Le Monde.fr : A Palerme, le tout premier magasin

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Le Monde.fr : A Palerme, le tout premier magasin antiracket qui vient ...
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A Palerme, le tout premier magasin antiracket qui vient défier Cosa Nostra
AFP 08.03.08 | 18h32
vec la conviction que le consommateur doit aussi lutter à sa façon contre la mafia, un jeune couple soutenu par une association antiracket a ouvert
samedi à Palerme (sud de l'Italie) le tout premier magasin de produits de commerçants refusant de payer l'impôt mafieux. "Même l'achat d'une toute
petite chose, même pas chère, suffit à donner un signal pour que quelque chose puisse changer", a souligné à l'AFP Valeria Di Leo, 28 ans, gérante du
magasin lors de son inauguration samedi en fin de journée. L'ouverture de cette boutique-symbole de 55 m2 sur l'une des artères principales de la capitale
sicilienne est la concrétisation d'une initiative née il y a quatre ans d'un simple petit autocollant - "Un peuple entier qui paye le racket est un peuple sans
dignité" - qui avait mystérieusement colonisé les rues de Palerme. Les auteurs de cette campagne, un groupe d'étudiants, ont depuis réussi à regrouper au
sein de leur mouvement "Addiopizzo" - littéralement adieu au "pizzo", l'impôt mafieux - 241 commerçants palermitains qui ont brisé l'omerta et affichent
publiquement leur refus de se laisser racketter par Cosa Nostra, la mafia sicilienne. Huile d'olive, pâtes, miel, vin, artisanat: les produits d'une trentaine de
ces commerçants seront réunis et commercialisés dans le magasin ironiquement baptisé "Pizzo-free". "Nous n'avons reçu aucun soutien politique et de
toute façon je ne m'attendais pas à en recevoir", souligne Fabio Messina, l'initiateur du projet. Ce jeune commerçant de 29 ans, "fiancé" de Valeria Di Leo
et adhérent à "Addiopizzo", est convaincu que l'idée de faire "intervenir directement les consommateurs" dans le refus du "pizzo" peut faire bouger les
choses. A quelques centaines de mètres du magasin se trouve l'"Antica focacceria San Francesco", boulangerie dont le propriétaire Vincenzo Conticello
avait eu le courage de dénoncer devant un tribunal les représentants de la mafia qui se présentaient régulièrement à sa boutique pour le racketter. "S'ils
faisaient tous comme lui, je serais en faillite!", rigole Fabio Messina qui, soudain très sérieux, espère quand même qu'un jour il fermera boutique, lorsque
enfin "tout le monde arrêtera de payer le pizzo". Selon une étude rendue publique en janvier, près d'un milliard d'euros - soit 1,3% du PIB de la Sicile finissent chaque année dans les caisses de Cosa Nostra. La somme versée chaque mois est en moyenne de 881 euros. Les entreprises du secteur de la
construction sont les plus visées par le "pizzo" et doivent payer en moyenne 2031.40 euros par mois à la mafia, selon cette enquête publiée par le quotidien
économique Il Sole-24 Ore. "L'idée d'un tel magasin est à la fois très simple et géniale: il suffit de faire se rencontrer les consommateurs et les
entrepreneurs qui ne veulent pas payer le +pizzo+, pour une implication commune, une consommation plus consciente et une filière entièrement
garantie", a résumé Enrico Colaianni, président de "Libero Futuro". Cette association qui regroupe entrepreneurs et commerçants luttant contre le racket,
a été inaugurée en novembre dernier et baptisée ainsi en hommage à Libero Grassi, un entrepreneur assassiné en 1991 pour avoir osé s'élever
publiquement contre le racket de Cosa Nostra.
09/03/2008 17.57