos actions de
communication et un mouvement qui se ne compose pas d’une seule tête pensante ! Ce
ne sera pas facile de gagner, mais cela vaut le coup de se battre ! ».
Et ça paie : Actuellement, AddioPizzo peut compter sur le soutien d’un peu plus de 10
000 consommateurs et quelques 250 commerçants.
Franchise en devenir ?
« Palerme et demain l’Italie. » L’ambition
d’AddioPizzo pourrait se résumer en ces
quelques mots. L’objectif premier était
d’arriver à proposer « une économie libérée
de la pression de Cosa Nostra. Clairement,
pour nous, c’est une révolution. Mais, il
nous reste encore de nombreuses choses à
accomplir ! ».
Le collectif a reçu également le soutien de
membres
historiques
respectés
du
commerce
sicilien
comme
Vincezo
Conticello, restaurateur palermitain de la fameuse Antica Focacceria San Francesco, une
institution qui a ouvert ses portes en 1834. « Depuis son intimidation en novembre 2005,
il est entré dans une campagne en Italie pour proposer de vendre des denrées siciliennes
free pizzo et free mafia. »
L’association ambitionne désormais de créer des circuits touristiques et des
e-commerces, entre autres. « Mais, l’étape ultime sera l’implantation de notre concept
au reste de l’Italie ! Et, je pense notamment au magasin Punto Pizzo Free ! ».
Depuis mars 2008, un magasin de ce type a ouvert ses portes dans le vieux Palerme.
Cette nouvelle enseigne militante ne propose que des produits de commerçants
adhérents d’AddioPizzo. « Son gérant, un jeune commerçant de 29 ans, souhaite
développer ce volet d’AddioPizzo pareillement à une grande enseigne à toute l’Italie !
». A quand une "semaine Addiopizzo" dans les magasins Carrefour ?
Guillaume Roche
16/07/2008 12.11